Faute de pouvoir ou de vouloir fédérer la droite sur un programme cohérent et novateur, le Président se contentera de mener un ensemble composite de droites hétérogènes et aura pour seul argument de campagne : « moi ou le chaos ».
Par Jacques Garello, administrateur de l’IREF et président de l’ALEPS
Publié en collaboration avec l’ALEPS(*)
L’élection sénatoriale a révélé l’importance de sénateurs élus ou réélus sous l’étiquette DVD : des gens de droite, mais inclassables. Ils ont peut-être amplifié les divisions de la droite, à laquelle il est bienséant d’attribuer l’échec de la majorité présidentielle, mais ils traduisent fidèlement l’inconsistance de la droite française.
Depuis des années, je ne cesse de dénoncer cette droite qui se veut adversaire du socialisme mais en faveur de l’étatisme. La droite se réduit à une simple coalition électorale, de moins en moins efficace, puisque ambitions personnelles et intrigues partisanes la privent souvent de victoire.
La situation s’est aggravée depuis quelques décennies. D’une part la logique de la Vème République a transformé la majorité parlementaire en majorité présidentielle, de sorte que désormais c’est l’inféodation au Président qui fait le ciment de la droite (comme de la gauche). D’autre part la droite s’est voulue « pragmatique » depuis Valéry Giscard d’Estaing, et a ainsi rejeté toute attache doctrinale, devenant ainsi incapable d’avoir une vision d’ensemble et d’avenir. Nicolas Sarkozy a été jusqu’à l’extrême limite de cet empirisme désorganisateur, et a dérouté ses électeurs faute d’avoir une route.
Voici qu’à sept mois des échéances, la « majorité présidentielle » réalise que le soutien au candidat président passe par l’adhésion des citoyens. Les élus découvriraient-ils qu’il y a des électeurs contribuables, propriétaires, entrepreneurs, parents, automobilistes, paysans ? Bonne nouvelle pour la démocratie. Mais faute de pouvoir ou de vouloir fédérer la droite sur un programme cohérent et novateur le Président aura pour argument de campagne : « moi ou le chaos ». Il insistera sur les résultats qu’il a obtenus pour maîtriser la crise économique et financière nationale, et mieux encore la crise politique européenne, et – cerise sur le gâteau – le retour de notre diplomatie et de notre armée au tout premier plan mondial. Il ne manquera pas de souligner l’incompétence de la gauche et appellera à un vote négatif : « tout sauf eux ».
Toutefois, ce premier plan stratégique n’arrive pas à convaincre les électeurs, ni même les élus de l’UMP, qui restent sur l’impression désagréable de trois défaites successives (municipales, régionales, sénatoriales) et se trouvent sans munition dans la musette pour monter au front des législatives en 2012.
D’où l’idée salvatrice de la droite caméléon : tous unis derrière le Président, mais tous différents.
Il s’agit de reconstituer le potentiel électoral en le fractionnant. Une droite partira à l’assaut des électeurs tentés par l’abstention, une autre de ceux qui sont attirés par le Front National, une troisième de ceux qui ont des sympathies centristes, et enfin et non le moindre de ceux qui pourraient être séduits par la sociale-démocratie de François Hollande.
Ainsi avons-nous assisté à l’éclosion de la droite sociale de Laurent Wauquiez, de la droite moderne de Jean Marie Bockel, de la droite humaniste et centriste de Jean Pierre Raffarin, et maintenant de la droite populaire de Christian Vanneste et Thierry Mariani, ou encore de la droite réformatrice d’Hervé Novelli.
Je ne parle pas des mouvements et clubs de droite qui ne font pas corps avec l’UMP, comme la droite chrétienne de Charles Million, la droite libre de Antoine Del Valle, la droite nationale d’Alain Dumait ou du Club de l’Horloge, et ainsi de suite.
En effet, ce qui m’intrigue c’est comment autant de droites peuvent coexister au sein même de l’UMP. Veulent-elles infléchir le programme du candidat Sarkozy ? Mais il semble décidé, comme je le disais, à jouer le vote négatif. Et à qui donnerait-il raison ? Aurait-on un patchwork électoral ? Est-ce pour chasser un électorat dispersé et polymorphe ? C’est l’accusation que porte la presse de gauche : il s’agirait d’occuper le terrain du Front National, ou la parcelle du Nouveau Centre, ou la planète des Verts.
J’émets à ce point de l’analyse deux doutes. Tout d’abord, dire et entendre dire tout et son contraire cela n’est pas bon pour fidéliser un électorat, quel qu’il soit. Ensuite il faudra bien se fondre tôt ou tard dans la soupe sarkozienne qui sera servie l’hiver prochain, et mettre au rancart les belles idées qui ont inspiré les divers « courants » de la droite. On aura vite oublié l’héroïque liberté de parole pour adopter la langue de bois imposée par l’UMP.
La droite caméléon n’a donc aucun avenir. Cependant, elle apporte un témoignage et une promesse.
Le témoignage, c’est qu’il y a chez certains hommes politiques un sincère appétit doctrinal. Je le crois en particulier de la droite populaire, dont je connais et apprécie la qualité de ses membres, mais sans doute y a-t-il plus largement une lassitude de la volatilité et la versatilité présidentielle, et un besoin de repères intellectuels et moraux.
La promesse, c’est qu’un jour ou l’autre ceux qui sont en recherche de doctrine rencontreront le libéralisme sur leur chemin. Aucune droite n’ose s’appeler libérale – et c’est tant mieux parce que le libéralisme n’est pas une centrale électorale mais une philosophie. Mais des élus et des électeurs conscients vont en venir tôt ou tard à cette évidence : il n’y a pas d’autre politique que celle qui libère les individus, les entreprises, les familles et les communautés de l’oppression étatique. C’est à nous, libéraux, de les guider. Il faut apprendre à se passer de l’État, le plus possible. Il faut faire le pari de la liberté, de la responsabilité et de la dignité de l’être humain : valeurs universelles sources de paix entre les peules, valeurs sociales sources d’harmonie, valeurs personnelles sources de progrès et d’épanouissement.
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Sur le web
(*) L’ALEPS, présidée par le Professeur Jacques Garello, est l’Association pour la Liberté Économique et le progrès social, fondée il y a quarante ans, sous l’autorité de Jacques Rueff, dans la tradition intellectuelle française de Jean Baptiste Say et Frédéric Bastiat.
La droite, c’est fondamentalement l’ordre ; le libéralisme est une doctrine qui assume le désordre… Se rencontrer ? seulement quand il y a un ennemi plus grave encore qui les y force, et c’est bien rare (peut-être heureusement, d’ailleurs).
la gôche a trahi le Peuple et la « droite » a trahi la Nation
avec 55% de prélèvements obligatoires la France EST FACTUELLEMENT un Pays SOCIALISTE !
en fait il n’y a aucune différence idéologique entre le ps et l’ump( hier le rpr). ILS se partagent le Pouvoir depuis près de 40 ans pour faire la même politique.
c’est facile à vérifier:
plus de dette
plus de déficits
plus de fonctionnaires et assimilés
plus de chômage
plus d’impôts et de taxes
plus d’immigration
plus de criminalité
les indicateurs fondamentaux ne mentent pas !
Effectivement si l’on peut se passer de l’état (et si l’état peut se passer de nous) savoir qui est a la tête de l’état aura beaucoup moins d’importance.
« La droite, c’est fondamentalement l’ordre ; le libéralisme est une doctrine qui assume le désordre…  »
J’aime bien cette comparaison car on entend trop souvent ,a mon avis, que le liberalisme pourrait recuperer beaucoup plus d’electeur de la part de la droite que de la gauche, et je pense qu’en discutant avec des electeurs UMP on se rend au contraire compte du gouffre qu’il y a entre les liberaux et eux (meme economiquement parlant) et que beaucoup de gens de gauche partage plus le cote desordre assume qu’un electeur UMP moyen …