Aujourd’hui, ce court billet évoquera la question de l’impact d’Internet dans la société. J’ai déjà, pour ma part, traité de ce sujet dans un précédent article où j’étudiais les changements qu’impliquait Internet sur le plan politique. Cette fois-ci, je vous propose de découvrir l’interview de Marco Ricca, fondateur de Satorys, spécialiste de la sécurité informatique, dans l’émission suisse 3516-emission …
L’entretien (disponible en soundcast ci-dessous) évoque le changement profond introduit par internet dans la société, au même titre que l’invention de l’écriture puis de l’imprimerie auront permis, à chaque fois, une accélération notoire de la technologie disponible pour l’Humanité. En l’espace de quelques minutes, plusieurs questions sont posées sur l’avenir offert par ce développement rapide : allons-nous vers une dictature technologique collectiviste, ou plutôt une nouvelle ère de liberté et de prospérité ? Internet permettra-t-il une centralisation du pouvoir politique ou autorisera-t-il, au contraire, à alléger le carcan de l’état ?
Tout part finalement du constat que l’internet abaisse de façon extraordinaire le coût de l’accès à la connaissance. De la même façon que l’écriture aura permis une transmission fidèle de l’information d’une génération à une autre, l’imprimerie aura permis de reproduire cette information de façon de moins en moins coûteuse, internet aura ajouté à ces deux précédentes innovations la facilité de transport de cette information, en réduisant les facteurs temps et coût dans des proportions si importantes qu’on peut parler d’instantanéité et de gratuité, ou quasiment.
Non seulement, de nos jours, l’information est facile à écrire, elle est facile à lire, à reproduire, mais en plus, elle est très peu coûteuse à transmettre. En donnant à tous la possibilité d’émettre et non plus seulement de recevoir l’information, elle modifie de façon fondamentale le rapport de la société à sa hiérarchie. En réaction, on comprend dès lors pourquoi le pouvoir politique cherche à contrôler ce canal. D’après Marco Ricca, cependant, l’histoire montre que cette bataille est, à terme, perdue : le chat est sorti du sac et il apparaît bien difficile de museler internet a posteriori, sur le long terme.
À ce titre, on pourra apprécier sa formulation fort juste (vers 9’20) concernant les lois de restriction type ACTA, HADOPI et autre PIPA, du débat qui anime actuellement les sociétés de l’information :
« Est-ce le rôle de des Etats d’imposer une rareté artificielle sur les idées ? Et si oui, quels moyens doivent-ils mettre en œuvre pour défendre ce monopole sur les idées dont seuls certains pourront bénéficier ? »
Il est aussi plaisant de constater son analyse du consensus, notamment celui qui se dégage mollement de tous les organes de presse issus du siècle précédent. Ainsi, vers 11:30, il évoque la question du monopole de la monnaie, et note qu’aucun média traditionnel n’explique clairement qu’un banquier central est en réalité un planificateur central, chose qu’on peut lire en revanche facilement sur internet.
Cet interview a le mérite de balayer un certain nombre de sujet sans langue de bois et de laisser la parole à autre chose qu’un expert auto-proclamé comme on en trouve des brouettées sur les plateaux télés des grandes chaînes traditionnelles.
Il apparaît ainsi que les personnes qui utilisent internet et les technologies de l’information tous les jours, en vivent et en tirent des bénéfices directs et indirects sont relativement unanimes. Les tentatives gouvernementales, d’où qu’elles viennent, de contrôler l’information, sont vouées à l’échec, et les changements induits dans la société ne sont pas seulement des changements de moyens, mais bien de nature même : internet apporte la symétrie dans l’échange d’information et cette symétrie change en profondeur la façon dont toute la société sera amenée à s’organiser.
Je terminerai en illustrant ce dernier paragraphe par les récents développement de l’affaire CISPA qui montre à quel point les gouvernements veulent en découdre avec l’internet, et ce, même pour ceux qui se parent d’une vertu démocratique de plus en plus diaphane.
CISPA, c’est cette nouvelle loi actuellement en discussion au Sénat américain, qui vient s’enquiller doucement à la suite des lois SOPA et PIPA, et qui avaient déclenché un tollé sur internet tant le risque pour la liberté d’expression était grand. Contrepoints a d’ailleurs relaté les aventures de ce nouvel avatar du contrôle gouvernemental.
Pour l’un des pères fondateurs d’internet, Tim Berners-Lee, cette tentative est essentiellement gouvernée par la peur et revient à protéger un modèle économique dépassé. Par extension, on comprendra qu’avec le modèle économique s’accroche un modèle politique qui est, lui aussi, dépassé ; la façon dont ont été gérés les résultats en sortie des urnes et l’enquiquinement maladif que semblait représenter des fuites avant 20H en dit en réalité assez long sur le décalage abyssal entre les lois régulant l’information et les technologies qui la transmettent…
Les années qui viennent s’annoncent fertiles en changements profonds, préparez-vous y. Mais surtout, regardez ceux qui ne veulent pas s’y adapter : ce n’est pas tous les jours qu’on voit s’achever le règne de dinosaures.
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Sur le web
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A lire : Comment internet va changer le monde ? – Quelques éléments de réflexions sur internet alors que la loi CISP… http://t.co/473cwn57
Comment internet va changer le monde ?: Quelques éléments de réflexions sur internet alors que la loi CISPA défr… http://t.co/hKKGgKb7
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