Citations du dimanche : Ludwig von Mises a des choses plus pertinentes à dire sur la crise de la dette que bien des commentateurs actuels.
Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume-Uni
Ludwig von Mises (1881-1973) n’est pas une lecture facile. Ses premiers ouvrages ont été écrits en Allemand, et ses plus récents, quoique rédigés en Anglais, font l’effet de pesantes traductions de sa langue maternelle. Il a une tendance agaçante à alterner entre une prose technique dense et des polémiques furieuses. Il était, selon tous les témoignages, un collègues difficile et rébarbatif.
Et cependant, cet homme têtu, maudit, brillant, a des choses plus pertinentes à dire sur la crise de la dette, que quiconque d’autre qui me vienne à l’esprit. Quarante ans après sa mort, les faits lui donnent raison. Le credit crunch et la réponse keynésienne erronée qu’on lui apporte ont réglé la question une bonne fois pour toutes.
Voici quelques unes des choses que Mises a écrites en anticipation de nos malheurs actuels :
Ce qu’il faut pour une expansion saine de la production, ce sont des biens d’équipement supplémentaires, pas de l’argent ou des moyens fiduciaires. L’expansion du crédit est bâtie sur les sables des billets de banques et des dépôts. Elle doit nécessairement s’effondrer.
Human Action (1949).
Certes, les gouvernements peuvent réduire les taux d’intérêts à court terme, émettre de la monnaie papier supplémentaire, ouvrir la voie du crédit par les banques. Ils peuvent donc créer un boom artificiel et l’apparence de la prospérité. Mais un tel boom est condamné à s’effondrer tôt ou tard, et à provoquer une dépression.
Omnipotent Government (1944).
Il n’y a aucun moyen d’éviter l’effondrement final d’un boom provoqué par une expansion du crédit. L’alternative est de savoir si la crise doit arriver plus tôt, par l’abandon volontaire d’une expansion supplémentaire du crédit, ou plus tardivement, comme une catastrophe finale et totale du système monétaire affecté.
Human Action (1949).
Soupèse ces mots, Mervyn King (Directeur de la Banque d’Angleterre, NdT), et tremble.
Vous pouvez en apprendre plus sur l’école autrichienne en économie chez le Mises Institute, ou chez le remarquable think tank britannique Cobden Centre.
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Sur le web.
En effet difficile à lire, mais tellement instructif en cette ère d’obscurantisme.
Mises critique l’endettement excessif du système monétaire contrôlé par l’Etat. Sa critique ne vise pas le free banking. Une banque, en free banking, peut augmenter son émission monétaire, et le crédit, sans autre limite que sa capacité à honorer son contrat d’émission monétaire.
Mises dans l’action humaine explique que la seule façon de limiter les banques à produire du crédit bon marché est de les placer « sous les règles générales des lois civiles et commerciales ». Il est même plutôt un défenseur du free banking.
Pour ma part je suis un tenant du free banking qui, je le pense, en rien n’entraîne d’émission incontrôlée de crédits.
C’est le fameux débat entre les tenants de la réserve à 100% or et ceux du free banking.
C’est vrai qu’il est difficile à lire, à côté par exemple de la clarté lumineuse d’un Pascal salin. Mais pas autant qu’un Aristote. :p
C’était aussi une personne qui avait très bien compris à la fois l’importance et la fragilité de la démocratie.
« The worst consequence of the antidemocratic spirit is that it divides the nation into hostile camps. The citizenry lose confidence in the working of democratic government. They fear that some day one of the antidemocratic minority groups may actually succeed in seizing power. Thus they think it necessary to arm and defend their rights against the menace of an armed minority. »