Cela fait 40 ans que la relance est permanente par le déficit massif de l’État. Avec quels bilans sinon des centaines de milliards de dette et une austérité qui n’en est que la conséquence inéluctable ?
Par Vladimir Vodarevski.
L’austérité est présentée comme une politique qui fait souffrir inutilement les populations, déjà touchées par la crise. Elle est accusée de ralentir l’économie, et ainsi d’approfondir la crise. A contrario, une politique de relance, comprise comme une injection de liquidités dans l’économie, serait plus « sociale ». Cette politique créerait de l’emploi, et elle permettrait de rembourser l’endettement, car elle créerait de la croissance. Elle éviterait de diminuer la dépense publique, ce qui demande des efforts à la population.
Cependant, la réalité contredit obstinément cette vision des choses depuis quarante ans. En effet, les politiques de relance n’ont jamais donné les résultats espérés, elles ont toujours provoqué l’austérité, et le problème est plutôt de gérer les conséquences des politiques de relance.
Dès les premiers signes de ralentissement de l’expansion d’après guerre, des politiques de relance ont été engagées. La France a connu des relances sous Giscard dans les années 1970, et sous Mitterrand en 1981. Ces politiques n’ont pas relancé l’économie.
Elles ont toutes provoqué la rigueur. Dans les années 1970, il était question de « stop and go » : des politiques expansionnistes suivies de la rigueur pour rétablir les comptes. En France, la relance de 1981 a été suivie d’un formidable plan de rigueur.
Aujourd’hui encore, une crise suit la politique expansionniste menée par les pays occidentaux (cf. Monnaie et finances : de l’orthodoxie à l’expansionnisme). C’est parce que les pays européens étaient en déficit, alors même qu’ils étaient en croissance, qu’ils sont en difficulté aujourd’hui. Ce qui n’empêche pas un pays comme la France de mener actuellement une politique de relance. Tous les pays européens mènent une politique de relance : déficit budgétaire, taux d’intérêt bas, et, même, financement indirect de la dette par la BCE ! Tous les leviers de la relance sont actionnés.
La relance par l’injection de liquidités dans l’économie ne paraît donc pas si « sociale » que le prétendent ses thuriféraires. Au contraire, elle apparaît comme créatrice de crise, et c’est plutôt la politique dite d’austérité, assumée et bien organisée, qui peut améliorer la vie des populations. La relance apparaît comme une fuite en avant, et plus les pays iront dans cette direction, plus la facture sera lourde pour la population. Souvenons nous de 1981.
La relance n’est pas une solution. L’austérité n’est pas une fin en soi. Il convient de réfléchir à un fonctionnement meilleur de l’économie. Et voilà donc que les propositions de réformes structurelles font leur retour. Ces propositions réapparaissent à chaque crise, remettant en question la pensée dominante axée sur la relance. L’expansionnisme monétaire a permis de les éluder ces dernières années. Mais la réalité est têtue.
RT @Contrepoints: L’#austérité, fille de la #relance: http://t.co/OLFAYPqe
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D’accord à 100%!
Belle synthése
J’ai tendance à penser que l’avantage de la politique de relance est qu’elle place la population au centre de l’activité économique. La bonne situation économique de l’Etat n’est pas une fin en soi, tout comme son profit ne l’est. S’il se trouve être un acteur nécessaire et central dans notre système économique aujourd’hui, nous avons trop vite oublié que ce n’est pas l’Etat qui compte, mais bien la population qu’il est censé « protéger ».
Cela dit, il est parfaitement clair que la situation économique de la population est aujourd’hui adossée à celle de l’Etat. C’est peut être là que le système se doit d’évoluer, voire de changer. N’oublions pas que le terme « crise » vient du domaine de la médecine, plus précisément du grec « krinein » qui signifie…discerner. La crise en médecine c’est un symptôme, qui permet d’identifier la maladie. Pour filer la métaphore, ce n’est pas la crise qu’il faut guérir mais plutôt la maladie.