Petite réflexion sur l’utilité de la présence d’individus riches dans une société.
Par Jacques de Guénin.
Il y a trois façons d’acquérir des richesses. Par ordre de moralité croissante, ce sont :
- la coercition,
- l’héritage,
- le marché de l’emploi.
La coercition signifie qu’on s’enrichit en dépossédant quelqu’un contre sa volonté. On peut citer la tromperie, le vol, la corruption, l’enrichissement injustifié de certains politiques grâce aux impôts, etc. Tout le monde est d’accord que c’est immoral.
L’héritage ne fait pas l’unanimité : dans un esprit d’égalité, certains pensent qu’il serait plus moral que toutes les personnes repartent à zéro à chaque génération. L’ennui c’est qu’on ne peut obtenir ce résultat autrement que par la coercition. D’autres pensent qu’il ne faut pas se placer du point de vue de celui qui reçoit, mais de celui qui donne. Dans une société libre, il aurait bien le droit de transmettre ce qu’il possède comme il l’entend.
Le marché de l’emploi donne une valeur exceptionnelle à certaines personnes possédant des talents particuliers, ce qui entraîne des rémunérations sortant de l’ordinaire. Ainsi un joueur de football, un acteur de cinéma peut avoir des rémunérations qui font pâlir le commun des mortels. Mais elles sont moralement justifiées dans la mesure où elles sont obtenues sans coercition. Si tel joueur, tel acteur gagne tant d’argent, c’est seulement parce que beaucoup de gens, sans y être obligés, ont envie de le voir et de dépenser un peu d’argent pour cela.
Mais est-ce totalement vrai ? Lorsque le club qui embauche le joueur est subventionné, lorsque les films qui utilisent l’acteur sont subventionnés, il y a des gens qui devront payer des impôts pour cela et à ces gens on ne demande pas leur avis. Il y a donc une part de coercition dans les revenus de certains joueurs, de certains acteurs. Mais ce n’est pas vrai pour tous, et ceux pour lesquels c’est vrai ne doivent qu’une part modeste de leur revenu à cette forme de coercition.
Le cas des dirigeants d’entreprises privées présente quelques analogies avec ceux des joueurs ou des acteurs, mais il en diffère un peu dans la mesure où il n’y a strictement aucun élément de coercition dans leur rémunération. Imaginons le cas, relativement fréquent, où une grande entreprise se trouve en difficulté. Ses actionnaires, ses dirigeants pensent que l’homme à sa tête, quelles que soient ses réalisations antérieures, ne parvient plus à faire face à la situation actuelle. Il est possible que les directeurs, quelles que soient leurs performances antérieures, aient atteint, voire dépassé, le maximum de leur compétence. Il faudra donc chercher à l’extérieur une personne capable de redresser l’entreprise. Mais cette personne est forcément quelqu’un qui réussit très bien dans sa propre entreprise. Mettons-nous à sa place : pour qu’il accepte de passer de la tête de l’entreprise florissante où il est à la tête d’une entreprise en perdition, il lui faudra bien entendu un salaire supérieur à celui qu’il a déjà, mais aussi des garanties au cas où il échouerait : des indemnités de départ et une retraite confortables. S’il échoue, on se trouve dans le cas si décrié où un dirigeant licencié dont la société fait des pertes perçoit les indemnités importantes prévues dans son contrat. Mais n’est-ce pas normal ?
On voit donc que le seul critère pour juger qu’un revenu important est moral ou pas, quel que soit son niveau, c’est le prix que lui attribue le marché libre de l’emploi. Ce prix vient du fait que ses prestations sont utiles et que les personnes qui en bénéficient le paient volontiers. Personne ne les oblige à le faire. Il n’y a donc aucune raison de juger un revenu, quel qu’il soit, comme immoral s’il est obtenu sans coercition de qui que ce soit et quoi qu’en pense l’opinion publique ou les hommes politiques.
Beaucoup s’imaginent que la rémunération doit récompenser le mérite. Cela ne fait que traduire une certaine inconsistance de la pensée. Certes, le sportif qui s’entraîne tous les jours, le chanteur qui cultive sa voix, ont quelque mérite, mais pas davantage que l’ouvrier de fonderie qui travaille pour nourrir sa famille. Dans l’entreprise libre, et malgré le vocabulaire courant, les augmentations dites « au mérite », ne récompensent pas un vague mérite abstrait impossible à mesurer, mais bel et bien l’accroissement de la contribution de l’employé aux résultats de l’entreprise. Si l’entreprise a un cadre très performant, et si elle veut le garder, il faudra qu’elle lui verse un salaire un peu supérieur à celui qu’il pourrait trouver ailleurs. Là encore, c’est le marché qui détermine le revenu. Ce n’est pas aussi vrai pour les ouvriers, car leurs salaires sont soumis à tout un tas de règlementations négociées entre l’État et les syndicats qui violent la loi de l’offre et de la demande. Contrairement à ce qu’un vain peuple pense, cela n’est pas forcément favorable aux bons ouvriers.
C’est aussi au « mérite » que se réfèrent les hommes politiques lorsqu’ils portent des jugements sur les revenus de tel ou tel. Ce sont ces jugements qui déterminent les salaires dans la fonction publique et dans la totalité des fonctions dans les régimes totalitaires. Mais qui est juge de ce mérite ? L’État ? Existe-t-il un moyen objectif de le mesurer ? Non ! Le revenu résultant d’un service rendu par une personne n’est juste que dans la mesure où ce service est jugé suffisamment utile par les personnes qui en bénéficient pour qu’elles le paient volontairement.
En résumé, le seul critère pour juger si un revenu est juste ou injuste, c’est le degré de coercition qui a été nécessaire pour l’obtenir. Un revenu obtenu sur un marché libre en dehors de toute coercition est juste quel que soit son montant. Coercition est le mot clé.
Même si les riches ont obtenu leurs revenus sans coercition, on peut se demander si la façon dont ils emploient leurs richesses est utile pour la société. En effet, les politiques au pouvoir, aujourd’hui comme hier, ont besoin de taxer les citoyens pour couvrir leurs dépenses inconsidérées. Lesdits citoyens acceptent plus facilement ces taxes si on leur fait croire qu’elles vont s’appliquer « aux riches ». Il y a là une triple malhonnêteté :
- Il y a beaucoup trop peu de gens très riches pour couvrir les accroissements des dépenses de l’État ou commencer à rembourser les emprunts antérieurs. Ainsi, M. Hollande veut taxer à 75% les ménages dont le revenu excède un million d’euros par an, mais il n’y en a guère qu’environ 0,01%, soit un sur dix mille. Ce n’est pas assez pour couvrir les nouvelles dépenses. Pour mémoire, il y a seulement un ménage sur mille dont le revenu dépasse 240 000 Euros par an.
- Les gens très riches, et c’est là le point principal, dépensent leur argent de façon beaucoup plus utile pour la société que l’État. En effet, ils ne laissent pas cet argent dormir dans des bas de laine. Ils ne l’utilisent pas à entretenir des danseuses. Même si certains d’entre eux font quelques dépenses ostentatoires, comme acheter une voiture de luxe, ces dépenses ne représentent qu’une fraction faible de leur revenu. Le reste est investi dans des entreprises, la leur en particulier, et servira ainsi à produire de nouveaux biens et services qui contribueront à l’augmentation des niveaux de vie et la diminution du chômage. On dira que la partie que l’État va leur prendre servira aussi à investir, mais ce n’est pas complètement exact. Une partie servira à couvrir des dépenses courantes dont l’État pourrait se passer s’il cherchait l’efficacité au lieu de la popularité. Quant à la partie qui sera investie par l’État, on ne peut s’empêcher de penser qu’elle serait investie de manière plus rentable par des gens qui investissent leur propre argent plutôt que par des fonctionnaires.
- La rhétorique de l’État sur la taxation des riches s’appuie sur l’envie, l’un des sentiments condamnés par les dix commandements, et jette le discrédit sur des gens fort utiles à la société, comme nous l’avons démontré précédemment.
En conclusion :
- le seul critère objectif pour juger de la moralité des revenus est l’absence de coercition ;
- les riches investissent leur argent de manière plus efficace pour la société que l’État ;
- pour obtenir ses fins, l’État fait appel aux mauvais sentiments des électeurs.
RT @Contrepoints: Réflexion sur les riches Petite réflexion sur l’utilité de la présence d’individus riches dans une société. Par Jacque …
Avant même de définir les accès à la richesse, pourquoi ne pas définir ce qu’est un « riche » : c’est une personnes qui possède beaucoup de biens (linternautre.com). Après réflexion, je suis d’accord avec cette définition. A l’heure de la mondialisation, et avec mon expérience personnel (vécu quelques années en Afrique), je trouve que nous sommes riches et chanceux ! (même s’il on peut toujours relativiser pour ceux qui ont, ou ont eu, des malheurs dans leur vie).
En se comparant à la majorité de la population mondiale, on a un beau pays, incroyablement aménagé (internet, route, transports, eau potable, électricité…), protégé (pas de guerre), accès à des soins médicaux dont on ne soupçonne pas les coûts, éducation… On peut s’acheter tellement de biens par rapport à de nombreux autres terriens.
Pourtant, on s’entête dans ce sectarisme à ne pas vouloir s’adapter au monde. On pourrait perdre tellement.
Concernant l’article, c’est évident qu’il ne faut pas blâmer ceux qui réussissent en entreprenant. Il faut être jaloux ou/et électoraliste pour taper sur cette minorité innovante. Alors que j’ai un peu de mal à visualiser ce qui est constructif de courir après un ballon ou de balbutier plus ou moins fort dans un micro. Mais ces derniers sont populaires et les politiciens veulent être aimés des français, non pas utiles aux français.
Drôle de définition de la richesse. Et fausse. On peut être riche et avoir très peu de bien.
Un riche est quelqu’un qui peut retirer un grand nombre de services de la société. Ces services ayant dût être payés d’une manière ou d’une autre par d’autres services.
@Moi : Je suis d’accord avec vous. Pourtant une définition est une définition. Aussi je vous propose une autre source :
RICHE : nom masculin :
« Personne qui possède une grande fortune, des biens importants »
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/riche/69387#68642
Sur le moment, j’étais un peu déçu de cette définition un peu limitée. Aussi c’est pour cela que je l’ai élargi dans mon précédent commentaire.
Elle n’est pas plus satisfaisante que « un riche c’est quelqu’un qui a de l’argent ».
Je trouve meilleur ma définition car elle met l’accent sur la manière dont la richesse se crée, c’est à dire en rendant des services que beaucoup de gens recherchent, et en épargnant les services qu’ils devraient rendre en retours.
L’argent n’est rien d’autre qu’un équivalent d’un service. Si je rend un service, je reçoit de l’argent en retour, que je peux utiliser pour obtenir des services jugés équivalents. Le riche est donc celui qui a été capable de rendre plus de services qu’il en a retiré (ou bien qui a été capable de détourner beaucoup de services s’il a usé de coercition).
En définitive, en dehors de la coercition, le riche est celui qui est le plus capable de rendre service à ces clients.
Le riche n’est pas tant celui qui possède une fortune, que celui qui est capable de gagner beaucoup d’argent. Il faut mettre l’accent sur le fait de gagner de l’argent plutôt que sur le fait d’en posséder.
Voir la richesse ou la fortune comme une quantité statique est une erreur.
@ Moi :
Et là encore je vous rejoints.
L’entrepreneur riche (qui peut être un artiste par exemple) ne va pas laisser dormir son argent. il va l’investir, créer un produit/service. (Je sais, je vous paraphrase). S’il est chanceux, il en retirera des bénéfices. Sinon, il se remettra en cause ou il ne pourra plus investir de nouveau. C’est d’ailleurs la critique sur l’État qui fait des investissements calamiteux, mais il continue sans jamais rendre de comptes à personne (pour le moment), avec de l’argent qu’il n’a pas.
D’après moi, ce n’est qu’un problème de définition. Je comprend bien dans l’article, que le riche est celui qui possède de l’argent qu’il investit, et plus il en aura, plus il le fructifiera.
Les dicos disent que c’est le fait de posséder des biens ou de l’argent.
Moi (attention, pas vous, mais môa ^^), je voulais juste signifier qu’il n’y a pas à être jaloux de ceux qui réussissent bien, car par certains côtés nous sommes tous (ou presque) riches en France.
Intéressant échange. Henri, la faiblesse des définitions des dictionnaires que vous citez est de présenter la richesse comme un stock, une possession analysée à un instant t. Or, comme ‘Moi’ vous l’indique, il est important pour mieux comprendre ce dont on parle de considérer la richesse comme un flux et non comme un stock (un film plutôt qu’une photo instantanée), flux concrétisé dans l’échange volontaire qui enrichit simultanément chacun des participants.
Du coup, la vraie richesse tient moins au stock d’or qu’on enfouit dans sa cave qu’à l’éducation, aux compétences et aux mérites de chacun.
Absolument. La richesse tient moins à la possession du stock qu’a la capacité à produire un flux.
Pour preuve, la seule manière de s’enrichir est d’obtenir une masse suffisante de capitaux, puis de parvenir à la transformer en revenu.
En clair, la transformation d’un stock en flux.
les dicos sont parfaits A conditions de ne pas oublier que « biens » ne signifie pas « bien matériel » mais inclus évidemment (entre autres) les services dont on peut jouir. F. Holande est un ultra-riche, bien plus riche que Bettencourt : il a sa disposition un stock de biens inimaginable.
@moi
La richesse est une notion statique, et ce n’est pas une erreur. L’erreur c’est de confondre richesse et revenu, situation et évolution, position et vitesse. Ce n’est pas un hasard si Hollande fait ce genre d’erreur (quand il défini la richesse par un seuil de revenu) : ça fait parti de sa vision statique du monde, avec le travail qui se partage et les inégalités qui sont d’après lui mauvaises indépendamment de leur causes, etc.
■les riches investissent leur argent de manière plus efficace pour la société que l’État
faux et à démontrer!!!
cf la fable de mandeville qui reste à démontrer
L’économie mondiale croît continuellement. Les gouvernements font des déficits continuellement. Quelle autre preuve vous faut-il ?
vrai et facile à démontrer : toutes (sans exception) lesexpériences des pays collectivistes ont toutes (sans exception) échouée, avec en plus de nombreux massacres.
Vus voulez une autre preuve ? les riches sont riches, l’état est pauvre, pourquoi à votre avis, si ce n’est l’efficience bien supérieure des riches dans l’investissement ?
« Faux et à démontrer » : c’est pourtant simple et évident, si ‘achtung klette’ veut bien réfléchir deux secondes.
L’Etat ne produit aucune richesse nette puisqu’il doit d’abord détruire par la contrainte une richesse au moins équivalente à celle qu’il produit. Or, il n’y a de création de richesse que dans l’échange volontaire, jamais dans la coercition, sinon les sociétés esclavagistes ou collectivistes prospéreraient.
Attention, cela ne veut pas dire que la production étatique est inutile mais que l’Etat est incapable de créer des richesses supplémentaires par rapport au potentiel des marchés.
Il suit qu’un Etat limité à ce qui est impossible de produire autrement (la sécurité notamment) est un Etat optimal, bien qu’on puisse débattre de ses limites. Mais dès qu’il agit au-delà de sa fonction régalienne, l’Etat joue contre le bien commun en détruisant plus de richesses qu’il n’en crée.
De plus, être efficace et rentable est vital pour une entreprise. Ce qui n’est pas le cas pour l’état.
Si l’entreprise n’est pas rentable elle ferme. Si l’état n’est pas rentable, il augmente les impôts, s’endette, ou crée de l’inflation. Mais il ne coule pas. Au pire il fait défaut.
Enfin, il ne coule pas… Ça va peut-être changer bientôt, remarquez.
Ah non, je ne marche pas. C’est vous qui voulez imposer un truc, c’est à vous de prouver qu’il est mieux. La liberté a une valeur en soi (et pas seulement une valeur économique) , pour la détruire ou la limiter il vous appartient de prouver que vous apportez plus. C’est à vous qu’incombe la charge de la preuve.
Et comme les contre-exemples abondent…
Ce qui est étrange, c’est qu’il y a « riches » et riches », autrement dit, pour les gauchistes (la pensée unique), il y a les « bons riches » et les « mauvais riches ». Vous l’aurez compris, les « mauvais riches » sont ceux qui « exploitent les pauvres travailleurs »…, et les « bons riches » sont tous les bobos du monde de la télé, du cinéma, de la chanson…Et les salaires de ces derniers sont souvent supérieurs !!! Voir le site : http://www.salaire-mensuel.com, on croit rêver !!!! Par exemple la « fameuse » Zazie gagne dix fois le salaire du PDG de Carrefour France…et là, les gauchistes ne disent rien…!!!!!!
Zazie ne gagne que ce que les gens ont bien voulu lui donner alors qu’ils avaient parfaitement le choix de ne rien lui donner. Personne n’a aucune problème avec ça.
Le patron de carrefour, lui, même si il ne gagnait que le SMIC, même si il bossait gratuitement, on le haïrait encore. Parce qu’il gagne sa croute avec du travail qu’on est bien obliger de faire (qui a envie de déplacer des cartons, remplir des rayons, etc. ?), du travail « biblique », celui qui fait suer ; et qu’il est celui qui fait faire ce genre de boulot.
Excellente analyse, limpide, rare…