Raid sur Gibson

Les autorités fédérales ont diligenté une intervention des équipes de SWAT dans les usines de Gibson, le légendaire fabricant de guitares

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Raid sur Gibson

Publié le 20 novembre 2011
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Par Georges Kaplan

Même sans être particulièrement musicien, vous connaissez certainement Gibson. Avec 117 années d’existence, les guitares de Nashville, Tennessee ont écrit quelques unes des plus belles pages de l’histoire du rock. La Gibson, c’est l’instrument de Slash (Guns N’ Roses), de Jeff Beck, de Chuck Berry, d’Eric Clapton, de Bob Dylan, de The Edge (U2), de Sheryl Crow, de Dave Grohl (Foo Fighters, Nirvana, TCV), de Jimi Hendrix, de Steve Jones (Sex Pistols), de Mark Knopfler (Dire Straits), de Bob Marley, de Keith Richards (The Rolling Stones), d’Angus Young (AC/DC), de Carlos Santana, de Lenny Kravitz, de Pete Townshend (the Who), de B.B. King et le double manche de Jimmy Page – rien que ça. Eh bien figurez-vous que, le 24 août dernier, plusieurs équipes de SWAT armées jusqu’aux dents et des agents du Fish and Wildlife Service ont investi trois usines et le siège de Gibson, interdisant même à Henry Juszkiewicz, le PDG du groupe, d’accéder à son bureau.

Le gouvernement étasunien soupçonne la firme de Nashville d’avoir importé du bois de rose sans respecter la loi indienne et donc en transgressant le Lacey Act de 1900. Plus précisément, la réglementation indienne stipule que le bois de rose exporté doit l’être sous forme de produit fini mais l’administration américaine estime visiblement que les touches de guitares importées par Gibson n’étaient pas suffisamment finies. En d’autres termes, monsieur Juszkiewicz dispose des autorisations délivrées en bonne et due forme par le gouvernement indien mais que le gouvernement des États-Unis interprète la législation indienne de manière différente et estime donc que Gibson n’a pas respecté la loi indienne. Ubuesque.

La petite armada fédérale a donc saisi une centaines de guitares finies, 6 000 touches de guitares et une bonne partie du stock de matériaux bruts de Gibson – soit deux à trois millions de dollar de matériel – ce qui, notamment en période de crise, n’est pas sans poser quelques problèmes de trésorerie à la firme de Nashville, à ses 1 200 salariés américains et à ses fournisseurs. Et ce, d’autant plus que Gibson avait déjà subi un raid du même genre en 2009 quand les mêmes autorités fédérales soupçonnaient l’entreprise d’avoir violé ce même Lacey Act en important illégalement du bois d’ébène de Madagascar. Dans les deux cas, aucune condamnation n’a été prononcée à ce jour mais le matériel de Gibson reste entre les mains des agents fédéraux.

Les mauvaises langues se demandent si les attentions du gouvernement fédéral ne seraient pas motivées par le fait que Gibson n’est pas syndicalisée ou, pire encore, si la firme de Nashville n’aurait pas été trop pingre avec le collecteurs de fonds du parti Démocrate. Quoiqu’il en soit, entre deux plans de relances inefficaces, l’administration Obama fait feu de tous bois pour anéantir le plus surement possible une des plus anciennes et prestigieuses entreprises industrielles américaines.

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