Si, M. Juppé, la perte du AAA serait très grave

Comme la note triple A du FESF repose sur des pays triple A, la dégradation française signifierait la dégradation du FESF lui-même. Une dégradation de la France déclencherait une spirale vers le bas de baisses des notes

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Si, M. Juppé, la perte du AAA serait très grave

Publié le 15 décembre 2011
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Le gouvernement français peut bien calmer sa population en vue d’une dégradation, mais qui va calmer les marchés face à des fonds de sauvetage de la zone euro qui pourraient être rendus (encore plus) inutiles ?

Un article d’Open Europe

À ceux qui pensent que le président français Nicolas Sarkozy va être assis à l’Élysée en train de planifier une quelconque revanche contre David Cameron, il est soudainement apparu clairement qu’il a de bien plus grands soucis.

Des rumeurs volent dans tous les sens selon lesquelles le triple A de la France est menacé, et pourrait subir une dégradation imminente. Elles ont été rendues encore plus sérieuses du fait que de nombreux ministres du gouvernement tentent de minimiser la gravité d’une éventuelle dégradation.

Lundi, Sarkozy a dit qu’une dégradation serait « une difficulté de plus, mais pas insurmontable ». Mardi, Valérie Pécresse, ministre du budget, a fait des remarques similaires, affirmant que « les fondamentaux de l’économie sont bons, et les investisseurs ne doutent pas que la France remboursera ses dettes », minimisant ainsi l’impact de toute dégradation. Enfin, hier, le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, a dit, « [une dégradation] ne serait pas une bonne nouvelle, mais ça ne serait pas non plus un cataclysme. Les États-Unis ont perdu leur triple A et ont pu continuer à emprunter sur les marchés à de bonnes conditions ».

Alain Juppé pensifCet assaut public par le gouvernement sur le coût pour la France de perdre sa note triple A est largement perçu comme une façon d’adoucir le public et les marchés pour ce qui se prépare. Au bout du compte, l’impact d’une dégradation de la France dépendra de nombreux facteurs, parmi lesquels, et non des moindres : d’autres pays seront-ils aussi dégradés? sera-ce une dégradation d’un cran ou de deux? et quel sera le niveau de financement public et privé auquel sera confronté la France immédiatement après la décision?

Notre inquiétude n’est pas à propos de l’impact sur la France. En fait, le gouvernement français semble rater le contexte général, l’impact que cela aura sur les fonds de sauvetage de la zone euro. La zone euro arrive déjà à court d’argent, au moins en ce qui concerne la capacité à faire pare-feu pour mettre fin à la crise. Comme nous l’avons noté dans notre rapport « Sans Issue », une dégradation ne serait pas une bonne chose.

Comme la note triple A du FESF repose sur des pays triple A, la dégradation française signifierait la dégradation du FESF lui-même. Pour éviter cela, les pays qui restent triple A devraient augmenter significativement leurs parts des garanties, transférant un fardeau encore plus lourd sur le contribuable allemand déjà réticent,  menaçant aussi la propre note de l’Allemagne. Selon toute probabilité, sous le scénario d’un FESF en augmentation, une dégradation de la note déclencherait une spirale vers le bas de baisses de notes, du fait de l’augmentation du passif du FESF, qui rendrait le fond complètement ingérable.

Une dégradation de la France serait donc mauvaise pour le FESF, le fond temporaire de sauvetage de la zone euro, et des dégradations multiples pourraient signifier la fin de sa capacité à emprunter, et donc à prêter, à bas coût. Ça pourrait aussi créer des ennuis pour le MES, le fond permanent de sauvetage de la zone euro qui, bien qu’ayant un peu de capital payant, repose aussi largement sur des garanties de ses membres.

En tout cas, le gouvernement français peut bien calmer sa population en vue d’une dégradation, mais qui va calmer les marchés face à des fonds de sauvetage de la zone euro qui pourraient être rendus (encore plus) inutiles ?…

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  • «Elles ont été rendues encore plus sérieuses du fait que de nombreux ministres du gouvernement tentent de minimiser la gravité d’une éventuelle dégradation.»

    Surtout qu’on a déjà reçu le fax par erreur.

  • Bientôt, on apprendra que l’explosion de la zone euro ou le fait que les allemands reviennent au DM n’est « qu’une difficulté de plus » et que les « les fondamentaux de l’économie sont bons ».

  • « et les investisseurs ne doutent pas que la France remboursera ses dettes  »

    Avoir le monopole de la violence ça aide, je ne sais pas si ça suffira

  • Le FESF n’est pas triple-A et n’aurait jamais dû être noté comme tel, dans la mesure où ses contributeurs sont loin d’être tous triple-A eux-mêmes:

    http://stephanemontabert.blog.24heures.ch/media/00/01/1614699123.gif

    L’Espagne ou l’Italie comme contributeurs nets du FESF, c’est assez savoureux. Et je passe sur les 60 milliards d’€ fournis par « d’autres »…

    L’Europe a réussi à inventer la chaîne aussi forte que son maillon le plus fort.

    Dans le genre escroquerie et abus de confiance, on ne fait pas mieux.

    • « L’Espagne ou l’Italie comme contributeurs nets du FESF, c’est assez savoureux »exactement.mais les fonds d’investissement n’ont jamais été dupes.la chaine existe aussi avec les usa et la gb qui s’achètent mutuellement leurs dettes,avec les banques us qui s’achètent entre elles les maisons saisies.tout ceci nous donne une bonne vue d’ensemble du système financier mondial:gangrenné jusqu’a sa mort

  • En exclusivité, voici la conséquence du déclassement de la France : SKZ, dans une déclaration solennelle, va déclarer que c’est là une chose bégnine, sans trop de signification, relative, d’ailleurs infondée et que de toute façon la France est un grand pays (avec un grand Président), et bla bla bla.

  • Mais, au fait, pourquoi « serait » et pas « sera » (dans le titre de l’article) ?

  • Finalement, SKZ a chargé Alliot Marie de déclarer que l’inquiétude sur la perte possible de notre AAA n’était en fait dû qu’à une erreur de communication. Les communiquants de l’Elysée ont une ingéniosité fantastique. Tas qu’à croire, Charles.
    D’ici à ce que l’inquiétude sur la crise en général soit un malenendu « dû à un manque d’explication », il n’y a pas loin.

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