À plusieurs reprises, le président colombien Juan Manuel Santos a fait quelques déclarations explicites de soutien à la légalisation des drogues – quoique de façon ténue.
Par Juan Carlos Hidalgo, depuis les États-Unis
Un article du Cato Institute
L’un des secrets les mieux gardés d’Amérique latine était que le président colombien croit en la légalisation des drogues. Retour dans les années 1990 : Juan Manuel Santos avait co-signé une lettre ouverte au Secrétaire général des Nations Unies d’alors, Kofi Annan, appelant à la fin de la guerre contre la drogue. Et, depuis sa prise de fonction l’année dernière, Santos a laissé entendre à plusieurs reprises qu’une nouvelle approche était nécessaire dans la politique des drogues.
Il y a un peu moins d’un mois, Santos est finalement sorti de son mutisme pour soutenir la légalisation des drogues douces, comme la marijuana. Dans un entretien accordé à Metro US, il a déclaré qu’il était favorable à la légalisation à condition que « tout le monde la fasse au même moment. » Santos a rechigné à l’idée d’être le premier président en fonction à proposer cela dans un forum international, arguant essentiellement des raisons politiques: « Je pourrais être crucifié si j’étais le premier à franchir le pas. »
Malgré ce soutien tiède de la part de Santos à la légalisation des drogues, il ajoute sa voix à un nombre croissant de dirigeants latino-américains appelant à mettre fin à la prohibition. Lors d’une grande conférence sur la fin de la guerre internationale contre la drogue, organisée le 15 Novembre par le Cato Institute, quelques-unes des principales voix de la région se sont exprimées sur cette question : Fernando Henrique Cardoso, ancien Président du Brésil, Jorge Castañeda, ancien ministre des Relations extérieures du Mexique, Enrique Gómez Hurtado, ancien sénateur colombien et Luis Alberto Lacalle Pou, actuel Président de la Chambre des Députés de l’Uruguay.
Plus récemment, le week-end passé, dans une interview accordée à The Observer, Santos a déclaré : « J’aimerais évoquer la légalisation de la marijuana, voire davantage que la marijuana… je pourrais envisager de légaliser la cocaïne s’il y avait un consensus mondial, parce que cette drogue nous a particulièrement affecté ici en Colombie. »
Encore une fois, Santos a souligné la nécessité d’un débat mondial sur l’interdiction et de nouvelles approches de la politique des drogues. Comme le souligne The Guardian:
Il est difficile de surestimer l’importance symbolique d’un président colombien d’entrer dans ce débat avec une telle force, étant donné le rôle central qu’ont joué les drogues dans la récente histoire de ce pays ensanglanté. Santos a trop conscience de la symbolique et du rôle qu’il joue.
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Sur le web
Traduction: Contrepoints.
Il est triste de devoir constater deux choses :
1°) L’expérience ne se transmet pas (Cf. expérience désastreuse de la prohibition de l’alcool aux USA entre 1920 et 1934)
2°) Il faut attendre que la situation soit totalement dramatique (corruption, délinquance, guerres des gangs, etc…) pour en voir quelques-uns se décider à bouger timidement…
Ceci dit, il est grand-temps de légaliser, et évidemment pas que le cannabis…
Entièrement d’accord.
La lutte contre la drogue a coûté 1000 milliards de $ en 30 ans, pour quel résultat?