L’économie du bon sens (2) : La Valeur Ajoutée, concept clé de l’économie

Quel est le processus central de toute « vie économique », quel que soit le type de société dans lequel nous vivons

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L’économie du bon sens (2) : La Valeur Ajoutée, concept clé de l’économie

Publié le 3 mai 2012
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Dans le premier épisode de cette série intitulée « l’économie du bon sens », nous nous sommes contentés de définir pourquoi il fallait se préoccuper de l’économie, et pourquoi l’importance du fait économique ne pouvait être niée. Voyons maintenant quel est le processus central de toute « vie économique », quel que soit le type de société dans lequel nous vivons.

Par Vincent Bénard.

Chaque transformation doit ajouter de la valeur

Vous n’achèteriez pas un quintal de blé brut : qu’en feriez vous ? Par contre, si quelqu’un sait transformer ce blé en pain, vous êtres prêts à l’acheter. En transformant le blé en pain, de « l’inutilisable » en « consommable », comme nous l’avons vu dans l’épisode 1, de la VALEUR a été CRÉÉE.

Ont participé à cette création de valeur, de façon simplifiée : l’agriculteur qui a fait pousser le blé et l’a récolté, le transporteur qui l’a apporté à la minoterie, le minotier qui en a fait de la farine, le transporteur qui a livré cette farine chez le boulanger, qui lui-même en a fait du pain, et l’a distribué, vous permettant de l’acquérir.

La réalité est un peu plus complexe : le fournisseur du four à pain, de l’eau permettant de façonner la pâte, et bien d’autre, ont eux-mêmes participé à cette chaîne de création de valeur. Mais restons simples.

Entre le blé brut (valeur zéro du point de vue du consommateur final), et la baguette (un poil en dessous de 1 Euro chez le boulanger en bas de chez moi), 1 Euro de valeur a été créé (nous verrons bien plus tard le problème de l’unité de mesure). Chaque intermédiaire entre le blé et le pain dans votre assiette a AJOUTÉ un peu de valeur à l’étape précédente.

Et donc, la base de l’utilité de toute « entreprise » humaine, au sens large, est sa capacité à AJOUTER une partie de la valeur entre ressource brute et produit consommable.

C’est cette valeur que chaque entreprise ajoute qui lui permet de faire vivre tous ceux qui participent à cette création : les salariés qui apportent leur force de travail et leurs savoir-faire, et ceux qui apportent le financement nécessaire à acheter les locaux et outils permettant aux salariés de produire.

Le voyage de la Valeur Ajoutée

Dans l’exemple français, voyons ce que la création de valeur ajoutée par une entreprise permet de financer, en trois étapes. Naturellement, à l’étranger, les taxes (en rouge) ne sont pas forcément les mêmes, mais le principe général n’est pas différent. Visualisons le (fabuleux ?) voyage de la valeur ajoutée dans l’entreprise :

La valeur ajoutée brute alimente donc quatre piliers indispensables de la création de valeur :

  • La rémunération de la force de travail des salariés,
  • L’outil de production, qu’il faut bien financer et maintenir à niveau,
  • Les intérêts versés aux banques et autres prêteurs, qui sans eux, ne prêteraient pas,
  • Les dividendes versées aux actionnaires, qui sans cet espoir de rémunération, n’investiraient pas.

Et, ne l’oublions pas, le cinquième pilier  :

  • Le Fisc, sur lequel nous reviendrons un autre jour.

Le « Bénéfice », ou « valeur ajoutée ultime » : gage de pérennité

À son tour, chaque récepteur d’une partie de la valeur ajoutée refait circuler cette valeur vers d’autres échanges. Et c’est ainsi que tourne « l’économie ».

Bref, TOUT REVENU découle d’une création de valeur ajoutée brute à un moment donné. Pas de création de valeur ajoutée, pas de revenu !

Pour que cette création de valeur Brute soit PÉRENNE, il faut que lorsque tous les fournisseurs de ressources ont été rémunérés, ainsi que le fisc (qui est un fournisseur de ressources au statut particulier), il y ait « bénéfice », que j’appelle aussi création de « Valeur Ajoutée Ultime » (terme personnel que vous ne trouverez dans aucun manuel d’éco), pour bien montrer que c’est ce qui reste quand absolument tout le reste a été payé.

S’il n’y a pas de bénéfice ?

Certains économistes, héritiers de Karl Marx, critiquent la recherche du profit par les entreprises, pour les actionnaires, recherche qui mettrait trop de pression sur les salariés, entraînerait des licenciements, etc.

S’il n’y a pas de bénéfice, il faut quand même payer les salaires (contractuels), ou licencier. Il faut payer les créanciers (contractuel), et le fisc ne fait généralement aucun cadeau (loi). On voit donc qu’en cas de perte, c’est d’abord l’argent qui sert à améliorer l’outil de production qui se tarit. Et sans un outil de production au bon niveau, tôt ou tard, l’entreprise ne peut plus produire dans de bonnes conditions, et doit licencier.

L’absence de bénéfice est donc une menace sur la pérennité de la valeur ajoutée. Tout ceux qui critiquent le profit ne comprennent pas qu’il n’y a pas de création de valeur durable sans profit. Autrement dit, « pas de développement durable sans profit » ! Les forts-en-maths diront que « le profit est une condition nécessaire – mais pas suffisante – du développement durable ».

Valeur Ajoutée et fiscalité

De ce qui précède, il résulte que tout impôt est prélevé grâce à la création de valeur ajoutée. Parfois, directement (la TVA), souvent, en aval, lors des différentes étapes du voyage de la valeur ajoutée dans l’entreprise (cf tableau ci-dessus), voire encore, après que l’argent soit sorti de l’entreprise, en taxant les revenus des individus.

À ce sujet, certains débats pour savoir s’il vaut mieux prélever des charges sur les salaires ou augmenter la TVA sont surréalistes : un simple coup d’œil sur le tableau ci-dessus montre qu’il ne s’agit que de déplacer le « moment » de la taxation de la valeur ajoutée au fur et à mesure de son voyage dans les comptes de l’entreprise. Le problème n’est pas le moment où on plume le canard, c’est la quantité de plumes retirées !

Bref, sans la valeur ajoutée créée par les entrepreneurs, pas de rentrées fiscales ! Et sans profits sains et récurrents pour les entreprises, à terme, c’est donc aussi l’État qui mord la poussière.

En résumé :

– Tout revenu individuel provient de la capacité des entreprises* à créer de la valeur ajoutée.

– Toute ressource encaissée par l’État provient de cette même capacité des entreprises à créer de la valeur ajoutée.

– Pour que cette création soit pérenne, la « valeur ajoutée ultime » doit être positive, il doit y avoir bénéfice.

– En politique, la question essentielle est de savoir quel système légal et institutionnel est à même de permettre la plus grande création de valeur ajoutée, et sa répartition la plus satisfaisante.

– Un système politique qui nierait le droit de faire des profits se condamnerait à tarir la création de valeur.

—-
Sur le web.

Tous les épisodes suivants de « l’économie du bon sens », que j’écrirai « au fil de l’eau » en fonction de mon humeur, feront peu ou prou référence à celui-ci : la création de valeur ajoutée. Parce que c’est là que tout commence.

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  • Bon document. Juste une remarque : il conviendrait d’abandonner le mensonge du salaire « différé » repris dans le tableau. Les cotisations ne sont pas un salaire différé mais servent à financer la consommation d’autres personnes : ces cotisations sont instantanément et irrémédiablement détruites. Un salaire différé ne peut être qu’un salaire versé directement à chaque individu sur un compte d’épargne qui lui appartient en propre et que nul ne peut lui contester. La fameux salaire « différé » des retraites par répartition forcée ou de la sécu monopolistique est un faux droit.

  • Je suis d’accord avec bubulle.
    Mais je ferai aussi une autre remarque importante : le tableau ci-dessus omet d’évoquer une chose très importante : l’Impôt sur les Sociétés.

    • @Stephane : très juste. Voilà ce que c’est que de pondre entre minuit et deux heures du matin, en corrigeant, copiant, collant, en dormant presque sur le clavier. Je vais tacher de faire corriger.

  • Votre remarque personnelle déclarant « surréaliste » le débat sur le prélèvement par la TVA ou le prélèvement par les charges sur les salaires est un peu rapide. Certes le montant (la quantité de plumes retirées) reste crucial, mais le moment du prélèvement (le moment où l’on retire les plumes) est tout aussi important, notamment parce qu’il permet de financer le besoin en fond de roulement, cauchemar de toute entreprise en création ou en difficulté. Le « débat » est loin d’être « surréaliste », il est au contraire tout à fait important.

  • Il est préférable d’augmenter la TVA que de prélever des charges sur les salaires puisque ces charges ne sont pas prélevées sur les produits importés ce qui rétablirait une concurrence plus loyale avec les entreprises de pays où les charges sont inférieures ou n’existent pas.
    Toutefois il n’est pas besoin d’augmenter spécialement la TVA mais de l’affiner en créant plusieurs taux dont le taux 0 et un taux de 30 à 35% pour les produits de luxe car la TVA contrairement aux autres impôts est neutre pour l’économie. La suppression des autres impôts nocifs pour l’économie entraînera l’effet multiplicateur et une accelération des transactions par le pouvoir d’achat libéré ce qui maintiendra ou plutôt augmentera le montant des recettes de l’Etat. Puisque le but n’est pas de donner plus de moyens à l’Etat ,il sera possible de revoir les taux de TVA à la baisse pour maintenir une croissance de la production.

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