Oyez oyez braves gens, venez découvrir dans la cage de ce cirque l’incroyable monnaie mondiale, venue des siècles passés de l’humanité !
Par Aurélien Biteau.
Oyez oyez braves gens, approchez donc de cette cage recouverte d’un voile où nous gardons une incroyable créature, et écoutez.
L’euro va mal, mesdames, messieurs. À peine une décennie après son entrée en vigueur, la monnaie unique souffre le martyr. Heureusement pour vous braves gens, les meilleurs experts européens, les journalistes les plus dévoués aux justes causes, les économistes à l’esprit le plus fin ont réussi, dix ans après, une fois les lunettes bien mises sur le nez pour ces pauvres yeux qui n’ont rien vu venir, usés aussi par la sagesse, à mettre le doigt sur le problème, et attention les libéraux, ça va faire mal : une monnaie unique ne peut pas fonctionner sans État unique !
Oui gentlemen, vous ne pouvez croire que la gabegie des États frappés par la crise y soit pour quelque chose dans le désastre de la monnaie euro. Et vous avez raison, vous disent les bonnes âme, seule la gabegie unique de l’État unique, par la grandeur de la science keynésienne rayonnante, permettra à l’euro de devenir solide comme un roc, stable comme les fondations de nos plus belles tours, d’Eiffel ou de Pise !
Tout cela, mesdames, messieurs, n’est qu’un malentendu politique. On nous le dit. N’avons-nous pas été sots de croire que ce qui devait échouer à l’échelle des Nations allait marcher, quand il apparaît aujourd’hui évident pour les grands hommes de l’Europe que ce n’est qu’à l’échelle de l’Europe unifiée que ce qui doit échouer va marcher ? Quelle bêtise produit par nos bavardages d’hommes de conscience, la solution était pourtant là. Mesdames, messieurs, on veut vous rassurer.
Il est donc temps, dit-on, d’accepter la vérité que les tourments sorciers de la science ont révélé aux élites de nos patries : il est impossible qu’une monnaie unique ne puisse fonctionner correctement sans État unique qui la soutienne.
Mais voilà , mesdames, messieurs, que déjà notre cirque qui vous passionne désire faire avancer l’émerveillement de la connaissance, ô sans les prétentions de la science officiellement rayonnante. Voilà que nous avons apporté devant vous un trésor oublié de l’humanité. Le voilà tout près de vous, dans cette cage, où il se tient. Il nous a fallu de terribles expéditions de par le monde, dans les endroits les plus reculés de la Terre, où la végétation fourmille et où la jungle emporte les aventuriers les plus fous, et pour cause. L’une d’elle a voyagé dans le temps. Elle est remontée aux temps lointains et obscurs du tout début du XXè siècle, temps de l’humanité sauvage, sans aucun doute. L’expédition y a découvert l’étonnant trésor que vous découvrirez bientôt, une créature peut-être effroyable, presque immortelle, née il y a bien des siècles déjà et qui n’a pas cessé de vivre au côté de l’humanité, jusqu’à ce que le rayonnement nouveau de la science keynésienne, par l’action vigoureuse de nos élites, ne mette un terme à son existence trop paisible.
Ola pas de panique ! Vous pouvez bien croire que si l’élite science l’a chassée au point que nous l’ayons oubliée, ce fut pour le bien de l’humanité. Mais nous vous prions de rester pour l’admiration. Levons le voile !
Mesdames et messieurs, découvrez l’incroyable monnaie mondiale, venue des siècles passés de l’humanité. Voici l’or !
L’or, mesdames et messieurs, monnaie utilisée spontanément durant des siècles par les hommes sur tous les continents. L’or fut pratiquement partout le moyen d’échange des hommes sans qu’ils ne se concertent. L’or a tenu bon durant des siècles et des siècles, sans que quiconque ne l’impose comme monnaie. Elle a simplement satisfait les besoins de l’humanité dans l’échange, par ses grandes qualités telles que sa rareté, sa résistance, sa divisibilité.
Mais voyez ce qu’il y a de plus incroyable dans cette monnaie. Elle a été un monnaie mondiale sans que le moindre État ne la soutienne. Le monde a eu sa monnaie unifiée pendant des siècles sans connaître d’État unifié. Et elle a réussi. Elle a réussi précisément jusqu’à ce que les États se décident à prendre le contrôle de la monnaie, à décréter sa valeur, à planifier les besoins en elle, bref, à entraver le marché monétaire. Cette révolution monétaire a eu lieu il y a tout juste un siècle. Et que de merveilles maintenant : instabilité monétaire, arbitraire des politiques économiques et bulles.
C’était il y a tout juste un siècle, après des siècles de succès pour l’or, et en 2012, des experts et des politiciens croient avoir compris qu’une monnaie unique ne pouvait fonctionner qu’avec un État unique ?
Mesdames, messieurs, qui devrait être dans la cage de ce cirque ? Est-ce vraiment l’or ?
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Un très bon article qui nous aura permis de faire 4 pas successif à droite…
Je suis encore loin de comprendre toutes les subtilités de la théorie monétaire, j’espère donc ne pas écrire trop d’âneries.
Une monnaie commune plutôt qu’unique serait-elle préférable ?
Si tel n’était pas le cas, la quasi-constance de la masse monétaire dû à la rareté de l’or n’inciterait-elle pas à trop d’épargne ?
Il me semble que les monétaristes voient cela comme un problème : la déflation induite avantageant les épargnants et créant donc un cercle vicieux.
J’ai dans l’idée que la coexistence d’autres monnaies pourrait régler ce problème, par pure intuition malheureusement.
«Il me semble que les monétaristes voient cela comme un problème : la déflation induite avantageant les épargnants et créant donc un cercle vicieux.»
À comparer aux arguments des protectionnistes qui disent que la concurrence due au libre échange aboutira à des salaires toujours plus bas et sans fin.
Alors que ce n’est seulement qu’une question d’équilibre entre épargne, investissement, consommation, crédit.
Un crédit artificiellement boosté aboutira à des bulles de plus en plus grosses, comme c’est le cas depuis 30 ans.