Une interview de Hans Hermann Hoppe réalisée par Anthony Wile pour The Daily Bell, publiée le 27 mars 2011.
Traduction et synthèse : Arthur Gautier, Institut Coppet.
Daily Bell (DB) : Pourquoi la démocratie est-elle, pour reprendre le titre de votre ouvrage le plus célèbre, un « Dieu qui a échoué »[1] ?
Dr. Hans-Hermann Hoppe (HHH) : La monarchie absolue fut l’archétype traditionnel, pré-moderne de l’Etat. Le mouvement démocratique s’est avant tout dressé contre le pouvoir héréditaire des rois et de la noblesse, critiqué pour son incompatibilité foncière avec « l’égalité de tous devant la loi ». Le régime monarchique reposait en effet sur des privilèges synonymes d’injustice et d’exploitation. La démocratie était supposée en finir avec tout ceci. Par la participation des citoyens et la possibilité pour tous d’accéder au pouvoir via les urnes, celle-ci était censée réaliser l’égalité de tous devant la loi et faire advenir le règne de la liberté. Or, ce fut là une grossière méprise !
Certes, en régime démocratique, tout un chacun peut en théorie devenir le chef de l’Etat, et non plus un cercle de privilégiés par la naissance. Ainsi, il n’existe pas de privilèges personnels en démocratie. Cela dit, il y a bel et bien des privilèges fonctionnels. Le « droit public » s’applique aux élus et hauts fonctionnaires et les protège, leur offrant de fait une position privilégiée par rapport à tous ceux qui sont simplement gouvernés par le « droit privé ». Les fonctionnaires ont ainsi le droit de financer leurs propres activités par le biais de l’impôt. En clair, il leur est permis de vivre en toute légalité de ce qui est considéré, dans le droit privé entre sujets privés, comme du vol pur et simple. Il est donc bien évident que les privilèges et la discrimination devant la loi – ainsi que la distinction entre souverains et sujets – n’ont pas disparu avec la démocratie.
Pire encore. En régime monarchique, il y a une claire distinction entre gouverneurs et gouvernés. Je sais par exemple que je ne deviendrai jamais roi ; sachant cela, je vais avoir tendance à m’opposer aux hausses d’impôts ordonnées par le roi. En démocratie, cette distinction entre gouverneurs et gouvernés devient nébuleuse. On peut céder à l’illusion du « gouvernement du peuple par le peuple » ; résister à une augmentation de la pression fiscale devient d’autant moins probable. Pourquoi ? Parce que je peux espérer me retrouver du bon côté de l’impôt, en étant un bénéficiaire plutôt qu’un contribuable ! Je verrai donc l’impôt d’un œil bien plus favorable.
Dernier point. Bénéficiant d’un monopole héréditaire, un roi aura tendance à considérer le territoire et le peuple sous son règne comme sa propriété propre, et donc à s’en occuper et à l’exploiter comme tel. En démocratie, l’exploitation monopolistique ne disparaît pas. Au contraire, voici ce qui se passe : en lieu et place d’un roi et d’une noblesse qui font du pays leur propriété privée, un gérant temporaire et interchangeable administre le pays de manière monopolistique. Ce « gardien » ne possède pas le pays, mais tout au long de son mandat, il a le droit de l’utiliser à son avantage et à celui de ses protégés. Il en a l’usufruit mais pas la nue propriété, en somme. Cela n’élimine en rien l’exploitation qui était celle des monarques. Pire, l’exploitation du pays par le gérant démocratiquement élu est moins consciencieuse, moins rationnelle qu’en régime monarchique, car le chef de l’Etat n’a aucune incitation à entretenir le capital du pays. Il l’exploite à court terme, et donc à courte vue, consommant le capital du pays au lieu de le préserver et de le faire fructifier.
DB : Si la démocratie est un échec, quel régime lui substituer ? Quel est votre idéal de société ? L’anarcho-capitalisme ?
HHH : Je préfère parler de « société de droit privé » (private law society). Dans une telle société, chaque individu et chaque institution obéissent au même ensemble de lois. Il n’y a pas de droit public qui privilégie certaines personnes ou certains statuts au détriment des autres. Il n’y a que le droit privé et la propriété privée qui règnent, également applicables à tout le monde. Personne n’a le droit d’acquérir un bien autrement que par son appropriation initiale (s’il n’appartient réellement à personne), sa production effective, ou par le biais d’un échange volontaire. Personne n’a le droit de taxer ou d’exproprier qui que ce soit. De plus, chacun est libre d’utiliser ses possessions comme il l’entend, de produire ce qu’il souhaite et de concurrencer qui il veut.
DB : Qui assurerait la loi et l’ordre dans une société de ce type ? Comment fonctionnerait la justice, idéalement ?
HHH : Dans une société de droit privé, la production de la loi et de l’ordre – de la sécurité, donc – serait assurée par le même mécanisme que pour n’importe quel autre bien et service, à savoir un système de marché libre où des sociétés de sécurité entreraient en compétition pour gagner les faveurs d’une clientèle consentante. Pour comprendre comment un tel système fonctionnerait, il suffit de comparer avec l’actuel système étatique que nous connaissons bien. Si l’on devait résumer en un seul mot la différence fondamentale – et l’avantage majeur – d’un marché concurrentiel de la sécurité, ce serait celui-ci : contrat.
L’Etat agit dans un véritable vide juridique. Il n’y a aucun contrat réel entre l’Etat et ses citoyens. Ce qui doit être protégé n’est absolument pas défini contractuellement. Rien n’est formalisé à propos du service promis par l’Etat à ses citoyens, rien ne dit ce qui adviendra en cas d’échec dans la fourniture de ce service, rien ne précise le prix que les « consommateurs » d’un tel « service » devront payer. Bien au contraire, c’est l’Etat qui fixe arbitrairement les règles du jeu et qui s’arroge le droit de les modifier en cours de partie, en légiférant. Vous comprenez bien qu’un tel comportement serait inacceptable de la part d’un prestataire privé. Imaginez une seconde une entreprise de sécurité (de police, d’assurance ou d’arbitrage) qui vous propose le deal suivant : « Je ne vais rien vous garantir contractuellement. Je ne vous dirai pas ce que je m’engage à faire si, d’après vous, je ne remplis pas mes obligations. Dans tous les cas, je choisirai seul le prix que vous devrez payer pour obtenir ce service indéfini. » Un tel prestataire serait immédiatement éliminé de n’importe quel marché concurrentiel : il n’y aurait aucun client pour ce genre d’offres.
Chaque prestataire de sécurité privé devra, au contraire, offrir à ses clients potentiels un contrat. Afin de paraître acceptable à des acheteurs libres et consentants, ce contrat définira très clairement le bien ou service offert ainsi que les obligations mutuelles des parties. Pendant la durée du contrat ou jusqu’à exécution, les parties seront liées par ses termes ; tout changement de termes ou de conditions requerra bien sûr le consentement unanime de toutes les parties concernées.
En particulier, pour paraître acceptable aux acheteurs de sécurité, ces contrats doivent préciser très clairement les recours des parties en cas de litige ou de conflits entre le fournisseur de sécurité et son client, ou entre différents fournisseurs et leurs clients respectifs. Il n’existe à cet égard qu’une solution mutuellement admissible : accepter l’arbitrage d’un tiers de confiance, mais indépendant. Et bien entendu, ce tiers est lui aussi choisi librement parmi un marché concurrentiel d’agences d’arbitrage. Ses clients attendent de ce tiers qu’il rende un verdict tenu pour juste par l’ensemble des parties. Seuls les arbitres qui satisferont à ce critère auront du succès. Les arbitres incompétents ou impartiaux seront de fait écartés du marché concurrentiel.
DB : Donc, vous réfutez le fait que nous ayons besoin de l’Etat pour nous défendre ?
HHH : Absolument. L’Etat ne nous défend pas, c’est même tout le contraire ; l’Etat nous agresse et utilise ce qu’il nous a confisqué par l’impôt pour se défendre lui-même. On peut définir l’Etat standard comme une agence ayant deux propriétés particulières et liées entre elles. D’une part, l’Etat exerce un monopole localisé de décision en dernier ressort. Cela signifie que l’Etat a le dernier mot dans chaque conflit qui survient sur le territoire qu’il contrôle, y compris les conflits dans lesquels lui-même et ses agents sont impliqués. On ne peut pas faire appel lorsque l’Etat décide en dernier ressort. D’autre part, l’Etat détient le monopole de la taxation sur un territoire donné. L’Etat est une organisation qui fixe de manière unilatérale le prix que doivent payer ses sujets pour les services de décideur en dernier ressort qu’il leur fournit. On peut facilement prévoir les conséquences d’un tel montage institutionnel. Premièrement, au lieu de régler les conflits, l’Etat-monopole de la décision en dernier ressort va causer et provoquer des conflits à son propre avantage. L’Etat ne protège pas la loi mais la pervertit par l’inflation législative. Contradiction numéro un : l’Etat est un protecteur de la loi qui enfreint la loi. Deuxièmement, au lieu de défendre ou protéger qui que ce soit, l’organisation qui détient le monopole de la taxation va inévitablement chercher à maximiser ses dépenses de protection tout en minimisant la production effective de protection. L’Etat se porte d’autant mieux qu’il dépense plus d’argent avec moins d’efforts. Contradiction numéro deux : l’Etat confisque les biens d’autrui qu’il est censé protéger.
DB : Pensez-vous qu’il existe de bonnes lois, de bonnes règlementations ?
HHH : Oui. Il y a un petit nombre de lois simples que tout le monde ou presque reconnaît intuitivement comme telles, et dont on peut facilement démontrer qu’elles sont « vraies » et « bonnes ». J’en citerai trois. Premièrement, s’il n’y avait aucun conflit interpersonnel et que nous vivions tous dans l’harmonie la plus parfaite, les lois et les normes seraient inutiles. La raison d’être des lois et des normes est d’empêcher, tant que possible, que des conflits éclatent entre les hommes. Seules peuvent êtres déclarées bonnes les lois qui y parviennent. Toute loi qui génère des conflits au lieu d’aider à les prévenir est une loi mauvaise, ratée ou pervertie.
Deuxièmement, les conflits surviennent uniquement quand ils portent sur des biens rares. Les êtres humains se disputent lorsqu’ils veulent utiliser le même bien mais de manière incompatible. Soit je gagne, soit tu gagnes. Il ne peut y avoir deux vainqueurs. Pour les biens rares, donc, nous avons besoin de règles ou de lois qui nous aident à choisir entre des revendications rivales, conflictuelles. En revanche, les biens « gratuits » – par leur surabondance, leur caractère inépuisable ou leur reproductibilité infinie – ne peuvent par définition être source de conflit. Lorsque j’utilise un bien non-rare, cela ne réduit pas la quantité de ce bien disponible pour les autres. Je peux en faire ce que je veux et les autres aussi, conjointement. Il n’y a pas de perdant, nous sommes tous gagnants. Il en découle que nous n’avons pas besoin de lois en ce qui concerne les biens non-rares.
Troisièmement, tous les conflits concernant des biens rares peuvent être évités si et seulement si chaque bien est la propriété privée de quelqu’un. Autrement dit, si et seulement si chaque bien est contrôlé par une personne en particulier plutôt qu’une autre, si bien qu’il est toujours possible de savoir qui possède quoi. Si l’on revient aux origines de l’humanité, il est théoriquement possible d’éviter tout conflit en appliquant la règle selon laquelle toute appropriation initiale de biens sans propriétaire, donnés par la nature, devient la propriété légitime du preneur.
En définitive, je dirais qu’il existe trois « bonnes lois » essentielles à l’interaction pacifique des hommes, qui sont les suivantes :
a)     Celui qui s’approprie quelque chose qui auparavant n’appartenait à personne en devient le propriétaire exclusif ;
b)     Celui qui produit quelque chose à l’aide de son corps et de biens qui lui appartiennent en est le propriétaire, à condition qu’il ne nuise pas pour cela à l’intégrité physique de la propriété d’autrui ;
c)   Celui qui acquiert quelque chose par le biais d’un échange volontaire avec son propriétaire précédent – c’est-à -dire un échange qui est jugé mutuellement bénéfique – en devient le nouveau propriétaire.
DB : Comment définissez-vous la liberté ? Comme l’absence de contrainte de la part de l’Etat ?
HHH : Une société est libre dès lors que l’on reconnaît chaque personne comme le propriétaire exclusif de son corps physique (qui est un bien rare), que chacun est libre de s’approprier des biens auparavant sans propriétaire, que chacun est libre d’utiliser son corps et ses possessions pour produire ce qu’il souhaite, et que chacun est libre d’échanger contractuellement ses biens avec autrui de n’importe quelle façon jugée bénéfique par les deux parties. Tout ce qui interfère avec ces quelques règles constitue une forme d’agression. Une société est d’autant moins libre que ces attaques envers la liberté sont nombreuses.
[…]
DB : Quelle est votre position concernant le modèle actuel des banques centrales ? Est-ce là la calamité majeure de l’époque ?
HHH : Le système de banque centrale est effectivement l’un des principaux fléaux de notre époque. Les banques centrales, au premier rang desquelles la FED, sont responsables d’avoir détruit l’étalon-or, qui fut de tout temps un rempart contre les politiques inflationnistes, pour le remplacer à partir de 1971 par un système de monnaie purement fiduciaire. Depuis lors, les banques centrales ont le pouvoir créer de la monnaie de papier à l’envi. Bien entendu, imprimer plus de papier-monnaie ne crée pas plus de richesses – seulement une plus grande quantité de papier-monnaie. Car comment expliquer qu’il y ait encore de la pauvreté dans le monde après 40 ans de politique monétaire inflationniste ? En revanche, davantage de papier-monnaie en circulation enrichit nécessairement son producteur monopolistique (la banque centrale) et ses premiers bénéficiaires (le gouvernement, les grandes banques liées à l’Etat et leurs principaux clients) au détriment de tous les utilisateurs ultérieurs, qui eux s’appauvrissent.
Grâce au pouvoir d’impression sans limite de papier-monnaie accordé aux banques centrales, les gouvernements peuvent supporter des déficits budgétaires toujours plus grands et accumuler des dettes gigantesques leur permettant de financer des activités inimaginables autrement, telles que les expéditions militaires les plus hasardeuses. Grâce aux banques centrales, les « économistes » les plus en vue et autres « experts monétaires » peuvent devenir, moyennant finances, des porte-parole de l’Etat nous expliquant par quel miracle le papier peut se transformer en richesse. Grâce aux banques centrales, les taux d’intérêt peuvent être maintenus à un niveau artificiellement bas, proche de zéro, ce qui oriente le capital vers des investissements de moins en moins solides (au détriment de projets plus sains), créant des bulles spéculatives de plus en plus fortes, suivies de dépressions plus spectaculaires encore. Enfin, grâce aux banques centrales, nous sommes confrontés à un risque d’hyperinflation de plus en plus réel, qui surviendra lorsque le roi sera finalement nu.
DB : Dans notre journal, nous avons souvent rappelé que les Sept Collines de Rome étaient initialement des sociétés indépendantes, tout comme les cités italiennes de la Renaissance ou les treize colonies de la république américaine. Il semble que tous les grands Empires commencent modestement sous la forme de petites communautés, où chacun garde la possibilité, en cas d’oppression, de quitter l’une pour refaire sa vie dans celle d’à côté. Comment expliquer la pente centralisatrice des Empires ? Sur quoi repose-t-elle ?
HHH : Tout Etat commence petit. Il est effectivement assez simple de s’enfuir d’un Etat de taille réduite. Mais n’oublions pas la nature agressive des Etats, comme je l’ai déjà expliqué. Ils sous-traitent le coût de leur agression auprès des contribuables. Ils n’aiment donc pas voir des personnes productives quitter le territoire, aussi, étendre leurs frontières permet de limiter les fuites, en quelque sorte. Plus un Etat contrôle d’individus productifs, plus il a de ressources à extorquer et donc mieux il se porte. Dans ce jeu expansionniste, les Etats s’affrontent donc entre eux : sur un territoire donné, il ne peut y avoir qu’un détenteur monopolistique de la décision en dernier ressort. La compétition entre Etats est éliminatoire. Soit l’Etat A gagne et contrôle le territoire, soit c’est l’Etat B. Or, qui gagne en réalité ? Au moins à long terme, c’est l’Etat qui peut vivre au crochet de l’économie la plus productive qui l’emporte – et qui agrandit donc son territoire et ses revenus fiscaux. Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, ce sont paradoxalement les Etats les plus libéraux (qui laissent donc davantage prospérer leurs citoyens) qui l’emportent sur les Etats moins libéraux, les plus tyranniques.
C’est ainsi qu’en se limitant à l’histoire moderne, on peut expliquer à mon sens l’ascension de la Grande-Bretagne libérale au rang de puissance impériale, et celle des Etats-Unis après elle. Et nous pouvons alors comprendre un curieux paradoxe : le fait que des puissances libérales comme les Etats-Unis soient plus agressives et guerrières dans leur politique étrangère que des puissances autoritaires et despotiques telles que l’URSS.
Mais tout Empire porte en lui les germes de sa propre destruction. Plus un Etat se rapproche de l’utopie d’un gouvernement mondial, plus il a de raisons d’abandonner son libéralisme intérieur et de suivre sa pente répressive, en exploitant sans limite les habitants productifs qui demeurent sous son autorité. La pénurie de nouveaux tributaires à exploiter et la baisse de la productivité intérieure rendent alors insolvables les politiques intérieures de l’Empire. La crise survient et la perspective d’un effondrement économique pousse à la décentralisation, incite les mouvements séparatistes et sécessionnistes, si bien que l’Empire finit par craquer. C’est ce qui est arrivé à la Grande-Bretagne, et c’est ce que nous observons aujourd’hui avec les Etats-Unis et leur Empire vacillant.
N’oublions pas non plus l’aspect monétaire du processus. Un Empire dominant émet généralement la première monnaie de réserve au plan international : la Grande-Bretagne avec la livre sterling et ensuite les Etats-Unis avec le dollar. L’usage du dollar comme monnaie de réserve par les banques centrales étrangères permet aux Américains de mener une politique indolore de déficits permanents. Pour payer leurs importations massives de biens étrangers, les Etats-Unis n’ont pas besoin d’exporter davantage et d’équilibrer leur balance commerciale, comme la logique le voudrait. C’est même tout le contraire. Au lieu d’utiliser le produit de leurs exportations pour acheter des biens américains, les gouvernements étrangers et leur banque centrale utilisent leurs réserves en dollars pour acheter des bons du trésor américain, permettant ainsi aux Américains de continuer de vivre au-dessus de leurs moyens.
Je ne connais pas assez la Chine pour comprendre pourquoi elle utilise ses gigantesques réserves de dollars pour acheter des bons du trésor américain. La Chine n’est pas censée être un vassal de l’Amérique. Ses dirigeants ont peut-être été abreuvés aux enseignements d’économistes américains, au point de croire eux aussi en l’alchimie monétaire. Pourtant, si du jour au lendemain la Chine décidait de céder ses obligations U.S. et d’accumuler des réserves en or à la place, ce serait la fin immédiate de l’Empire américain et du dollar tels que nous les connaissons.
DB : Est-il concevable qu’un petit nombre de familles richissimes, basées notamment dans la City de Londres, soient responsables de la situation actuelle ? Ces élites cherchent-elles à établir un gouvernement mondial, comme on le dit parfois ? Est-ce une conspiration ? Dit autrement, partagez-vous la vision du monde qui oppose une élite globalisatrice et les aspirations démocratiques du reste de la population ?
HHH : Je ne suis pas sûr que le terme de conspiration soit encore valable. Grâce aux travaux de Carrol Quigley et d’autres, ce dont nous parlons ici est finalement bien documenté. Quoiqu’on en dise, il est certain qu’à Londres, New York ou Tel-Aviv, plusieurs familles incroyablement fortunées ont bien compris l’intérêt personnel qu’elles pouvaient retirer de la construction d’Etats et d’Empires. Aux Etats-Unis, les dirigeants des principales banques ont joué un rôle prépondérant dans la création de la FED car ils savaient que la politique inflationniste et d’expansion du crédit de la banque centrale leur permettrait de croître à leur tour. Sans parler du rôle de « prêteur en dernier ressort » de la FED, qui a permis aux banques de privatiser leurs gains quand les affaires se portaient bien et de socialiser les pertes dans le cas contraire.
L’étalon-or classique est apparu aux élites bancaires comme une barrière naturelle à l’inflation et à l’expansion du crédit. Il n’est pas étonnant qu’ils aient d’abord mis en place un étalon-or bidon (le Gold Exchange Standard) avant d’instaurer, en 1971, un système de monnaie purement fiduciaire. Ensuite, ils se sont aperçus que le principe de monnaies nationales flottant librement faisait encore obstacle à leurs désirs inflationnistes, le dollar pouvant être concurrencé par un deutsche mark fort, par exemple. Afin d’affaiblir cette concurrence entre monnaies, il n’est pas étonnant qu’ils aient soutenu « l’intégration monétaire » incarnée par la création de l’euro et de la banque centrale européenne (BCE).
L’histoire n’est pas qu’une simple succession d’accidents et de conséquences inattendues. La plupart des événements historiques ont été préparés et voulus. Pas par le premier venu, bien sûr, mais par les élites qui contrôlent les appareils d’Etat. Si nous voulons éviter que l’histoire suive son cours actuel et aboutisse à un désastre économique sans précédent, il faut éveiller l’indignation du grand public quant aux desseins et aux machinations des élites qui détiennent les clefs du pouvoir. En ciblant non seulement ceux qui travaillent au sein de l’appareil d’Etat, mais aussi ceux qui en tirent les ficelles depuis l’extérieur.
DB : Nous avons souvent dit que, à l’image de l’imprimerie au XVe siècle, l’invention d’Internet était en train de révolutionner complètement les structures sociales de notre époque. Nous sommes tentés de croire qu’Internet annonce une nouvelle Renaissance, après les ténèbres du XXe siècle. Qu’en pensez-vous ?
HHH : Il est vrai que ces deux inventions ont révolutionné nos sociétés et ont grandement amélioré nos existences. Il nous paraît difficile aujourd’hui d’envisager ce qu’étaient nos vies avant Internet, a fortiori avant Gutenberg. Cela dit, je doute fortement que les avancées technologiques soient des sources intrinsèques de progrès et de liberté. A mon avis, la technologie est « neutre ». Internet peut aussi bien être utilisé pour découvrir et diffuser la vérité que le mensonge et la confusion. Nous avons gagné la possibilité inédite d’échapper à l’emprise des Etats et à affaiblir celle-ci, comme les Etats ont maintenant à leur disposition des moyens inédits pour espionner, contrôler et ruiner nos vies. Avec Internet aujourd’hui, nous sommes plus riches qu’en 1900 (et ce en dépit de l’Etat). Mais il me semble très clair que nous sommes moins libres qu’en 1900.
DB : Pour conclure cet entretien, pouvez-vous nous dire ce sur quoi vous travaillez en ce moment ? Avez-vous des ouvrages ou des sites web à recommander ?
HHH : Je ne dérogerai plus au principe que je me suis fixé, à savoir ne jamais parler de mon travail en cours avant qu’il soit terminé ! À propos de livres, je recommande avant tout de lire les œuvres majeures de mes deux maîtres, Ludwig von Mises et Murray Rothbard. Et pas seulement une seule fois, mais en y replongeant de temps en temps. Leurs travaux sont à mes yeux inégalés à ce jour et le resteront longtemps. En ce qui concerne les sites web, je consulte très régulièrement www.mises.org et www.lewrockwell.com. Ayant été successivement traité d’extrémiste de droite, de réactionnaire, de révisionniste, d’élitiste, de suprématiste, de raciste, d’homophobe, d’antisémite, de théocrate, d’athée cynique, de fasciste et – un must quand on est Allemand – de nazi, j’avoue avoir une certaine sympathie pour tout ce qui est « politiquement incorrect » sur le web. Bref, tout ce qu’un individu « moderne », « décent », « civilisé », « tolérant » et « humaniste » se doit d’éviter et d’ignorer m’intéresse.
Lire l’original sur le site du journal.
[1] H. Hoppe (2001). Democracy : The God That Failed, Transaction Publishers.
Interview passionnante de HHH.
J’y ai vu une analyse de l’Etat assez proche de Bertrand de Jouvenel bien que celui-ci soit moins exclusivement attaché à l’étude économique du fait politique (travers dans lequel tombe souvent les continuateurs de Rothbard) et y introduit les considérations civiles. La démocratie, loin d’avoir libéré qui que ce soit (à part les fonctionnaires et la ploutocratie démagogique) a asservi tout le monde au système qui prétendait le représenter, agir par lui et pour lui. HHH ne se laisse pas intimider par le consensus universel et pour ça il mérite tout le respect.
Je fais tourner.
Il y a une limite entre être original et être complètement barré. HHH a franchi cette limite il y a déjà des années.
« Les fonctionnaires ont ainsi le droit de financer leurs propres activités par le biais de l’impôt. En clair, il leur est permis de vivre en toute légalité de ce qui est considéré, dans le droit privé entre sujets privés, comme du vol pur et simple. »
Dans quelle mesure M. Hoppe, professeur émerite à l’Université du Nevada à Las Vegas, finance-t-il ses « propres activités par le biais de l’impôt » et pratique-t-il donc le « vol pur et simple » ?
Je dirais 40%, ce qui est la proportion de fonds publics dans cette université (sans compter les pourcents supplémentaires venant de commandes d’Etat, ou les frais d’inscriptions couverts par certaines bourses publiques).
On va dire que M. Hoppe est 40% d’un voleur ?
Exactement, mais certains ont le courage de l’admettre.
Ah ? A t il publié un article ou une interview où il admet vivre sur fonds publics ? J’aimerais bien le luen auquel cas.
Sur son site à lui, il ne mentionne même pas qu’il est prof d’université. Il faut aller chercher au fin fond de l’organigramme de l’université pour voir son nom.
Ca me rappelle PAscal Salin, prof à Dauphine (des mauvaises langues disent d’ailleurs qu’il ne fait même pas ses heures d’enseignement…)
ça m’évoque la mauvaise foi des adversaires du marché qui bénéficient de tous les avantages de ce marché tant honnis.
Mais ils font même mieux, ils acceptent le marché et ses avantages, sans rien donner en échange.
Des robins des bois en somme…
Va dire a un anarchiste (free market) de survivre dans l’URSS sans utilisé une ressource qui n’a pas été volée… La réalisé et la pensée de l’auteur est plus complexe que ces critiques de comptoir.
Pour Hoppe, un « ordre naturel » est par esence « inégalitaire, élitiste, hiérarchisé, propriétarien, patriarcal, autauritaire, et sa stabilité dépend essentiellement de l’existence d’une aristocratie responsable et reconnue.  »
(c’est là :
http://www.lewrockwell.com/hoppe/hoppe4.html
a natural order is distinctly un-egalitarian: « elitist, » « hierarchical, » « proprietarian, » « patriarchical, » and « authoritorian, » and its stability depends essentially on the existence of a self-conscious natural — voluntarily acknowledged — aristocracy.)
Désolé, Hans, mais ca donne pas envie. Sauf si je suis tout de suite Duc ou Comte avec droit de cuissage. Ah, mais.
Rigolo, va.
« mais ca donne pas envie. Sauf si je suis tout de suite Duc ou Comte avec droit de cuissage. Ah, mais. »
Bonne description du socialisme
Précisément : une communauté Hoppienne aurait tout d’une micro-société brejnevienne où tout le monde ferait bien attention à ce qu’il dit et fait, pour bien rester dans les faveurs du sous-maître, lui même bien avec le vice-maître, qui rend compte au Grand Maître.
Complètement cinoque.
Magnifique, il n’y a que les libéraux et les libertarés pour oser afficher leur vacuité.
Le refus de l’élitisme, c’est exactement ce que nous vivons depuis 35 ans et on en voit les résultats.
Le refus de l’inégalité, en clair, c’est refuser la nature puisqu’elle ne nous a pas dotés de manière identique en force, intellect, etc.
Le refus de l’autorité, là encore nous en subissons les effets au quotidien.
Le refus du patriarcat, la société se féminise de plus en plus et force est de constater que les effets sont désastreux.
Quant à l’aristocratie, elle avait conscience – a contrario des élites mondialisées – des obligations que leur statut leur imposait. Noblesse oblige, ça vous dit quelque chose ?
Quant au droit de cuissage, vous feriez mieux de vous intéresser à l’histoire plutôt qu’à répéter les poncifs éculés et mensongers de l’éducation républicaine.
« Le refus du patriarcat, la société se féminise de plus en plus et force est de constater que les effets sont désastreux. »
Vous pouvez détailler ce constat ?
Le refus de ce qui est présenté comme l’ordre patriarcal est une revendication née du féminisme américain des années 60 et qui a été repris par le mouvement lesbien US puis européen. Lisez Monique Wittig pour avoir une petite idée du désastre. Ces élucubrations ont participé à la naissance de la théorie du genre : http://koltchak91120.files.wordpress.com/2010/09/l425xh378_jpg_femme_wittigweb-3a2b9.jpg
Vous pouvez également lire « Manning up: How the Rise of Women Has Turned Men into Boys » de Kay Hymowitz où elle explique que le post-féminisme a donné naissance à cette nouvelle catégorie d’hommes «préadultes». À force de leur envoyer des messages contradictoires: «le rôle du père est fondamental» et, en même temps, «les pères sont une option»; ou «nous aimons les hommes qui ont confiance en eux» et «nous refusons toute marque d’autoritarisme», les hommes sont devenus des « nice guys ».
Est-ce que beaucoup de gens sur ce forum aimeraient être dirigés par des gens qui pensent comme Harald (voir son message dans le thread)
osef
Non, Dinsdale, pas osef
Quand je lis des phrases comme « Le refus de l’autorité, là encore nous en subissons les effets au quotidien. », je me dis que Harald s’est trompé de site. Rivarol, c’est de l’autre coté, vous tournez à droite, à droite, à droite, et vous y êtes.
L’autoritarisme, c’est l’inverse absolu de la pensée libérale. Ou alors aux yeux de ce Harald, la liberté c’est l’esclavage.
Je ne connais pas ce Hoppe, mais s’il est libéral, alors moi je suis pasteur méthodiste.
Moui enfin, l’autorité n’est l’autoritarisme ou dans ce cas c’est vous qui vous êtes trompé de site.
Hoppe explique simplement que la liberté ne peut subsister que dans une société libre régie par les principes de l’ordre naturel. Ça n’est pas libéral, ça ? Ça n’est pas comme si une bonne partie de la tradition libérale depuis Mercier de la Rivière avait suivi cette voie… S’il est antilibéral de défendre l’ordre naturel, je suppose que les féministes, altermondialistes, avorteurs et nihilistes sont la quintessence de la pensée libérale de notre époque ?
@ btobe & Les aristocrates à la lanterne :
D’une je ne suis pas libéral, ou plutôt je ne le suis plus grâce à des types dans votre genre pour qui LA liberté ça se décline sur le mode du « j’fais c’que j’veux avec mes ch’veux et si zêtes pas contents cépareil« . Faut sortir de l’adolescence mon vieux.
Où que vous alliez, même dans le plus pur des mondes libéral qui puisse être, vous aurez toujours à faire face à l’autorité. Ce que vous ne comprenez pas, c’est que l’autorité ce n’est pas sale. C’est le type qui commande un navire parce qu’il est le seul à savoir coordonner l’ensemble des fonctions occupées par les divers hommes du pont jusqu’à la salle des machines. L’autorité c’est le patron de l’entreprise où vous allez bosser un jour.
Quant à votre petite sortie sur Rivarol, est-ce censé me faire dresser les cheveux sur la tête d’effroi devant une telle stigmatisation ? Vous vous rendez compte que vous fonctionnez de la même manière que le gaucho de base ? Bien que n’étant pas d’extrême-droite, ce qui au passage sous-entend qu’il existerait une droite dans ce pays, il se trouve que je lis Rivarol de temps en temps parce que c’est un journal qui ne maltraite pas le français, qu’on y trouve parfois des points de vue intéressants. De plus, j’ai la faiblesse de croire qu’un honnête homme se doit d’aiguiser sa curiosité et d’élargir ses points de vue à moins bien sûr que vous ne préfériez les individus confits dans la certitude qu’ils détiennent la vérité, qu’ils sont incompris parce que le monde est décidément trop méchant.
Il faut grandir mon vieux, se frotter à la vraie vie.
P.S : Je ne saurais trop vous conseiller de vous documenter sur ce qu’on appelle une société d’ordres. Cela pourrait peut-être vous éclairer.
@Harald
Je ne vois pas où est l’incompatibilité entre libéralisme et autorité.
Le propriétaire d’un navire a autorité complète sur son navire parce que c’est son bien. Il délègue cette autorité au capitaine, et le capitaine en jouit contre la responsabilité du navire. Les passagers qui montent à bord sont des invidivus responsables, qui ont accepté d’être transporté en échange du paiement du transport ET du respect de l’autorité du capitaine.
Pareil pour une entreprise : le contrat d’embauche stipule le respect de l’autorité du patron, du supérieur, en échange du salaire.
Pareil pour une école : une école libre accepte de scolariser un enfant en échange du respect d’un règlement précis.
Chacun est libre de ne pas respecter l’autorité, mais doit alors renoncer aux avantages liés. Les hippies irrespectueux sont libres de se trouver des positions sociales où on tolèrera leurs frasques, mais ils ne peuvent pas prétendre à des positions impliquant un respect de l’autorité.
Hoppe fait partie de ces fous furieux qui proposent des utopies ne pouvant fonctionner que si l’intégralité de la population mondiale subit un lavage de cerveau, et si de manière lyssenkiste, ce lavage de cerveau se transmet génétiquement par caractères acquis.
Dans une société « Hoppienne », si ton fils est gay, ou se dit communiste, ou écolo, tu dois le bannir de la communauté (ou le tuer, ou le mettre dans un placard : on ne sait pas bien ce qu’il pense quand il dit : « physically removed from society »), sinon tu es un traitre à l’ordre libertarien. Page 218 de « democracy, the god that failed ».
Durée de vie d’une telle utopie : 48h avant que plus personne trouve ça rigolo. Même Etienne Cabet a duré plus longtemps.
HHH, ca évoque Ha Ha Ha = mieux vaut en rire.
Un peu comme Marx qui voulait exterminer les slaves car ces derniers ne se convertissaient pas aux communismes ?
J’ai lu ce passage de HHH auquel vous faites références et je le désapprouve, de plus il se contredit largement dans ce même ouvrage , car dans la théorie libertarienne qu’il défend, les individus pourront se regrouper en communauté avec leurs propre règles. Il y aurait alors une mosaïque de groupes homogènes très différent les uns des autres. Certains groupes seraient très discriminant, d’autres moins, il pourrait y avoir des communautés exclusivement gais, ou d’autres « mixtes ».
Dans tous les cas, elles devront reposer sur le principe de la libre association, en somme aucune communauté ne pourrait vivre aux dépends d’une autre.
« Un peu comme Marx qui voulait exterminer les slaves car ces derniers ne se convertissaient pas aux communismes ? »
C’est exactement ça.
Il ne se contredit pas il fait la distinction entre un communiste « enfoiré » et un communiste libéral, un commnuniste « enfoiré » s’attaque ou déclare sérieusement vouloir s’attaquer à toute personne qui aurai le toupet de s’approprier quelque chose, en gros il déclare la guerre à toute le monde, en se sens c’est une bête sauvage mais en pire parce qu’il veut utilisé méthodiquement sa raison pour t’exterminer toi qui parle de TA maison, de TON chien, de TES enfants et autre…
Un coco libéral c’est celui qui met ces ressources légitime en commun avec d’autre pour formé une communauté de « à chacun selon ces besoins » sans jamais vouloir s’attaquer à la propriété des autres qui ne contracte pas dans sa communauté.
S’il est libertarien, il est pour la liberté d’expression. Il ne peut donc déclarer la guerre à ceux qui pensent différemment de lui.
Votre raisonnement ne tient pas la route.
Un libertarien « enfoiré » c’est un oxymore
Un Libertarien libéral c’est une tautologie
Que dire de plus? +1 h16
« S’il est libertarien, il est pour la liberté d’expression. Il ne peut donc déclarer la guerre à ceux qui pensent différemment de lui. »
Si l’on lit ce paragraphe de HHH, il semble qu’il considère qu’une personne défilant dans la rue en faveur des droits des gays ou contre le réchauffement climatique ou encore en faveur de la dictature du prolétariat, doive être exilé.
Ce n’est pas une déclaration de guerre, mais l’exil des voix discordantes est-elle pour vous compatible avec l’idée que vous vous faites de la liberté d’expression ?
Eh bien dans ce cas vous dites qu’il n’est pas libéral (ok, ça peut se tenir) et qu’il est enfoiré. Mais il ne peut pas être libéral / libertarien et enfoiré selon la proposition plus haut. C’est tout. Simple question de cohérence.
« il considère qu’une personne défilant dans la rue en faveur des droits des gays ou contre le réchauffement climatique ou encore en faveur de la dictature du prolétariat, doive être exilé. »
Si la rue est privée, son propriétaire a le droit de chasser ceux qui n’auraient pas demandé son autorisation pour manifester.
Question suivante.
HHH pose les conséquences de l’éthique libéral et dans sa vie il a choisie de suivre le principe libéral qui veux que « Chacun peut faire ce qu’il veut avec ce qui lui appartient et seulement avec ce qui lui appartient. »
Donc c’est un libéral .
Cette citation, « physically removed from society », tu l’as trouvé en lisant l’ouvrage de Hoppe ou en fouillant chez les gauchistes d’anarchopedia ? Si tu avais lu Hoppe, tu saurais que c’est un troll qui aime bien placer des passages bien provocateurs dans ses écrits (et celui-ci est soft comparé à d’autres passages qu’on trouve dans le même ouvrage). Ça ne l’empêche pas d’avoir une vraie réflexion derrière. Dans son idéal, le monde serait composé de minuscules communautés anarchistes, ou de minusucles cités-états. Personne ne t’obligerait à vivre dans une cité conservatrice, tu serais absolument libre de déménager à Partouzeland. Mais du point de vue, les cités conservatrices jouiraient d’une grande stabilité et pourraient prospérer rapidement, tandis que les cités anomiques péricliteraient tout aussi rapidement.
« Ca donne pas envie », « fou furieux », « barré ».
La qualité des analyses proposées par les contempteurs de HHH me laissent pantois. Vous auriez pu ajouter connard, enculé, saloperie, grosse merde, mais qui me dit que le juge est moins fou que l’accusé ?
Si vous expliquiez votre désaccord avant de conseiller un traitement psychiatrique à ceux que vous ne comprenez visiblement pas.
Mettons nous alors en situation.
Mettons que vous habitiez dans une communauté Hoppienne. Votre fils de 16 ans montre une attirance pour les garçons. Ou bien il parle de son admiration de Marx à ses voisins. Ou exige qu’on réduise les émissions de gaz à effet de serr. ,L’aristocrate reconnu local vous dit : Monsieur Dinsdale, il faudrait sérieusement songer à « réparer » la sexualité de votre fils, ou à nettoyer son cerveau de toute scorie marxiste ou écologiste. Je vous donne un avertissement, mais si ça s’améliore pas, il vous faudra songer à déménager.
Ca vous fait envie ? Ca vous parait sain d’esprit ? sain tout court ?
Si oui, bienvenue chez les cinoques.
Vous faites erreur : pour que la société soit saine il n’est pas nécessaire que chaque communauté le soit. L’idéal d’une société qui accepte les libéraux et les marxistes, les homos et les anti-homo, c’est une utopie, et même une utopie dangereuse. Dans le cas que vous évoquez tout ce qu’on peut souhaiter c’est
* la possibilité pratique de trouver une autre communauté à laquelle s’affilier
* la possibilité de faire sécession plutôt que de déménager
Ce qui suppose des communautés assez nombreuses, assez diverses, assez petites et assez faibles (limitant le cout d’un changement d’affiliation).
Là où HHH a tort, c’est de supposer la neutralité de la technique. Au contraire. La technique est absolument déterminante. C’est la technique (équitation,navigation, métallurgie…) qui détermine l’extension maximale d’un empire. Et de ce point de vue les progrès des transports et des communications favorisent le développement d’une communauté mondiale unique, le contraire ce que qui serait souhaitable.
Ce que dit HHH est qu’un « covenant » qui ne serait pas anti-gay, anti-marxiste et anti-environnenmentaliste, et qui ne serait pas sous le coup d’un ordre autoritaire et strictement hiérarchisé ne pourrait longtemps maintenir un ordre libertarien.
Donc votre fils gay / communiste / ecolo aurait certainement le droit de survivre, mais hors de la cité (il parle explicitement de séparation physique indispensable : « physically removed » ca veut pas dire faire secession sans déménager, relisez).
Et HHH condamne donc votre fils gay / communiste / ecolo à une vie d’exil dans des communautés qui seraient intrinsèquement dysfonctionnelles, car incapable, du fait de leur tolérance à l’homosexualité, au communisme et à l’écologie, d’atteindre cette merveilleuse liberté faite d’ordre autoritaire strictement hiérarchisée sous la coupe de patriarches soumis volontairement à une aristocratie éclairée.
Bon à y réfléchir, je pense que votre fils gay / communiste / ecolo partira tout seul de la maison sans qu’on lui demande. Je pense même qu’il partira tout seul sans même avoir besoin d’être gay, communiste ou ecolo.
J’ai pas lu et ça ne m’intéresse pas (même en supposant le plus grand bien de l’utopie de HHH, elle reste parfaitement irréaliste ). N’empêche.
Toutes les communautés sont « intrinsèquement dysfonctionnelles », seule la présences d’autres communautés toutes aussi dysfonctionnelles, mais pour des raisons différentes voire inverses, leur permet de fonctionner vaille que vaille. Notamment, le fait de pouvoir se barrer / se faire expulser est une indispensable soupape pour gérer les pénibles, ce qui inclut des gens qui ont pourtant « raison » mais qui font trop chier à l’heure H.
En outre, mais c’est très accessoire, j’ai l’impression que vous vous faites une fausse idée de la hiérarchie. C’est par bien des cotés plus facile à vivre que l’égalité qui ne conduit de fait qu’à une « extension du domaine de la lutte ».
Vous grossissez le trait. Déjà que Hoppe a tendance à sombrer dans un excès de théorisation abstraite sur les axiomes du propriétarisme et des lois économiques appliquées au fonctionnement des rapports humains, vous ajoutez un extrapolation caricaturale pour lancer cette injonction : « si vous soutenez cette position -construite délibérément pour paraître débile- vous êtes un cinoque ». On notera la forme infantile et la pause de procureur-psychiatre.
D’ailleurs, je me demande pourquoi je réponds à ces idioties …
« D’ailleurs, je me demande pourquoi je réponds à ces idioties … »
Vous n’avez pas à vous le demander puisque vous n’avez pas répondu : vous déménageriez ? ou non ?
Ce qui fait que HHH est un cinoque, c’est sans doute précisément cet « excès de théorisation abstraite sur les axiomes du propriétarisme et des lois économiques appliquées au fonctionnement des rapports humains ».
Essayez d’appliquer à la vie quotidienne les conclusions de ce paragraphe tristement célèbre de son oeuvre, tournez le dans tous les sens, et vous arrivez, sans forcer le trait du tout, à des situations complètement ubuesques.
Je me contenterai de citer un triste sir qui fait l’actualité du jour :
« A sotte question, point de réponse. »
Jacques Chirac
« A sotte question, point de réponse. »
Pourquoi ma question est-elle sotte à vos yeux ? En quoi la situation hypothétique que je décris serait une « extrapolation caricaturale » de mise en situation du paragraphe bizarre de Hoppe.
J’y suis ouvert, et je pense que vous n’êtes pas méprisant. Qu’est ce qui, au delà du ton rigolard que j’ai employé, trahit la pensée de l’auteur ?
Luci,
Votre illustration est exagérée car il n’y a pas une défense de l’ostracisation des pensées, mais des comportements. Sur l’homosexualité, ça me paraît certes capillotracté de dire que ces agissements mettent en péril la communauté, cependant, dans une copropriété de familles très conservatrices et soucieuses des bonnes moeurs, quand un couple s’amène et affiche son homosexualité, ça ne me paraît être l’invention d’un « cinoque » que de reconnaître qu’il s’expose à des réprobations.
Quand un coco veut imposer la collectivisation des biens de la copropriété, ou un écolo qui veut fliquer tout le monde sur sa consommation de CO2, il me paraît salvateur de lui conseiller de foutre la paix aux gens, et en cas de persistance de choisir de se la fermer ou de dégager.
« Quand un coco veut imposer la collectivisation des biens de la copropriété, ou un écolo qui veut fliquer tout le monde sur sa consommation de CO2, il me paraît salvateur de lui conseiller de foutre la paix aux gens, et en cas de persistance de choisir de se la fermer ou de dégager. »
La fermer ou dégager. Donc le baillonner ou l’exiler. Et ce même si la seule arme qu’il utilise est la parole ?
Dans l’exemple présent il est bien noté « … qui VEUT … », d’où l’existence d’une volonté qui est source d’action (contrairement aux paroles sources de reflexion).
Vous voulez dire que, chez HHH, un militant Gay, écolo ou coco aurait bien le droit de s’exprimer, a condition qu’il précise qu’il n’a pas du tout envie que ce qu’il promeut se réalise ?
Je sais pas moi. Imagine qu’un mec t’accoste dans la rue pour coucher avec toi. Tu lui dis non, il insiste, insiste, insiste encore et toujours malgré tes refus répétés. Comment vas-tu réagir?
Lui aussi use de la parole comme seule arme.
Concrètement encore, Dinsdale. Vous êtes dans un « covenant » à la mode HHH et deux trois mioches découvrent marx. Ils font un club à leur école et veulent fonder un parti communiste. Ils doivent être exilés ?
Votre fils gay, encore lui, distribue des tracts incitant tous les membres gays de la communauté à faire leur coming out. Il doit être exilé ?
votre fille écolo envoie des mails à toutes ses copines pour qu’elles disent à leurs parents de boycotter les chaufferies locales qui marchent au Gaz et mettent des panneaux solaires sur leur toit. Elle doit etre exilée ?
Dans ces cas, non.
Si ma fille et ses copines écolo (en plus d’un fils gay, j’suis verni!) veulent dépenser leurs sous en offrant des panneaux solaires aux propriétaires, je pense qu’ils en seraient enchantés.
Ce qu’il faut comprendre c’est qu’entre la liberté de parole et l’exécution du projet coercitif, la limite est ténue, et le bon moment pour la réaction pas évidente à déterminer.
On peut avoir une lecture absolutiste de HHH (comme la tienne), mais cette lecture n’est pas un argument décisif pour le considérer comme un taré.
Il a l’air sympa ce HHH (je connaissais pas). Le coup de se théorie du complot est mignonne, mais on lui pardonnera, il est américain et la conspiration c’est leur dada.
Pour le reste, par contre, je trouve son raisonnement assez interessant. Une société de droit privé n’est pas une mauvaise idée. Elle n’empêche rien (ni la solidarité, ni l’individualisme, ni même le collectivisme) et demande simplement le libre consentement de chaque participant et la capacité de chacun de « quitter » un groupe pour en rejoindre un autre.
J’ai tendance à penser que cette perspective est la bonne pour ma part…
Bon, l’anarcho-capitalisme on connaît, ça se défend (même si ce n’est pas vraiment ma came). L’élitisme, pourquoi pas, même si l’important est la possibilité de la circulation des élites.
Les délires constructivistes du contrat social privé, des communautés « forcément » conservatrices, ça me fait doucement rire. Il faut aller lire tout le mal qu’il pense du divorce, des divorcés et des sociétés qui ont un taux de divorce élevé… Puis se rappeler que HHH est lui-même divorcé.
En revanche, le coming-out complotiste de Hoppe me fait moins rire. Je passe sur les détails, pour me concentrer sur l’essentiel : d’après l’analyse autrichienne, comment un complot de cette ampleur serait-il possible ? Que des groupes divers élaborent des stratégies pour attendre leurs objectifs, c’est évident ; une entreprise, après tout, c’est une structure de micro-planification économique. Ceci dit, une telle structure a besoin d’informations : pour une entreprise, c’est le rôle des prix, qui lui permettent d’affiner et d’adapter son plan aux changements des circonstances. Mais pour un groupe d’une telle ampleur, au but supposé tellement vaste, il paraît très peu probable qu’un plan concerté ait pu tenir, exactement de la même manière que l’administration ne peut arriver à planifier le moindre pan de l’économie. Sérieusement, tellement de personnes, de telles ambitions, durant une telle durée, et rien n’a jamais filtré ? Aucune défection ? Et surtout, le plan se serait déroulé sans accroc ? Donc, la planification à grande échelle, ça marche ? Allons, ce n’est pas raisonnable.
Il est allemand à la base.