Comment cette prétendue solidarité entraîne tant de haine

Combien de gouvernants prennent des décisions au prétexte de solidarité. Cette solidarité, qui justifie depuis de nombreuses années la rapine, ne peut engendrer que haine et rancœur.

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Comment cette prétendue solidarité entraîne tant de haine

Publié le 27 juin 2012
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Combien de gouvernants prennent des décisions au prétexte de solidarité. Cette solidarité, qui justifie depuis de nombreuses années la rapine, ne peut engendrer que haine et rancœur.

Par Florent Bélon.

La solidarité est un mot des plus nobles et des plus galvaudés. Comme pour de nombreux mots, on fit dériver son sens de sorte qu’il est parfois devenu une coquille vide ayant seulement gardé un pouvoir émotif dont on abuse volontiers.

Il justifie depuis de nombreuses années la rapine qui ne peut engendrer que haine et rancœur.

La solidarité, la vraie

Le sentiment à l’origine de la solidarité est l’empathie, cette faculté à se mettre à la place de l’autre, relié par l’universelle humanité. Ce lien existe entre deux individus, est naturel et spontané. C’est ce sentiment si fort et si beau qui est empreint de beaucoup de moralité.

Cette moralité est le fruit de plusieurs facteurs. Un véritable acte de solidarité est un acte qui coûte. Une personne qui donne de son temps, de ses biens, réalise un acte moral. Et plus ce sacrifice est grand, plus il est intense. Quoi de plus puissant que l’image d’un affamé qui partage le peu de pain dont il dispose avec un autre affamé résigné à sa faim.

Un autre élément est indispensable à la valeur morale de l’acte, c’est qu’il soit guidé par la volonté de l’homme l’exerçant. Imaginons que celui disposant de pain ne consente à partager sa pitance que sous la contrainte et la menace de plus fort que lui, il ne sera qu’un misérable.

Ces aspects ont été développés avec brio par Hayek dans La route de la servitude.

L’essence de toute morale digne de ce nom est la responsabilité non pas devant un supérieur, mais devant notre propre conscience, le sens du devoir indépendamment de toute obligation extérieure, la nécessité de décider par nous-mêmes quelles valeurs sacrifier à d’autres et de supporter les conséquences de nos propres décisions.

Nous ne saurions être altruistes aux dépens d’autrui, et il n’y a pas non plus de mérite à être altruiste si nous n’avons pas le choix.

Cette solidarité entre hommes, libres et responsables, existe depuis que l’humanité est. Elle fut un des piliers du christianisme. Ce n’est pas un outil de communication, mais un acte, qui peut être modeste, quotidien, sans mise en scène et sans emphase. Le dictionnaire de l’Économie politique de Coquelin aborde ce sujet notamment dans ses entrées « bienfaisance privée » et « bienfaisance publique ».

La charité ne saurait se montrer efficace et travailler réellement à détruire la misère et à prévenir l’indigence, que si elle est toujours, et avant tout, charitable, c’est-à-dire si elle est une œuvre de bienveillance et d’amour, non d’ostentation et de méprisante pitié, […] si elle emploie enfin, pour atteindre son but, cette action personnelle, ce patronage naturel que tout homme exerce, quand il le veut, sur ceux qui ont besoin de lui.

La solidarité invoquée

Quel contraste avec les « indignations » sous lesquelles nous sommes noyés chaque jour. Que de déclarations et de bons sentiments ! Combien de gouvernants prennent des décisions au prétexte de solidarité.

Mais de quelle solidarité parle-t-on ? d’une solidarité décrétée, d’où l’empathie est absente. Lorsque les socialistes demandent un RMI jeunes, font-ils un sacrifice ? Non, il ne s’agit pas de leur argent.

Lorsque l’État impose une journée de solidarité en faveur des plus âgés, fait-il un effort ? Non, il ne s’agit pas de leur temps libre.

Lorsque l’on crée un impôt au prétexte d’une redistribution qui s’avèrera plus ou moins réelle, le contribuable fait-il un acte magnifique de solidarité ? Non, seule la contrainte le guide.

Lorsque L’Union européenne abreuve des secteurs économiques de subventions, ou des États, fait-elle preuve de solidarité quand il s’agit des contributions prélevées sous la contrainte aux contribuables nationaux puis reversées à l’Union ? La réponse est encore une fois non.

Tous les actes décrits comme solidaires ne sont en faits que les lois que dénonçaient Bastiat comme des impostures de justice dans respectivement La loi et Justice et Fraternité :

Il faut examiner si la Loi prend aux uns ce qui leur appartient pour donner aux autres ce qui ne leur appartient pas. Il faut examiner si la Loi accomplit, au profit d’un citoyen et au détriment des autres, un acte que ce citoyen ne pourrait accomplir lui-même sans crime. Hâtez-vous d’abroger cette Loi ; elle n’est pas seulement une iniquité, elle est une source féconde d’iniquités ; car elle appelle les représailles, et si vous n’y prenez garde, le fait exceptionnel s’étendra, se multipliera et deviendra systématique.

Quand, sous prétexte de fraternité, le Code impose aux citoyens des sacrifices réciproques, la nature humaine ne perd pas pour cela ses droits. L’effort de chacun consiste alors à apporter peu à la masse des sacrifices, et à en retirer beaucoup. Or, dans cette lutte, sont-ce les plus malheureux qui gagnent ? Non certes, mais les plus influents et les plus intrigants.

Justice et Fraternité

Le Dictionnaire de l’Économie de Coquelin, décrit avec un bel esprit d’anticipation les dérives du « solidarisme » :

Mais si la charité est imposée par la loi, à quelle limite les sacrifices s’arrêteront-ils ? Cela dépendra des opinions, des dispositions, du caprice du législateur. […] Il est évident que ce principe de fraternité ou d’assistance légale une fois admis, ses conséquences n’ont pas de limites positivement assignables, et qu’elles peuvent aller graduellement jusqu’à dépouiller la moitié de la population au profit de l’autre moitié.

La Haine comme résultat

Alors que nous baignons dans ce solidarisme depuis des décennies, nous nous retrouvons dans une société de méfiance et de rancœurs. Tout le monde se sent spolié ou opprimé par l’autre. La classe moyenne se sent rançonnées par les charges fiscales et sociales au profit de ce qu’elle nomme l’assistanat ou l’étranger. Ces derniers se sentent méprisés par cette même classe moyenne.

Le citadin se sent spolié par le rural et l’agriculteur qui bénéficient de « fonds de péréquation » par solidarité territoriale ou de subventions. Le rural se sent spolié par le citadin qui dispose d’équipements dispendieux financés par l’État, donc lui-même, dont il ne jouit pas.

Le salarié qui voit ses besoins inassouvis se sent exploité par le patron. Le patron peut avoir du ressentiment quand il se sent montré du doigt alors que la grande majorité du résultat de son entreprise, quand il existe, ne lui revient pas au nom de notre système social et fiscal de « solidarité ». Le citoyen allemand se sent trahi et volé par le citoyen grec suite à la masse financière dont l’État de ce dernier a bénéficié sans qu’un développement économique substantiel en résulte. Le citoyen grec sent son sentiment national humilié, son honneur froissé à quémander des subsides et se voir privé de sa souveraineté.

Le constructivisme social n’est qu’un fermentateur produisant la méfiance, la rancœur et la rancœur, proportionnellement à la spoliation des uns et à l’humiliation ou la croyance dans les droits acquis des autres. Les libertés individuelles et le libre-échange produisent harmonie et fraternité.

La décentralisation de l’État est prônée par beaucoup au nom d’un rapport plus proche entre l’État et les citoyens. En termes de solidarité, c’est une décentralisation permettant des relations entre les citoyens qui est souhaitable. Que l’ouverture à son voisin soit récréée, voilà comment se forme un tissu social fort, alors que les subsides clientélistes font émerger les ressentiments. C’est ce que porte le projet de « Big society » dont parle Hayek et que David Cameron tente de remettre au goût du jour.

La seule solidarité, au sens noble et véritable du terme, est le secours volontaire entre hommes libres et responsables.

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  • Hélas, lorsque nous nous vimes imposer une journée de solidarité avec les personnes âgées, tout le monde est tombé dans le panneau, car, si je ne me trompe, la solidarité élémentaire de nos sociétés n’est elle pas déjà financée par l’impôt ? Il ne s agissait donc la que d’une imposition supplémentaire, qui plus est très injuste puisque là encore, appliquée très injustement. La fonction publique s’est en effet appliquée à détourner astucieusement l’esprit de la mesure. Exemple la SNCF qui a ajouté quelques secondes aux jours travaillés et les bonnes raisons ou interprétations fallacieuses de l’esprit de cette décision par les administrations en general. Le tout, créant encore une fois une usine à gaz administrative de plus. En fait nous nous sommes vus crédités de l abandon de la vignette automobile qui soit dit en passant n’a jamais été utilisée dans le but déclaré, pour une autre mesure encore plus injuste…

  • Jésus, après avoir distribué quelques pains : <>
    ([url=http://www.youtube.com/watch?v=9ZJm000fMRk] Les Inconnus – Jésus 2 : le retour [/url])

  • Je crains que l’article tombe précisément dans le piège du galvaudage moderne du terme « solidarité » en confondant dans la première partie deux notions complètement distinctes, « solidarité » et « charité ». Les citations à l’appui parlent bien de « charité », et pour cause.

    Si la charité peut bel et bien se réclamer de la vertu, il n’en est rien de la solidarité, qui n’est qu’un moyen d’agir, et ce peu importe la fin, que cette fin soit vertueuse ou non. Les soldats d’un groupe SS sont tout à fait solidaires lorsqu’ils massacrent les habitants d’un village. Il y a quelque chose de pervers dans la confusion solidarité/charité qui profite bien à la classe politique.

    http://www.contrepoints.org/2011/10/25/52281-reflexion-sur-la-solidarite-et-la-charite

    Rien à redire sur le reste, qui est bien dit.

  • Abonner de force l’Elysée à votre site… 😉

    • Bonjour
      Solidarité, quel triste mot
      Vient du latin solidus, qui fait masse. Un pour tous, tous pour un.
      L’individu n’existe plus. En droit solidarité entre débiteurs, donc plus de responsabilité individuelle.
      Je lui préfère le mot entraide avec de l’aide réciproque et volontaire .
      Et pour finir le proverbe: « Aide-toi et le ciel t’aidera » .

      • Rappelons nous que malheureusement l’appauvrissement du vocabulaire conduit à l’appauvrissement des idées.

        En imposant le mot « solidarité », la gauche et la droite socialiste a réussit à imposer une vision de la générosité fondée sur l’argent, lequel est confisqué et redistribué.

        Je crois qu’il faut éliminer ce mot de notre vocabulaire tant il a programmé nos esprit à ne concevoir qu’à travers lui, et le remplacer selon les circonstances par d’autres plus adaptés et précis : empathie, soutien, écoute, bienveillance, encouragement, bienfaisance, charité, entraide, mécénat, bourses …

  • Liliane Bettencourt, l’héritière de l’Oréal, devrait percevoir un chèque du fisc cette année malgré la suppression du bouclier fiscal à 50%. En 2010, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, elle avait reçu un chèque de 34 millions d’euros de Bercy. Elle devrait, cette année, recevoir un chèque encore plus conséquent.

    Étonnant, puisque François Hollande a fait de l’augmentation de la fiscalité pour les plus riches, une de ses promesses de campagne, avec notamment une tranche d’imposition à 75% pour les revenus au-delà d’un million d’euros. C’est justement pour cela que l’héritière de l’Oréal aura un chèque plus important sous François Hollande que sous Nicolas Sarkozy : pour que l’impôt ne soit pas confiscatoire, un nouveau bouclier fiscal sera introduit, à 85% au lieu de 50%.

    Liliane Bettencourt devrait toucher 150 millions d’euros, sur lesquelles elle devrait payer 112 millions d’euros d’impôts sur le revenu. En plus de cette somme, il faut compter 20,5 millions de CSG-CRDS et 42,5 millions d’impôts sur la fortune, soit un total de 175 millions d’euros d’impôts soit 120% de ses revenus. Avec le nouveau plafond, l’héritière de l’Oréal ne paiera que 85% de 150 millions d’euros, soit 127,5 millions d’euros. Une différence de 47 millions d’euros, montant que le fisc devra lui rembourser.

  • Nous sommes accablés par le spectacle de la ruine de notre capital économique, et pourtant il y a bien pire: Celle de notre capital humain.

    Le gravissime problème dénoncé ici avec justesse tient en ce concept socialiste: « Justice sociale ».
    Dans une société saine, le riche donne au (se départit lui-même de son bien au bénéfice du) pauvre pour sa satisfaction morale (ou pour « prêter à Dieu », ce qui revient au même). Il en résulte une solidarité efficace car conditionnelle, et un lien social.
    Sous un État socialiste, le riche a accaparé les biens que l’État redistribue pour rétablir la « justice sociale ». Le riche est donc coupable, le pauvre est sa victime, et l’État est le vrai propriétaire de toute chose.

    La nature religieuse du socialisme est ici apparente, et l’anticléricalisme socialiste s’éclaire si on observe qu’il s’agit pour l’État socialiste de s’arroger toute prérogative d’ordre moral, donc spirituel.
    Car ce que le christianisme enseigne (rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu), c’est que la séparation entre Dieu et César signifie qu’ils ont chacun leur domaine de compétence et qu’il ne faut pas les mélanger.
    Évidemment intolérable pour le socialisme.
    Or rejeter la séparation des domaines, c’est rejeter la séparation tout court. Le socialisme EST une religion.
    Maintenant, voyons-en les fruits…

  • Bravo , vous avez réussi a décrire cette réalité que nous vivons tous les jours : opprimés par l’état qui nous culpabilise sous pretexte de solidarité afin de nous en prendre toujours plus.

  • C’est ce que j’appelle la « solidarite a la pointe du fusil ». Soit considere que les individus peuvent etre solidaires de qui bon leur semble soit on considere que cette solidarite est obligatoire.

    Et si on regarde honnetement, la « solidarite obligatoire » est de fait un euphemisme pour decrire une banale soumission au plus fort.

  • 1. « Lorsque les socialistes demandent un RMI jeunes, » 2. « Lorsque l’État impose une journée de solidarité en faveur des plus âgés », c’était la droite, LA DROITE (faut pas avoir peur de l’écrire).
    Ce n’est pas l’état qui a imposé cette journée mais le gouvernement de DROITE.
    Faudrait savoir quelle part de cet impôt revient réellement aux vieux ?

    On oblige les uns à donner mais on ne donne pas suffisamment à ceux qui en ont besoin pour qu’ils puissent s’en sortir. Les politiques et diverses nébuleuses encaissent un % de ce qu’ils ont pris aux uns et avant qu’ils ne donnent les restes aux autres. Au lieu de se haïr, les gens devraient communiquer. La régionalisation n’apportera rien, beaucoup ne connaissent pas leur maire et encore moins leur élu régionale, qu’on voit juste avant les élections. On aura de mini états sans intérêt (comme l’ex Yougoslavie).

  • Bravo. L’article est excellent et termine en apothéose avec ‘La haine pour résultat’ dont la valeur illustratrice est telle qu’elle se suffirait presque à elle-même.

    Parce qu’il est difficile de faire autrement que de constater que l’incompréhension mutuelle, la frustration, et la haine montent chaque année et même chaque mois qui passe …

    Si finalement dans cette redistribution, ce solidarisme, tous ressortent avec l’impression d’avoir été spoliés (y compris ceux qui persistent à défendre ce système), alors il y a sous doute là un moyen de provoquer une prise de conscience chez tout un chacun: redistribuer plus encore, ne peux conduire qu’à moins de bienveillance et de bienfaisance.

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