Le Crédit Suisse Research Institute a publié son deuxième Global Wealth Report, qui analyse la fortune de la population adulte mondiale par pays et régions, mettant en évidence de nouveaux constats et perspectives.
Le Crédit Suisse Global Wealth Report constitue la seule étude analysant la fortune de l’ensemble de la population adulte mondiale, soit 4,5 milliards de personnes. Cette analyse s’étend sur tout l’éventail des patrimoines, des personnes très aisées aux populations en rapide développement, en passant par les classes moyennes et inférieures de la pyramide des richesses, qui représentent les moteurs des tendances émergentes en matière de consommation et de pouvoir économique. L’étude mesure la fortune au travers des actifs nets financiers et non financiers (principalement immobiliers), déduction faite de l’endettement.
Le deuxième Global Wealth Report du Crédit Suisse
Les recherches requises par le deuxième Global Wealth Report ont été réalisées en étroite collaboration par les professeurs Anthony Shorrocks et Jim Davies, principaux auteurs de «Personal Wealth From a Global Perspective». Si, à l’instar des autres études, le Global Wealth Report fournit des estimations sur le nombre de high net worth individuals par pays de résidence, il porte toutefois sur une analyse nettement plus large, qui comprend l’ensemble de la population adulte mondiale et la totalité des richesses du globe, estimées à $231 billions de dollars mi-2011.
Origine et destination des richesses mondiales
De nombreux facteurs influencent l’évolution du patrimoine des ménages, tels que les droits immobiliers et autres considérations institutionnelles, la maturité des marchés et des instruments financiers, ainsi que la capacité des systèmes étatiques de retraite et de santé à atténuer le besoin de capitalisation privée. Mais dans les économies développées, le facteur unique le plus important réside dans le niveau des revenus des ménages. Alors que les revenus réels augmentent et que l’inflation érode le pouvoir d’achat, la valeur du patrimoine des ménages tend elle aussi à progresser. La question intéressante réside dans la relation entre revenu et richesse dans le temps, ainsi que dans les raisons des écarts par rapport à la tendance à long terme.
Que réserve l’avenir ?
Malgré la crise financière qui a commencé en 2007, le Crédit Suisse estime que la fortune mondiale des ménages a gagné $117 billions entre 2000 et 2011, avec une forte progression de la part des marchés émergents. Mais que peut-on prévoir en ce qui concerne l’avenir proche ? La fortune totale des ménages devrait augmenter de 50% sur les cinq prochaines années, passant de $231 billions en 2011 à $345 billions en 2016, soit un gain annuel de 8,4%. La fortune nette par adulte devrait atteindre $70.700 au niveau mondial en 2016, soit près de 40% de plus qu’en 2011. Selon les estimations, la Chine ravira au Japon la place du deuxième pays le plus riche au monde, avec une fortune totale des ménages de $39 billions en 2016, contre $31 billions pour le Japon. Les États-Unis maintiendront vraisemblablement leur suprématie dans les classements mondiaux, avec une fortune totale des ménages estimée à $82 billions. La France et l’Allemagne se situent clairement en retrait, avec respectivement $20,1 et $19,6 billions.
Sur les cinq prochaines années, on observera vraisemblablement une grande amélioration de la position des économies émergentes. En Chine comme en Afrique, la fortune devrait gagner plus de 90%, tandis que l’Inde et le Brésil feront probablement encore mieux, avec une fortune personnelle qui devrait plus que doubler d’ici à 2016.
Inde, Brésil et Chine : des exemples frappants
Le cas de l’Inde est particulièrement frappant. Avec un patrimoine total de $4,1 billions en 2011, les ménages indiens affichent un niveau de fortune comparable à celui des foyers américains en 1916. Mais au cours des cinq prochaines années, l’Inde devrait acquérir autant de richesses que les États-Unis en ont obtenu durant les trente années qui ont suivi 1916. Cela s’explique par l’augmentation de la fortune par adulte et par la nette progression de la population adulte. Le cas du Brésil est également remarquable. Avec une fortune totale des ménages qui devrait atteindre $9,2 billions d’ici à 2016 – un niveau comparable à celui des États-Unis en 1948, la progression de la richesse au cours des cinq prochaines années devrait correspondre au gain enregistré par les États-Unis sur la période de 23 ans qui s’est écoulée de 1925 à 1948. Le patrimoine total des ménages chinois s’élève actuellement à $20,1 billions, soit l’équivalent des chiffres relevés pour les États-Unis en 1968. Et si les tendances récentes se maintiennent, la Chine pourrait atteindre le niveau de la fortune américaine de 1990 d’ici à 2016, soit une progression de 22 «années américaines» en tout juste cinq ans.
Deux analyses étonnantes :
– « Les États-Unis maintiendront vraisemblablement leur suprématie dans les classements mondiaux, avec une fortune totale des ménages estimée à $82 billions. La France et l’Allemagne se situent clairement en retrait, avec respectivement $20,1 et $19,6 billions. » La situation européenne, rapportée aux populations concernées, n’est pas en retrait comme le commentaire semble le laisser penser.
– « Le patrimoine total des ménages chinois s’élève actuellement à $20,1 billions ». Ce constat est une illusion ; les chinois n’ont pas la pleine propriété de « leur » patrimoine, notamment immobilier mais également financier. En outre, ce patrimoine est « détenu » essentiellement par les membres du parti, les édiles locaux et les hauts responsables de l’armée.
« Ce constat est une illusion ; les chinois n’ont pas la pleine propriété de « leur » patrimoine , notamment immobilier »
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Si, depuis 2007. Pour ce que est de « pas le pleine propriété de leur patrimoine financier », tu peux développer stp ?
Quant à dire que le patrimoine est détenu « essentiellement » par les membres du parti etc, c’est du grand n’importe quoi. Il s’est créé en Chine une classe aisée de plusieurs centaines de millions d’habitants au même pouvoir d’achat qu’en Occident, ce n’est pas rien en terme de patrimoine.
Malgré la loi de mars 2007, si c’est bien à elle que vous faites référence, la pleine propriété immobilière reste illusoire pour les particuliers en Chine. Cette propriété est en effet à durée limitée sans garantie de renouvellement, tandis que le foncier reste entièrement la propriété de l’Etat, sans parler du risque d’expropriation qu’aucun texte n’encadre. Il faut également prendre en compte l’endettement de toute une vie pour ceux qui se lancent dans l’achat immobilier (des murs uniquement, donc). Compte tenu de ce qui précède, les « propriétaires » chinois sont assimilables à des locataires de longue durée que l’Etat peut expulser à loisir. Quant au patrimoine financier, nul besoin de rappeler ici le poids des entreprises publiques dans l’économie chinoise et le contrôle des changes absolu exercé à l’encontre de la population.
Toutes les études montrent que les grands patrons d’entreprises publiques sont sur-représentés parmi les grandes fortunes et que les membres du parti, de l’armée, constituent une bonne partie de la « classe aisée » (la vraie, pas celle qui gagne 4 ou 5000$ par an selon les critères internationaux).
On peut aussi évoquer les séjours à l’étranger qui, outre le contrôle hystérique aux frontières (quasiment impossible de rapporter un « souvenir » de l’étranger, parfum ou foulard pour ceux qui reviennent de Paris), sont synonymes de harcèlement administratif et policier plus ou moins « intensif » à l’encontre des familles restées au pays.
Tiens, pour charger la mule un peu plus, voici trois billets de G Sorman à propos de la façon dont on traite la « classe moyenne » en Chine :
http://www.contrepoints.org/?p=50044
http://www.contrepoints.org/?p=20368
http://www.contrepoints.org/?p=8378
L’économie chinoise finira par s’effondrer, comme tous les régimes socialistes.