Nous avons eu des primaires socialistes, mais pas de socialistes primaires. Ils restent primitifs.
Par Jacques Garello, administrateur de l’IREF et président de l’ALEPS
Publié en collaboration avec l’aleps(*)
Les primaires socialistes nous ramènent à un socialisme primitif.
Oui, je sais : depuis que le grand humaniste que fut Jacques Chirac l’a décrété, on ne doit plus parler « d’art primitif », mais « d’art primaire ». Primaire, cela veut dire qu’il y a eu innovation : l’art s’est développé à partir de premières expressions qui contenaient tous les éléments de sa croissance future. Primitif, cela implique une forme désuète dont on ne doit garder qu’un vague souvenir et qui n’a sa place que dans les musées ou les grottes.
Alors, les socialistes français : primaires ou primitifs ?
La réponse ne fait guère de doute. Nos socialistes s’étaient alliés avec communistes et radicaux de gauche pour proposer dès 1973 un Programme Commun qu’ils ont soigneusement appliqué pendant les tout premiers mois du septennat Mitterrand. Entre 1973 et 1981, ils n’avaient pas eu le temps d’adapter ni leur discours ni leurs mesures au changement radical de politique qui s’effectuait alors, dans le sens du libéralisme. Thatcher (1979), puis Reagan (1980) avaient donné le ton. Les « chocs pétroliers » avaient enfin eu raison de quarante ans de dirigisme et de keynésianisme, une période appelée à tort celle des « trente glorieuses ».
C’est ce même décalage que l’on retrouve aujourd’hui. Nos socialistes cultivent la nostalgie des lendemains qui chantent – le chant des sirènes sans doute. Ils sont toujours viscéralement contre le capitalisme, contre le marché, contre les riches, contre les patrons. Ils sont toujours viscéralement pour l’étatisme, pour la réglementation, pour la redistribution, pour la lutte des classes. « Je suis marxiste » déclarait François Mitterrand à la veille de son élection en 1981. Les candidats présents à ces primaires lui font implicitement écho, même s’ils n’ont pas la franchise de dire « Nous sommes marxistes ».
Les commentateurs essaient de percevoir des nuances entre les candidats. Hollande, vainqueur annoncé de la consultation, ne serait-il pas plutôt social-démocrate, voire centriste ? Manuel Valls ne serait-il pas quelque peu libéral, puisqu’il est le seul à avoir fustigé l’archaïsme de son parti ? Montebourg ne serait-il pas le plus gauchiste de tous, et Martine Aubry la plus traditionnelle fille de la SFIO ? C’est, à mon sens, faire trop de crédit à ces braves gens, car tous ont apposé leur signature au bas du programme du PS.
Il y a bien sûr une large part de démagogie dans ces 30 propositions. Qui ne serait pas en faveur de « la réussite de chaque jeune » ou pour « l’épanouissement des tout petits », ou pour « remettre l’hôpital au cœur du système de santé ». De même, certaines propositions rejoignent hélas, les discours de certains à droite : émission d’emprunts européens, fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG et progressivité accrue, des droits de douane européens, une TVA verte et bien d’autres mesures qui définissent le « politiquement correct » français.
Mais il y a malgré tout le « socialistement correct » : attaque des sociétés, attaque de la finance, mépris pour la propriété (blocage des loyers, interdiction des licenciements « boursiers » (?), alignement de la fiscalité du capital sur celle du travail (bonne idée !), et enfin une banque publique d’investissement (l’appellera-t-on Gosbank, comme en URSS ?).
On me fera remarquer, non sans quelque raison, que le socialistement correct a pénétré aussi les rangs de la majorité présidentielle. J’ai protesté contre cette droite « caméléon », qui mange à tous les râteliers, y compris ceux des gauches et droites les plus extrêmes. Je ne sais, finalement, ce qu’il y a de pire : une droite illisible, ou des socialistes trop lisibles pour être suivis.
Comme les choses seraient plus simples si les socialistes français, à l’instar de la plupart des socialistes du monde entier, acceptaient pour bases de l’économie la libre entreprise et le libre échange, et pour bases de la société le respect de la propriété et le jeu de la responsabilité !
Dès 1959, les socialistes allemands, avec la Charte de Bad Godesberg, avaient rompu avec le marxisme. C’est un chancelier socialiste, Gerhard Schroëder, qui a rendu au marché du travail sa fluidité, ce qui vaut à l’Allemagne un taux de chômage qui est la moitié de celui de la France. En Nouvelle Zélande et en Australie, ce sont les socialistes qui ont réformé les retraites en passant de la répartition à la capitalisation. Au Canada, ce sont les gauchistes du Parti Libéral qui ont privatisé et réduit de 75 % le nombre des fonctionnaires.
Nous avons eu des primaires socialistes, mais pas de socialistes primaires. Ils restent primitifs.
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Sur le web.
(*) L’aleps, présidée par le Professeur Jacques Garello, est l’Association pour la Liberté Économique et le progrès social, fondée il y a quarante ans, sous l’autorité de Jacques Rueff, dans la tradition intellectuelle française de Jean Baptiste Say et Frédéric Bastiat.
Bonjour, je voudrais poser une vraie question de néophyte:
Pourquoi l’alignement de la fiscalité du capital et celle du travail ne serait pas une bonne chose?
Merci pour vos lumières :o)
Pour plusieurs raisons : la fiscalité du capital est déjà supérieure à celle du travail, les impôts sociaux pesant sur les revenus du capital n’ouvrent aucun droit, le travail subit lui-même une fiscalité insupportable et enfin, décourager encore plus le capital est l’assurance d’augmenter un peu plus le chômage de masse.
La question n’est plus de savoir comment augmenter les ressources mais comment baisser les dépenses publiques.
Il y a une multitude de raisons car le sujet est ultra-complexe à cause de l’usine à gaz que l’Etat a créé (niche fiscale, crédit d’impôt, cotisation sociale…).
Les raisons que je vois en premiers, c’est
1) parce que la capital est déjà taxé à 33% à titre de l’impôt sur les sociétés
2) parce que taxer le capital, ce n’est pas que taxer les riches, c’est aussi taxer l’épargne des travailleurs qui ont déjà été… taxés sur le revenu du travail. Eh oui, la grande masse du capital est constituée de l’épargne des gens qui travaillent et qui pensent à leur retraite. En substance, ça revient à décourager l’épargne et à encourager de dépenser un max ce qu’on a gagné, ce n’est ni moral, ni malin, comme tous les plans foireux des étatistes pour tondre toujours plus le moutontribuable.
Mais évidemment, les gauchistes ne vont pas dire la vérité de ce plan foireux, cà d « taxer l’épargne », il préfère appeler ça « taxer le capital », ça passe beaucoup mieux. Comme dans toute bonne propagande, plus c’est gros, mieux ça passe.
non tout est faux minitax
encourager l’epargne c’est pousser les gens a investir dans les obligations d’etat inproductives,plutot que dans les petites sociétés innovantes aujourd’hui
le travailleur moyen ne possede pas d’actions en bourse sauf rares exceptions
les actionaires gagnent de l’argent sans travailler ils ne sont pas productifs
au lieu de vouloir monter la fiscalité sur le capital au niveau de celle du travail il vaut mieux commencer a baisser celle du travail au niveau de celle du capital.ça sera deja un bon début
On vient de vous dire que le capital est plus taxé que le travail ! Il faut lire avant de réagir.
ça c’est ce que tu prétends bubulle.moi je prétends le contraire.si tu avais été petit artisan tu saurais de quoi on parle vraiment…
M’enfin, il ne s’agit pas de « prétendre ». Il faut sortir des fantasmes et se confronter à la réalité : le capital est indubitablement plus taxé que le travail.
@marie georges,
Il y a 8 millions d’actionnaires individuels en France. Il faut compter aussi les banques qui doivent placer l’épargne des clients, les fonds de pensions, les assurances-vies… Ils n’achètent les obligations d’Etat que dans une faible part de leurs investissements (de mémoire, moins d’un dixième) donc insinuer que l’épargne est surtout placée dans les obligations d’Etat, c’est dire que la queue remue le chien.
D’ailleurs, si on va sur ce terrain, un rentier qui place son argent exclusivement dans les obligations et autres bons du trésor, est aussi rémunéré très correctement par les taux d’intérêt. Pourtant, il n’est nulle question de taxer ce revenu, et encore moins d’y appliquer l’IS qui frappe tout investissement équivalent par actions. En clair, on favorise celui qui participe le moins à la création de richesse, juste parce qu’il est complice d’un système de spoliation organisée, où est la justice là -dedans ?
Pas la peine de tourner autour du pot, taxer le capital, c’est taxer l’épargne. C’est de l’anti-capitalisme qui ne veut pas dire son nom (quoi que certains ne s’en cache même pas), bref un gros mensonge par omission, comme dab.
Cet abus de la démagogie par les étatistes sous le couvert de l’égalité, Rueff l’a très bien constaté, en disant déjà à son époque « soyez libéral, soyez socialistes, mais ne soyez pas menteurs ».
minitax,je pensais aux assurances vies,placement « préféré » des français.quand tu parles de 8 millions d’actionnaires individuels,est ce que tu prends par exemple en compte les gens qui ont leur appart en sci?oules cabinets d’avocats.moi je pense aux particuliers qui investissent a la bourse de paris.il me semble que la plus part ont fui vers l’immobilier.restent les traders particuliers.enfin je pense que le système d’actionariat est destructeur de richesse en france.prend l’exemple d’edf:la boite est elle mieux gèrée depuis qu’elle est cotée?non.on augmente les tarifs des particuliers et des entreprises pour payer des actionaires.voila comment on ruine un pays.meme constat pour gdf,véolia et je te passe la suite.il n’y a qu’un seul point ou on est d’accord c’est qu’il faut baisser les taxes et les depenses de l’etat de concert.c’est le seul moyen de s’en sortir,et je n’entends pas un seul candidat sur ce terrain
@marie georges,
Quand je parle de 8 millions d’actionnaires, je parle bien des individuels (comme moi) qui ont des actions en bourses. Il est possible qu’ils arbitrent en faveur de l’immobilier mais je doute qu’ils fuient la bourse en masse (même en temps de crise, on touche quand même des dividendes et les actions sont attractifs car bon marché par rapport aux dividendes). De toute façon, ça ne change rien, quand ça remonte ou que l’immobilier se plante, il y aura forcément des arbitrages massifs en faveur des actions par les épargnants, tu ne peux pas décider d’un esprit des lois à la carte selon la conjoncture.
Quant à l’exemple d’EDF et GDF, toutes des entreprises d’Etat avec une ouverture minuscule de capital aux actionnaires extérieurs, je ne vois pas en quoi ce serait une preuve que « l’actionnariat est destructeur de richesse » (comme tu y vas !). Pour Veolia, je vois encore moins.
D’autant plus que le prix de l’énergie en abonnement (EDF, GDF, Suez) est encadré par l’Etat et que l’électricité ou le gaz en France, même si ça a augmenté, est bien moins chère qu’en Allemagne, en Italie ou au Danemark, dire que ça « ruine le pays », il faut quand même oser. Et que dire alors des actionnaires de fleurons de l’industrie française, comme l’Oreal, Total ou Airbus dont la contribution à notre niveau de vie est présente chaque jour ? Tu ne peux pas diaboliser l’actionnariat sur des accusations spécieuses en ne retenant que les exemples qui t’arrangent et en balayant sous le tapis ceux qui te contredisent.