En France au moins, le véritable 1% des personnes les plus privilégiées se situe au sommet de la pyramide de l’Etat, comme le montre le refus des parlementaires de toucher à leurs indemnités plantureuses.
Nos députés ont donc refusé, lundi 14 novembre 2011, de réduire leurs indemnités parlementaires de 10%. Les opposants de cette réforme proposée par Lionnel Luca, député UMP niçois tendance Droite populaire [1], à cette mesure parlent de « démagogie », de « gadget », de « populisme » et certains rappellent même qu’ils travaillent beaucoup et méritent bien leurs indemnités (source). Mieux encore, comme le note Sophie de Menthon, l’opposition a visiblement décidé de ne pas ce prononcer – moyen subtil de faire croire qu’on pourrait éventuellement être d’accord mais qu’on refuse de ce prononcer parce que le projet est présenté par un socialiste de droite.
Rappel des faits (officiels… donc sans garantie) :
L’indemnité parlementaire perçue par un député ou un sénateur s’élève à 7 100,15 euros bruts par mois (5 405,76 euros nets) dont 1 420,03 euros d’indemnité de fonction non imposables. A ce montant peuvent se rajouter jusqu’à 2 757,34 euros nets au titre de leurs éventuels mandats locaux.
Les parlementaires disposent également d’une indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) de 6 240,18 euros nets à laquelle s’ajoute la gratuité des transport ferroviaires (en 1ère classe) sur tout le réseau SCNF, des voitures avec chauffeur, la gratuité du métro et des taxis à Paris, un budget considérable de déplacement par avion, un bureau individuel au palais Bourbon, au palais du Luxembourg ou dans une de leurs dépendances, du matériel informatique et une prise en charge de leurs frais de téléphone et de leur courrier (liste non-exhaustive). L’IRFM n’est pas soumise à l’impôt sur le revenu.
Les parlementaires disposent également d’un crédit affecté à la rémunération de collaborateurs de 7 548,10 euros bruts par mois afin de rémunérer leurs assistants (soit l’équivalent de 3 salariés à temps plein payés 2 516,03 bruts).
Par ailleurs, nos parlementaires bénéficient de régimes de protection sociale et de retraite particulièrement généreux et disposent d’un certain nombre de commodités – restaurants, salon de coiffure, kiosque à journaux, prêts immobiliers – dont les tarifs n’ont rigoureusement rien à voir avec ceux pratiqués à l’extérieur de l’enceinte du palais Bourbon ou du palais du Luxembourg.
L’Assemblée Nationale est composée de 577 députés et le Sénat de 348 sénateurs ; une année comporte 12 mois.
En proposant à nos parlementaires de réduire leur indemnités parlementaires de 10%, c’est à un effort de 541 euros par mois (nets) qui leur était demandé ; de 5 406 euros nets, ils seraient passés à 4 865 euros nets (sans que l’IRFM et le reste ne soit le moins du monde impactés).
Je rappelle que, selon l’Insee, à partir de 2 923 euros nets par mois, vous faites parti des 10% des salariés les mieux payés de France ; nos parlementaires touche 84% de plus que ça. Rajoutez un mandat local et l’IRFM et votre parlementaire émarge à plus de 14 400 euros nets par mois – soit presque 4 fois le seuil des 2 923 euros. Je ne sais pas où se situe le fameux 1% des plus gros salaires en France, mais ils ne doivent pas être bien loin les bougres…
[1] Comme quoi…
Enfer et damnation …Georges Kaplan qui nous fait de l’anti parlementarisme primaire !!!
On croirait lire une revue du front national !
bravo, vous marquez un point goswin.
Excellent article (un fois de plus).
C’est amusant de voir ce type d’article taxé « d’anti-parlementarisme » d’ailleurs. J’ai du mal à comprendre le rapport entre une critique de la rémunération des parlementaires et de l’anti-parlementarisme (primaire qui plus est).
A mon sens, la pratique de la politique doit s’accompagner d’une certaine forme d’éthique. Cette éthique (du moins en France) comprend des notions comme l’égalité. Or, force est de constater, qu’il n’existe pas d’égalité de traitement aujourd’hui entre un parlementaire et un citoyen lambda. Voir les parlementaires s’insurger contre, par exemple, l’évasion fiscale alors qu’il ne paient eux-mêmes pas d’impôts est assez singulier je trouve…
Pointer du doigt les erreurs et errements commis par les membres d’une fonction particulière ne revient pas necessairement à condamner la fonction en elle même.
« il n’existe pas d’égalité de traitement aujourd’hui entre un parlementaire et un citoyen lambda »
Ce qui n’est que la confirmation du fait que l’égalitarisme idéologique à la française aboutit à traiter plus généralement les contribuables inégalitairement.
Lucius ,
….C’était à prendre au second degré …
Pour nettoyer un escalier, on commence toujours par le haut !!
Et le haut devrait être exemplaire (mais ce n’est pas l’habitude en Froance).
Ce n’est pas de 10% qu’il faut réduire leurs indemnités parlementaires, mais d’au moins 50%.
–> http://www.youtube.com/watch?v=6R261ZEfTA4
Pourquoi les élus ne seraient pas payés au salaire moyen des citoyens qu’ils sont sensés représenter ? Et s’ils font du bon boulot, à la fin du mandat ils font un bilan public de leur action en disant  » voilà , durant mon mandat j’ai fait ça, ça et ça, j’estime que ça mérite une prime de tant « , et les citoyens en allant voter pour sa succession votent aussi pour dire oui, j’estime qu’il mérite son bonus ou non, j’estime qu’il mérite tant.
Comme ça il y a des économies sur les salaires des élus, une plus grande proximité entre représentés et représentants, et une incitation à la bonne gestion par le bonus de fin de mandat. Evidemment cela demande une comptabilité parfaitement transparente de toutes les actions et institutions publiques, de manière à ce qu’un élu gaspilleur ne puisse pas justifier une quelconque gratification supplémentaire.
Mais pourquoi donc rémunérer une activité dont la valeur retranchée est inférieure à zéro ?
Premier paragraphe, « se prononcer » au lieu de « ce prononcer » (deux fois).
En plus des salaires, indemnités et avantages décrits ci-dessus, je crois qu’il en existe d’autre correspondant à des postes spécifiques de l’Assemblée comme au Sénat. Ceux-ci sont rarement expliqués et décrits. Le président de l’Assemblée a de nombreux avantages mais ce n’est pas le seul. Le président est assisté par 6 vice-présidents et 12 secrétaires. Il existe 3 questeurs par Assemblée. Il y a 8 commissions avec chacune un président, des rapporteurs et des membres. Le nombre de commission va toujours dans le sens de l’augmentation. Les groupes parlementaires sont de plus en plus petits (30 puis 20 puis 15 …) et ouvre un poste de président de groupe. Bref, une bonne partie des députés ne doit pas touché uniquement le régime de base mais doit bénéficier d’avantages spécifiques … De nombreuses décisions obscures consistent à augmenter en toute discrétion ces fromages en augmentant leur nombre régulièrement …
Quels hypocrites, ces parlementaires qui appellent leur salaire « indemnité », comme on parle d’un dédommagement.