Le coup d’État de Milton Friedman

Friedman est une des personnes qui déchaîne la colère des socialistes, de gauche et de droite

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le coup d’État de Milton Friedman

Publié le 26 février 2012
- A +

Friedman – et une bonne partie des économistes formés à l’université de Chicago – finirent par devenir les bêtes noires des étatistes et interventionnistes de tous types. Et notre personnage fut accusé d’une bonne partie des malheurs qui arrivaient dans l’économie mondiale.

Par Francisco Cabrillo, de Madrid, Espagne

Gary Becker affirmait, à l’occasion d’un de ses nombreux hommages qui furent rendus à Milton Friedman pour son 90e anniversaire, que le professeur de l’université de Chicago avait été l’économiste le plus importante et influent du 20e siècle. Défenseur convaincu de la liberté économique et dur critique de la régulation étatique, notre économiste est une des personnes qui déchaîne la colère des socialistes, de gauche et de droite. Et cela lui arriva beaucoup de fois tout au long de sa vie.

Pour se référer à la vie et à l’œuvre de Milton Friedman, il faudrait signaler en premier lieu qu’il [était] un homme d’origine très humble. Né à New York en 1912 au sein d’une famille pauvre d’immigrants, il dût travailler dès son plus jeune âge pour se payer ses études. Après avoir étudié à l’université de Rutgers, il ira en 1933 à celle de Chicago, centre avec lequel il maintiendra une longue relation personnelle et académique si étroite que pour beaucoup de gens parler de l’École de Chicago est presque équivalent que parler de Milton Friedman.

Dans la décennie 1960, années de triomphe presque absolu de la théorie keynésienne, Friedman fut une figure critique de la pensée dominante qui s’opposa à l’augmentation des dépenses publiques et à l’octroi de latitudes supplémentaires aux gouvernants dans la gestion de la politique économique. Il défendait, au contraire, l’établissement de règles qui empêcheraient les politiciens d’adopter des décisions pour diriger l’évolution du cycle économique qui, selon toute probabilité, produiraient des effets néfastes. Après avoir défendu pendant de nombreuses années presque en solitaire, les faits lui donnèrent raison et ses arguments commencèrent à être largement acceptés dans la décennie 1970, tandis qu’étaient abandonnées les idées keynésiennes.

Notre économiste devint alors un personnage très connu, qui alternait son travail strictement académique avec ses articles de presse, ses programmes de télévision et ses fréquents débats dans les médias. Friedman – et une bonne partie des économistes formés à l’université de Chicago – finirent par devenir les bêtes noires des étatistes et interventionnistes de tous types. Et notre personnage fut accusé d’une bonne partie des malheurs qui arrivaient dans l’économie mondiale. L’accusation la plus connue se basa sur une supposée collaboration avec le gouvernement de Pinochet au Chili. Comme on le sait, en 1973, un coup d’État renversa le gouvernement d’Allende et mit en place une dictature militaire. L’économie chilienne se trouvait alors dans une situation désastreuse, au bord de l’hyperinflation et avec une bonne partie de l’activité productive paralysée.

Plusieurs jeunes économistes chiliens, qui avaient étudié aux États-Unis – certains à l’université de Chicago – occupèrent des postes à responsabilités dans le gouvernement de la nation. Et Friedman lui-même fut consulté sur de possibles mesures de réforme qui sortiraient l’économie chilienne de son marasme. Il accepta, offrant ainsi un angle d’attaque contre sa personne et ses idées qui persistera durant de nombreuses années. Malgré le fait que les résultats obtenus par les réformes furent excellents, beaucoup de gens ne lui pardonnèrent jamais son intervention et l’accusèrent presque d’être intervenu personnellement dans le coup d’État. Il ne servit à rien à Friedman de répéter à maintes reprises qu’il avait également voyagé en Chine, autre pays avec un gouvernement dictatorial, et avait donné à ses dirigeants les mêmes conseils qu’aux politiciens chiliens, sans que, curieusement, personne ne le lui reprochât.

Finalement, il dût accepter, avec résignation et une certaine ironie, d’aussi absurdes reproches. Il lui manquait d’être nommé… putschiste honoris causa !

___
Article paru dans Libertad digital. Traduit de l’espagnol.

Lire aussi :

Voir les commentaires (16)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (16)
  • Un excellent article qui reflète bien que Friedman n’était qu’un théoricien dont les théories n’ont jamais été pleinement appliquées. Ce n’est d’ailleurs pas le rôle d’une théorie qui ne fait que servir de base à une réflexion et qu’on expose ensuite à la lumière de chaque réalité.

    Toujours est-il que les politiques keynésiennes nous ont mené dans le mur. Et il n’est pas juste de prétendre qu’elles ont été abandonnées en 1970. En réalité, à partir de cette époque, le keynésianisme a été revisité et en est issu une sorte de suprakeynésianisme. En France il sévit depuis le début des années 80 sous l’appellation « Economie des Conventions ».

    Tout le monde accuse le libéralisme, or il se trouve qu’il n’a jamais été appliqué nulle part.

  • A voir sur la chaîne youtube de l’Institut Coppet, la traduction intégrale de la première partie de Free to Choose : http://youtu.be/JujKgkA_XUQ

  • Nous sommes soumis à un flot incroyable des affirmations que la crise est le résultat de néo-libéralisme ou ultra libéralisme. Et bien non. On nous prends vraiment pore les cons. Le libéralisme en France ? Rien de tel en France. Le libéralisme y est un nain politique, et même la droite de notre échiquier politique reste acquise aux recettes interventionnistes et keynésiennes qui ont pourtant prouvé leur incapacité à nous sortir de la crise que notre économie connaît depuis 1973. Pourtant, jamais nous n’aurons autant entendu parler de libéralisme qu’ en ce moment. Selon les sachants l’Etat (j’écris avec e majuscule pour rendre hommage à son obésité) va nous protéger des excès de l’ultra-libéralisme , néologisme commode brandi en toute circonstance par les interventionnistes comme l’épouvantail source de tous nos maux.

    Ultra-libéralisme…ou ultra-étatisme. Qui est le coupable ?

    La crise (ce château de cartes) est sur le point d’imploser, on peut se poser la question du « coupable » à l’origine de cette situation. On trouve sur le net, dans la presse et parmi de nombreux dirigeants politiques une opinion très majoritaire qui voudrait que ce soit « l’ultra-libéralisme » donc l’insuffisance de l’Etat qui soit responsable de la situation actuelle.

    La réalité va surprendre beaucoup de lecteur ; les faits sont là : dans tous les pays industrialisées la part de l’Etat dans l’économie n’a jamais été aussi grande que maintenant.
    Il est bien difficile aujourd’hui de distinguer des différences profondes entre les modes d’action du PS et ceux de l’UMP lorsqu’ils occupent le pouvoir. Dans tous les cas, l’intervention publique française assise sur un prélèvement massif d’argent dans les poches des contribuables est à la base de leur action, les dépenses se perpétuent d’une législature à l’autre, avec quelques différences marginales reflétant surtout la différence des clientèles politiques dont chaque parti tire son noyau dur électoral.
    Comme on le constate au tableau ci-dessous, la part des dépenses publiques dans le PIB (produit intérieur brut) était de l’ordre de 10% à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Avec la Première Guerre mondiale et la récession des années trente, elle se trouve multipliée par deux en 1937. Elle augmente encore avec la Seconde Guerre mondiale et atteint un peu moins de 30% en 1960. Puis, de 1960 au milieu des années quatre-vingt-dix, le poids des dépenses publiques augmente de moitié, pour s’établir à 45,6%. L’État français qui, en 1870, part avec quelques points de pourcentage au dessus de la moyenne, suit une évolution analogue, mais il affiche une croissance plus élevée, et arrive au milieu des années quatre-vingt-dix avec une part de 55% dans l’économie.
    DEPENSES PUBLIQUES EN POURCENTAGE DU PRODUIT INTERIEUR BRUT, 1870-1996
    1870 1913 1920 1937 1960 1980 1990 1996
    France 12,6 17,0 27,6 29,0 34,6 46,1 49,8 55,0
    Royaume-Uni 9,4 12,7 26,2 30,0 32,2 43,0 39,9 43,0
    États-Unis 7,3 7,5 12,1 19,7 27,0 31,4 32,8 32,4
    Moyenne de l’ensemble des principaux pays† 10,7 12,7 18,7 22,8 27,9 43,1 44,8 45,6
    † Australie, Autriche, Canada, France, Allemagne, Italie, Irlande, Japon, Nouvelle-Zélande, Norvège, Suède, Suisse, Royaume-Uni, États-Unis, Belgique, Pays-Bas, Espagne. Moyennes non pondérées. Source: Vito Tanzi et Ludger Schuknecht, Public Spending in the 20th Century. A Global Perspective, Cambridge, Cambridge University Press, 2000, p. 6-7.
    Depuis 1960, l’essentiel de la croissance de l’État s’explique par les transferts – assistance sociale, assurance-chômage, retraites, subventions aux entreprises. En moyenne, dans les principaux pays, les transferts comptaient pour 1% du PIB aux environs de 1870, 10% en 1960, et 23% en 1995 ; les données sont à peu près semblables pour la France, mais culminent à 30% en 1995. La progression des dépenses de santé et d’éducation ainsi que, plus tard, du service de la dette rendent compte du reste de la croissance de l’État.
    Les critiques contre libéralisme se font de plus en plus pressantes, pas un mois ne s’écoule sans que ne soient publiés des ouvrages dénonçant ces travers. Pas une journée sans que des éditorialistes ou des politiques remettent en cause leurs certitudes étatistes et ne s’interrogent sur les réussites libérales hors de nos frontières. La pression extérieure pourrait nous obliger à entamer des réformes libérales d’envergure plus vite que ne le voudraient certains. Certains organismes de cotation, devant l’énormité de nos engagements peu ou pas provisionnés, l’envergure de nos déficits et notre incapacité à les résorber, envisagent ouvertement de dégrader la dette de quelques grandes nations européennes. Cela pousserait les taux auxquels l’état Français emprunte à la hausse, ce qui aurait des conséquences dramatiques sur nos finances, puisque le seul produit de l’impôt sur le revenu suffit à peine à payer les intérêts de nos 1300 milliards d’Euros de dettes (et beaucoup plus en réalité).
    Il faut en finir avec la pensée unique des media pour que ceux-ci ne se sentent pas obligés de retenir sa plume contre les très grandes fautes et turpitudes de nos dirigeants. Il est très probable qu’au cours de la crise (qui va s’amplifier), cette accumulation d’étatisme qui s’est construite depuis 50 ans vole en éclats. Parce que les états n’auront plus les moyens de maintenir leur train de vie au niveau actuel.

  • On peut lire Naomi Klein, « La stratégie du choc » pour découvrir le vrai nawak gauchiste.

  • Ce sont bel et bien les thèses de Milton Friedman et des « chicago boys » qui ont permis à Pinochet, cet infâme salopard de prendre le pouvoir sur le Chili. Prétendre que les résultats furent excellents, ce n’est rien d’autre que de cracher sur les victimes. Et les thèses de ce brillant économiste furent aussi mises en place en Argentine, en Bolivie et j’en passe.
    Les « brillants économistes » tels que Friedman devraient rester dans leurs bureaux, avec leurs thèses, il sont plus dangereux que la bombe nucléaire.

    • Oui mais c’est sous le régime violent de Pinochet que Pinera a pu mette en place son programme économique.

    •  » Prétendre que les résultats furent excellents, ce n’est rien d’autre que de cracher sur les victimes » non c’est juste la vérité. ce sont des faits
      « Et les thèses de ce brillant économiste furent aussi mises en place en Argentine, en Bolivie et j’en passe » totalement faux, ils n’ont été appliqué qu’au chili.
      sans le coup d’état de pinochet, il y aurait eu une guerre civile au chili. Quelques mois avant la chute d’Allende, le sénateur communiste Volodia Teitelboim pronostiquait entre 500.000 et un million de morts en cas de guerre civile. l’armée a fait le coup d’état à cause de l’infiltration de mouvements d’extreme gauche dans l’armée

    • dans la vie, il faut assumer les conséquences de ces actes. le 4 mai 1973, l’opposition au gouvernement d’Allende a raté de peu la majorité des deux tiers à la chambre (qui lui aurait permis de passer outre les vetos présidentiels) et au sénat (qui lui aurait permis de destituer le président) car il y a eu des fraudes massives organisé par allende. si allende avait respecté le processus démocratique, il n’y aurait pas eu de coup d’état.
      lisez « Pinochet, l’autre vérité » de Philippe Chesnay. la majorité des vctimes du régime de pinochet furent les chefs de la gauche, des gens qui avaient pour but de créer une dictature du prolétariat.

    • un rapport réalisé par des professeurs de la faculté de droit de l’Université catholique et présenté le 18 juillet fera état de fraudes électorales de la part du gouvernement. Ceux-ci attiraient l’attention sur le fait que 750.000 nouveaux électeurs avaient été inscrits depuis les élections municipales de 1971 alors qu’ils n’auraient dû être normalement que 500.000. Le rapport décrivait également les énormes disparités dans les augmentations de nouveaux électeurs selon les circonscriptions. Il signalait par ailleurs des cas de fraudes avérés à Santiago ou Coquimbo (carnets d’électeurs ne correspondant pas aux personnes ayant voté, centaines d’électeurs inscrits le dernier jour au même domicile, etc.) Le rapport concluait : « lors des élections parlementaires de mars a eu lieu une fraude électorale de grandes proportions, qui concerne entre 200.000 et 300.000 votes illégaux ».

    • En 2000, le président chilien socialiste Ricardo Lagos décrivit le Chicago Boy Sergio de Castro comme le ministre des Finances le plus important des derniers 180 ans du Chili. alors si meme des socialistes rendent hommage aux chicago boys…….

    • En plus d’être plus riche et plus développé le Chili est aussi plus égalitaire que ces voisins. En effet il est le premier pays d’Amérique latine pour ce qui est de l’Indice de Développement Humain ajusté aux inégalités ( http://hdrstats.undp.org/fr/indicateurs/73206.html ) et il est dans la moyenne pour ce qui est de l’indice Gini (bien plus égalitaire que le Brésil par exemple : http://www.lyd.com/wp-content/files_mf/pi110690.pdf ) Pour l’IDH ajusté aux inégalités le Chili est 40e mondial, devant certains pays d’Europe (Croatie, Portugal, pays baltes, Roumanie, Bulgarie).
      À peu près la même chose pour Gini.
      Pour les taux de pauvretés, seuls l’Argentine et l’Uruguay font mieux : http://www.eclac.org/publicaciones/xml/5/48455/PanoramaSocial2012DocICap1.pdf

    • il faut se renseigner. friedman n’a pas soutenu pinochet : http://reason.com/archives/2008/09/26/defaming-milton-friedman friedman avait prévu que la liberté économique au chili allait apporté la liberté politique

  • Comme ses détracteurs n’arrivaient pas à contredire ses théories. Ils ont commencé à l’associer avec l’exact contraire de ce qu’il défendait (la liberté sous toute ses formes)

    Friedman défend l’idée que ses théories scientifiques sont « scientifiques » et dans une interview il la compare à la relativité. Il n’en peut rien si ses théories sont justes. Si l’un de ces dictateurs commencent à utiliser la loi de la gravité…Va t’on sous entendre que la gravité est fachiste??

    Il n’a jamais personnellement supporté pinochet.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Par Sylvain Fontan.

[caption id="attachment_127195" align="alignleft" width="235"] Milton Friedman (Crédits : The Friedman Foundation for Educational Choice, licence Creative Commons)[/caption]

L'interview qui suit est donnée par Milton Friedman, économiste libéral, prix Nobel d'économie 1976 et chef de file de l'École monétariste. L'entretien date de 2003, il est dirigé par l'économiste français Henri Lepage.

Depuis cette interview, Milton Friedman est décédé. Âgé alors de plus de 90 ans, lors de cet échange il dresse so... Poursuivre la lecture

3
Sauvegarder cet article

Il y a 28 ans, l'ancien ministre du Travail et des Retraites Jose Piñera revenait sur la révolution libérale qu'il avait lancée au Chili en 1980.

Un spectre hante le monde : celui de la faillite du système de retraite de l’État. Le système de retraite par répartition qui règne en suprématie à travers la plus grande partie de ce siècle a un défaut fondamental enraciné dans une fausse conception sur le comportement de l’être humain : il détruit à un niveau individuel le lien essentiel entre l’effort et la récompense. En d’autres termes, ... Poursuivre la lecture

Dire que Joseph Stiglitz, lauréat du prix Nobel d'économie qui enseigne aujourd'hui à l'université de Columbia, s'oppose au marché libre est un euphémisme. Il n'est pas favorable à une planification centrale complète, nous dit-il, mais souhaite un équilibre entre les mécanismes de marché et les mécanismes non marchands. Cependant, lorsqu'il s'agit de ses propositions concrètes, le marché semble toujours, à ses yeux, déficient. En effet, son titre fait consciemment écho à La route de la servitude (1944) de Friedrich Hayek, mais alors que Hayek... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles