5 raisons pour lesquelles Occupy Wall Street a tort

Cinq raisons qui font que les inégalités de revenus ne sont qu’un mythe, et que le mouvement Occupy Wall Street se trompe

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5 raisons pour lesquelles Occupy Wall Street a tort

Publié le 23 octobre 2011
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Cinq raisons qui font que les inégalités de revenus ne sont qu’un mythe, et que le mouvement Occupy Wall Street se trompe.

Par James Pethokoukis, depuis les États-Unis

Désolé, cette histoire ne tient pas debout. Pour les think tanks, éditorialistes et autres bloggers de gauche – et, bien sûr, pour les gauchistes de Occupy Wall Street – le centile supérieur de la société a exploité les 99 % restants de la population, depuis des décennies. Les riches se sont enrichis sur le dos de la classe moyenne et des pauvres.

Vraiment ? Réfléchissez un instant. Si l’inégalité avait vraiment explosé durant les 30 ou 40 dernières années, pourquoi le paysage politique américain se serait-il décalé vers la droite, vers une plus grande acceptation du capitalisme de libre marché ? L’opposé n’aurait-il pas dû arriver, au fur et à mesure que les travailleurs aux abois se seraient unis pour exiger une protection sociale bien plus vaste, et des impôts nettement plus élevés sur les riches ? Qu’est-il arrivé aux présidents Mondale, Dukakis, Gore et Kerry ? Même Barack Obama s’est présenté à l’élection présidentielle comme un technocrate adepte de la troisième voie, et non hostile au marché.

Non, cette histoire ne tient pas debout parce que les faits chiffrés ne l’appuient pas. Et voici pourquoi.

1. Dans un article daté de 2009, l’économiste Robert Gordon, de l’Université Northwestern, a montré que la soi-disant forte montée des inégalités américaines était « exagérée dans son ampleur comme dans son rythme ». Voilà l’énigme. Le revenu des ménages est censé augmenter en parallèle de la productivité. Mais le revenu réel médian des ménages, selon les chiffres du bureau du recensement, ont augmenté de 0,49% par an entre 1979 et 2007 alors que la productivité des travailleurs a cru quatre fois plus vite, de 1,95% par an. L’écart important entre les deux mesures, si elles sont exactes, suggère que ce seraient les ménages aisés, plutôt que les familles de la classe moyenne, qui auraient capté l’essentiel des gains de revenus issus d’une plus grande productivité.

Mais Gordon a expliqué que cela revenait à « comparer des pommes et des poires, puis des poires avec des bananes ». Quand les biais statistiques sont neutralisés entre les deux mesures économiques, Gordon a montré que la croissance du revenu de la classe moyenne était en fait bien plus rapide, et que « l’écart réel entre les croissances du revenu et de la productivité n’est que de 0,16% par an ». C’est à peine le dixième de l’écart originel de 1,46%. En d’autres termes, les gains de revenus ont été partagés de manière sensiblement égale.

2. Deux études de 2007 et 2008, réalisées par la Réserve Fédérale de Minneapolis vont dans le même sens que Gordon. Les chercheurs ont examiné pourquoi le bureau du recensement a trouvé que le revenu médian des ménages a stagné entre 1976 et 2006, ne croissant que de 18%. Comme Gordon, ils se sont heurtés au problème de comparer des pommes et des poires, par exemple des écarts dans la manière de mesurer les prix, ou dans la taille des foyers. Mais au bout du compte, ils ont conclu que « après avoir ajusté les données du recensement pour ces problèmes, le revenu médian des ménages, défalqué de l’inflation, a crû de 44 à 62% entre 1976 et 2006. » Qui plus est, cette étude montre que le salaire horaire médian (y compris avantages sociaux) a augmenté de 28% de 1975 à 2005.

3. Un article de 2008 écrit par Christian Broda et John Romalis, de l’université de Chicago, documente comment les mesures traditionnelles des inégalités masquent que l’inflation frappe différemment riches et pauvres : « L’inflation pour les 10% des foyers américains les plus riches a été plus élevée de 6 points que pour les 10% les plus pauvres sur la période 1994-2005. Ce qui veut dire que l’inégalité réelle aux États-Unis, une fois mesurée correctement, est demeurée à peu près inchangée. » À cause de quoi ? De la Chine et de Wal-Mart. Les familles aux revenus modestes dépensent proportionnellement plus que les familles plus aisées dans des biens dont les prix sont affectés plus directement par la mondialisation. Les gens plus riches, a contrario, dépensent davantage dans des services qui sont moins sujets à la concurrence étrangère.

4. Une étude de 2010 par Bruce Meyer de l’Université de Chicago et James Sullivan de l’Université Notre Dame note que les statistiques officielles sur les inégalités de revenus indiquent une forte augmentation des inégalités au cours des quatre dernières décennies. « Le ratio entre le quatre-vingt-dixième et le dixième percentiles des revenus, par exemple, a augmenté de 23% entre 1970 et 2008. » Mais Meyer et Sullivan font remarquer que les statistiques de revenus ratent beaucoup de choses, comme la valeur des programmes d’action étatiques et l’impact des impôts. Ces derniers, notamment, jouent un grand rôle. Les chercheurs ont trouvé que « prendre en compte les impôts réduit considérablement l’augmentation de l’inégalité des revenus » dans les 45 dernières années. De plus, « l’inégalité des consommations est moins prononcée que l’inégalité des revenus ».

5. Mettons les chiffres de côté un instant. Si vous avez vécu ces quatre dernières décennies, ne vous semblerait-il pas que les États-Unis se portent mieux aujourd’hui ? Voici ce que disait Jason Furman, le vice-directeur du Conseil Économique National d’Obama, en 2006. « Rappelez-vous tout de même du moment où les classes moyennes supérieures se souciaient qu’un appel longue-distance ne dure pas trop. Quand prendre l’avion était un luxe dispendieux. Quand seule une minorité de la population avait l’air conditionné, des lave-vaisselles, une télévision en couleur. Quand personne n’avait de lecteurs de DVD, d’iPod ou d’appareils photos numériques. Et quand la plupart des Américains n’avaient qu’une voiture, qui tombait fréquemment en panne, engloutissait de l’essence, crachait une pollution malsaine et malodorante et n’avait pas ces équipements de série que sont la climatisation ou un autoradio. »

Sans aucun doute, les dernières années ont été terribles. Mais les dernières décennies ont été plutôt bonnes – pour tout le monde.

—-
L’article original titré 5 reasons why income inequality is a myth — and Occupy Wall Street is wrong a été publié dans The American le 18.10.2011.

Traduction: Benjamin Guyot pour Contrepoints.

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  • Que vous êtes naïf de traduire cet article sans esprit critique mon cher Benjamin Guyot.

    Les puissants tremblent devant l’augmentation de l’éducation de la population, qui est à même de comprendre pourquoi elle se fait entuber, et vous, vous participez à leurs opérations de désinformation. Honte sur vous ! De plus, l’article ne parle en rien de graves problèmes comme la représentativité politique, le processus de création monétaire etc etc.

    Mais continuez ainsi…

    • « Les puissants tremblent devant l’augmentation de l’éducation de la population, qui est à même de comprendre pourquoi elle se fait entuber… »

      Mais nous sommes bien d’accord. Ils tremblent les puissants, les Obama, les Sarkozy, les Markel, les Bernanke, les Trichet-Draghi. Car ce sont eux qui ont fourni les moyens aux banques de causer des désastres, sans même parler de malversations pures et simples, avec la promesse qu’elles seraient toujours sauvées avec l’argent que ces puissants, justement, nous prennent de force.

  • james pethokoukis:un nom a retenir pour le championat du monde de stupidité et de mauvaise foi ignoble.non il a raison les inégalités n’ont pas augmenté aux usa.les américains moyens sont des grincheux et sont trop gatés.ben avec des articles comme celui ci ,les gens vont avoir une sacrée idée du libéralisme.tiens j’préfère encore madelin et c’est pas un compliment

    • « il a raison les inégalités n’ont pas augmenté aux usa »

      Vous voulez dire qu’a vu de nez depuis votre village de Burre-Les-Yvettes ces études qui décortiquent un phénomène complexe sont fausses, que l’esprit humain n’est pas arbitraire, que la première idée simpliste est vraie et que nous n’avons donc pas besoin de la science pour comprendre le monde ?

      « avec des articles comme celui ci ,les gens vont avoir une sacrée idée du libéralisme. »

      Un des problèmes du libéralisme c’est justement qu’il faut avoir plus qu’un demi-cerveau pour ne pas céder au premier démagogue ou à la première idée simpliste venue.

      Les gens qui ont envie que le monde soit comme ils le fantasment avec des méchants de cinéma et des gentils de conte de fée ne seront jamais intéressé quel que soit l’article, ceux qui ont envie de comprendre si.

      • pat352,alors le monde actuel économique est fait pour toi.continue avec ton petit conte de fées.tout va bien ,la reprise est pour bientot.achètes des actions(elles ne peuvent que remonter)et écoutes bien alain minc et madelin avant d’aller te coucher

      • pat 352,qui suis-je pour contester toutes ces etudes?desormais j’ecouterai aussi bernanke ,baroin et minc qui ont souvent raison parce qu’ils sont super cultivés.les americains sont de plus en plus pauvres(bons alimentaires) et au chomage,mais les etudes nous démontrent que c’est faux.suis je bete!c’est des gens éduqués qui font ces etudes ,donc je dois les croire parce que avec mon misérable qi je n’ais pas la capacité de tout comprendre.quand je vois quelque chose il faut que quelqu’un d’éduqué (soros ,attali,frank ribéry,madelin)m’explique.putain j’ai appris quelque chose aujourd’hui:que je n’etais rien du tout,incapable de réfléchir ou de penser par moi meme.va vraiment falloir trouver quelqu’un qui puisse m’aider.michel drucker?julien courbet?jean marc morandini?

  • « le centile supérieur de la société a exploité les 99 % restants de la population, depuis des décennies »

    Parler de 99% de la population exploitée par le % le plus riche n’a aucun sens.
    Ils devraient pousser leur logique jusqu’au bout : l’homme le plus riche des USA exploite le reste de la population ou encore les 99% les plus riches exploitent le % le moins riche.

    De toutes façons, l’extrême gogoche aux USA ne représente rien ; moins de 10% de la population ? Comment osent-ils parler au nom des 99% de la population ?

  • Jonathan ,

    «  »Les puissants tremblent devant l’augmentation de l’éducation de la population, qui est à même de comprendre pourquoi elle se fait entuber… » » »

    Vous plaisantez , vous évoquez l’augmentation de l’éducation de la population , mais les Français , complètement endormis par l’enseignement de leurs petits profs keynésiens , leur classe politique keynésienne ( UMP et PS ) , leur presse de gauche bien pensante ne me semblent pas en position de comprendre les dérives de l’état providence , le keynésianisme , l’assistanat …

    • « ne me semblent pas en position de comprendre les dérives de l’état providence »totalement vrai .mais internet ,google, permettent aux gens de s’eduquer sur beaucoup d’autres sujets

  • Il y a beaucoup de choses à dire sur les inégalités aux USA. Effectivement, les remarques des travaux cités par l’article sont judicieuses : la structure des ménages a fortement évolué depuis les années 60, et l’inflation est différente selon les types de produits. L’impact de ces facteurs est cependant sujet à controverse, ce n’est donc pas le meilleur argument pro-libéral qui soit.

    Il y a plus frappant à mon avis. Si on fait le constat que les richesses créées par l’économie américaine ont effectivement été massivement captées par le top 1% depuis une quarantaine d’années (ce qui remonte en fait aux années 70, avant même la soi-disante « révolution ultralibérale » de Reagan), on constate que les richesses en question sont majoritairement des revenus du travail, pas des revenus du capital (on peut retrouver l’info sur le site d’Olivier Béruyer-les-bonnes-données-les-analyses-à-côté-de-la-plaque). Les ultra-riches ne sont donc pas des rentiers, mais du top-management ! On pourrait penser que cette évolution serait due à un pacte entre ces gens-là et les actionnaires pour arracher un max de pognon à la plèbe. Perdu. La part des dividendes dans la valeur ajoutée n’a que très peu progressée, pour simplement revenir aux standards d’avant l’inflation des années 70.
    La conclusion ? La richesse, dans l’hypothèse où elle a effectivement été accaparée, l’a été non pas par les rentiers, mais par les salariés de luxe. Sans que ça rapporte aux actionnaires. Les inégalités viennent donc d’une PERTE DE cONTROLE DES ACTIONNAIRES SUR LEUR PROPRE BIEN. C’est à dire un manque de libéralisme. Et c’est un fait brut, pas une interprétation.

    Là où on peut partir en conjectures, c’est sur les raisons de ce pouvoir démesuré du top management. C’est bien sûr une interprétation personnelle, mais à mon humble avis, l’accumulation de règlementation, la politique monétaire expansive, et surtout la volonté plus ou moins consciente des politiciens d’avoir affaire à des escrocs peu soucieux de l’argent qui leur est confié plutôt qu’à des propriétaires trop concernés, doivent figurer haut sur la liste…

    •  » C’est à dire un manque de libéralisme. Et c’est un fait brut, pas une interprétation.  »

      Délire complet.

      Une interprétation n’est pas une interprétation.

      Le « libéralisme » dans toute sa splendeur.

  • En quoi l’inégalité est un probleme, si c’est un problême les USA von moins bien que le Malawi, la pauvreté est un probleme pas l’inégalité, je ne vois pas ce que cela change si vous vivait bien et que certains vivent baucoup mieux, pareil ou becoup moins bien. Idem si on ne vit pas bien.

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