Ceux qui ont écrit le discours de Nicolas Sarkozy prononcé à Toulon raisonnent dans le cadre d’une économie qui n’existe plus.
Par Charles Gave
J’ai comme vous jeté un œil au discours du président Sarkozy et Dieu, quel invraisemblable tissu d’âneries !
Tous les poncifs y sont : concurrence due à un coût du travail trop bas, État innovateur, omniscient et inventif, côté salvateur du protectionnisme, dithyrambe sur des élus ne représentant qu’eux, etc. À côté de cela, quelques remarques de bon sens, mais aucun mot sur le referendum exprimant la volonté populaire, aucun objectif chiffré ni précis de la décroissance de l’État, aucune désignation des missions que l’État devrait abandonner…
Le discours de l’étatiste de base: l’État est dirigé par des gens compétents que vous avez élus et il représente l’intérêt général. Il faut lui faire confiance…
Pas un mot sur le fait que l’Euroland rentre dans une récession carabinée en 2012 et que donc le déficit primaire va exploser à la hausse et non pas baisser comme il nous l’annonce.
Une équipe de chez nous a visité l’usine Panasonic à Osaka qui fabrique 10% du volume mondial des écrans plats pour tv de 42 pouces; Chiffre d’affaires $2 milliards/mois. Plusieurs dizaines d’hectares et… 15 , je dis bien 15 salariés en tout et pour tout.
Les Japonais sont en train de faire des progrès foudroyants dans la robotique. Il y a 10 ans les robots de Fanuc ou de Panasonic pouvaient remplacer un travailleur payé $50 dollars de l’heure (GM). Nous en sommes apparemment à un seuil de $2 par heure (inférieur au coût du travail en Chine); Foxton (qui fabrique les Apple en Chine ) a 1 million d’employés (plus gros employeur du monde). Ils devaient passer à 2 millions dans les 3 ans. Ils vont passer à… 500.000. Les autorités chinoises sont paniquées. Les responsables de Panasonic nous ont dit que d’ici 10 ans toutes les voitures du monde seraient construites par 100.000 gars au plus, quant aux tv, cela emploiera 5.000 personnes à tout casser.
Les usines vont de ce fait quitter l’Asie et retourner près des points de consommation, et mettre des droits de douane ne servira à rien, les usines seront chez nous et n’embaucheront personne. Avoir un coût du travail bas ne sert plus à rien.
De ce fait, les USA qui font aussi des progrès gigantesques dans l’énergie (gaz de schistes) vont se retrouver avec des comptes courants excédentaires d’ici 5 ans. Déjà hors Chine et hors pétrole, ils sont excédentaires. Se procurer des dollars va être abominablement difficile… et notre niveau de vie va en prendre un grand coup.
Il va arriver à l’industrie ce qui est arrivé à l’agriculture, les boulots vont disparaître complètement et la production augmenter.
Les gars qui ont écrit ce discours raisonnent dans le cadre d’une économie industrielle alors que celle-ci n’existe plus et va disparaître.
C’est atterrant. On peaufine avec soin les sous ventrières pour les chevaux en 1914. Ces andouilles parlent de la menace du travail à bon marché et de TVA sociale et sont en fait en retard de deux guerres au moins. Il y a un Tsunami qui arrive et ils barbotent dans les flaques d’eau au bord de la plage en discutant de la marée prochaine.
C’est un discours fondamentalement rétrograde, refusant le progrès technique, passéiste et donc absolument Pétainiste. Je suis atterré.
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Sur le web
Que Sarközy n’ait ni conçu ni rédigé le texte qu’il a laborieusement lu à Toulon, est évident pour tous ceux qui savent bien qu’on lit autrement un texte personnel. Un gros problème est que pour faire accepter les réformes indispensables, il faut avoir une autorité morale dont est dépourvu l’élu de 2007. Un autre doit impérativement le remplacer en 2012, si nous voulons nous en sortir.
Madelin ?
Quand l’argent gratuit des autres sera totalement épuisé, que le gus qui sera à la tête de l’Etat ait ou non une autorité morale importe peu au point où en est. Le liquidateur judiciaire du communisme franchouille n’aura pas d’autre choix que d’imposer un assainissement des finances publiques et un dégraissage drastiques de l’Etat, que ça plaise ou non aux Français.
« Une équipe de chez nous a visité l’usine Panasonic à Osaka qui fabrique 10% du volume mondial des écrans plats pour tv de 42 pouces; Chiffre d’affaires $2 milliards/mois. Plusieurs dizaines d’hectares et… 15 , je dis bien 15 salariés en tout et pour tout. » : ils fabriquent l’écran plat de A à Z ? Et ils en sortent combien par mois (ou par an) ?
Sirius,
Il s’agit juste d’écrans plats « pour TV », càd UN composant électronique, au même titre qu’un microprocesseur ou un condensateur ou une nappe de connectique. Pour avoir le produit final, la télé, qui contient des centaines voire milliers de composants, il faut toujours des ouvriers pour l’assemblage. La tendance à l’automatisation est contrebalancée par une demande accrue de produits plus personnalisés et diversifiés donc de « petites » séries qui ne peuvent pas se passer de la flexibilité des opérateurs humains.
Charles Gave est donc dans l’erreur voire l’exagération en tentant de démontrer que le « coût bas du travail ne sert à rien ». D’un point de vue de l’organisation industrielle, son exemple de l’automatisation extrême n’est ni crédible ni généralisable. D’un point économique, il est facilement contredit par le fait qu’on sait prévoir l’impact sur l’emploi d’un abaissement du coût du travail, ne serait ce que par le niveau du smic. L’ironie, c’est qu’il peut très bien citer le même Japon pour démontrer l’inverse de ce qu’il a voulu dire, il suffit de prendre les innombrables exemples d’emplois peu rémunérés et à très faible productivité qu’on trouve au Japon et qu’on ne trouve plus en France, comme par exemple de préposés aux ascenseurs ou aux quais de gare, d’échoppes familiales, de petits boulots de retraités pour compléter leur pension…
15 en 3×8, 45 personnes,
« Ce discours…..absolument Pétainiste » dites-vous. Dois-je comprendre que nous sommes un pays occupé?
Comme trop souvent, Gave fait des analyses correctes mais aboutit à des conclusions erronées (pour ne pas dire plus). Son problème ? Il est tout aussi passéiste que Sarkozy l’étatiste.
Gave a raison sur ce point : « Les usines vont de ce fait quitter l’Asie et retourner près des points de consommation, et mettre des droits de douane ne servira à rien, les usines seront chez nous et n’embaucheront personne. » Effectivement, l’industrie va rejoindre la situation de l’agriculture en termes d’emplois et la Chine va entrer en crise, pour des raisons économiques mais surtout politiques.
Mais Gave a tort lorsqu’il affirme « qu’avoir un coût du travail bas ne sert plus à rien. » Gave est tout aussi rétrograde que Sarkozy l’étatiste. La question n’est pas un coût du travail bas mais d’en obtenir un gain élevé.
Ce sont les charges sociales qui plombent le travail, l’idée même du travail. La TVA sociale doit servir à redonner le goût du travail en favorisant les producteurs (de services). La TVA sociale doit servir à supprimer toutes les cotisations salariales (y compris la CSG) et non les cotisations patronales. La TVA sociale ne sert pas à lever des barrières douanières (vision passéiste du sujet). Elle sert à recréer de la justice au profit des producteurs (vision d’avenir). Le net doit rejoindre le brut.
Pour ce qui les concernent, la baisse des cotisations patronales doit être gagée sur le recul des dépenses publiques, afin de sortir l’économie du cercle vicieux des taxes et des subventions, le cercle vicieux de l’Etat prétendument stratège.
Le retour aux 40h et les mesures d’assouplissement du marché du travail seront d’autant plus efficaces qu’elles s’accompagneront de la mise en oeuvre de la TVA sociale en remplacement de toutes les cotisations salariales. Après cette première étape de revalorisation du travail, la mise en concurrence des régimes de sécurité sociale, maladie et retraite, dès le premier euro, pourra être envisagée.
« La TVA sociale doit servir à supprimer toutes les cotisations salariales (y compris la CSG) et non les cotisations patronales.
Dans vos rêves les plus intimes Bubulle ! Le but de la TVA sociale est de spolier encore plus le travail des salariés en la prélevant directement à la source, pour que cela n’apparaisse pas sur la fiche de paie. Ainsi, les politocards pourront l’augmenter à leur guise car leur but est de se maintenir au pouvoir. Le jour où la SS sera placée en liquidation judiciaire, ça en sera fini de ce pouvoir de se sucrer sur la bête.
Eluder le problème du coût du travail à la Madelin me parait quand même là aussi un tantinet rétrograde. Baisser ce coût et insister sur la mécanisation et la qualité n’est pas contradictoire, l’important c’est d’augmenter la marge, donc baisser les coûts et apporter de la valeur ajoutée par ailleurs.