La crise des subprimes et la crise des dettes souveraines de l’eurozone sont par essence identiques.
Par Scott Sumner (*), depuis les États-Unis
Les banques ont déversé d’énormes sommes d’argent dans une classe d’actifs donnée. Elles étaient encouragées à le faire par le législateur, bien qu’il y ait un certain désaccord quant à savoir si c’était la raison principale de leurs décisions. Ces actifs ont un long historique de bonnes performances, mais un examen attentif des faits aurait allumé des voyants rouges. Le marché des actifs en question plonge alors que le risque de défaut augmente fortement. Cette baisse entraîne de nombreuses grandes banques, obligeant les gouvernements à venir à leur secours.
Qu’est-ce que je viens de décrire ? Le fiasco des subprimes ou le fiasco de la dette souveraine des PIGS ? Je dirais les deux. Je dirais que ces deux crises sont essentiellement identiques. (Je dois préciser que par « essentiellement identiques » Je veux dire par essence, non pas dans les moindres détails.)
Bien sûr, la crise des subprimes est venue en premier, nous allons donc considérer l’explication dominante (progressiste) de la crise des subprimes. Si vous lisez les médias dominants, vous verrez qu’elle est décrite comme une sorte de [moralité] ; les maux de la déréglementation, qui ont permis aux grandes banques avides de faire des paris à fort effet de levier avec l’argent des autres, puis de se décharger des risques sur les contribuables et sur les acheteurs peu méfiants des MBS. Ou quelque chose comme ça.
Évidemment, il serait impossible de raconter une histoire similaire sur la crise de la dette souveraine. Aucun organisme de réglementation de bon sens n’aurait jamais imaginé dire aux grandes banques de ne pas acheter de la dette souveraine européenne au motif que ce serait trop risqué. En effet, la dernière tentative de réglementation (Bâle II) a encouragé les banques à investir dans ces « placements sûrs ». Reprocher la crise de l’euro à la déréglementation ne passe même pas le test du rire. Les criminels étaient les régulateurs eux-mêmes. Le terme « criminel » est-il une hyperbole de ma part ? Pas du tout. Supposons que les dirigeants d’Enron aient utilisé les techniques comptables du gouvernement grec. Ils seraient tous en prison. Comme pour Berlusconi, que peut-on dire à propos d’un dirigeant qui passe continuellement des lois exonérant le Premier ministre des crimes dont il a précisément été accusé ? Comme Keynes l’a dit :
Les mots doivent être un peu sauvage, car ils sont les assauts des pensées de l’irréfléchi.
Alors, voici ce que je me demande. Supposons que la crise de la zone euro n’était manifestement pas causée par la déréglementation et les banquiers cupides. Alors, si la crise des subprimes a été pratiquement identique, du moins dans son essence, comment la déréglementation peut-elle être à l’origine de la crise précédente ? Je ne dis pas que c’est logiquement impossible, mais ne semble-t-il pas beaucoup plus probable qu’il y ait un problème plus systémique profond qui transcende ce cliché facile ?
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Sur le web
Traduction : Georges Kaplan
(*) Scott Sumner enseigne l’économie à l’Universté Bentley.
la crise de 2008 est clairement une crise de la regelementation financiere: Community Reinvestment Act, Freddie Mac et Fannie Mae qui garantissait les pret aux pauvres, Clinton qui voulait se faire reelire, puis Greenspan qui maintient les taux tres bas sur recommendation entre autre de Krugman, tout cela cree une bulle immobiliere qui debouche sur la crise des subprime. Ensuite, les Etats refusent de laisser les banques faire faillite, ce qui engendre une crise de la dette des Etats (deja bien trop grosses avant 2008). la finance est le secteur le plus réglementé au monde après celui du nucléaire