La vraie leçon des années 30 : vive la rigueur budgétaire !

La chose extraordinaire est que nous préférons la version fausse de l’histoire américaine à la vraie version de l’histoire britannique.

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La vraie leçon des années 30 : vive la rigueur budgétaire !

Publié le 19 mars 2012
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Bien des commentateurs et des politiciens  prétendent tirer les leçons du grand Krach des années 30. La chose extraordinaire est qu’ils préférent la version fausse de l’histoire américaine à la vraie version de l’histoire britannique.

Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume Uni.

Bien des gens, en particuliers des politiciens, pensent qu’ils ont saisi « la leçon des années 30 ». Cette leçon, à leur avis, donne à peu près ceci. Le capitalisme débridé a causé le grand Krach, dont les effets ont ensuite été exacerbés par le dogme américain, de Herbert Hoover et de ses républicains, du laissez-faire. La récession a tourné à la dépression, et seule la volonté d’intervention de Franklin Roosevelt a ramené le pays à la croissance. Leur conclusion ? Que l’État devrait dépenser de l’argent pendant les crises pour « redémarrer l’économie ».

Ça fait bien longtemps que les historiens économiques sérieux ne partagent plus ce point de vue, mais il continue à subjuguer les diplômés semi-éduqués qui prédominent dans les gouvernements du monde et les conférences d’éditos de télévision. Si la dernière fois que vous avez fait de l’économie est au niveau bac dans les années 80, vous aurez certainement fait vôtres des expressions didactiques au sujet du « paradoxe d’être économe », de « la dépense contracyclique », et ainsi de suite. L’observation de Keynes, que « les hommes pratiques, qui se pensent exempts d’influences intellectuelles, sont habituellement les esclaves de quelque économiste défunt », n’a jamais été aussi vraie ; l’économiste défunt, c’est lui.

Ceux qui découvrent la période avec fraicheur, et l’étudient objectivement, comprennent désormais que la Fed a joué un rôle majeur dans les causes du Krach, par sa politique monétaire lâche dans les années 20. Les historiens commencent aussi à explorer comment Franklin Roosevelt a exacerbé la crise par le capitalisme de connivence et par des privilèges spéciaux accordés aux syndicats. En 2004, deux économistes de UCLA, Harold L. Cole et Lee A. Ohanian, ont mené une étude majeure qui a conclu que le New Deal a en fait prolongé la récession de sept ans :

Le président Roosevelt croyait que la concurrence excessive était responsable de la dépression en faisant baisser les prix et les salaires et, par extension, en réduisant l’emploi et la demande pour les biens et les services. Il a donc imaginé un programme de relance qui serait impensable aujourd’hui, autorisant les entreprises de toutes les industries à se liguer ensemble sans menace de poursuites anti-cartels, et aux travailleurs d’exiger des salaires de 25% supérieurs à ce qu’ils auraient dû être si l’on s’en était tenu aux forces du marché. Tout était en place dans l’économie pour une belle reprise, mais elle a calé du fait de ces politiques malavisées.

La chose extraordinaire est que, en Grande-Bretagne, nous préférons la version fausse de l’histoire américaine à la version vraie de la nôtre. Contrairement à Franklin Roosevelt, le gouvernement national de Grande-Bretagne a coupé les dépenses (voir ici). Résultat ? L’économie a rebondi, avec une croissance annuelle moyenne de 4% de 1934 à 1939.

George Trefgarne nous a fait une fantastique faveur en chroniquant le succès de cette décennie, avec ses booms dans l’automobile, le textile et la construction. Les chiffres dans son article, Metroboom, publié cette semaine par le Center for Policy Studies, parlent d’eux-mêmes.

Vous êtes surpris ? Vous pensiez vaguement que les années 30 avaient à voir avec des gens affamés défilant de Jarrow à Wigan Pier, ou quelque chose d’approchant ? C’est une conséquence de l’économie niveau bac, j’ai bien peur.

Quelles sont les vraies leçons des années 30 ? La façon de faire repartir une économie malade, c’est par des baisses de dépense et des coupes d’impôts et taxes. Plus vite nous pouvons laisser derrière nous la maison d’âpre vent, a dit le ministre des finances de l’époque, Neville Chamberlain, plus vite nous pouvons avoir de grandes attentes [NdT : jeu sur des titres de Dickens, difficile à retranscrire]. Regardez l’émission par laquelle il a présenté son budget de 1935. La durée qui nous sépare du récent Krach est à peu près la même que celle qui le séparait du grand Krach, mais il est impossible de s’imaginer le ministre des Finances actuel tenant un discours aussi optimiste. Allez comprendre.

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