L’importance des élections grecques

Les élections en Grèce ont peu de chance d’apporter des réponses concrètes aux problèmes actuels du pays. Mais elles sont déterminantes car leur issue pourraient encore aggraver la situation des Grecs et avoir des conséquences importantes pour la stabilité de l’eurozone.

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L’importance des élections grecques

Publié le 6 mai 2012
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Les élections en Grèce ont peu de chance d’apporter des réponses concrètes aux problèmes actuels du pays. Mais elles sont déterminantes car leur issue pourraient encore aggraver la situation des Grecs et avoir des conséquences importantes pour la stabilité de l’eurozone.

Un article d’Open Europe.

Les élections grecques ont également lieu aujourd’hui. Une grande partie de l’attention (y compris la nôtre) a porté sur l’élection française, peut-être à juste titre étant donné les effets possibles sur l’axe franco-allemand et sur les politiques d’austérité face à la crise de la zone euro. Le manque d’attention portée à la Grèce devrait se réduire – une forte lassitude s’est installée suite au début d’année intense avec la restructuration de la dette grecque, ou par le fait que, avec un plan de sauvetage et la mise en place d’un programme strict, les marges de manœuvre du nouveau gouvernement sont sévèrement limitées. Cela dit, les élections grecques pourraient bien être aussi déterminantes.

En dépit de la hausse réelle des partis marginaux et le discours fort de Nouvelle Démocratie (ND) [NdT : le parti conservateur grec], une coalition entre le Pasok [NdT : le parti socialiste grec] et la ND semble être le résultat le plus probable. Ensemble, ces partis peuvent gagner environ 35%-40% des voix. Le plus grand parti (qui pourrait être la ND) recevra un supplément de 50 sièges selon les règles électorales grecques, ce qui signifie que la coalition pourrait être le plus grand groupe parlementaire et s’approcher de la majorité. Cette position pourrait être facilitée par le fait que tous les autres partis sont assez dispersés et ont peu de chances de former une opposition cohérente.

Cependant, même si cette coalition prend forme, plusieurs scénarios restent possibles :

1) Une coalition stable – La ND et le Pasok parviennent à obtenir et à maintenir une majorité parlementaire. Ils peuvent s’efforcer de mettre en œuvre le plan de sauvetage du FMI et de l’UE. Toutefois, certains parlent de renégocier des éléments du programme, en particulier en vue de stimuler la croissance. S’il y a un groupe capable d’obtenir des succès sur cet aspect, c’est bien cette coalition qui bénéficie d’une certaine expérience et de compétences en matière de négociation avec le FMI et l’UE.

Conséquences pour la zone euro : Ce retour à une certaine stabilité pourrait être positif pour les marchés et l’eurozone à court terme. Mais en fin de compte, cela ne fera pas beaucoup de différence puisque la dette grecque restera insoutenable et l’application des réformes nécessaires sera un énorme défi sur le terrain, même poussées par le parlement. Il y aura moins de chances que les financements externes soient coupés de sitôt, puisque le gouvernement aura au moins essayé de respecter le programme.

2) La coalition se décompose, de nouvelles élections sont nécessaires, la ND remporte une majorité – La coalition ne parvient pas à obtenir une majorité absolue au Parlement (peut-être en raison d’une défection du Pasok après que l’accord soit conclu) ou échoue après un temps très court à cause du manque de cohésion entre les partis (surtout si Antonis Samaras, le leader de la ND, sent qu’il pourrait obtenir une majorité pleine avec de nouvelles élections). Les élections retardent la mise en œuvre du programme du FMI et de l’UE, mais une fois le gouvernement ND arrivé au pouvoir, la mise en œuvre se poursuit, même si les appels au déploiement de politiques de croissance se font plus forts.

Conséquences pour la zone euro : En fin de compte, tout dépend de la durée de la coalition et des politiques proposées par la ND pour obtenir la majorité lors d’une nouvelle élection (notamment s’il y a une désillusion croissante avec le plan d’austérité du FMI et de l’UE). Il est peu probable que la ND fasse pression pour sortir de l’euro ou cherche à renégocier entièrement le programme du FMI et de l’UE. Cela ne fera que compliquer davantage les problèmes inhérents à la mise en œuvre du plan (mentionné ci-dessus et couvert en détail ici). Le renouvellement de la classe politique entre les élections pourrait prendre du temps. Tout retard dans l’application du programme réduirait son efficacité et ne ferait que tendre les relations avec l’Union européenne ou le FMI.

3) La coalition se décompose, de nouvelles élections ne parviennent pas à offrir de remplacement convenable conduisant à un cycle électoral – Pour les mêmes raisons qu’indiquées précédemment, la coalition échoue, mais cette fois-ci les nouvelles élections ne parviennent pas à offrir un gagnant clair, avec éventuellement des mouvements vers les partis d’extrême gauche et d’extrême droite. Ce qui pourrait probablement déclencher une série de coalitions instables et le renvoi à davantage d’élections. Une fois ce cycle commencé, il est difficile à briser, en particulier parce que la situation économique du pays ne fait que s’aggraver.

Conséquences pour la zone euro : Ce serait le pire des scénarios. Le plan envisagé par le FMI et l’UE tomberait à l’eau en raison d’un manque de volonté à l’appliquer et de la difficulté à mettre sur pied un gouvernement. Si un cycle d’élections se met en place, cela pourrait nourrir le sentiment anti-euro, même si, pour l’instant, la colère a été dirigée en grande partie contre les plans d’austérité plutôt qu’envers l’adhésion à l’euro en général. Cela pourrait se terminer par la fin des aides financières et la sortie de la Grèce de la zone euro. Une telle menace peut mobiliser encore la population à voter pour un parti unique prenant en charge l’euro au pouvoir.

Au final, une coalition ND-Pasok semble probable, mais il est peu vraisemblable qu’elle soit stable. Il est difficilement envisageable de la voir tenir un mandat complet. Les scénarios les plus probables (1 et 2 ci-dessus) peuvent offrir une certaine accalmie à court terme, mais les problèmes importants de la Grèce feront de nouveau surface à moyen et à long terme. Le plan du FMI et de l’UE paraît toujours irréalisable et ne résoudra pas les problèmes de viabilité de la dette grecque. Il y aura certainement un point de rupture à partir duquel la population grecque cessera son soutien à l’euro. À l’heure actuelle c’est encore assez loin. Ces élections n’offriront certainement pas une réponse définitive aux questions de long terme de la Grèce et il y a encore des chances qu’une issue incertaine puisse encore aggraver sa situation.

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