À lire les derniers résultats des élections qui viennent d’avoir lieu en France et en Grèce, les peuples ne veulent plus de l’austérité. C’en est assez de toutes ces coupes budgétaires sauvages et de la casse du gentil système social qui protégeait la veuve et l’orphelin contre les duretés du monde moderne ! Heureusement, le vent du renouveau souffle sur les pays européens, la froidure de l’hiver recule, et l’austérité va prendre fin ! Youpi !
Mais au fait, en terme d’austérité, de quoi parle-t-on exactement ?
C’est justement pour répondre à cette question qu’une chercheuse de l’institut Mercatus, Veronique de Rugy, s’est penchée sur les chiffres les plus récents disponibles auprès d’Eurostat ; c’est pratique, cette source, puisque les différentes données des pays membres de l’Europe ont été normalisées et peuvent donc être comparées directement.
Et une fois faits les petits calculs (assez simples, du reste), on se rend compte que l’austérité dont on parle n’est pas exactement visible dans les coupes budgétaires décriées et honnies par toute une frange de la population, les médias et ceux des politiciens qui ont compris tout l’intérêt électoral à brailler dans le sens du vent …
D’ailleurs, ça se traduit par ce petit graphique qui dit en quelques lignes (qui montent) ce que d’autres tentent de camoufler en de longs paragraphes dans de pénibles journaux :
Notez que les montants sont corrigés de l’inflation, ce qui veut dire que si les courbes montent, c’est bien que les dépenses augmentent plus que l’inflation. Et si on examine un peu ces jolies courbes, on découvre (pas vraiment étonné, mais bon) que la France, l’Itale, l’Espagne … et la Grèce ont vu leurs dépenses augmenter plus que l’inflation sur la période 2000 à 2011. Certes, pour la Grèce, on sent un net tassement après 2009 : le pays s’est franchement calmé, mais ses dépenses n’ont finalement pas changé. Au passage, on s’amusera à constater que le pays qui caracole en tête tant en volume qu’en croissance est l’Etat français, maintenant dans les mains du frétillant Hollande.
Décidément, l’austérité telle qu’elle nous est contée par certains a bien du mal à se retrouver dans les chiffres. La froide réalité est que les gouvernements n’ont absolument pas arrêté de dépenser, et qu’ils ont augmenté leurs dépenses plus vite même que ce que l’inflation permettait. Autrement dit : non seulement, nous n’avons jamais commencé à tester l’austérité, mais en plus, on a fait exactement le contraire.
Il faut dire que la simple évocation d’un budget rigoureux entraîne un vent d’effroi chez les parlementaires, les fonctionnaires et les syndicats qui dépendent de façon vitale du flot ininterrompu de bon argent gratuit vers leurs poches et celles de leurs subsidiés. La rigueur, l’austérité, ce n’est absolument pas câlin. Et comme l’a rappelé Aubry le soir même de l’intronisation de la spécialité fromagère comme président des Français, il faut maintenant une société plus douce, apaisée, qui fasse donc table rase des principes méchants de frugalité et de dureté que le précédent président incarnait selon elle.
Si l’on ajoute à ces petites phrases post-électorales l’ambiance générale festive et plus très à la rigueur en Grèce, avec des morceaux de communisme et de nazisme entier dedans (mmh, onctueux !) , on comprendra que les prochaines phases économiques ne seront pas placées sous le signe des économies et des budgets taillés au cordeau.
Et l’étonnement (relatif, comme je l’ai dit plus haut) continue si l’on regarde les politiques économiques prônées par nos sobres sociaux-démocrates, à commencer par Hollande et sa clique de parasites mous. En préconisant la voie du milieu qui consiste à baisser un petit peu les dépenses et à augmenter de façon bien soutenue toute une flopée de taxes en parallèle, nos clowns à roulettes vont implémenter une recette dont les ingrédients sont rapidement indigestes et dont le résultat a été prouvé désastreux par les économistes : baisser un chouilla les dépenses et assommer le contribuable et les entreprises de taxes et d’impôts, ça ne marche pas, et ça empire même la situation !
À présent, devant ces faits, il serait bon que certains arrêtent de feindre la surprise devant ce qui se passe en Europe : le délitement progressif de la zone euro n’a rien à voir avec les coupes budgétaires, inexistantes, mais est la conséquence directe des dépenses gouvernementales absolument hors de contrôle, et de l’absence de toute remise en question de ces dépenses. Aucun effort réel n’a été fait, et aucun en tout cas qui ne fut pas immédiatement suivi d’une pluie de taxes et impôts catastrophiques. Et surtout, il serait plus que temps qu’on arrête de parler de « budget d’austérité » là où on ne voit qu’un budget glouton et complètement déséquilibré.
On peut en tout cas être inquiet : comme le montre la Grèce, la situation peut se dégrader assez vite. Et, pour en revenir au cas spécifique de la France, un budget équilibré veut dire trouver pas loin d’une centaine de milliard d’euros supplémentaires pour le boucler, ou, inversement, couper d’un tiers les dépenses de l’État (et ceci permet de simplement équilibrer le budget, hein, pas de dégager la moindre marge de manoeuvre). L’effroi n’a pas fini de s’emparer de certains.
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Sur le web
RT @Contrepoints: L’austérité ? Quelle austérité ? http://t.co/9eSyYNEI
En grèce, c’est surtout le poids de la dette qui a continué d’exploser…
Parce que, diviser par 2 le salaire des fonctionnaires, les retraites, ne plus payer le chauffage dans les écoles etc… Si ça c’est pas de l’austérité, je sais pas ce qu’il vous faut.
La dépense publique n’y a fait qu’augmenter. C’est démontré.
diviser par 2 le salaire des fonctionnaires, les retraites, le chauffage des écloes et gros blabla, si cela reste financé à crédit, ce n’est pas de l’austérité.
L’austérité, c’est l’équilibre (au minimum) du budget de l’état.
Elle ne se mesure pas à la générosité plus ou moins grande de l’état.
Donner 1 € à un bébé pour se chauffer, même si c’est ridicule, mais si on le l’a pas, ce n’est pas de l’austérité.
Pour être clair, il faut savoir si la charge de la dette est comprise dans la dépense publique reprise dans les graphes. On peut avoir une situation où les dépenses diminuent, mais moins vite que l’augmentation de la charge de la dette provoquée par la montée des taux. C’est ce que semble dire Inso.
Maintenant, cette question ne se pose pas pour la France ou le UK dont les taux n’ont pas grimpé comme ceux de la Grèce, de l’Espagne ou de l’Italie, en tout cas pour l’instant.
Pour la Grèce il est vrai que l’austérité ne peut pas suffire, le défaut (au moins partiel) est inévitable. Mais cela implique… que l’État grec n’aura tout simplement plus accès au crédit, et devra donc mettre fin immédiatement au déficit public primaire. Et ce sera autrement douloureux.
Austérité prends garde!
Flamby le flambeur arrive
Quelle austérité ? Il n’y a jamais eu d’austérité avec nabot, et ça sera pareil avec flamby.
RT @Contrepoints: L’austérité ? Quelle austérité ? http://t.co/9eSyYNEI
Pour avoir été récemment en Grèce, l’austérité est bien présente. En tout cas de ce que j’ai pu en voir et de ce que j’ai pu entendre dans les discussions que j’ai eu avec des Grecs, eux la ressentent bien l’austérité (les classes moyennes en particulier).
Il faudrait étudier l’évolution du solde primaire budgétaire et je suis sûr qu’on verrait l’austérité dans le budget grec. Quant au budget français, no comment il n’est victime que de lui-même et en aucun cas de la spéculation des marchés.
@H16 : je fais suite à mon précédent commentaire et à d’autres : la dépense publique inclut-elle ici selon vous les intérêts de la dette ? Si non, pas de souci. Si oui, n’y a-t-il pas un problème d’interprétation pour certains pays (Grèce, Espagne, …) ?
Le détail du calcul est directement disponible dans l’article dont le lien est donné (fichier excel, sources Eurostat, tout). Ca permet de se faire une idée du sérieux des calculs menés.
Darley,
Bonne remarque effectivement.
Pour la Grèce, j’ai regardé de près : si on n’inclut pas le service de la dette, le budget de l’Etat grec a diminué donc il y a bien eu austérité.
Mais à cause d’un niveau d’endettement astronomique, une bonne part des dépenses publiques va au paiement des intérêts de la dette et donc les Grecs ont droit à l’austérité et… à une hausse du budget de l’Etat !
Pour la France, on devrait être un peu dans ce cas, surtout si (devrais-je dire « quand ») les taux d’intérêts de la dette de l’Etat français augmente.
Dans l’article, « Total government expenditures » signifie que les intérêts de la dette sont inclus dans le calcul, ce qui ne devrait poser aucun problème d’interprétation. Les dettes publiques ayant été acquises sans contrainte par des responsables politiques réputés sain d’esprit et élus démocratiquement, elles doivent être intégralement remboursées, y compris les intérêts faisant partie des engagements signés.
A propos de la hausse des taux, les intérêts actuellement payés concernent des dettes anciennes, portant des taux fixés une fois pour toute avant la hausse des taux. Dans le cas de la Grèce, l’aide reçue a permis de supprimer plus des deux tiers des dettes anciennes. La hausse des taux grecs concerne essentiellement le marché de « l’occasion », ie les échanges entre détenteurs de dette grecque. Des taux supérieurs à 20% correspondent à une décote de plus de 50% des titres échangés.
Ayant fait défaut pour de bon en 2010, la Grèce n’accède déjà plus aux marchés, sauf pour quelques contrats à très court terme de montants dérisoires, qui servent à financer les décalages de trésorerie.
Merci bubulle pour cette explication. C’est plus clair!
Dans le cas de la Grèce il y a un autre aspect à prendre en compte : le PIB a diminué de 5 ou 6 points chaque année depuis le début de la crise. Autrement dit il y a un double effort à faire :
1°) répercuter la baisse de la production au niveau de la consommation de chacun
2°) Réduire en plus le déficit et les dépenses publiques.
Apparemment le 1°) a été fait partiellement mais pas le 2°) ce qui peut donner l’impression qu’on est en pleine rigueur alors que d’autres chiffres démontrent le contraire.
On peut remarquer que les dépenses publiques qui ont augmenté ou se sont maintenues en volume n’ont pas du tout pris en compte la baisse de PIB.
Comme quoi, le problème en Grèce n’est pas l’austérité comme le disent les anti-austérités, mais le manque de compétitivité qui s’est perdu durant la décennie précédente, qui a permis de doubler les salaires sans rapport avec la productivité et la correction du niveau de vie crée bien sur une correction au niveau des recettes.
Une remarque qui est également une critique. Contrepoints propose des articles très intéressants de gens intelligents mais ce sont souvent des critiques de la situation actuelles mais sans réelles propositions concrètes. Ca ne s’adresse pas particulièrement à H16 dont les articles sont excellents, très bien écrits et souvent drôles.
Car dire qu’il faut que les états dépensent moins, tout le monde est d’accord là-dessus mais ou faire les coupes budgétaires ? La dessus j’ai pas lu de milliards de proposition.
Je ne sais pas quel est le degré de misère des Grecs mais si j’en juge par ce que l’on lit (je me méfie de la presse comme vous) ça semble pas être la joie. Ou faire des économies quand le peuple a faim et gronde ?
Le but de mon commentaire n’est pas de critiquer ou de faire l’apologie de la dépense. Je souhaite juste lire des arguments applicables rapidement (et je suis prêt à tout lire : sortie de l’euro, retour des grecs dans les champs etc.)
Les propositions de coupes budgétaires, chiffrages à l’appui, il y en a eu, par Contribuables Associés, l’Institut Turgot…
En France, il y a une telle myriade de machins inutiles qu’on peut réduire leur budget à zéro du jour au lendemain sans strictement aucun impact négatif sur la société : la lutte contre la drogue (après l’avoir légalisée), le CSA et autres commissions, les musées, les chambres d’agriculture, le CNRS, les subventions diverses et variées, l’Europe, la moitié des ministères dont de la culture et de l’environnement, 90% des réglementations et tous fonctionnaires chargés de les appliquer… Ensuite, on privatise la sécu, l’éducation nationale, la SNCF… comme on l’a fait pour les télécoms, il suffit de comparer le niveau de service offert par l’ancien monopole avec ce qu’on a maintenant pour avoir une idée du plus apporté aux « usagers ».
On a tellement fait grossir l’Etat que paradoxalement, pour le faire maigrir, il n’y a que l’embarras du choix.
vas faire un tour au conseil général de ton coin et tu comprendras….ça na sera pas difficile de trouver des économies
Mouais…je ne suis pas certain que virer 3 millions de fonctionnaires lundi matin à 8h soit la solution.
« je ne suis pas certain que virer 3 millions de fonctionnaires lundi matin à 8h soit la solution. »
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On n’est pas obligé de les virer Lundi, il y a 7 jours dans la semaine.
Bah oui, tant qu’à faire, dans la rhétorique à 2 balles.
On est d’accord sur la finalité mais comment y arriver ?
Ca fait 40 ans que l’on (enfin vous car je n’habite pas en france) vit au dessus de nos moyens. J’ai du mal à croire que ça va pouvoir changer en 3j. On commence par ou ? C’était le sens de ma question originale.
On vit bel et bien dans un monde keynésien (malheureusement). L’austérité est un terme de « gauche » pour connoter péjorativement une politique anti-keynésienne. Mieux vaudrait parler de « rigueur » ou de « sérieux » dans la gestion. Je ne crois pas que gérer sérieusement ou rigoureusement soit contraire à la croissance et à l’emploi. C’est la politique de la cigale qui finit par poser problème. Prolonger ce type de politiques, alors que la crise en est la résultante, est complètement suicidaire.
ce qui fait que l’Allemagne est un bon élève de cette « rigueur » comme vous l’appelez ou bien n’est-elle qu’un autre suppôt du keynésiannisme bien masqué par les médias ? (réponses avec chiffres à l’appui si possible 😉