Jean-Paul Sartre, de la liberté individuelle à la libération par le collectivisme

Pour retrouver la liberté individuelle, il faut repartir d’un collectif. Ce sera le grand message de mai 68 de Jean-Paul Sartre

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
isartre001p1

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Jean-Paul Sartre, de la liberté individuelle à la libération par le collectivisme

Publié le 25 mars 2012
- A +

Pour retrouver la liberté individuelle, il faut repartir d’un collectif. Ce sera le grand message de mai 68 de Jean-Paul Sartre. Ce n’est que par le groupe, par le rassemblement des révolutionnaires que l’on peut marcher vers la liberté.

Un article de l’aleps.

Il est certain que la popularité de Jean-Paul Sartre (1905-1980) est davantage liée à son engagement politique qu’à l’originalité de sa philosophie, même s’il a été salué, à tort, comme « le père de l’existentialisme ». Sartre doit d’ailleurs faire souvent le grand écart entre ses positions politiques et sa philosophie.

Ce n’est pas surprenant, compte tenu de la souplesse de ses engagements. Sous l’occupation, Sartre est censé faire de la résistance mais il multiplie les pièces de théâtre très appréciées des officiers allemands et des officiels pétainistes. On le voit encore se déclarer ennemi de l’URSS, puis ami des communistes jusqu’à vanter la liberté d’expression en Union soviétique, puis enfin accueillir des dissidents russes au nom de la liberté.

Visiblement, pour lui l’important est d’être à la tête du mouvement des idées, d’être la référence, le « maître ». Il est donc de toutes les manifestations, de toutes les pétitions. A-t-il un tel sens du devoir de l’intellectuel (ce qu’il prétend) ou soigne-t-il sa gloire personnelle ?

 

Saint-Germain-des-Prés

Sa gloire est au plus haut dans les années 1950.

Sartre s’est bien sûr illustré par ses positions contre la guerre de Corée, la guerre d’Indochine, puis la guerre d’Algérie, contre la torture, contre le capitalisme, contre les Américains, mais aussi contre le gaullisme.

À l’occasion de l’affaire Henri Martin, un ouvrier de l’Arsenal de Toulon communiste faisant de la propagande antimilitariste, poursuivi et condamné, Sartre se rapproche du Parti. Mais c’est surtout à Saint-Germain-des-Prés qu’il doit sa célébrité. Dans les années 1950, au sortir de la guerre et des restrictions, la mode exige de se libérer, d’écouter du jazz, d’assister à des pièces d’avant-garde.

La mode draine donc vers Sartre tout ce que Paris compte de « libérés » de toutes sortes : l’essentiel, dit le maître, n’est-il pas d’exister ? N’est-il pas le philosophe de la liberté individuelle sans borne ?

 

Existentialisme et liberté

La philosophie de Sartre s’inspire dans un premier temps de la phénoménologie de Husserl : l’homme est évolution, dans son existence l’homme se transforme. Sartre emprunte aussi à Heidegger (certains disent à Nietzsche) l’idée de l’élan vital qui pousse l’homme à devenir lui-même. Comme Nietzsche, Sartre affirme que Dieu est mort, et par conséquent l’homme ne répond à aucun appel, à aucune détermination métaphysique. L’homme est entièrement libre, il est lui-même, et rien de plus.

Mais cet individualisme anarchiste ne se réalise que dans un contexte où l’homme peut être lui-même. Or l’homme est aliéné dans des régimes comme le capitalisme, il ne peut plus y être réellement libre.

Par ailleurs, la liberté individuelle a aussi une dimension sur la liberté des autres. « L’enfer c’est les autres » : limitation de ma liberté par la prise en compte du moi social.

Les disciples de Sartre vont donner à sa philosophie une traduction toute simple : je suis libre de faire n’importe quoi à condition que je fasse la révolution contre la société d’aliénation mise en place par le capitalisme. Pour être libre, il faut être révolutionnaire.

 

La libération par le collectivisme

La révolution ne se fait pas tout seul.

Pour retrouver la liberté individuelle, il faut repartir d’un collectif. Ce sera le grand message de mai 68. Ce n’est que par le groupe, par le rassemblement des révolutionnaires que l’on peut marcher vers la liberté. Sartre est aux côtés des étudiants de la Sorbonne, de Daniel Cohn-Bendit. « Il est interdit d’interdire » : ce slogan est bien celui de l’anarchiste mais l’individualisme a disparu, parce que l’homme a le devoir de s’engager (comme il l’a fait lui-même) pour libérer l’humanité : « L’existentialisme est un humanisme ».

Sartre a ainsi multiplié les contradictions mais ses disciples ont certainement compris ce que Sartre voulait dire : le maître ne pouvait se tromper. Mais il aimait bien tromper les autres.

—-
Sur le web

Voir le commentaire (1)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (1)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
Le collectivisme tel que défini par Schäffle

Le collectivisme, tel que défini par Albert Schäffle, repose sur l'idée de la propriété collective des moyens de production, en opposition à la propriété privée.

Dans ce système, les biens-fonds, les ateliers, les machines et tout l'outillage nécessaire à la production seraient détenus collectivement par la société, plutôt que par des individus ou des entreprises privées. La concurrence capitaliste, avec ses dynamiques de marché, serait remplacée par une organisation sociale du travail centr... Poursuivre la lecture

La bureaucratie inca a jeté son filet sur tous ceux qu'elle gouvernait, les transformant en sujets dociles et obéissants.

Les exemples de contrôle gouvernemental sur la vie sociale et économique sont aussi vieux que l'histoire, et présentent toujours des caractéristiques universelles dans leurs effets pervers, indépendamment de l'époque ou du lieu. L'un des épisodes collectivistes les plus célèbres est celui des Incas et de leur Empire en Amérique du Sud.

L'Empire inca est né d'une petite tribu des montagnes péruviennes aux XIIe... Poursuivre la lecture

Shōgun est un bon rappel que le seul but moral d’un gouvernement est de protéger nos droits individuels, pas de les piétiner.

 

Article original paru dans la Foundation for Economic Education.

Ma femme et moi sommes en train de terminer Shōgun, la nouvelle minisérie de FX sur Hulu basée sur le livre de James Clavell paru en 1975. Shōgun est l'un des premiers livres qui m'a vraiment captivé. Je l'ai lu pour la première fois à l'âge de 13 ans, et je n'ai pas pu le lâcher.

Situé au début... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles