La délinquance encartée de La Havane

De fidèles employés de ministères, de sociétés d’économie mixte et de firmes étrangères se sont convertis en délinquants “au col vert”

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La délinquance encartée de La Havane

Publié le 9 octobre 2011
- A +

Cuba : de fidèles employés de ministères, de sociétés d’économie mixte et de firmes étrangères se sont convertis en délinquants “au col vert”, en voleurs “encartés”.

Par Yoani Sánchez, depuis La Havane, Cuba
Une version de cet article a été publiée dans El Comercio, Pérou.

Il y a quelques mois, l'arrivée du câble de fibre optique était annoncée en grande pompe à Cuba

Il travaille dans une société d’un genre nouveau, de celles qui occupent les luxueuses demeures du quartier de Miramar et importent des marchandises de l’étranger. Pour décrocher ce type d’emploi, il lui a suffi de faire appel à l’influence de son père lieutenant colonel, de tirer légèrement sur l’arbre généalogique. Il appartient à une nouvelle génération d’entrepreneurs sans idéologie, même si pour garder son poste il répète de temps en temps un slogan et simule la fidélité à un leader. Cet “homme nouveau” picaresque recherche les offres de prix les plus bas – et la piètre qualité – sur le marché international et les fait passer pour les choix que ses chefs lui ont demandé de retenir. La différence, des milliers de dollars chaque année, tombe dans son portefeuille. Comme lui, toute une portée de jeunes loups avides détourne l’argent des entreprises cubaines et se prépare financièrement pour les changements à venir.

L’épisode le plus récent de la misère morale dans le secteur des entreprises est lié à la campagne sur le câble de fibre optique qui nous lie au Venezuela. Annoncé depuis 2008 celui-ci a seulement atteint nos côtes en février de cette année sous le regard anxieux de 11 millions de citoyens qui rêvent de pouvoir massivement se connecter à Internet. Après plusieurs retards, le mois de juillet dernier avait été annoncé comme la date du début de fonctionnement. Par les rumeurs de la rue, les dépêches d’agences étrangères et les témoignages d’employés de l’unique entreprise de téléphonie autorisée dans le pays, nous avons appris que le câble est un échec. Un mauvais choix du matériel, l’absence d’un revêtement correct pour éviter les morsures des requins si nombreux dans les Caraïbes, et jusqu’au détournement de fonds destinés à la mise en service semblent avoir conduit à l’impossibilité du démarrage, jusqu’à nouvel ordre.

Mais plus que les raisons presque risibles pour lesquelles le câble ne fonctionne pas, c’est le niveau élevé dans la hiérarchie politique des personnes impliquées dans ce nouveau scandale de corruption qui attire l’attention. Il ne s’agit pas de fonctionnaires de seconde catégorie, mais de grands serviteurs d’un Parti qui détenaient depuis longtemps de hautes responsabilités. Comment se fait-il que ces fidèles employés de ministères, de sociétés d’économie mixte et de firmes étrangères se soient convertis en délinquants “au col vert”, en voleurs “encartés” ? C’est peut-être leur fin odorat d’opportunistes qui leur a fait croire que le futur était plus proche et que les changements devaient les trouver avec une base financière qui feraient d’eux les entrepreneurs de demain. Pour chacun de ceux qui ont été démasqués  il y en a des dizaines qui continuent à « pêcher » dans l’ombre, en criant des slogans, en jurant la loyauté à un leader, pendant qu’une fois seuls ils calculent le nombre de chiffres qu’atteint déjà leur fortune personnelle et le montant qu’ils ont réussi à soustraire à un État qui les croyait fiables.

—-
Sur le web.

Traduction : Jean-Claude Marouby

Voir les commentaires (0)

Laisser un commentaire

Créer un compte

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Après les élections du 28 juillet 2024, Nicolas Maduro pense pouvoir rester au pouvoir malgré l’exil forcé de son opposant en Espagne. En dépit des critiques, rien de concret n’a été fait pour assurer la transparence des élections.

 

Même les États-Unis envoient des signaux contradictoires. La saisie, le 2 septembre, de l’avion du dictateur en République dominicaine par les États-Unis a semblé être une mesure concrète, bien que largement symbolique. Dans le même temps, le Trésor américain a délivré des licences à plus de di... Poursuivre la lecture

L’exil d’Edmundo González Urrutia en Espagne, où il est arrivé lundi 9 avril, menace la stratégie de l’opposition vénézuélienne. Et les socialistes espagnols pourraient ne pas être totalement étrangers à cette décision qui ravit le dictateur Nicolas Maduro. 

 

Le positionnement tiède de l’UE 

À quelques jours de l’élection présidentielle du 8 juillet 2024, alors que le candidat de l’opposition démocratique, Edmundo González Urrutia, détenait une avance de 10 points dans les sondages, Nicolas Maduro menaçait le pays d’un « b... Poursuivre la lecture

Contrepoints a publié le 8 août 2017 un article de Samuel Furfari intitulé « Venezuela : malédiction du pétrole ou du socialisme ? ». Sept ans plus tard, cet article est malheureusement toujours d’actualité. L’auteur l’a adapté pour prendre en compte les changements intervenus depuis, mais le même constat s’applique : la malédiction du socialisme perdure au Venezuela.

 

Les élections du 28 juillet rappellent le désastre économique que les politiques socialistes infligent au peuple vénézuélien. Depuis l’arrivée au pouvoir de... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles