François Baroin l’annonce haut et fort : la stratégie des entreprises, c’est l’État qui la fixe.
Par Yann Henry
Ce mardi 22 novembre se déroulait une grand-messe interventionniste au ministère de l’Économie pour rassurer les PME sur la capacité de l’État à administrer l’économie.
Les mesures annoncées ressemblent à s’y méprendre à celles de l’automne 2008, mais le dire reviendrait à d’une part reconnaître l’inefficacité des plans de 2008, et d’autre part avouer une erreur de diagnostic. Christine Lagarde ne déclarait-elle pas le 31/01/2011, au sujet de la crise de la dette souveraine, « Le pire est derrière nous » ?
Point de mea culpa donc. Au contraire, Éric Besson, ministre chargé de l’Industrie, déclare sans rire : « Ce que nous faisons, c’est de l’anticipation. Il y a eu un retournement conjoncturel en octobre donc nous nous mettons en situation». Loin de s’être trompé, l’État est donc même en avance, il anticipe !
Mais le pire est à venir. Les préfets doivent rencontrer les entreprises « stratégiques » et celles de plus de 250 salariés, et de nouveaux commissaires à la réindustrialisation vont être nommés dans les bassins d’emploi clés. Des mesures au doux parfum soviétique.
François Baroin l’annonce haut et fort : « L’État n’acceptera pas que les ajustements économiques, les plans stratégiques d’une entreprise où l’État se trouve en position d’actionnaire se fassent au détriment de l’emploi » et le gouvernement « veillera à ce que les grands groupes fassent travailler leurs sous-traitants ». Tout est dit : la stratégie des entreprises, c’est l’État qui la fixe. Et comme le politique est piètre gestionnaire et que son horizon d’investissement ne dépasse que rarement la prochaine élection (mai 2012 dans notre cas…), le résultat risque une nouvelle fois d’être catastrophique. On remarquera que le ministre de l’Économie ne parle pas là uniquement des entreprises où l’État est majoritaire, qui représentent déjà 792 000 employés. Non, il cible toutes celles où il détient une participation, ce qui fait monter le compteur à 1 727 000. Auxquels il faut rajouter les 5 277 000 salariés des trois fonctions publiques (État, Hôpital et Collectivités locales), ce qui porte le total à 7 millions.
Comme par ailleurs Sarkozy n’hésite pas à s’immiscer dans les affaires d’entreprises dont l’État n’a aucune part, comme PSA Peugeot Citroën, on se demande ce qui pourrait bien rester en dehors de la zone d’influence de l’État.
Autre geste de l’État : celui-ci promet de payer immédiatement toutes les factures de moins de 5 000 euros. L’aveu est donc implicite : l’État reconnaît mettre lui-même de nombreuses entreprises en péril en réglant ses dettes avec un retard important. C’est en effet un secret de polichinelle, l’État est un très mauvais payeur…et le restera donc pour les grosses factures !
Pour terminer, François Baroin nous gratifie de deux idées lumineuses. La première consiste en une extension des garanties de la banque publique Oséo sur les financements des PME, soit un élargissement des subprimes à la française. La deuxième est un gel provisoire, « par exemple pour deux ans », de toute nouvelle réglementation pesant sur les entreprises. L’idée est excellente, sauf qu’elle relève d’une belle escroquerie intellectuelle puisque des élections sont programmées dans six mois, ce qu’il ne peut évidemment ignorer. Et il y a une certitude : quel qu’en soit le vainqueur, la réglementation sera modifiée.
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Sur le web
La stratégie de « l’état tout puissant » semble s’en prendre á toute les sphères de l’économie avec une stratégie économique (et politique) qui ne peut qu’être qualifiée d’arriérée. Durant les années 30 jusqu’au milieu des années 70, la stratégie de croissance connue sous le vocable (ISI) pour importation de substitution pour l’industrialisation fût la ligne officielle pour les pays de l’Amérique latine et l’Asie. Cette politique consiste a faire des pays en voie de développement moins dépendent des pays développés (ce qui a priori ne concerne pas la France donc) en faisant des gouvernements des acteurs actifs de l’économie. Les instruments utilisés sont les licences d’importations, la régulation des tarifs, un taux d’échange surévalué et des investissements directs de l’état dans les industries clefs. Il semble que finalement cette politique « ISI » est plus proche de la vision que l’état Francais entretien envers ses citoyens « sous développés ». L’ISI comme l’état français, ne réussi pas a stimuler une croissance soutenue- ce qui différencie les économies avancées. Il génère par contre de large déficit. Et contrairement au pays d’Asie, incluant l’Inde, et d’Amérique latine, on se demande encore si notre état français va reconnaitre les bienfaits de la libéralisation en s’engageant dans des stratégies orientées vers les marchés. Ce que les pays en voie de développement se sont engagés a faire dans le milieu des années 80 et début des années 1990 (avec les résultats positifs que l’on sait). Quand je vous dis qu’on est dirigé pas des arriérés, je ne force pas le trait.
Pour aller un peu loin dans le détail des effectifs dépendant de la manne de l’Etat, voici un document instructif, notamment le tableau 3 (http://www.fonction-publique.gouv.fr/files/files/statistiques/tableau_synthese/tableau_de_synthese_2010.pdf).
J’attire votre attention sur la case 6.6 du tableau, regroupant les effectifs des associations, mutuelles, syndicats, organismes professionnels notamment, qui vivent, pour la plupart d’entre eux, de la manne publique. Il est donc possible, sans trop se tromper, de regrouper ces effectifs avec ceux de l’administration publique au sens large.
Le constat est sans appel. Les effectifs du secteur réellement privé représentent 16M de salariés sur un total de 24,3M, soit 65,8% du total des salariés. Si on ajoute les 2,3 millions de non salariés (dont certains sont liés à l’Etat comme les notaires ou les médecins, mais bon, passons), nous avons 18,3M d’emplois dans le privé, sur un total de 26,6M, soit 68,8%.
Plus de 31% des emplois dépendent de l’Etat au sens large.
Le décret 10-289 n’est pas loin …
Effectivement !
Je suis entrain de lire le livre de Ayn Rand.
Ce livre écrit dans les années 50, en Amérique, décrit la désindustrialisation de la France aujourd’hui !
Nous boirons jusqu’à la lie l’idéologie socialiste.