Recension de trois parutions consacrées à l’histoire du libéralisme: Sébastien Caré, Les libertariens aux États-Unis, Michel Guénaire, Les deux libéralismes, et Fabienne Brugère, Guillaume le Blanc, Le nouvel esprit du libéralisme.
Par Alain Laurent
Article publié en collaboration avec l’Institut Coppet
Bien qu’il soit paru au 1° trimestre 2010, il n’est pas trop tard, tant sont rarissimes les ouvrages français sur le sujet, pour revenir sur celui que Sébastien Caré a consacré au courant libertarien américain : Les libertariens aux États-Unis – Sociologie d’un mouvement asocial (Presses universitaires de Rennes). En complétant utilement ainsi les matériaux et analyses proposés dans son précédent opus (La pensée libertarienne : genèse, fondements et horizons d’une utopie libérale, PUF, 2009), cette nouvelle publication nous permet de désormais disposer d’une somme inégalée sur les libertariens, regorgeant de renseignements et de références aussi précises que précieuses.Ainsi que je l’avais déjà fait moi-même en 2006 dans Le libéralisme américain, l’auteur use du terme « libertarianisme » pour traduire « libertarianism » – et non pas de celui de « libertarisme » comme le font quelques universitaires français néophytes. Lesquels créent une désastreuse confusion lexicale mais aussi idéologique en faisant accroire que libertariens et libertaires c’est du pareil au même  alors que les libertaires sont foncièrement hostiles au droit de propriété privée et au libre marché, et sont souvent des collectivistes. Je me félicite également de voir S. Caré dire lui aussi « liberals » pour évoquer les libéraux au sens américain du terme, dont chacun sait que partisans d’une forte intervention étatique, ils n’ont rien à voir avec le libéralisme classique quand ils n’en sont pas des ennemis déclarés : il convient donc de soigneusement les différencier sur le plan typographique.
S’il n’y avait que cela retenir, tout serait donc pour le mieux. Mais il faut cependant relever et déplorer un certain nombre de scories parsemant l’ouvrage. Outre une déconcertante tendance à systématiquement inverser d’usage des capitales (« le parti Libertarien », mais « l’état de Californie »…), c’est le cas avec H.L. Mencken et A. Jay Nock abusivement traités de penseurs d’extrême droite, la référence à des « libertariens de gauche » (un oxymore qui n’a pas plus de sens qu’éventuellement parler de… liberals de droite !), les libertariens qualifiés d’ « intellectuel(s) collectif(s) », ou encore l’assertion selon laquelle « l’utopie libertarienne est nécessairement neutre vis-à -vis des valeurs ».
Plus grave : le sort réservé à Ayn Rand et aux objectivistes relève d’un parti-pris de dénigrement qui les caricature et tombe parfois carrément dans le contresens en situant le courant objectiviste au dehors de la mouvance libertarienne (lors de la très libertarienne Freedom Fest tenue à Las Vegas du 13 au 17 juillet dernier, les objectivistes avaient parfaitement droit de cité et y étaient pratiquement plus nombreux que les anarcho-capitalistes !). Et on se demande quelle mouche a piqué l’auteur quand il a choisi le sous-titre de son livre : « Sociologie d’un mouvement asocial ». Toutes tendances confondues les libertariens américains ne sont en rien des « asociaux » : s’ils refusent naturellement le « social » au sens dégénéré du terme modèle Welfare State, ils entendent simplement refonder la socialité en lui donnant de nouvelles bases respectueuses de la souveraineté morale, politique et économique des individus.
Du courant libertarien, il n’est en revanche pas du tout question en tant que tel dans l’anthologie publiée par Michel Guénaire en mai 2011 sous le titre Les deux libéralismes (Perrin). Et pour cause : cet ouvrage relève en grande partie de l’imposture, due à l’incohérence et l’incompétence de l’auteur. Cela tient d’abord à la sélection des textes et penseurs retenus – ou absents. Côté des présents, on note avec surprise celles de non-libéraux contemporains notoires comme Marcel Gauchet, Amartya Sen ou François Ewald, et même d’antilibéraux tels que John Rawls (archétype du liberal). Le conservateur et étatiste Guizot est présenté comme « emblématique du libéralisme » tandis que R. Nozick est absurdement cantonné dans la rubrique « libéralisme juridique » et Hayek non moins stupidement dans celle du « libéralisme politique ». Mais brillent par leur absence Boisguilbert, Gournay, Destutt de Tracy, Charles Comte, Charles Dunoyer, Molinari, J. Rueff (décidément, notre prétendu anthologiste ignore tout de la grande tradition libérale française !), Ayn Rand et Rothbard…
Sur le fond, le titre même du livre annonce l’étendue de la catastrophe : il n’y a évidemment pas deux libéralismes mais un seul, encastré dans la matrice de la liberté individuelle en tout comme disait si bien B. Constant, à partir de laquelle se sont développées une pluralité d’interprétations. De plus, Guénaire fait fort dans la confusion puisque tout en brodant sur le thème de « dualité du libéralisme » (p.85), il reconnaît ailleurs que « les deux libéralismes n’en font qu’un » (p.82). Le désastre se confirme au sujet de l’individualisme, accusé de « dissoudre le lien social » (p.17) mais attribué à des collectifs quand il est question de « l’individualisme des groupes sociaux » – sans que jamais soit fait allusion au thème libéral s’il en est de la souveraineté de l’individu. Inutile de poursuivre cette recension des aberrations, le tout est à l’avenant. Le seul point (négatif !) à retenir est que l’auteur n’abuse pas de la catégorie controuvée du « néolibéralisme », ce qui n’est pas le cas des contributeurs du tout récent Le nouvel esprit du libéralisme (Le Bord de l’eau, novembre 2011).
Tous de stricte obédience foucaldienne (M. Foucauld !) et bourdivine (Bourdieu !) proclamée, ces universitaires gauchistes font du « néolibéralisme » allégué leur cible privilégiée, prétendant que non seulement il se révèlerait foncièrement distinct du libéralisme classique mais  serait en rupture sinon en contradiction avec lui. Ni Hayek, ni M. Friedman ni Mises ne seraient les héritiers et continuateurs de ce qu’ils nomment dans le nouveau jargon à la mode dans l’intelligentsia de gauche « le grande récit » de la tradition libérale. Motifs invoqués : le susdit « néolibéralisme » se caractériserait par le rejet des droits de l’homme, la privatisation de l’État (l’État « néolibéral » viserait à « centraliser l’information économique » : le délire total !) et surtout l’extension du modèle économique du libre marché à l’ensemble de la vie sociale. Tandis que la figure de l’individu « entrepreneur de soi » serait substituée à celle du gouvernement de soi. Je n’insisterai pas outre-mesure sur la falsification des idées et des faits entachant systématiquement cette charge (ce qui est d’autant plus regrettable que leur argumentaire n’est parfois pas intellectuellement sans intérêt).
Et je vais plutôt pointer quelques « erreurs » factuelles concernant l’histoire des idées attestant du caractère lacunaire et peu sérieux de la prétendue connaissance du sujet par ces idéologues néophytes. Pour l’un d’entre eux (pp.48/49), John Locke ferait procéder la propriété de soi d’une préalable appropriation privée de la nature puisqu’au § 44 du Second traité du gouvernement civil, il pose qu’après l’appropriation par le travail, « l’homme est maître de lui-même, et propriétaire de sa propre personne ». Faux : car Locke rappelle ensuite que « l’homme a toujours en soi le fondement de la propriété » – ce qui découle de la proposition émise bien auparavant dès le § 27, où il n’a pas encore été question de l’appropriation individuelle de la nature : « Chacun a un droit particulier sur sa propre personne, sur laquelle nul autre ne peut avoir aucune prétention ».
Autre exemple : avec le « néolibéralisme », on serait passé d’une conception du marché seulement fondée sur l’échange à une nouvelle, privilégiant la concurrence. Quelle ineptie ! On ne peut évidemment concevoir de libre échange sans liberté concomitante de la concurrence. Et dès le XVIII° siècle, Boisguilbert, Turgot, Condillac puis B. Constant au XIX° ont explicitement mis la libre concurrence au centre de leur pensée économique – rien de nouveau donc sous le soleil avec le « néolibéralisme », qui n’a fait que prolonger, développer et actualiser la matrice de principes léguée par les libéraux classiques. Drôles d’experts que ces universitaires, dont on peut se demander si leur enseignement est préparé et dispensé de manière aussi fantaisiste et orientée…
Laissons  sur ce sujet le dernier mot à Mario Vargas Llosa qui, dans son dernier recueil de textes d’idées (De sabres et d’utopies, Gallimard, octobre 2011), déclare « Au long d’une trajectoire qui commence à être longue, je n’ai pas encore rencontré un seul néolibéral » (et pour cause : il n’a pu avoir affaire qu’à des libéraux !) et ironise à juste titre sur l’usage que les antilibéraux font de « cette épouvantable entéléchie destructrice : le néolibéralisme », dans lequel ils s’efforcent de construire « un bouc émissaire chargé de toutes les calamités passées et présentes de l’histoire universelle » (pp.360/1). Quel dommage que le Prix Nobel de littérature 2010 n’écrive pas un ouvrage totalement consacré à exposer par le menu les raisons et implications de son engagement libéral !
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Sur le web
Bonjour,
Pour avoir étudié consciencieusement la pensée de John Rawls et son ouvrage « théorie de la justice », je ne comprends pas 2 choses :
Pourquoi nos « intellectuels » gauchistes en font le parangon de la social démocratie (je ne retrouve rien du welfare state dans les dires de Rawls ??)
Et pourquoi les libéraux y voient un gauchiste ?? En le lisant et le relisant, il me semble bien que Rawls se base sur la théorie du contrat social pour élaborer sa théorie de la justice, ce qui est la base du libéralisme.
Pouvez vous m’éclairer ?
merci !!!
Il ne suffit pas de « lire » comme on lirait un roman, il faut aussi analyser les conséquences de ses propositions comme on le fait avec la construction d’une loi en droit positif.
On va faire court et simple. Pour répondre à ta question je vois quelques problèmes dans la conception de Rawls qui font qu’il n’est pas libéral.
1. Rawls pose deux principes:
A) « chaque personne doit avoir un droit égal au système le plus étendu de libertés de base égales pour tous qui soit compatible avec le même système pour les autres »
B) « Les inégalités sociales et économiques doivent être organisées de façon à ce que, à la fois, (a) l’on puisse raisonnablement s’attendre à ce qu’elles soient à l’avantage de chacun et (b) qu’elles soient attachées à des positions ou à des fonctions ouvertes à tous »
Le premier principe est libéral, pas le second.
Si tu lis bien le second principe, tu comprends que c’est la réciproque socialiste de la Pareto optimalité, Pareto optimalité qui au contraire est au coeur du libéralisme.
La pareto optimalité implique que tu ne changes une situation en faveur d’un individu que si ça ne péjore pas la situation d’un tiers, même le plus riche.
Le second principe de Rawls te dis que tu ne changes une situation en faveur d’un individu que si ça améliore la situation des plus pauvres (on imagine pour faire simple « du plus pauvre », Rawls ne donne aucunement le critère qui permet de décider de qui fait partie « des plus pauvres » ou de comment on définit les limites de la catégorie entre le dernier des plus pauvres et le premier des plus riches. Rien que ça c’est déjà le signe d’une faiblesse rédhibitoire dans le raisonnement, mais passons).
Tu vois où ça conduit?
Une activité qui améliore ton utilité ne t’est permise que si elle améliore en même temps l’utilité du plus pauvre.
Ceci devrait suffire à le classer parmi les collectivistes.
2. Ensuite, Rawls distingue entre les libertés de base et les biens premiers. Seuls les libertés de base sont organisées par son premier principe, les biens premiers sont organisés par le second.
La limite de la portée de la première critique que je fais ci-dessus, dépend de ce qu’il classe dans les libertés de base et les biens premiers. Et c’est là que le bât blesse.
Chez Rawl, la propriété et la liberté économique (Ralws parle de revenu et de richesse) ne figurent pas dans les libertés de base mais dans les biens premiers, ils sont donc soumis au deuxième principe.
Quand on pense que pour ce qui est de l’activité économique et de la propriété que cela ne relève pas d’un système de libertés égales pour tous compabiles avec le même système pour les autres, mais qu’au contraire, pour pouvoir exercer une activité économique ou jouir de propriété il faut que ce soit à l’avantage du plus pauvre, c’est qu’on est définitivement un collectiviste au sens fort.
3. Ralws énonce les principes d’efficacité et de différence pour interpréter son second principe (je te laisse aller voir toi-même, si tu as lu Rawls tu sais à quoi ça fait référence). Rawls rejette l’efficacité et lui préfère la différence.
Or, l’efficacité telle qu’il la définit ressemble méchamment à la Pareto optimalité.
Pour lui tu peux donc réduire la liberté économique ou le droit de propriété des uns, si ça conduit à l’amélioration des conditions d’un autre, en l’occurence plus pauvre. C’est du moins comptaible avec son système, alors que ça ne l’est pas avec un système protégeant la propriété privée et la liberté économique. S
i cela n’est pas le coeur d’un système redistributif, il faudra m’expliquer ce que c’est.
4. FInalement, en plus Rawls est complètement incohérent. Un exemple simple. D’un côté il dit que son système s’insère dans une économie de marché, donc dans un système qui remplit les conditions de la concurrence parfaite. D’un autre côté il rejette le principe d’efficacité. C’est contradictoire.
Il faudra en effet qu’il nous explique comment il fait pour avoir une économie de marché en éliminant l’efficacité d el’échange, l’éfficacité de la production et l’efficacité de la combinaison des bien produits, qui sont les conditions du modèle de concurrence parfaite exprimées en termes d’efficacité.
En fait Rawls comprend les implications économiques de ce qu’il dit comme un poisson rouge comprend la neige. Ce qu’il raconte ne fait aucun sens à l’aune de la rigueur des mathématiques économiques. D’ailleurs, il dit lui-même dans sa théorie de la justice: « si je n’utilise pas correctement la théorie économique, ou si la doctrine elle-même est erronée, j’espère que cela ne nuira pas au propos de la théorie de la justice ».
Ca ne trompe pas. Il sait très bien, que ce qu’il écrit est truffé d’incohérence que les économistes, les vrais, ne manquent pas de relever.
Et c’est pour cela, que derrière le blabla d’un texte que beaucoup semblent considérer comme libéral, parce qu’il parle avec des mots de libertés de bases, etc., en fait quand on le décortique dans ce qu’il implique réellement, on comprend très vite que c’est du collectivisme socialiste.
Ai-je répondu ou dois-je détailler?
Encore un détail,
ne me dit pas que sanbs le second principe on trouve « à l’avantage de chacun » et que ça ne veut pas dire pour Rawls à l’avantage « des plus pauvres » (ou « du plus pauvre »).
Ca voudrait dire que tu ne l’as lu que superficiellement comme on lit un roman.
Le principe de différence que Rawls embrasse pour interpréter « à l’avantage de tous » lorsqu’il rejette l’efficacité, correspond en effet à ceci selon Rawls lui-même: « l’ordre social n’est pas fait pour établir et garantir des perspectives plus favorables pour les plus avantagés, à moins que ceci ne soit à l’avantage des moins favorisés ». C’est bien pour « les plus pauvres ».
Quand tu mets les choses bout à bout, tu comprends que derrière l’enfumage, c’est bien de la redistribution socialiste.
@l’auteur :
« il n’y a évidemment pas deux libéralismes mais un seul »
Le votre, bien entendu… Tout votre article semble inspiré par la question « mais bon sang de bonsoir, le monde ne serait-il pas meilleur si tout le monde pensait comme moi ?! Hein?! »
Article qui donne envie de lire le second ouvrage, juste parce qu’il mécontente M. Laurent.
@ Stéphane : Rawls est pour moi un des plus grands penseurs des libertés. Votre remarque me fait plaisir.
@ TPO :
content de vous faire plaisir, mais j’espère que c’est parceque nous pensons la même chose.
sur Rawls : il justifie pleinement les inégalités car ce sont des moteurs de la progression de l’humanité et ne prône nullement la redistribution des richesses ou la taxation de l’héritage, bien au contraire, je ne comprends pas comment on a pu voir cela dans son oeuvre ???
Sur l’auteur : il est évident qu’il n’y a qu’un seul libéralisme, je susi tout à fait d’accord avec Mr Laurent pour dire que « le néo libéralisme » est un terme mal utilisé par ses détracteurs pour dénoncer tou les défauts humains, sans rapport avec un système philosophique particulier.
Le terme de « néo libéralisme » définit surtout le renouveau du libéralisme économique symbolisé par Hayek e Friedman, qui prônent un état arbitre mais surtout pas interventionniste, et se différencie du libéralisme économique que l’on nomme « classique » (ricardo) du 19 ème siècle, qui se rappoche du « laissez-faire ».
Bien cordialement et dispo pour discuter de Rawls
‘il justifie pleinement les inégalités car ce sont des moteurs de la progression de l’humanité’
C’est un des aspects clés : celui des inégalités. Il souligne aussi que les inégalités ne sont justifiables que si elles sont fécondes.
Quand à savoir si le liberalisme est un et indivisible : désolé, cette question m’indiffère prodigieusement. C’est ce genre de question qui animaient les réunions des sections locales du PCF dans les années 49-50 où des révolutionnaires en culotte courte se traitaient de « sales titiste »… « déviationniste »… « schismatique »…
Je remarque juste que M. Laurent, dans le ton de son article, a l’air d’une personne complètement fermée à tout ce qui n’est pas son petit système de pensée à lui tout seul dans lequel il semble si confortable. Il me donne le sentiment de reprocher aux auteurs de ne pas être lui.
« Seuls les extremistes sont cohérents…. » C’est pour cela que je me méfie énormément des gens cohérents.
@ TPO : tout à fait, et par nature, les inégalités sont fécondes, on ne s’enrichit que de nos différences.
Et en économie, tous, je dis bien TOUS les faits montrent une hausse du niveau de vie grâce aux inégalités, et les différences se réduisent très fortement avec le capitalisme libéral, pour la simple et bonne raison que c’est le seul système permettant à chacun d’exploiter de façon optimale ses potentialités aussi diverses que variées.
Et en ce sens, le capitalisme libéral est parfaitement conforme à la pensée de Rawls (contradictoire avec la social démocratie auquel on le rattache trop souvent).
Quand aux différents libéralismes, je suis d’accord avec vous, la principale différence se situe je pense dans la place de l’état, entre « un peu » et « pas du tout » !!!
Cordialement,
Vous etes libre d’interpréter Rawls à votre sauce.
L’important est que son bouquin circule et stimule, les neurones des gens, quels qu’ils soient. Il y a encore 10 ans, il était a peine mentionné dans les bibliographies.
C’est le propre des grands auteurs, qu’ils soient poetes ou économistes, d’inspirer des gens très différents.
C’était bien des bibliographies françaises que je parlais.
Les incultes sont aussi parisien.
Maman, laisse la lumière allumée, moi j’ai trop peur de l’ultranéolibéralisme sauvage.
@TPO :
tout à fait, j’imagine que vous, vous interprétez Rawls comme le chantre de la redistribution égalitariste.
Personnellement, je n’interprète rien, je cite juste Rawls, je pense d’ailleurs que sa pensée est assez claire pour ne pas avoir à être interprétée, ou alors pour la travestir …
mais pourquoi pas, c’est cela aussi la Liberté.
Seulement, pour avoir feuilleté des lmanuels scolaires de philosophie de terminale, il apparait manifestement que Rawls est vraiment travesti à la sauce marxiste prégnante de notre enseignement.
Bientôt, dans nos livres, on nous dira que Friedman était le plus grand des étatistes, et Rothbard un chantre du collectivisme socialiste !!!
« Tout à fait, j’imagine que vous, vous interprétez Rawls comme le chantre de la redistribution égalitariste. »
Non pas du tout. D’ailleurs ce qui m’a beaucoup marqué dans la théorie de la justice n’est pas cet aspect de sa philosophie, mais bien davantage son retravail de la notion de « veil of ignorance », qui est très inspirante. Avec par exemple cette question nouvelle : que devient le « veil of ignorance » quand le niveau de connaissance potentielle d’un individu sur sa propre position s’acroit ?
Et je suis maintenant assez vieux pour ne plus m’informer dans les « manuels scolaires de philosophie de terminale ».
Vous aurez autant d’interprétation d’un bon texte qu’il y a de lecteurs. C’est même à cela, selon moi, qu’on reconnait un bon texte. C’est que ça fait réfléchir, rebondir et s’ouvrir, au lieu de fermer et opposer.
Ouf, je n’ai acheté que le premier !
Le titre : Les deux libéralismes m’a instinctivement fait fuir.
Mais j’aurais pu me faire piéger par le troisième : affaire réglée, donc
La 4e de couverture des « Deux Libéralismes » dit clairement : « Selon Michel Guénaire, les deux familles du Libéralisme politique et du Libéralisme économique ne s’opposent pas, mais sont liées par une même morale de la liberté » . Il n’y a donc aucune incohérence, mais au contraire la volonté de réunir ce que les partis traditionnels ont souvent voulu séparer, ce qui est notamment fait par le biais d’une présentation chronologique de la pensée libérale.
Je pense que l’auteur de cet article a souffert d’une erreur d’interprétation fatale. A en croire même qu’il n’a jamais ouvert le livre en question, qui est au demeurant excellent, ne serait-ce que dans sa très longue ouverture présentant l’épopée de la pensée libérale.