Par Bernard Zimmern
Jusqu’à la dernière minute, les sondages prévoyaient un vote divisé et l’obligation pour les Tories ou le Labour de faire des montages politiques complexes pour réunir la majorité à la Chambre basse britannique, qui est l’organe central du pouvoir au Royaume-Uni.
Une des plus sérieuses projections électorales publiées par le Wall Street Journal expliquait même que les Tories allaient être victimes de la même erreur politique que celle qui a coûté le contrôle du Parlement américain, Chambre et Sénat, à Barack Obama en 2014 : David Cameron aurait eu trop son attention fixée sur l’emploi et pas assez sur la répartition des richesses ; le revenu de la classe moyenne n’aurait pas profité de l’embellie de l’économie et aurait stagné, offrant aux adversaires de David Cameron la possibilité de déclarer que la croissance, la reprise depuis 2008, n’avait profité qu’aux plus riches1.
D’autres commentateurs s’étendaient sur le fait que les leaders de partis, qu’ils s’appellent Cameron ou Milliband, sortent de la même filière universitaire, Eton et Oxbridge (Oxford- Cambridge) et sont devenus des intellectuels, entraînés à l’art oratoire mais effectivement largement distants de la classe moyenne, de la majorité travailleuse, alors que l’une des forces de Margaret Thatcher était d’être restée dans l’âme la fille d’un épicier.
Des articles d’éditorialistes politiques très sérieux prédisaient ainsi que le Royaume-Uni allait vers un bouleversement de son modèle politique, celui qui a fait sa force depuis qu’il est devenu une monarchie constitutionnelle : la prééminence de deux partis qui alternent au pouvoir, les Tories et le Labour, les conservateurs et les travaillistes. Ces commentateurs n’hésitaient pas à prédire l’avenir britannique à travers des coalitions pouvant réunir des politiques complètement opposées, comme c’est le cas en Allemagne depuis le dernier gouvernement Merkel, ou des majorités fragiles donnant énormément de poids aux quelques députés sans lesquels il n’y a pas de majorité, comme c’est le cas en Israël. C’était donc vraisemblablement la fin des gouvernements forts qui ont fait la force du Royaume-Uni.
En donnant à David Cameron la majorité absolue, ces élections ont été un coup de théâtre. Non seulement pour les sondeurs, mais ce n’est pas la première fois qu’en Grande-Bretagne ou ailleurs, leurs pronostics sont largement déjoués. Mais surtout pour ceux qui pensaient qu’il n’est plus possible de s’appuyer sur l’opinion publique pour jouir d’un gouvernement fort.
Il semble que la stratégie fondamentale de David Cameron, que nous avons souvent rappelée, consistant à mettre l’emploi – et non pas l’austérité comme le prétendent certains – au centre de ses préoccupations, ait largement payé.
Certes les élections uninominales à un seul tour facilitent des majorités massives puisque David Cameron remporte la majorité à la Chambre avec seulement 37% des voix. Alors que les majorités à deux tours instituées pour les élections des députés par le Général de Gaulle en 1958 obligent à des majorités en voix beaucoup plus élevées.
Certes, David Cameron avait hérité, en arrivant au pouvoir, d’une machine à créer des emplois en état de marche, avec notamment le célèbre EIS2 tournant à plein rendement, comme le montrent les 200.000 entreprises nouvelles et les 500.000 emplois créés annuellement au Royaume-Uni au lieu de 26.000 et 100.000 en France.
Sa sagesse a été de savoir profiter de cette machine pour réduire le poids de la bureaucratie en laissant se créer 3 emplois privés par emploi public supprimé et de pouvoir ainsi éliminer 300.000 emplois publics et en privatiser 200.000. Cette privatisation, comme celle pratiquée par Margaret Thatcher, ne sont possibles que si l’emploi privé prolifère et que les rémunérations y excèdent largement celles du secteur public (alors que l’inverse est vrai en France). En clair, il s’est servi de la forte création d’emplois marchands pour réduire le nombre des fonctionnaires.
Il reste encore à David Cameron à se débarrasser du boulet que constitue le NHS, le système de santé nationalisé, et à suivre sur cette voie les Hollandais.
Mais son succès ne fait que rendre plus tragique l’inconscience des partis politiques dans ce qui devient l’Homme malade de l’Europe : la France.
Il est extrêmement préoccupant de voir l’organigramme du nouveau parti, les Républicains, ne comporter aucun responsable en charge de l’emploi. Comme si la question de l’emploi n’existait pas et qu’elle pouvait être escamotée, comme elle l’a déjà été lors des élections de 2012. Alors qu’elle est le verrou qui, s’il n’est pas ouvert, rendra ineffectives toutes les autres politiques.
Et il risque de rester fermé même si un autre homme politique remplace le président actuel car, gauche ou droite, nos politiciens n’ont pas la moindre idée de la façon dont on crée des emplois. Au mieux, ils croient encore que l’emploi sort des entreprises existantes et qu’il suffira d’encourager ces entreprises pour que le chômage se réduise. Faudra-t-il créer une école de perfectionnement des politiciens et inviter des Britanniques à leur donner des cours ? Et renouveler l’Entente Cordiale, si nous voulons qu’un jour les pays européens ne se retrouvent pas des structures et des opinions si différentes que l’Europe ne soit plus qu’un concept vide ?
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Sur le web.
-  La critique systématique par le Wall Street Journal du gouvernement Cameron s’explique peut-être par la désinformation de ses informateurs qui, par exemple, dans un article du 7 mai par Greg Ip présentait l’Institute for Fiscal Studies comme un « non partisan think tank » alors qu’il s’agit d’un institut résolument à gauche. ↩
- Enterprise Investment Scheme qui a favorisé l’émergence de milliers de Business Angels, plus efficaces à investir dans les bonnes startups que le modèle étatique français. ↩
Cameron avait un avantage extraordinaire.
La comparaison avec l’épouvantail socialiste Français…….
Dans la campagne électorale, Cameron a comparé ses résultats à ceux de François Hollande, il dit: « Le Labour nous rendra aussi mauvais que la France » et accusé son concurrent travailliste, Ed Miliband, qui voulait il y a trois ans voulait faire un copié-collé de la même politique que le gouvernement français.
« Le chômage de l’autre côté de la Manche est presque deux fois plus important qu’au Royaume-Uni et notre économie croît sept fois plus rapidement que celle de la France ». « Imaginez si Miliband avait eu la liberté de réaliser son rêve français : les retombées se feraient sentir via des pertes d’emplois catastrophiques, une baisse du niveau de vie, une dette à faire pleurer et la chute rapide de tout espoir en notre avenir », « le simple comté du « Yorkshire » a créé davantage d’emplois que la France toute entière ».
L’UMP sait exactement comment créer de l’emploi, il ne faut pas les prendre pour des idiots. Mais ces solutions ne leur plaisent pas car ils sont des socialistes light et ne croient pas aux réformes.
http://www.institut-entreprise.fr/reflexions/societal/blog/dix-idees-recues-sur-le-royaume-uni
Cameron a gagné grâce à sa crédibilité dans la lutte pour l’emploi et contre l’immigration.
Il disposait de deux atouts majeurs.
Pour l’emploi, son pays n’est pas plombé par l’euro.
Contre l’immigration, son pays n’est pas soumis aux règles de Schengen qui font semblant de contrôler l’entrée et le séjour des étrangers dans l’espace européen du même nom.
La grande question politique du Royaume Uni est de savoir désormais s’il reste dans l’UE ou bien s’il se débarrasse des contraintes légales et administratives qu’il a bien voulu accepter en rentrant dans le Marché Commun devenu UE
Sur la question de l’UE, le referendum est probablement aussi un moyen très efficace de couper l’herbe sous le pied de l’UKIP.
Faut arrêter avec la fable de l’Euro qui plomberait l’emploi, hein !? Accuser l’euro, qui n’est qu’un instrument de mesure, c’est comme accuser le litre pour la cherté du plein d’essence…
Désolé mais la création d’emploi au R-U n’a RIEN A VOIR avec le fait de ne pas avoir l ‘euro !
L’Espagne crée beaucoup d’emplois en ce moment, l’Allemagne a un taux de chômage faible, pourtant ils ont l’euro.
Non, il s’agit de réformes économiques et règlementaires qui ont renforcé la compétitivité du pays, la formule a toujours été simple et connue, mais seuls les gens courageux la mettent en place.
Concernant l’immigration encore une fois c’est un mensonge puisque l’immigration au R-U est toujours très forte, le pays est celui qui accueille le plus d’immigrés et gagne le plus d’habitants en Europe. Cameron a admis n’avoir pas pu la diminuer à moins de 100 000 par an comme il avait promis.
Taratata ! Si Cameron a globalement réussi son premier mandat, c’est qu’il était libre et non coincé par l’euro-deutchmark qui est la monnaie adaptée à l’Allemagne et pas aux autres économies.
Et s’il a pu le faire, c’est bien parce que Maggie Thatcher avait posé les bases de la relative autonomie du UK au sein de l’UE. Il est bon de réécouter son discours devant les Commons, le fameux « no! no! no! »
https://www.youtube.com/watch?v=P8hpXG-206Q (avec des sous-titres pour ceux qui ne sont pas advanced + et maîtrisent mal l’anglais parlé)
Bien évidemment être libre impose des contraintes et c’est bien pour cela que l’UMP et le PS ont délégué le gouvernement de la France, trop fatiguant pour eux , à l’UE.
Le UK navigue sur les bases définies par Maggie Thatcher et aucun de ses successeurs, Major, Blair et Cameron n’a voulu revenir dessus, Blair se félicitant même du travail accompli par la « dame de fer ».
Quant à l’immigration, on est très loin en France d’avoir la même rigueur que le UK, rigueur qui doit être renforcée afin de décourager ceux qui ne veulent que bénéficier des aides sociales.
Rigueur qui devrait alors se rapprocher de celle de pays d’immigration anglophones, je pense ici au Canada, pour qui tout migrant doit avoir des compétences utiles à l’économie et ne rien couter à la communauté (logement, santé etc..).
Non.
 » et non coincé par l’euro-deutchmark qui est la monnaie adaptée à l’Allemagne et pas aux autres économies.  »
Il n’est pas adapté pour ceux qui ne veulent pas réformer leur économie. L’Autriche , les pays bas et le Luxembourg ont l’Euro et se portent pas si mal.
D.J
L’Autriche (8,5 millions d’habitants) est un gros land allemand à statut spécial, le troisième après NordRhein-Westfalen (le double de la population de la Belgique sur le même territoire) et la Bavière(12,6 millions d’habitants), le Luxembourg (551.000 habitants) est une agence bancaire soupçonnée de blanchiment.
On pourrait aussi parler de la Suisse et de la Norvège hors UE.
Et pourquoi pas, soyons fous, on pourrait évoquer la bonne santé économique de la principauté de Monaco, du Liechtenstein voire d’Andorra
Pour 2017 non plus ce n’est pas gagné, avec notre personnel politique étatiste !
Si la société civile ne s’organise pas en lobbies pour défendre ses intérêts, elle est foutue.
Au minimum exiger les libertés économique et scolaire. Exiger la mise en concurrence du secteur solidarité (l’Etat gaspille). Exiger la liberté de la parole politique et celle de la presse (nommer les choses). Revendiquer la subsidiarité dans l’administration.
Les producteurs – les payeurs net d’impôt – ont la capacité de se coordonner autour de l’entreprise, ou bien par profession, ou encore comme propriétaires, pour défendre non seulement leurs intérêts propres, ce qui est légitime, mais encore pour conserver directement les moyens financiers et humains d’oeuvrer pour le bien commun. A l’évidence le pouvoir politique confisque l’argent, et règlemente à tout va, pour ses objectifs à lui, qui sont tout autre.
Il reste une année utile.
« Si la société civile ne s’organise pas en lobbies pour défendre ses intérêts, elle est foutue. »
Certes ! Mais auriez-vous un manuel pour les nuls ?
En fait ce sont les gouvernements Espagnols, du RU et d’Allemagne : qui créent les conditions du décollage de l’emploi dans leurs pays respectifs. En Mars l’Espagne créait 165 000emplois (il fallait le taire-merci les merdias!)
par contre comme les USA sont un peu à gauche en ce moment : formidable création d’emploi aux USA : 228 000 emplois en mars… C’est beau, mais 165 000dans un petit pays comme l’Espagne c’est fantastique, plus 119 000emplois crées en Avril… formidable. Grace à la politique de droite du Président de l’Espagne Mr. Rajoy. Qui met les entreprises en état de créer des emplois. D’ailleurs les chiffres sont annoncés ainsi : « en mars les entreprises Espagnoles ont créé 165 000emplois » ; en France on dirait « Le Président François Holland e a créé 125 emplois… »
Le succès de D. Cameron est dû à sa politique de l’emploi et au fait que le RU sous son impulsion, nous ait pris notre 5ème place – j’étais à Londres pendant les Élections et c’est le truc qui plaît.
Il y aura le référendum sur l’Europe, c’est le seul gouvernant à avoir tenu ses promesses.
Il a un traitement de l’immigration et du chômage, qui n’encourage pas les immigrés à venir au RU pour ne pas être productifs.
(Immigré =OUI, mais si tu es travailleur et productif : si tu viens pour profiter des aides – va en France-)
Je suis désolé de ne pas avoir la lecture depuis la France..Il y avait un nombre important de sondages qui donnaient Mr. D Cameron en tête. Les organismes de pari, se sont basés dessus, et peu se sont trompés, donnant les mêmes chiffres à 2 sièges en plus que le résultat définitif.
« Choix de l’emploi » je me marre!
L’UK a « choisi » de diluer son chomage massif sous la forme d’un sous-emploi massif : Eurostat classe l’UK 23e sur 28 en termes de sous-emploi (même niveau que la France).
700 000 « zero hour contracts » + 820 000 qui bossent moins de 19h par semaines et voudraient bosser plus. Deux milliards d’heures sup’ non payées.
Travailler en UK c’est possible. Vivre de son travail, c’est une autre question…
Doit on en conclure que vous faites clairement le choix du chômage de masse, tous pauvres, (ce qui appauvrit par definition ceux qui ont encore un boulot et se font fiscfucker par l’état) au travail pour tous, dont certains, cestropinjuste, pauvres?
Marrez vous donc.
Grace a ce genre de fines analyses et ricanements, un grand nombre s’est deja cassé, riches cons ou riches cons en devenir.
Le problème n’est pas le sous-emploi, ce que dit supergolem, c’est de pouvoir en vivre.
Qu’on me dise que le RU a un problème immobilier, que l’accès a la propriété y est plus que difficile, que cela est intenable et n’offre aucun avenir aux jeunes, je veux bien.
Que le corolaire de ce problème est qu’un emploi peu rémunéré force le salarié a dépenser une part conséquente de son revenu et de son temps a accéder au lieu de travail, soit.
Qu’on ne puisse vivre de son travail, combiné aux aides (et oui, il y en a), ou mieux, qu’on ne puisse travailler au black en combinant avec un contrat 0h, c’est faux et archi faux. Il faut sortir de temps en temps. Ma femme de menage s’est bien marrée en lisant ce commentaire. (plus de 3000/mois au black).
Que la conséquence de l’open bar actuelle est que le RU reçoit des candidatures de partout, dans tous les domaines, avant meme que l’emigre éventuel n’ait mis un orteil a LHR, he oui. Ce qui évidemment maintient des salaires bas, et attisent le ressentiment Anglais contre les émigrés en général et l’UE en particulier, complètement sourde et aveugle, comme d’habitude.
Ni famine, ni peste, ni choléra, ni SDF a tous coins de rue.
Plutôt, des problèmes a gérer qui découlent des 2 millions d’emplois marchands créés en 5 ans.
Qui occupe les « sous emplois » ? Principalement, les jeunes et les personnes non qualifiés en d’autre terme les gens qui en France n’ont pas accès au marché du travail et qui sont au chômage. Mieux faut être pauvre et travailler qu’être chômeur et pauvre. C’est mieux pour l’ensemble de la société (car le chômage a un coût élevé). Mais aussi pour les personnes concernés car le chômage nuit à la santé mentale et en plus, seul le travail permet à ces gens de monter dans l’échelle social, seul le travail peut leur donner espoir d’améliorer leur condition social. Avec un métier, ils peuvent acquérir nouvelles qualifications ce qui leur permet par après d’avoir un meilleur métier. Dans un situation de plein emploi,les salariés ont plus de pouvoir sur les employeurs. Ils peuvent le quitter facilement sans craindre de se retrouver au chômage. Je connais quelqu’un en GB qui a déjà changé trois fois d’employeurs pour avoir un meilleur salaire. Il est très content de vivre en GB. Il y a aussi l’immigration qui aggrave le sous emploi en GB.