Le bon sens contre l’utopie

Pour le grand bonheur des libéraux, les Éditions Gallimard publient un nouveau recueil d’articles de Mario Vargas Llosa

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De sabres et d'utopies, par Mario Vargas Llosa (Crédits : Gallimard, tous droits réservés)

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Le bon sens contre l’utopie

Publié le 29 janvier 2012
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Les Éditions Gallimard publient un nouveau recueil d’articles de Mario Vargas Llosa : De sabres et d’utopies. Visions d’Amérique latine (Gallimard, 2011). Pour le grand bonheur des libéraux.

Par Bogdan Calinescu
Article publié en collaboration avec l’aleps

Rares sont les écrivains libéraux et encore plus rares ceux qui savent défendre le libéralisme économique. Vargas Llosa fait partie de ceux-ci. Dans ce volume d’essais, il dénonce avec multiples arguments les ravages de l’étatisme et du socialisme en Amérique latine et fait l’éloge de la liberté économique. Pour quelqu’un qui a été marxiste dans sa jeunesse, les élections de Reagan et de Thatcher ont été de véritables révélations. Vargas Llosa en personne a été candidat libéral aux présidentielles péruviennes de 1990. Son programme économique était on ne peut plus reaganien. Depuis, il n’a cessé de se battre pour des réformes libérales dans les pays d’Amérique latine.

Les parties sont consacrées à la plaie de l’autoritarisme en Amérique latine, aux « fausses » révolutions sur ce continent, aux obstacles au développement (nationalisme, corruption, populisme, indigénisme), à la supériorité de la démocratie libérale (« Il n’y a pas de démocratie qui survive à une accumulation aussi désorbitée du pouvoir économique aux mains du pouvoir politique »), sur les autres formes de gouvernement et à la culture sud-américaine.

Parmi les exemples d’autoritarisme figure la dictature « parfaite » du PRI (Parti révolutionnaire institutionnel) au Mexique. Créé en 1929 par le général Plutarco Elias Calle (une des originalités de certaines dictatures militaires sud-américaines est leur idéologie marxiste), le PRI a accaparé un État qu’il a modelé et administré à sa guise pendant plus de 70 ans. La dictature cubaine – qui dure encore – a fait croire que la façon la plus efficace de l’amadouer est l’amitié ou la complicité. De nombreux intellectuels et politiques ont fait des courbettes devant le barbu de La Havane avec pour seul effet de pérenniser sa tyrannie. Vargas Llosa fait partie de ceux qui ont soutenu la révolution cubaine à ses débuts. Mais il a vite déchanté dès les premières arrestations et meurtres. Saisissantes les pages sur les organisations terroristes comme le Sentier lumineux ou comme le FARC, sur l’épuration ethnique menée par le sous-commandant Marcos en Bolivie que le sociologue Alain Touraine a qualifié de « démocrate en armes ».

Très intéressante l’analyse que l’auteur consacre à l’Argentine, l’un des pays les plus riches du continent et qui est tombé dans le coma économique. Vargas Llosa explique cet événement en faisant allusion à « l’irréalité » présente dans l’œuvre de Borges. Arriver à une dette de 130 Mds de dollars, maintenir par idéologie une parité entre le dollar et le peso, bâtir une bureaucratie asphyxiante, c’est vivre dans un monde imaginaire. C’est peut-être la seule manière de vivre des Argentins… La leçon qu’il faut tirer de ce qui s’est passé en Amérique latine c’est « la nécessité indispensable de globaliser la démocratie, non de mettre un terme à la globalisation ».

Les textes réunis dans ce volume sont autant de munitions pour tous ceux qui combattent l’interventionnisme et souhaitent la victoire du libéralisme.

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