Humiliés par des sondages leur accordant moins de 20% des suffrages, les socialistes grecs n’ont pas d’autre choix que de faire leur aggiornamento.
Par Stéphane Montabert, depuis Renens, Suisse.
Ce n’est pas en France, où toute l’attention est captée par le débat entre socialiste de gauche et socialiste de droite, où les deux compères rivalisent d’inventivité pour ne pas entrer en matière sur la réduction de la dépense publique.
Ce n’est pas en Suisse, où le président du Parti Socialiste local livre ses fantasmes de cauchemars thatchériens aux antipodes de la réalité.
Non, contre toute attente, c’est en Grèce que survient ce petit miracle:
À une semaine des élections législatives, le parti au pouvoir en Grèce, le Pasok, a dévoilé son programme économique. Il y promet des réformes sur la libéralisation de professions plutôt que des hausses d’impôt.
Le Pasok, c’est-à-dire le parti socialiste grec.
Humiliés par des sondages leur accordant moins de 20% des suffrages, les socialistes n’ont pas d’autre choix que de faire leur aggiornamento. Leur retour sur le devant de la scène politique ne passera plus par la défense des privilèges éhontés de leurs partisans enkystés dans le secteur public, mais par une restauration de la balance économique du pays. Et celle-ci ne viendra pas de nouveaux prélèvements – l’impôt tue l’impôt – mais bien par une libération de la croissance.
Celle-ci passe par la création de richesse ; et pour qu’il y ait création de richesse, il faut deux choses :
- La liberté d’entreprendre, c’est-à-dire la possibilité d’essayer de nouvelles méthodes de travail et de service, quelque chose qui n’est pas possible lorsque l’activité économique est sclérosée par des normes bureaucratiques et verrouillée par des professions réglementées.
- La sécurité juridique, c’est-à-dire la certitude que les fruits du travail de chacun ne seront pas dérobés du jour au lendemain à travers une nouvelle spoliation légale décrétée par un gouvernement avide. Personne n’essaiera de créer durablement de la richesse s’il pense que l’État – qui n’assume pas le moindre risque entrepreneurial – prévoie de s’accaparer ses bénéfices quelques mois plus tard.
Les socialistes grecs viendraient-ils de comprendre cela ? C’est fort possible. Le discours de leur nouveau chef de file, Evangelos Venizelos, ne laisse guère planer l’ambiguïté à ce sujet:
(…) nous vous assurons qu’aucun nouvel impôt ne sera décrété. Tout au contraire, nous nous concentrerons sur des réformes structurelles de manière à avoir un État moins volumineux et moins coûteux, à ouvrir des professions et des marchés et à permettre à chacun d’accéder librement aux activités économiques et de production.
C’est incroyable d’entendre de tels propos de la part d’un chef de parti socialiste ! Un État moins volumineux et moins coûteux ? Nos étatistes locaux pourraient en prendre de la graine !
Évidemment, on peut se poser la question de la sincérité du discours. Le Pasok est au coude-à-coude avec la Nouvelle Démocratie d’Antonis Samaras, qui a promis de son côté de réduire les impôts et d’augmenter les dépenses sociales. La Grèce est en campagne électorale, et dans ce genre de période il n’est pas rare que les candidats fassent dans la surenchère. Malgré tout, dans les mots sinon dans les actes, le ton a changé : les socialistes grecs semblent bel et bien revenus de leurs promesses traditionnelles.
En Grèce, même le parti socialiste officiel ne milite plus pour davantage d’État, plus de fonctionnaires, plus de rentes de situation, plus de règlementation et plus de redistribution.
La Grèce étant quelque peu à court de richesses à redistribuer, le changement de cap est peut-être simplement marqué du sceau du réalisme. Ce revirement n’est pas sans évoquer la sentence légèrement cynique du philosophe David Hull : « la règle que les êtres humains semblent suivre est de ne s’adonner à la pensée rationnelle que quand tout le reste a échoué – et parfois, cela n’y suffit même pas. »
La nouvelle orientation du Pasok est sympathique ; dommage qu’il ait fallu la faillite du régime socio-démocrate grec pour voir reparaître le bon sens. Mais la remise en question pourrait arriver trop tard. On ne saura en effet qu’après les élections ce que valent ces garanties, et surtout, quel discours aura réellement séduit le peuple grec.
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Sur le web.
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Avec un programme économique aussi désastreux de dépenses publiques tous azimuts, d’endettement massif de l’État, de clientélisme socialiste sans frein, de contrôle forcené de l’État sur l’économie, une explosion du nombre des fonctionnaires, etc. rien d’étonnant à ce que le PASOK se soit fais jeter du gouvernement par la population et que les sondages leurs accordent seulement entre 10 et 20%.
Le vrai paradoxe c’est un UDC libéral. Quand on sait à quel point ce parti se bat depuis toujours pour des lourdes intervention étatiques comme le subventionnement de l’agriculture, du sport et du complexe militaro-industriel. Et bien sûr, le sauvetage d’UBS. Sur le plan « sociétal » l’UDC est encore plus anti-libéral: famille, orientation sexuelle, religion, etc. tout ça pour l’UDC regarde l’Etat et pas le citoyen. Entre protectionnisme, interventionnisme et nationalisme mesquin, ou est la pensée libérale à l’UDC?