4 élements de stratégie politique pour les libertariens

Comment peser dans un débat politique qui ne les reconnait pas pour les libertariens ? Quelle stratégie adopter ou quels éléments de stratégie suivre ? Quelques éléments de réponse dans cet article !

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4 élements de stratégie politique pour les libertariens

Publié le 17 mai 2012
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Comment peser dans un débat politique qui ne les reconnait pas pour les libertariens ? Quelle stratégie adopter ou quels éléments de stratégie suivre ? Quelques éléments de réponse dans cet article !

Par Pasm, depuis Bruxelles, Belgique.

Ce texte tente de tirer les conséquences pratiques de la réflexion théorique que j’avais esquissé dans un billet précédent : le pouvoir, base du système politique.

L’illusion de la démocratie formelle

Le jour où les libertariens auront une réelle chance de gagner une élection, le gouvernement changera les règles électorales ! N’oublions jamais que l’État n’est pas seulement une grande fiction et une hallucination collective, c’est aussi et surtout un service club où d’innombrables intérêts se coalisent pour obtenir des avantages matériels. Les privilégiés du système ne se laisseront jamais débarquer de façon calme, pacifique et honorable. Les lois, et particulièrement les lois électorales, ont comme unique but de préserver la stabilité du système qui les nourrit. Lorsque cette stabilité sera mise en danger, ils trouveront des nouvelles règles du jeu mieux adaptées à leur intérêt direct.

Pour mémoire, en France, l’instauration de la cinquième république sert, entre autre, à couper court à la poussée poujadiste qui bénéficiait d’un régime presque proportionnel. En Belgique, dans les années 1990, les partis traditionnels déjà confrontés à l’érosion de leur pouvoir par le Vlaams Blok et les écologistes, ferment définitivement les portes du parlement à de futurs challengers en changeant les règles de financement des partis. Prenant prétexte de leur propre corruption, ils interdisent les financements privés et assurent une rente publique aux partis ayant déjà des élus. Dans presque tous les pays du monde, quand un référendum ne donne pas le résultat attendu, on l’annule et on recommence jusqu’à obtenir la réponse souhaitée par le gouvernement. Et sous nos yeux, en Grèce, on voit bien qu’un vote massif contre l’austérité est traité comme un simple incident technique à contourner rapidement afin de maintenir le pouvoir des technocrates européens.

Il est totalement inutile de se demander ce que feraient les libertariens s’ils étaient aujourd’hui au sommet de l’État parce que l’ensemble du système est construit pour s’assurer qu’ils n’y soient pas. Nous pourrions encore convertir F. Hollande au libéralisme le plus radical, presque rien ne changerait en France. Le système est ainsi constitué qu’il ne peut agir dessus qu’à l’aide de politiques socialistes et que l’abandon du socialisme au profit d’un libéralisme bien trempé ne conduira qu’à la perte de son pouvoir personnel. Le premier pas des libertariens vers une action politique passe par la compréhension qu’ils sont nécessairement perdants s’ils suivent les règles définies par le pouvoir actuel. Ils doivent se détacher de la fiction selon laquelle la politique en démocratie est un débat d’idées servant à convaincre des électeurs qui vont leur donner mandat pour mettre en œuvre un programme. La politique restera toujours une affaire de pouvoir et, en démocratie, l’élection ne fait que confirmer un pouvoir qui a été conquis ailleurs d’une façon ou d’une autre.

En nous appuyant sur cette primauté du pouvoir, nous pouvons définir quatre grands axes à toute action politique libertarienne. Les déclinaisons locales se feront évidemment au gré des circonstances avec l’esprit d’opportunisme nécessaire à toute aventure politique.

1. Maintenir sa pureté idéologique

À ce jour, l’idéologie est probablement notre seule arme. Nous ne disposons ni de militants, ni de réseaux, ni de fonds, ni d’expertises particulières qui nous permettraient d’imposer nos priorités ou nos solutions. La seule chose dont nous disposons, c’est de la foi inébranlable d’avoir raison aussi bien au niveau de l’analyse que des valeurs. Nous ne pouvons pas sacrifier notre seul atout sous peine de n’avoir plus rien du tout. Celui qui abandonne sa pureté idéologique sous prétexte de viser un poste quelconque se retrouvera pieds et poings liés au système car il ne disposera plus d’aucun avantage face aux autres participants. Dès que nous sommes aux prises avec le système politique, la pression est forte et systématique pour que nous mettions de l’eau dans notre vin. Nous ne devons jamais y céder. Soit l’autre camp à un intérêt matériel à ce que nous participions au système et c’est à lui de faire un compromis en acceptant de reconnaître la valeur de nos idéaux, soit il n’a aucun intérêt particulier en jeu et il n’offrira rien en retour de notre reniement. Commencer par affaiblir nos positions dans l’espoir d’obtenir la charité d’un politicien, ça revient exclusivement à reconnaître que nous avons tellement peu de pouvoir que nous cédons dès avant le combat.

Nous entendons également souvent dire que telle ou telle option libertarienne aurait aujourd’hui un effet négatif vu l’état de la société et de la population. Et alors, que diable ? Il importe seulement de savoir si cette mesure sera intelligente le jour où les libertariens seront en mesure de l’imposer. On s’en fiche de savoir quelles seraient les conséquences si Hollande la mettait en œuvre, vu que Hollande ne la mettra jamais en œuvre. Nos propositions doivent être claires, explicites et adaptées à un monde où les libertariens représentent une vraie force politique. De toute façon, dans un monde socialiste, nous n’aurons jamais l’occasion de les mettre en œuvre.

2. Acquérir du pouvoir

Comme nous l’avons compris, le pouvoir n’est pas issu de l’État ou des élections. Le jeu politique consiste à fédérer, accumuler, et utiliser le pouvoir, mais chacun porte quelques petites ressources de pouvoir, une place en vue dans une entreprise ou un réseau, une expertise particulière, l’accès à une info stratégique ou simplement quelque argent. La première fonction d’un mouvement politique est de regrouper ces ressources. Il est évidemment impossible à ce niveau de donner des conseils précis, chaque situation étant particulière. Ce sera l’habileté sociale d’une sorte d’entrepreneur politique de repérer ces ressources et de les coaliser. Il y a néanmoins deux points essentiels.

D’abord, il est trop facile d’imputer l’éventuel échec d’un parti libertarien à l’individualisme atavique de ses membres. C’est une excuse qu’on entend fréquemment et qui s’appuie sur l’idée fausse que les partis traditionnels réussissent grâce au dévouement de leurs membres. En réalité, il n’y a pas plus cynique, égoïste et profiteur qu’un politicien ordinaire et les militants libertariens sont des anges d’abnégation et de dévouement à coté d’eux. Si les partis traditionnels restent unis, c’est parce que leurs dirigeants sont capables de gérer des relations de pouvoir et que chacun a quelque chose à gagner dans la relation qui l’unit au parti. Il n’y a pas de différence entre la gestion politique de la cité et la gestion politique d’un parti. N’espérez pas des membres d’un mouvement libertarien qu’ils se dévouent pour la cause. Achetez-les en leur faisant prendre part à une relation mutuellement profitable.

Ensuite, il est une stratégie qui va en rebuter plus d’un mais qui est absolument nécessaire. Par essence, la politique nécessite de tisser des réseaux et l’isolement est une voie sans issue. Le mouvement naturel chez les libertariens est d’aller chercher des contacts chez les hommes politiques les plus libéraux des partis politiques. Mais, à part quelques gratifications symboliques à court terme, que pouvons-nous espérer de gens qui ont un intérêt direct au maintien du système ? En réalité, nos efforts seraient mieux orientés à tisser des liens avec les autres mouvements marginaux qui combattent le système social-démocrate, communistes, fascistes, indignés divers, écologistes radicaux et autres déviants sectaires. Ce sont des gens que nous n’aurions pas envie de recevoir dans notre salon mais qui partagent au moins certains de nos objectifs à court terme et dont la fréquentation peut politiquement nous enrichir. Partout dans le monde, les mouvements de révolte contre les systèmes dictatoriaux sont des coalitions improbables de groupes aux idéologies incompatibles mais qui, par exaspération, finissent par s’unir pour faire tomber le régime. Il y a probablement là un exemple à méditer.

3. Affaiblir la légitimité des gouvernements

Les gouvernements sont avides de légitimité car elle leur permet de consommer moins de ressources dans l’exercice du pouvoir. Si les gens ne payaient pas d’eux-même leurs impôts, les États occidentaux n’auraient sans doute jamais la force nécessaire pour venir les prendre. Partout où l’État jouit d’une légitimité qui lui permet d’obtenir ce qu’il veut sans faire le moindre effort, nous devons essayer de lui rendre la tâche difficile. Il faut que chacune des actions de prédation à laquelle il se livre lui coûte le plus de ressources possibles. Rien ne doit être simple.

Une des façons pour l’État d’assumer sa facilité d’action est de faire intégrer par la population ses propres contraintes de fonctionnement. L’État et ses médias définissent un canevas type du bon citoyen, engagé, consciencieux, raisonnable, respectable et responsable. Sous le vernis de la fausse morale, c’est une prison intellectuelle qui se construit quotidiennement et qui permet d’assurer la docilité du peuple. Il faut faire éclater cette prison pour que chaque relation de l’État avec ses citoyens deviennent un casse-tête insoluble. Dans toutes les affaires publiques, nous devons défendre l’inconscience, l’irresponsabilité et l’incivisme. Appel à l’abstention, au boycott, à la rébellion. Ce n’est pas notre réflexe naturel, mais lors des grèves dans les services publics, nous devons être du coté des grévistes, pas du gouvernement. Un fonctionnaire en grève fait moins de mal au pays qu’un fonctionnaire qui travaille. Et il occupe le gouvernement qui ne sait plus où donner de la tête. Et il plombe les finances publiques. Et il fait râler le peuple. Et au final, par son irresponsabilité même, il délégitimise l’État car il n’y a rien qui plombe plus le respect pour l’État que l’incurie. Chaque fois qu’on soutient et qu’on aide un gouvernement à équilibrer son budget, on lui facilite la vie et on lui offre du bois de rallonge. Ce n’est pas notre intérêt, ce ne peut pas être notre stratégie.

4. Couper les vivres au gouvernement

Nous sommes probablement le seul mouvement politique dont le but n’est pas la prise du pouvoir mais la dissolution de celui-ci. L’illusion légaliste tend à nous faire croire qu’il faut pénétrer dans l’appareil d’État pour parvenir à le contrôler. Mais c’est faux. En réalité, la dissolution du pouvoir nécessite de bloquer l’accès des politiciens aux sources de pouvoir dont ils ont besoin pour maintenir le système. Et cet assèchement des relations de pouvoir peut se faire de l’extérieur. Ce doit probablement être l’objectif premier de tout mouvement constitué. Plutôt que d’essayer de gagner des élections, ce qui est bien mais compliqué, il est plus facile de couper les vivres aux gouvernements.

Un gouvernement a besoin de 4 choses pour faire tourner la machine politique : des hommes, des bureaux, des infos et de l’argent. Ici encore, c’est la particularité des circonstances qui dictera la marche à suivre mais sur chacun de ces points, il faut tenter de le priver des ressources nécessaires. Décourager l’accès à la fonction publique, démotiver les fonctionnaires, les inciter à la grève perpétuelle. Bloquer d’une façon ou d’une autre l’accès à l’infrastructure matérielle. Contaminer les bases de données, mentir dans les enquêtes d’opinion, interdire les recensements. En matière d’information, il y a déjà beaucoup de choses qu’un petit groupe d’informaticiens décidés peut faire sans nécessairement sortir de la légalité.

Et puis, l’argent, le nerf de la guerre civile. Abandonnez l’idée que les gouvernements cherchent à équilibrer les recettes et les dépenses. En réalité, ils prennent tout ce qu’ils peuvent prendre et ils essayent (sans y parvenir) de ne pas gaspiller plus qu’ils n’ont pris. Depuis des décennies, le système progresse par un gros coup de dépenses suivi, au nom de la bonne gestion publique, d’une augmentation des impôts par le gouvernement suivant. Faisons attention à ne pas nous laisser prendre à ce mirage de la bonne gestion publique. Ce n’est qu’un temps d’équilibre nécessaire au mouvement suivant du système vers toujours plus de dépenses. Pour nous, rien ne justifie la moindre augmentation des impôts, tout est prétexte à les baisser. Quant à l’équilibre budgétaire, il n’est pas dans nos préoccupations ! Que les socialistes s’en chargent comme ils veulent. Notre seul objectif doit être l’assèchement des comptes publics.

Enfin, dans la même perspective, il convient que les libertariens se rendent compte de l’opportunité extraordinaire que représente la crise de la dette. Aujourd’hui, il n’est pas un seul État en occident qui pourrait vivre sans avoir accès aux marchés financiers. Ce devrait donc être un objectif prioritaire des libertariens que de les priver de cette source de liquidités. Parvenir à susciter ne serait-ce qu’un débat sur l’annulation de la dette aurait déjà comme effet immédiat une difficulté de refinancement pour nos gouvernements. Privés de l’argent nécessaire à sa gestion ordinaire, c’est tout le système politique qui va se démanteler et se fractionner. Les boucles de rétroactions qui garantissaient la reproduction du système vont se gripper et les privilégiés du régime vont perdre leurs capacités d’action, ouvrant la voie à de vrais challengers et à un changement de régime. La perspective semblera peut-être terrifiante pour les toutous de la République qui, finalement, ne vivent pas si mal dans le système actuel. Mais pour les vrais abolitionnistes, les “button pusher” dont parle Rothbard, l’opportunité est trop belle pour ne pas être exploitée. Haro sur la dette et vive le défaut. Pour une fois que nous avons la possibilité d’attraper l’État par les couilles, serrons le plus fort possible !


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  • A quand la contre-révolution ?

    • N’attends pas! => Do it yourself!

      Crée/développe des systèmes alternatifs soit ta zone autonome digitale ou physique seul ou avec des amis/associés/partenaires/etc.

      C’est en développant de nouveaux systèmes alternatifs que les anciens systèmes disparaîtront.

  • L’incivisme ? oO Étrange.

    Quant à se mettre du côté des fonctionnaires grévistes, pourquoi ?
    1) Ils sont payés même lorsqu’ils font grève.
    2) ce sont rarement les fonctionnaires du fisc ou le législateur qui font grève, mais plus souvent les pompiers, les infirmières, les policiers, les enseignants (donc on paie pour 0 service)
    3) s’ils font grève pour conserver leurs protections… on les aide à scléroser le système.

  • Bigre ! les anars à coté de vous sont des rigolos …

  • Cela me paraît être la bonne voie ! Au lieu de gérer le caca comme les politiciens « normaux », on préfère nettoyer l’écurie…

  • Les pistes sont intéressantes.

    Pour moi aussi le déséquilibre du système est la seule action politique qui ne me dégoute pas. Toutefois, si d’aventure le système s’effondrait, même les libéraux n’y seraient pas préparés. Sortir du système fait peur. Critiquer l’étatisme est plus facile lorsqu’on se sent en sécurité bien protégé par les administrations étatiques.

    En conséquence, si un beau jour le système s’effondrait, tout le monde se demanderait : « Quel nouveau système va-t-on mettre en place ? » ; personne ne se demanderait : « Comment empêcher qu’un nouveau système envahisse nos vies à la place de l’ancien ? »

    J’ajouterais bien un axe : « Envisager l’effondrement du système ». L’un des volets est la définition d’une liste finie (même longue) des domaines où l’État pourrait être amené à intervenir, à graver dans la constitution.

    • Slt @L’Affreux

      « Pour moi aussi le déséquilibre du système est la seule action politique qui ne me dégoute pas. »

      Oublies un instant le système actuel et penses, imagines, un système dans lequel tu as envie de vivre. Cela te permettra d’orienter tes actions vers du concret qui t’épanoui.

      « Toutefois, si d’aventure le système s’effondrait, même les libéraux n’y seraient pas préparés. »

      Ralala les étiquettes commences déjà par arrêter de les employer. Penses en tant qu’individu et voient les autres aussi comme des individus.

      « Sortir du système fait peur. Critiquer l’étatisme est plus facile lorsqu’on se sent en sécurité bien protégé par les administrations étatiques. »

      Pour sortir du cadre il faut apprendre à désapprendre. Développer l’éveil, la curiosité, le sens de l’écoute, observer, respecter, etc à partir de là on peut commencer à élaborer d’autres systèmes sans peurs, freins, barrières. L’Etat n’est qu’un concept, un système. Un autre système va lui succèder à un moment ou à un autre mais seulement lorsque les individus auront pris conscience de ce qu’est un gouvernement. A ce sujet jettes un oeil à cette vidéo : http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=6gCFBMoLtkY et n’hésites pas à la faire tourner autour de toi, elle peut réveiller certains esprits.

      • @snapshot. La deuxième personne du singulier ne prend pas de « s » à l’impératif. Vous aimez donner des conseils aux uns et aux autres. Vous ne connaissez pas vos interlocuteurs et vous dites beaucoup de bêtises.

  • Si garder votre pureté idéologique vous permettra surement de garder votre place dans le cercle des libertariens, je ne vois pas comment la désorganisation méthodique de l’Etat pourra disperser favorablement vos idées dans le reste de la population. In fine, vous serez rapidement identifiés comme marginaux et traités comme tels, sans pouvoir réel, à l’instar des extrémistes de Greenpeace ou autre …

    Vous feriez mieux de suivre le conseil de Frédéric Bastiat : « Je pense que détruire une erreur, c’est édifier la vérité contraire. »

    Eh bien faites. Mais ça nécessitera surement de voter avec vos pieds ( ça, c’est Friedman). Les gens ne sont pas fous … ils font ce qui marche, si ça marche réellement. Le problème de votre idéologie, c’est que personne ne voit comment ça pourrait marcher en vrai ( et ce quelque soient les imperfections de l’état providence … ça n’est pas la question )

    Aux US, ils ont lancé le Free State Project. Sans parler de traverser l’Atlantique, il est surement possible de faire quelque chose du genre à l’échelle locale.

    • Slt @FabriceM

      Je pense déjà aussi qu’il faut cesser d’être dogmatique. Dans tout courant de pensée, philosophie il y a du bon à prendre.

      Pour bâtir un nouveau système il faut s’appuyer non pas sur un courant de pensée mais plusieurs ! Et il faut cesser de penser à un système central mais un ensemble de systèmes et sous-systèmes autonomes distribués et décentralisés.

    • Seuls les principes juridiques libéraux, et l’ordre économique qui en résulte, pourront faire le consensus, pourvu que la génération du droit soit spontanée et non point le fait d’un pouvoir central.

      Bruno Leoni a montré comment le droit privé était le fait d’une génération spontanée, le juriste prenant acte du droit qui se forme de lui-même, par l’entremise d’un processus où chacun soumet autrui à certaines restrictions de comportement pour autant qu’il en fait de même lui-même. C’est ainsi que les individus en viennent à s’accorder sur la protection du droit de chacun d’user de sa vie et de sa propriété privée comme il l’entend, pourvu qu’il n’agresse pas autrui en sa personne ou en sa propriété; et ce, malgré le fait que les uns et les autres aimeraient bien redéfinir les règles de droit privé en sorte qu’elles légitiment la spoliation d’autrui. Le consensus l’emporte sur les volontés disharmoniques. Et c’est ce qui se passera dans une société anarcho-capitaliste.

      Mais il faut déblayer le terrain; et la mesure primordiale à prendre, à mon humble sens, c’est l’indépendance complète du pouvoir judiciaire. Le droit privé doit être rendu à sa génération spontanée. Alors, il n’y aura plus de redéfinition du droit privé par l’Etat pour plaire à tel ou tel groupe de pression, soucieux de s’arroger des privilèges juridiques. Une vertu de la génération spontanée du droit, c’est que le consensus autour du rejet de la spoliation l’emporte inévitablement sur l’effort des uns et des autres pour légitimer la spoliation par l’entremise des règles de droit.

  • de toute façon, qu’on le veuille ou non, le système n’est pas viable et va mourir de manière sanglante
    le fait même que les lois de finances ne parviennent plus à trouver l’équilibre budgétaire est symptomatique
    que des prévisions démontrant un équilibre s’avèrent à posteriori fausses et illustrent un déficit, ça n’est pas spécialement anormal même si ce n’est pas très louable, mais que des prévisions envisagent des déficits, là c’est carrément alarmant
    bref la chute de ce système antilibéral est inévitable, et je pense que promouvoir les idées libérales tout en cherchant à accélerer la chute est possible

  • Sur l’alliance avec les enragés antisystèmes des autres bords, ma question est: quid de la phase suivante ? Je m’explique. Quand le régime tombe, tous les excités d’opposition sont ensemble, puis commence alors la vraie lutte pour savoir qui prend le pouvoir.

    Or, qui le prend? Robespierre, Lénine, Khomeini. Les plus salauds, les moins scrupuleux, les plus cruels. Ceux qui « ne font pas d’omelette sans casser des oeufs ». La vocation des libertariens, dans cette phase là, est de se faire trucider (ou de cesser d’être libertariens).

    Ou encore: le dilemme du libertarien devient, dans la deuxièmes phase: soit rester libertarien, respecter le droit des individus, et se ranger sagement dans les rangs des trucidés, ou alors, être soi-même le plus cruel, trucider gaiement, mais alors n’être plus libertarien.

    Ça lui permet de gagner le pouvoir au bout du compte, mais plus comme libertarien.

    Et la cause et les idées auront, elles, fait un grand bond en arrière.

    Paradoxe.

    • Nick de Cusa : bien vu ! Je me pose les mêmes questions … et
      pourtant je me liberterianise de plus en plus !

    • Slt @Nick de Cusa

      Pourquoi coaliser, s’associer avec des gens qui ne partagent pas tes idées, visions ?

      Au contraire il faut envisager des associations, collaborations, coopérations etc entre individus autonomes qui choisissent librement de participer à tel ou tel système. Par exemple en construisant des zones autonomes digitales ou physiques.

      En agissant ainsi tu évites tous les dilemmes, paradoxes que tu évoques.

      • Et dans le cas des exemples réels et ayant existé que je nomme ?

        • Parmi les exemples réels et ce depuis qu’Internet se développe tu as une quantité incroyable de projets né dans l’univers digitale entre individus partageant les mêmes idées, intérêts, envies, passions, visions : des entreprises, des organisations à multiples facettes, des associations diverses et variées, des mouvements d’un genre nouveau sans hiérarchie ni leader, et j’en passe.

          Parmi des exemples passé tu as la Citadelle de Kowloon à Hong Kong qui est un très bon exemple de zone autonome qui a fonctionné pendant très longtemps : https://fr.wikipedia.org/wiki/Citadelle_de_Kowloon

          Voilà ce qui me vient à l’esprit à cette heure-ci mais creusons ensemble si tu veux le sujet en poursuivant l’échange.

      • Ah oui, je vois, vous voulez dire créer votre propre camp retranché « en dehors du système ».

        J’ai un mot pour vous : Waco.

        Si vous voulez me faire un plaisir : faites le, prévenez les télévisions, et alertez moi quand je dois allumer le poste.

        • Non non je ne parle absolument pas de camp retranché. Vivre en autarcie quelle horreur! beurk Il ne s’agit absolument pas ici d’envisager de se couper du monde ou des autres mais de faire le choix de faire des responsables.

          Tu peux tout à fait développer ton/tes activités seul ou en groupe de manière autonome en étant « en dehors du système » comme tu le dis.

    • Il y a des exemples inverses. L’alliance de De Gaule avec les communistes a finalement tourné à l’avantage des démocrates. De toute façon, c’est un problème qui semble tellement loin qu’il n’y a pas vraiment de raisons de se casser la tête à ce stade…

      • On porte Lénine (ou Robespierre, ou Khomeini) au pouvoir. Après, bon, on arrivera bien à s’en sortir, dans la vie faut pas s’en faire.

        PS: de Gaulle n’a pas eu à faire chuter un régime. Ça s’est fait du côté de Volgograd.

        • Je suis content de t’avoir donné le moral et gonflé la motivation à bloc, mais pour l’instant, on ne porte encore personne, hélas 😀

          • Une chose sur laquelle j’ai été insuffisamment clair, c’est que je suis très d’accord avec les autres points de ton analyse, en particulier, la stupidité de vouloir les battre avec les règles de leur propre jeu. Je suis troublé par le nombre de libéraux tombés en plein dans le mille dans ce panneau là.

  • La crise de la dette (ou bulle du socialisme) se reproduira.
    Même une révolution ne ferait que retarder son retour.
    Un seul remède définitif: La démocratie directe.
    Une réforme constitutionnelle y suffirait.

    La démocratie directe court-circuite les corps intermédiaires et supprime l’effet de cliquet.
    Dit autrement: La légitimité d’un référendum gagné balaie toute résistance. Plus d’effet de cliquet, plus d’acquis sociaux intouchables.

    Il faut comprendre que, comme J-F Revel l’expliquait dans Le regain démocratique, la démocratie assure non pas les meilleurs décisions, mais que les erreurs sont corrigées plus vite et plus sûrement.
    On comprend dès lors pourquoi la démocratie directe donne des pays plus prospères et moins dépensiers.

    Le maintien de la « pureté » des idées libérales est un vrai problème.
    On le constate, leur rejet épidermique est très fort, au nom d’une vision superficielle de la charité.
    Encore une fois, ce type de sujet relève de la religion.
    Il est patent que libéralisme et christianisme sont liés.
    La culture occidentale reconnaît le principe de libre arbitre parce que notre religion historique l’impose. En effet elle affirme une morale abstraite (ne soyez pas cupide…) et à peu près sans coercition (ne pas jeter la pierre), et que l’ordre coercitif relève d’autorités temporelles et locales.
    L’espace entre la morale la loi, c’est le libre arbitre.

    L’islam par opposition fonctionne sur le principe du haram/halal (illicite/licite) très concret, décliné à l’infini. Dans ce système de pensée le libre arbitre est anormal, c’est un manque à combler par l’autorité religieuse.
    Le libéralisme n’aurait pas pu être naître et s’imposer sous une culture de ce type – il est même douteux qu’il puisse jamais y être acclimaté, ou même qu’il puisse résister à l’islamisation.

    La survie de la liberté dans le monde occidental post-chrétien (et préislamique) n’est pas simple car le libre arbitre, à ce qu’il semble, n’est pas un choix collectif naturel. Il est récusé au titre de son corollaire, la responsabilité, et de l’égalité.

    • Votre propos sur la démocratie directe est pertinent; toutefois, tant que la définition du droit privé sera à la charge d’un pouvoir central, même contrôlé dans le cadre d’une démocratie directe, je doute qu’il puisse y avoir consensus autour de l’esprit libéral des règles de droit privé. A mon sens, seule la génération spontanée du droit, et non pas son élaboration par la volonté d’un pouvoir central même géré collectivement, peut faire triompher les principes juridiques libéraux, parce que rendant inévitable un consensus autour de ces derniers.

  • +1000 pour le point 1. C’est comme ça que ron paul est devenu populaire, et c’est ce que je répète à tous ceux qui parlent d’alliances avec Bayrou, Le Pen, Méluche et cie.

  • « Aujourd’hui, il n’est pas un seul État en occident qui pourrait vivre sans avoir accès aux marchés financiers »

    Si, l’Australie le pourrait.

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Pourquoi pas les deux ? Il fut répondu [ par l’auteur de ces lignes] par la négative dans deux articles parus en 2018 à la suite de la lecture de The Rise of the Fourth Political Theory de l’idéologue et politologue russe Alexandre Douguine, lequel, émule de Heidegger et de Carl Schmitt, rejette explicitement ce qu’il appelle la démocratie libérale et le libéral-capitalisme au nom d’une forme de conservatisme basée sur les notions d’identité nationale, de sécurité, d’ordre, d’autorité, d’héritage religieux, de famille, de traditions.

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