Les trésors de la République sont encore bien mal gardés. Beaucoup de progrès restent à faire pour suivre le patrimoine du mobilier national et punir ceux qui le détournent.
Par Jeanne Pavard.
Article publié en collaboration avec le Cri du Contribuable.
Les trésors de la République sont bien mal gardés. Depuis que la Cour des comptes s’est alarmée de l’absence d’inventaires des collections publiques, une Commission interministérielle de récolement des dépôts d’œuvres d’art a été mise en place afin de localiser les œuvres des ministères, ambassades, palais de Justice, universités… Son président, Jean-Pierre Bady, a rendu en 2007 au ministre de la Culture son 9e rapport, dont pas un n’a été publié ! Dans Museum Connection [1], Emmanuel Pierrat et Jean-Marie de Silguy révèlent ce qui s’apparente à un véritable pillage !
À Aix-en-Provence, c’est un magistrat qui est surpris à déménager nuitamment des meubles du Palais de Justice, au ministère de l’Agriculture, c’est une sculpture en marbre de 2,10 m qui se volatilise, à l’Assemblée nationale, c’est le président Jean-Louis Debré qui constate que 39 pièces sont introuvables, parmi lesquelles des tables de jeux Restauration en acajou, une bergère Premier empire, et… un Picasso !
Avec un taux de perte de 26%, le ministère des Affaires étrangères est le plus mauvais élève. Les ambassades, richement dotées, sont les plus faciles à dépouiller. En particulier en Europe de l’Est, où l’on retrouve des objets provenant des représentations françaises sur le marché de Naschmarkt, à Vienne.
Le Mobilier national conserve plus de 200 000 meubles et objets d’art mis à la disposition des élites de la République. Pister les dépôts est une tâche difficile, confie Bady en évoquant son travail à la tête de la commission de récolement : « On a affaire à des gens puissants et je ne veux pas faire preuve d’une attitude trop policière. Notre rôle est largement pédagogique, l’important est qu’une prise de conscience s’opère et débouche sur des habitudes plus rigoureuses » [2].
Ainsi de la Mairie de Paris, dépositaire de 11 tapis et tapisseries de grande valeur, dont 5 commandés à la Savonnerie par Colbert, qui a refusé, de 1982 à 1997, de répondre aux demandes de restitution de la Cour des comptes et n’a toléré aucune inspection.
En 1997, la Cour des comptes constatait déjà que le Mobilier national avait meublé 250 logements de fonction d’autorités non ministérielles. Elle pointait par ailleurs que pour de nombreuses pertes et vols avérés, aucune plainte n’avait été déposée… Il faut dire que le législateur est pour le moins magnanime. En cas de disparition, « l’émission d’un titre de perception pour la valeur des pièces, estimée au moment où la disparition est constatée, ou l’acquisition, sur proposition du déposant, d’une pièce équivalente qui sera inscrite sur les inventaires du déposant ». À croire que les occupants des Palais de Justice y trouvent leur compte !
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- Museum Connection, d’Emmanuel Pierrat et Jean-Marie de Silguy, Editions First, 2008 ↩
- Le Monde, 17 septembre 2006 ↩
RT @Contrepoints: Face au pillage du mobilier national, l’Etat doit améliorer la gestion de son patrimoine http://t.co/1fFkiUmP
« L’Etat absolu n’est simplement qu’une forme institutionnalisée du banditisme, quelque soit le gang particulier qui prend le pouvoir »
Ayn Rand
« On a affaire à des gens puissants et je ne veux pas faire preuve d’une attitude trop policière »… est-il besoin d’en dire plus?
Quand on a un taux pareil de disparitions, et qu’on n’a ni système centralisé de dépot ni de suivi, à l’époque où on milite pour mettre des mouchard sur la vaoiture de chaque français, ou on impose des compteurs intelligents, ces arguments ne tiennent que si l’état lui-même et les représentants du peuple, à savoir les députés et les sénateurs, ne veulent pas qu’un tel suivi soit fait. Et il n’y a qu’une seule raison possible pour ne pas vouloir un tel suivi.
Enfin, il n’y a aucune raison pour prendre des gants en ce qui concerne le vol par qui que ce soit des biens d’autrui, fussent-ils ceux de l’état et donc du pays dans son entier.
Il est urgent que l’état se défasse de ces objets de « faste ». l’état n’est pas là pour singer l »ancien régime et le fait que nos « élites » vivent comme des princes m’a toujours choqué et indigné. Ce ne sont que de médiocre fonctionnaires vivants à nos crochets, la modestie et l’ascétisme devrait être leur quotidien.