Rome, du libéralisme au socialisme

Les vraies raisons de l’ascension et de la chute de Rome : le libéralisme et le socialisme… et les leçons à en tirer pour aujourd’hui.

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Rome, du libéralisme au socialisme

Publié le 3 août 2012
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Les vraies raisons de l’ascension et de la chute de Rome : le libéralisme et le socialisme… et les leçons à en tirer pour aujourd’hui.

Par Philippe Fabry


L’Empire s’effondre. Le pouvoir central s’écroule et se dissout. Le territoire impérial se démembre sous l’effet de l’appropriation des structures du pouvoir par la classe dominant le système corrompu des derniers temps de l’ordre impérial et la résurgence sous son vernis craquelé des anciens particularismes locaux et spécificités culturelles et ethniques.

Parlons-nous ici de Rome ? Oui et non. Oui parce que c’est ce qui est arrivé au plus grand empire de l’Antiquité. Non parce qu’en rédigeant ces quelques lignes, c’est la chute de l’URSS que nous avons à l’esprit. Rome s’est effondrée de la même façon que l’URSS parce que son effondrement avait les mêmes causes. Oubliez les invasions barbares, oubliez l’idée de Gibbon sur le christianisme ramollissant les Romains, oubliez les discours compliqués. La cause centrale de la chute de Rome, ce fut le socialisme. Parce que l’Empire, intrinsèquement, était un régime socialiste totalitarisant.

Comment Rome, qui avait conquis le monde, avait pu en arriver là, et comment, avant cela, avait-elle étendu son hégémonie sur le monde ?

Comment Rome a subjugué le monde antique : le libéralisme romain

La République romaine, si elle n’était pas tout à fait une démocratie, était un régime profondément libéral. La société romaine était régulée par la rule of law depuis cet événement fondateur qu’était la rédaction de la loi des Douze Tables, par laquelle le peuple de Rome obtenait la mise par écrit, c’est-à-dire la publicité, des lois, qui devenaient ainsi certaines, connues de tous, et mettaient fin à l’arbitraire des rois et de la classe dominante des patriciens. Exemple type de liberté par la loi, de garantie des droits individuels par fixation de procédures et de règles préétablies, la rédaction de la loi des Douze Tables était un début de Bill of Rights de la Rome antique, motivé par le même idéal d’isonomie que celui qui triomphait en Grèce à la même époque.

Certes la loi des Douze Tables ne régla pas tous les problèmes, et n’instaura pas réellement l’isonomie : la « guerre des ordres », véritable combat pour les droits civiques, se poursuivit longtemps entre patriciens et plébéiens, mais l’apparition d’une vraie forme de sécurité juridique favorisa le développement de la cité et l’attrait de son modèle. Le dynamisme économique de la jeune Rome, en particulier, doit sans nul doute beaucoup à cette liberté garantie : la citoyenneté romaine donnait l’accès au droit de propriété (jus census), à la liberté d’entreprendre (jus commercii) et de faire valoir ses droits en justice (ius legis actionis).

Cette citoyenneté était donc extrêmement convoitée, et Rome utilisa son prestige pour unifier l’Italie, en octroyant aux habitants des cités alliées différentes formes de citoyenneté partielle, puis en concédant cette citoyenneté à tous les Italiens libres au terme de la guerre Sociale, équivalent romain de la Guerre de Sécession américaine au cours de laquelle Rome affronta les cités qu’elle avait fédérées et qui avaient, précisément, fait sécession et s’étaient unies contre elle en confédération italique.

Par la suite, lors de ses conquêtes, Rome gagna les élites des territoires conquis précisément par l’octroi de la citoyenneté romaine, et motiva les hommes à servir la République par la perspective de l’acquérir un jour.

Le libéralisme romain n’explique pas seulement la prospérité économique de Rome sous la République, il explique aussi l’incroyable résilience du peuple romain face aux menaces extérieures. Durant la deuxième guerre punique, Rome perdit des dizaines de milliers d’hommes sur les champs de bataille, un chiffre phénoménal pour l’époque. Et pourtant elle réussit toujours à refaire ses forces et ses dirigeants ne s’avouèrent jamais vaincus. Cette extraordinaire force morale vient précisément de la liberté dont bénéficiaient les Romains, de la supériorité de leur mode de vie, et de l’attrait de leur modèle qui était tel que les cités italiennes restèrent fidèles dans la tourmente à la grande cité, alors qu’il eut été si aisé de choisir le camp d’Hannibal. Un empire résiste et lève des forces par la terreur, et s’il est sur le point de s’écrouler, les peuples qui lui sont soumis se soulèvent et se joignent à la curée. Mais Rome, au temps de la République héroïque, suscitait l’adhésion même en période de crise. C’est pour cette raison que Carthage a toujours perdu contre elle. Les guerres puniques, tout comme la Guerre froide, ne furent pas une simple guerre entre deux nations, ce fut un conflit de civilisations, et la victoire du modèle de société romain.

Ce modèle avait à tel point la liberté au cœur de son dispositif que lorsque les Romains, sous l’Empire, voulaient évoquer le régime que nous appelons République, ils l’appelaient libertas.

Et la question qui intéresse ici autant le libéral que l’historien, c’est comment la plus grande puissance libérale du monde antique a pu finir par s’effondrer comme l’empire soviétique ?

Des guerres civiles à l’Empire : la mutation socialiste de la société romaine

Au Ier siècle avant notre ère, Rome était devenue maîtresse de l’essentiel du monde connu, et l’Italie avait connu un afflux considérable d’esclaves sur son marché. Cette arrivée massive provoqua une chute des coûts, et profita principalement aux grands propriétaires qui, ayant les moyens d’investir, achetèrent ces esclaves en grand nombre pour les faire travailler sur leurs terres. Cette main-d’œuvre à bas coût permit aux grands propriétaires de vendre à des prix défiant toute concurrence, ce qui ruina les petits propriétaires et artisans et les réduisit aux chômage. Cette crise économique entraîna une crise sociale, et fit apparaître à Rome un courant populiste, les populares, porteur de revendications socialisantes : annulation des dettes, distribution de pain… ce courant s’opposa directement, quoique la politique romaine ne puisse être réduite à ce clivage, à celui des optimates, « parti » (le terme ne doit pas être pris dans le sens moderne et institutionnel, mais dans le sens courant de communauté d’idées ou d’intérêts) certes des aristocrates fortunés et de leur clientèle, mais plus largement des conservateurs romains, partisans de la défense du mos majorum, la « coutume des ancêtres », c’est-à-dire les mÅ“urs et les valeurs romaines traditionnelles, la constitution politique romaine et ses principes fondamentaux : la séparation des pouvoirs, le contrôle des magistratures, les élections régulières… il n’était pas seulement question de défendre les intérêts des riches : des individus comme Caton d’Utique avaient pour souci premier la défense de la République et de la libertas.

C’est ce clivage qui constitua la base idéologique de ce qui finit par devenir une guerre civile et déstabilisa les fondements mêmes de la République romaine : deux visions s’opposaient, une vision dans laquelle l’intérêt du peuple devait primer, et une autre dans laquelle devaient primer les droits individuels traditionnels. Ce qui tua la République romaine, c’est la fin du consensus autour du mos majorum provoquée par les bouleversements socioéconomiques ; l’Empire naquit de la nécessité de trouver un nouveau consensus social dans la nation romaine. Jacques Bainville, dans son excellent Les Dictateurs (1935), avait parfaitement analysé les phénomènes Marius et César lorsqu’il les désignait comme des dictateurs fascistes avant l’heure, exaltant à la fois Rome, l’armée et prônant la redistribution des richesses.

Le principat fut instauré par Auguste comme un compromis entre la sauvegarde du mos majorum, illustrée par la permanence du Sénat, censé être un rempart contre la tyrannie et donc la défense de la libertas, et la satisfaction des populares qui exigeaient de l’État romain qu’il pourvût à leurs besoins.

Cette évolution permit l’établissement d’une paix sociale mais engageait Rome et l’Italie sur une pente dangereuse : ce qui avait fait la réussite du modèle romain, un régime constitutionnel moins démocratique que jadis à Athènes, par exemple, mais où la protection des libertés individuelles était garantie par une Constitution vénérée, n’était plus.

Si l’on se contente de lire ce qu’il fut écrit sous l’Empire, on peut avoir l’impression que ce fut l’apogée de la grandeur romaine. Mais c’est une démarche à peu près aussi avisée que de choisir, dans mille ans, de ne prendre connaissance de l’histoire de la Corée du Nord au XXe siècle qu’en reprenant les documents officiels de propagande.

Les grands auteurs du temps soit comme Cicéron, Lucrèce, Sénèque ont connu une mort violente à cause d’un désaccord avec le pouvoir, soit comme Virgile, Horace, étaient pratiquement des artistes officiels. Le proto-libéralisme romain laissa avec le principat la place à un régime dictatorial socialisant, et à partir de là la tendance à l’étatisme se renforça jusqu’à culminer dans le dominat de Dioclétien, régime fortement dirigiste et pratiquement soviétique, créant des corporations fermées, multipliant les emplois de père en fils et attachant les cultivateurs à leur terre, le tout étant ordonné principalement à la satisfaction des besoins de l’armée ; les persécutions religieuses qui frappèrent juifs et chrétiens sous le Haut et le Bas Empire sont à cet égard révélatrices : elles n’eurent pas seulement pour cause le refus des fidèles de ces religions d’adorer les divinités tutélaires de l’Empire, mais véritablement un affaiblissement de la tolérance religieuse qui fut pourtant longtemps un caractère romain. On ne peut pas considérer que ces persécutions n’eurent rien à voir avec le caractère autoritaire du pouvoir romain, ne serait-ce que parce que la violence des persécutions augmenta proportionnellement au renforcement du pouvoir impérial : plus celui-ci se voulait sans partage et indifférent aux traditions libérales romaines, plus il était répressif. En outre au IIIe siècle l’empereur Aurélien instaura le culte officiel du Sol Invictus, prélude aux pires persécutions contre les chrétiens, qui était l’aboutissement de l’évolution totalitarisante de l’Empire : une idéologie unique exaltée par un art officiel de plus en plus répétitif.

Ajoutons à cela l’inévitable corruption inhérente à tout État totalitaire ou quasi-totalitaire, qui ruine le peuple et interdit l’émergence d’une classe moyenne et étouffe tout ce qui y ressemblait auparavant.

Finalement, l’effondrement romain se fit sur le modèle de celui de l’URSS : un système planiste étouffant l’esprit d’entreprise, réduisant à néant la liberté économique, supprimant la mobilité sociale et démoralisant les individus face aux envahisseurs : qui veut se battre pour une tyrannie ? Les Romains des derniers temps de l’Empire étaient effectivement démoralisés, mais non à cause de la décadence des mœurs ; ils l’étaient parce que le régime impérial n’était pas de ceux que l’on défend au prix de sa vie, comme l’était la libertas.

Une lutte nécessaire contre la menace militaire extérieure absorbant toutes les ressources, un empire recouvrant des ethnies aux cultures très différentes sous le vernis commun. La dislocation se fit au profit de la nomenklatura de l’Empire romain qui s’appropria les prérogatives de puissance publique et amorça la fin de l’évolution millénaire du soleil éclatant de la République romaine libérale vers la nuit du féodalisme européen.

Inquiétudes sur l’avenir des États-Unis d’Amérique

Le lecteur aura perçu, depuis le début de cet article, les nombreuses analogies entre l’histoire de la plus grande puissance libérale antique et la plus grande puissance libérale moderne. On aurait pu en ajouter d’autres : la République née du rejet d’une monarchie étrangère, l’austérité originelle des mÅ“urs, un certain culte des pères fondateurs, un impérialisme principalement défensif, hégémonie déployée subitement sur le monde connu… Les États-Unis d’Amérique risquent-ils, à l’instar de leur illustre aînée et prédécesseur, de sombrer dans le socialisme ? Des signes précurseurs existent qui soulèvent chez le libéral de vives inquiétudes.

Depuis l’élection de Barack Obama et sa volonté de faire passer des réformes sociales portant une vision très étatiste de la société, est apparu le mouvement d’opposition des Tea Party, mouvement conservateur s’érigeant en défenseur de la Constitution et réclamant le respect des libertés individuelles et de la Déclaration des Droits ; dans ce cadre, Obama est accusé d’être « socialiste », un terme très insultant aux USA. D’autre part, la crise économique a également fait émerger les mouvements anti-capitalistes : Occupy Wall Street, ou encore les We are the 99%. La crise de 2008 semble donc avoir fait émerger en Amérique le clivage entre les tenants du mos majorum américain et les populares.

Les USA ne sont probablement pas au bord de la guerre civile. Mais la fracture est apparue et il est probable qu’elle ne sera pas réduite. Pour la première fois de l’histoire des États-Unis, en 2009, la majorité des foyers américains a reçu plus d’argent de l’État qu’il n’en a payé en impôts, notait le 14 juillet 2012 l’économiste Greg Mankiw sur son blog, cité récemment par Alexis Vintray sur Contrepoints.

Dans les années et les quelques décennies qui viennent, la fracture risque fort de se développer au gré des difficultés économiques jusqu’au moment où les principes libéraux de la Constitution des États-Unis ne feront plus du tout consensus dans la population américaine. En particulier le développement prometteur de la robotique, qui détruira probablement beaucoup d’emplois d’ouvriers, risque-t-il de faire réapparaître les démons anti-destruction créatrice, ce qui serait un parallèle assez frappant avec le développement massif de l’esclavagisme à Rome, les machines à travail quasi-gratuit étant nos modernes servi. Ce serait alors un temps de grands troubles qui nécessiterait la mise en place d’un nouveau paradigme.

Le scénario catastrophe d’une répétition de l’Histoire

On verrait apparaître une nouvelle forme de gouvernement aux États-Unis, qui gouvernerait globalement l’Empire américain de façon de plus en plus intégrée et de plus en plus autoritaire. La progression du socialisme dans l’économie et le recul du libéralisme rendrait celle-ci de moins en moins dynamique, et l’interventionnisme étatique, de type sans doute keynésien, ne ferait qu’empirer la situation. Progressivement, le gouvernement impérial américain finira par ressembler à l’empire soviétique stalinien ou à la Corée du Nord.

Arrivé à l’épuisement total, travaillé par des forces centrifuges liées à la persistance d’identités locales : européenne, asiatique, sud-américaine, l’Empire se délitera et nous retournerons à la nuit du féodalisme dont le soleil américain nous a, temporairement, tiré.

Peut-on encore l’éviter ?

Nos ancêtres « libéraux » romains n’avaient pas idée de ce qui les attendait. Nous si. C’est peut-être là notre espoir d’échapper à leur sort, en préparant mieux la défense de la liberté, chez nous, autour de nous, et dans l’esprit de nos contemporains.

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  • Article très intéressant qui mériterait d’être développé… 

    Mais il me semble que les problèmes de Rome ont commencé bien plus à cause de leur politique impérialiste, que de leur politique socialiste. Si Rome n’avait pas envahi d’autres territoires, elle n’aurait pas eu d’esclaves, cela n’aurait pas provoqué de crise économique, et le socialisme n’aurait peut-être pas réussi à s’imposer.

    D’ailleurs, c’est aussi sur ce point que les USA se distinguent de l’Empire Romain, les USA n’ont pas de politique impérialiste (dans le sens où ils ne cherchent pas à agrandir leur territoire).

    • On peut dire que le système romain portait le vice en lui-même par la montée de l’expansionnisme et du militarisme. Chaque expansion faite afin de pressurer les peuples périphériques, faisant rentrer plus de ressources au bénéfice de l’envahisseur romain, mais nécessitant de s’étendre toujours plus vu le caractère temporaire de ces ressources (effet Laffer oblige) et un poids toujours plus lourd de l’Empire… Et au final, l’Empire s’est effondré sous son propre poids lorsqu’il ne pouvait plus s’étendre.

  • Je me rappelle avoir entendu à l’univ (j’ai parfois été aux cours;-) que H Pirenne avait fait une étude montrant que les empires entraient en décadence quand le poids de l’Etat atteignait les 50%
    Malgré des recherches assidues, je n’ai pas retrouvé cette étude.
    Cet article va dans le même sens.
    Quelqu’un aurait-il entendu parler de cette étude?

    • Ca m’intéresse aussi parce que je me suis toujours demandé comment calculer le moment ou un Etat commence à peser 50%. Parce que même si c’est abstrait, 50%, c’est significatif.

    • Paul Kennedy a commis un excellent ouvrage dans les années 80: « The Rise and Fall of the Great Powers: Economic Change and Military Conflict From 1500 to 2000 » qui postule que les grandes puissances finissent effectivement par s’écrouler sous le poids de leurs dépenses militaires (une sorte de dépense publique, finalement). On peut réduire son postulat à ceci: « quand une grande puissance n’a plus les moyens de ses ambitions [militaires], elle s’effondre ».

      Il existe donc un instant ‘T’ où la balance entre les bénéfices des investissements productifs sont absorbés par la dépense et on peut en conclure qu’effectivement le poids de l’Etat tout entier entraîne la grande puissance vers une chute inéluctable.

      Enfin ça, c’est de mémoire (j’ai lu ce bouquin en 1992), faudrait revoir le sujet.

      Pour en revenir à Rome, il y a un paramètre qui doit être considéré en première analyse: la très faible productivité du système esclavagiste et son coût relativement élevé: l’esclave est un bien – « asset » – et contrairement à l’idée répandue, le maître prenait soin de son bien (toutes proportions gardées, naturellement); ce dont il résulte un input supérieur à l’output, donc un affaiblissement des marges tendant vers zéro (et à mon avis carrément négatif dans bien des cas). A contrario, j’ai le souvenir de lectures sur la situation économique du nord et du sud des USA juste avant la guerre de sécession, avec une productivité clairement intéressante en faveur du système esclavagiste … mais bon, c’est loin tout ça :-/

  • Sur l’aspect fiscal du durcissement du régime à la fin de l’Empire, lire aussi ce très bon Thierry Afschrift : http://www.contrepoints.org/2012/03/14/73173-plus-letat-manque-de-moyens-plus-il-est-agressif

  • Par Jupiter Capitolin !
    Comment peut t’on limiter l’explication de la décadence d’un empire tel que l’empire romain ( la seulle véritable « europe » ayant existé: une langue, une citoyenneté) à une dérive « collectiviste » d’une république « libérale »?
    Comment peut t’on oser ramener les « persécutions religieuse » à un autoritarisme des empereurs ( alors que les moeurs et la tolérance, y compris les droits des matrones, l’affranchissement et l’ascension sociale fulgurante de certains affranchis, n’ont jamais cessé de croître sous l’empire, à l’exception du règne de déments tels que Caligula, et encore).
    L’analogie entre les dictatures collectivistes, faites d’humains insectisés, et la civilisation occidentale antique pré chrétienne est ridicule: la notion de persécution religieuse, c’est à dire au nom d’un « dogme théologico moral », de type « vraie foi », est inconnue de l’antiquité gréco romaine, les « persécutions » de chrétiens étant en réalité la tentative d’éradiquer une idéologie séditieuse d’esclaves et de traine savates.
    Si l’empire romain, las, et inconsciemment en échec ( quand on a tout, que reste t’il?), fut cueilli par une idéologie totalitaire orientale ( le christianisme) , ce n’est certainement pas par un phénomène de « soviétisation », mais beaucoup plus par une substitution d’une idéologie du « tiers monde » antique à l’esprit Hellénique et Romain.

    Si les occidentaux doivent retenir une leçon, c’est bien celle-ci

    Je suis tout à fait en accord avec « Politiks »

    • @ protagoras :

      alors là, il va falloir nous prouver que le christianisme (premier mouvement religieux fondamentalement libéral) était une idéologie totalitaire !!! du moins, jusqu’à ce qu’elle devienne religion d’état, (cad catholique) et perde tous ses attributs chrétiens (cf le livre de Renoir, JC philosophe) ???

      • je recommande aussi les travaux de Tolstoï sur le christianisme, car avant les réformes de constantinople, le christianisme est très différent

      • @ Stéphane
        christianisme: secte essenienne, fondée sur le messianisme, adoptée par les basses classes de la société juive de l’époque, plus ou moins en collusion avec les pharisiens (sortées d’intégristes chiants et moralistes), détestés des élite juives de l’époque, qui les considéraient comme des traîne savates superstitieux, incultes et séditieux ( il n’ ya aucune autre raison réelle à la crucifixion que la crainte des autorités juives des séditions populacières…).
        L’histoire de leur « chef » , à la froide analyse clinique, est celle d’un schizophrène cycloïde; pas de jaloux, il est facile a un oeil exercé de s’apervecoir que les histoires de Moïse et de Mahiomet sont celles de psychotiques de type paranoïdes; l’histoire du Bouddha est également celle d’un grand malade mental qui élabore sa doctrine pour lutter contre une mélancolie psychotique.

        Passons: nous nous trouvons donc en présence d’une bande d’incultes de type « passif-agressif », isssu d’une société globalement très arrièrée par rapport au monde gréco romain ( les élites juives « libérales » de l’époque allaient se former à Alexandrie..), pour laquelle la formation de l’esprit se confond avec la dogmatique religieuse, et non, comme dans le monde civilisé, avec la philosophie et ses différentes déclinaisons: je ne vois vraiment pas les signes d’une quelconque possibilité d’affiliation à des prémisses de quoi que ce soit de libéral là-dedans: religion prosélyte ( conversion des âmes, captation des esprits qui impliquent guerres de religions, puisqu’il s’git d’imposer son panthéon à d’autres) comme ses analogues mahométan, communiste ,écologiste et bouddhique.

        Là dessus, une telle inculture, un illétrisme « crasse », dont on ne voit guère comment une civilisation aussi brillante, et surtout aussi intelligente et rationnelle que la civilisation occidentale aurait pu s’édifier sur de telles bases.

        Toutes ces doctrines ont un point commun: le collectivisme, qui prend diverses formes
        – paulinienne: « il n’ ya plus ni juifs, ni grecs etc..
        -mahométane : l’oumma
        -communiste: pas de commentaires, c’est trop connu
        -écolo: Gaïa, gouvernance ecolo mondiale etc..
        – Bouddhiste: fusion dans la « grand Tout » à travers des methodes de méditation régressives

        Heureusement pour lui que le christianisme a pu s’approprier sa seule véritable armature intellectuelle : l’occident héllénique et romain, ce que la moindre visite un peu attentive de l’Urbs ( de la romaine antique jusqu’à la Vaticane) montre à l’envi.

        • @ Protagoras

          « les « persécutions » de chrétiens étant en réalité la tentative d’éradiquer une idéologie séditieuse d’esclaves »

          En effet, c’est bien parce que les chrétiens ont commencé à affirmer qu’un esclave était égal à son maître devant Dieu, que cela a remis en question l’esclavage, et par conséquent l’ordre social établi. D’autant plus que les Romains avaient aussi déjà tout ce qu’il fallait en dieux, et que cette concurrence devenait assez encombrante.

          Et c’est bien pour cette raison que les gentils libéraux romains ont décidé d’envoyer aux lions les méchants chrétiens collectivistes. Ils l’avaient bien cherché, d’autant que tout le monde sait que le libéralisme prône l’esclavage et le droit d’assouvir son prochain, il n’y a qu’à lire les journaux.

          D’ailleurs, il est aussi connu que les grands penseurs libéraux étaient tous des athées convaincus, et que les pays qui ont suivis leurs idéologies ont rejetés toutes les religions, et que de même les grands penseurs communistes étaient des chrétiens convaincus qui ont imposés par la force la foi chrétienne en URSS et en Chine…

          Heureusement qu’au milieu de tous ces malades mentaux, on trouve quelqu’un d’équilibré comme vous qui sait nous rappeler ces vérités fondamentales.

          • Aloyagah
            Vous avez mal lu

            « Toutes ces doctrines ont un point commun: le collectivisme, qui prend diverses formes
            – paulinienne: « il n’ ya plus ni juifs, ni grecs etc..
            -mahométane : l’oumma
            -communiste: pas de commentaires, c’est trop connu
            -écolo: Gaïa, gouvernance ecolo mondiale etc..
            – Bouddhiste: fusion dans la « grand Tout » à travers des methodes de méditation régressives »

            je n’ai aucune préférence pour les communistes athées.

            Certaines de vos expressions sont assez drôles « les gentils romains »
            Qui parle de gentillesse? Qui parle d’abolition de l’eclavage comme critère de quoi que ce soit.
            Il est évident que les chrétiens, héritiers de la « ZUP » palestinienne de l’époque , ne pouvaient que « réclamer » une « préférence pour les pauvres » et un « amour obligatoire universel » qui ne constituent que des demandes à leur profit, en réalité: quel occidental de l’antiquité se souciait réellement d’une « préférence » pour la lie sociale et intellectuelle de l’époque?

            Je vous invite à lire ou relire les invectives de St tartullien contre la philosophie, la liberté sexuelle, l’art …etc; antiques.

            Les musulmans et, très discrètement, les bouddhistes ( qui gouroutent peu à peu certaines élites scientifiques, économiques et administratives actuellement) sont le christianisme primitif actuel.

            Notez d’ailleurs leur haine des homosexuels ( édits de théodose I et II) et des femmes( Paul , bouddha, mahomet, staline [ eh oui]..); la schizo paranoïa est assez monotone dans ses manifestations, infiltre TOUT message universaliste, je dis bien TOUT.

            PS: outre le fait que la tradition culturelle commune des rares érudits du moyen âge ( qu’ils fussent chrétiens, musulmans, juifs ou athées) était la civilisation greco latine, ( aristote, platon, archimède , euclide , sophocle, aristophane etc…), seul refuge de la liberté de pensée pour les intellectuels du moyen âge occidental , on ne peut quand même pas dire que ce qui a suivi la chute de l’Empire Romain et sa christianisation, ait été vraiment brillant : si la régression « civilisationnelle » peut à la limite se comprendre en termes de troubles, guerres internes et externes, instatibilité politique et économique, la régression intellectuelle, quant à elle, ne connait d’autre cause que l’intimidation et la répression de la liberté de pensée lors de la christianisation de l’occident.

            Le « libéralisme » d’abord un « esprit », un « spirit », un « art libéral »: toute doctrine totalisante, universalisante, tout discours en terme d’espèce ou de collectif ou de « grand tout » ne peut être « libérale ».

          • @ protagoras

            « je n’ai aucune préférence pour les communistes athées. »

            En quoi ai-je mal lu? Je n’ai pas prétendu le contraire…

            « Certaines de vos expressions sont assez drôles »

            Je ne vous le fais pas dire… 

            « Je vous invite à lire ou relire les invectives de St tartullien contre la philosophie, la liberté sexuelle, l’art …etc; antiques. »

            Premièrement il s’agit de Tertullien et non « tartullien », deuxièmement, il est considéré par le Vatican qui ne représente que certains catholiques romains et de loin pas toute l’Église chrétienne depuis JC, troisièmement, le Vatican ne lui a pas accordé le titre de « saint »… 

            « Les musulmans et, très discrètement, les bouddhistes ( qui gouroutent peu à peu certaines élites scientifiques, économiques et administratives actuellement) sont le christianisme primitif actuel. »

            L’Église chrétienne primitive est décrite dans les écrits néotestamentaires et n’a strictement rien à voir avec l’islam ou le boudhisme. Elle est même fort différente du christianisme imposé à l’Empire Romain par Constantin, ainsi que du christianisme imposé par le monarchisme du Moyen-Âge.

            C’est d’ailleurs à cause de cela, qu’il y a eu la Réforme.

            « Notez d’ailleurs leur haine des homosexuels »

            Le Nouveau Testament ne contient pas d’écrits haineux, ni contre les homosexuels, ni contre les femmes.

            « toute doctrine totalisante, universalisante, tout discours en terme d’espèce ou de collectif ou de « grand tout » ne peut être « libérale ». »

            C’est le serpent qui se mange la queue… Votre affirmation a tout d’une doctrine totalisante… 

        • @protagoras: j’adore ces analyses « psychologiques » présentées comme des évidences et qui ne sont en fait que des projections de vos préjugés.

  • Cet article me fait penser à ceux des historiens du XIXe qui expliquaient la révolte de Vercingétorix contre César à travers le prisme du nationalisme français de l’époque, en tordant bien la réalité pour la faire correspondre aux concepts modernes. C’est un peu n’importe quoi.
    Ici pas un mot de la question agraire, qui traverse l’histoire romaine et est à l’origine de la crise de la république bien davantage que l’afflux d’esclaves qui lui est largement postérieur (au moment de la conquête des Gaules par César, alors que la République est déjà largement moribonde), rien sur les fondements du droit de propriété, pas franchements libéraux (avec la distinction entre ager publicus et ager romanus), rien non plus sur l’opposition avec Carthage (bien plus libérale -selon nos critères modernes- que Rome à la même époque), une lecture en monochrome de la période impériale (qui comprend pourtant l’édit de Caracalla et la conversion de l’Empire au Christianisme -mais ici on ne retient que les persécutions)…. Silence aussi le déficit commercial constant de la zone sous domination romaine sur toute la période – déficit compensé d’abord par les conquêtes militaires jusqu’à l’arrêt de celles-ci, puis par l’inflation.
    Enfin cette phrase digne des historiens du XVIIIe: « la fin de l’évolution millénaire du soleil éclatant de la République romaine libérale vers la nuit du féodalisme européen. » Quasiment du Gibbon dans le texte, alors qu’il est dénoncé quelques paragraphes plus haut.
    Bref, un article à mettre à la poubelle.

    • 1) L’afflux d’esclaves est bien à l’origine de ce que l’on appelle généralement la question agraire, avec les Gracques, etc… au IIe siècle, puisque l’afflux d’esclaves commence au IIIe siècle avec les guerres puniques. Auparavant la question agraire ne se posait pas dans les mêmes termes, c’est l’afflux d’esclaves qui provoque un basculement.
      2) L’édit de Caracalla est précisément une manoeuvre d’intégration de l’Empire. Il ne faut pas le comprendre comme une libération des hommes des provinces mais plutôt comme l’aboutissement de la domination romaine : il n’y a plus de nations, il n’y a plus que l’Empire.
      3) La conversion de l’Empire au christianisme ne change rien au système impérial, seul le vernis idéologique change, mais l’autocratie demeure.
      4) Ce n’est pas la zone sous domination romaine qui est en déficit commercial mais l’Italie vis-à-vis des provinces. Et il ne faut pas confondre la balance commerciale de l’Italie avec le trésor impérial qui recevait des taxes de toutes les provinces.

      • « déficit commercial » = Facepalm
        « balance commerciale » = Facepalm
        Quand on ne sait pas de quoi on parle on s’abstient, cf. Pascal Salin.

  • « Cette main-d’œuvre à bas coût permit aux grands propriétaires de vendre à des prix défiant toute concurrence, ce qui ruina les petits propriétaires et artisans et les réduisit aux chômage »

    Donc en gros, vous dites que le « socialisme » de l’empire romain s’oppose à ça, et ça a provoqué sa chute. Vous préférez donc la solution où seuls les riches s’en sortent et les petits propriétaires et artisans sont ruinés ?

  • Ce que je retiendrai, c’est que ça n’en dérange pas certains de se placer du côté des esclavagistes, tant que ceux ci défendent correctement la liberté à l’intérieur de leur propre caste.

    Avec des amis comme vous, le libéralisme n’a pas besoin d’ennemis.

    • Où avez-vous lu ça ? Pouvez-vous nous donner la citation ?

      • Le titre de cet article c’est bien « Rome, du libéralisme au socialisme », non ?

        Donc la bonne vieille Rome esclavagiste devrait être considérée comme libérale. Par définition, la richesse accumulée dans un paradis libéral est acquise en toute légitimité et donc inviolable. Ce sont ceux qui se mettent à réclamer de la redistribution, cédant aux sirènes du socialisme, qui introduisent le vers dans la pomme, si on suit l’auteur, puisque « l’Empire naquit de la nécessité de trouver un nouveau consensus social dans la nation romaine ».

        Plus explicite encore « Le principat fut instauré par Auguste comme un compromis entre la sauvegarde du mos majorum, illustrée par la permanence du Sénat, censé être un rempart contre la tyrannie et donc la défense de la libertas, et la satisfaction des populares qui exigeaient de l’État romain qu’il pourvût à leurs besoins.

        Cette évolution permit l’établissement d’une paix sociale mais engageait Rome et l’Italie sur une pente dangereuse »

        Des propres mots de l’auteur, les populo-socialistes ont causés la perte de Rome, pas les conservateurs esclavagistes, qualifiés de libéraux, pourtant à la source de la crise économique.

        La complaisance qui est celle de l’auteur vis à vis des grands propriétaires qui se sont enrichis grâce à l’esclavagisme, sous prétexte qu’ils aient défendus les libertés de leurs concitoyens officiels, me donne la gerbe.

        • FabriceM : « Donc la bonne vieille Rome esclavagiste devrait être considérée comme libérale.  »
          ———————————————
          Non, l’esclavagisme contrevient à un des fondements du libéralisme, à savoir le principe de non-agression, cf wikibéral. La bonne vieille Rome est « profondément libérale » (selon l’auteur) peut-être mais ça ne veut pas dire « entièrement libérale ».

          Vous cherchez à montrer quoi avec vos persiflages là, que les libéraux cautionneraient l’esclavage ? Allons, c’est grotesque !

          • Ma critique est contre l’auteur et sa myopie intellectuelle, point barre. Je ne suis pas un anti libéral fanatique, et vous ne trouverez jamais une seule ligne pour prouver le contraire.
            Donc vos procès d’intentions => poubelle.

    • @fabrice M
      ce n’est même pas ça, à mon avis.
      Réécrire l’histoire, surtout au vu d’une doctrine morale, est stupide, car les effets ne précèdent jamais les causes.
      En réalité, l’eclavage n’a été peu à peu aboli que pour des raisons économiques ( nous avons nos esclaves chinois et des pays de l’est entre parenthèses).
      Non, à mon avis, la question « libérale », qui je le répète va bien au delà de l’économie, est une question de « spirit ».
      Un esclave se prosterne parcequ’il ne peut pas faire autrement, question de survie, rien à dire.
      Par contre, un non esclave qui se prosterne est, à mon sens, indigne, et c’est bien ce qui différenciait le citoyen de l’antiquité de ce qui lui a succédé, tout temps et toute civilisation confondus: l’occident gréco romain fut la seule civilisation de la non-prosternation…….sauf précisément lorsque certains empereurs romains exigèrent un culte: nombre de citoyens romains , sous certains monarques déments, ont payé de leur vie leur fierté d’homme libre.

      je parle bien d’un « spirit » qui est pratiquement perdu

      « Ce que je retiendrai, c’est que ça n’en dérange pas certains de se placer du côté des esclavagistes, tant que ceux ci défendent correctement la liberté à l’intérieur de leur propre caste. »

      Vous avez raison: c’est pratiquement la définition comportementale des « élites » catastrophiques qui prétendent régenter le monde ( que l’on les dénomme « hyperclasse » ou je ne sais quoi d’équivalent.

  • C’est le Christianisme qui a digéré l’empire romain, et quand il eut fini la manoeuvre, il fit un pet au proportions bibliques, de l’ordre de la tectonique des plaques. Et ce, par la voix de chevriers autochtones, qui se dirent : ô mon dieu ! Pour qu’elle raison autant d’abrutis ont-ils bien pu construire des bâtiments aussi hauts ?

    Crétin.

  • Je suis très loin d’être convaincu par ce raisonnement. Il y a crise démographique au IIIème siècle, menaces extérieures entrainant des frais considérables et une hausse des impôts énorme qui appauvrit les élites, en Occident du moins. Ajoutons y la quasi interdiction pour un citoyen romain de porter les armes à partir de Constantin et nous avons l’équation au complet. L’annone coûte certes cher, mais est limitée à la ville de Rome.

    Comment expliquer alors que l’Emprire romain d’orient, qui sera byzantin survive alors que celui d’occident meurt. Les contraintes extérieures sont moindres, et les exactions ( lat. exactio =impôts) y sont aussi élevées .

    • « Comment expliquer alors que l’Emprire romain d’orient, qui sera byzantin survive alors que celui d’occident meurt. Les contraintes extérieures sont moindres, et les exactions ( lat. exactio =impôts) y sont aussi élevées . »

      C’est une question très intéressante. Ce qu’il faut voir avec l’Empire byzantin c’est qu’il n’a pas réellement « survécu » comme Empire. Dès qu’il a eu à subir quelques coups un peu durs comme son frère d’Occident, il s’est effondré tout pareil : la conquête musulmane, un siècle et demi après la chute de Rome, lui a enlevé la moitié de ses possessions : Egypte, Syrie, Maghreb. Et toutes ces régions avaient la particularité d’être proprement impériale, c’est-à-dire appartenant à une autre ethnie que l’ethnie dominante. Mais à partir du VIIe siècle, l’Empire byzantin n’est plus en réalité qu’un gros royaume grec, et les structures impériales, si elles ne se sont pas effondrées, se sont un peu féodalisées, avec un Basileus à la tête du tout qui avait à affronter les grands du royaume comme n’importe quel monarque d’Occident.
      En définitive, l’empire byzantin est mort plus lentement que Rome, mais de la même façon. Sa mort a été ralentie par des conditions plus favorables : une homogénéité culturelle beaucoup plus grande qu’en Occident, une civilisation plus ancienne, et une richesse plus grande. Mais il ne faut pas oublier que la véritable chute de Constantinople, c’est 1204, pas 1453.

      • « Dès qu’il a eu à subir quelques coups un peu durs comme son frère d’Occident, il s’est effondré tout pareil : la conquête musulmane, un siècle et demi après la chute de Rome, lui a enlevé la moitié de ses possessions : Egypte, Syrie, Maghreb » Erk. L’Empire byzantin a perdu ces territoires parce qu’il s’est battu pendant 20 à 30 ans contre l’Empire perse d’à côté. Lorsque les musulmans sont arrivés, ils ont pu manger l’Empire perse plus ces territoires byzantins parce que ces deux empires étaient complètement affaiblis par ces guerres incessantes et par un minage interne. On est très loin d’un Empire au faîte de sa force qui se fait battre par les musulmans qui sortent du désert…
        (source : Guerre et histoire n°16)
        « une civilisation plus ancienne, et une richesse plus grande » Cela ne justifie pas vraiment la durée de vie de l’Empire byzantin : ok pour la richesse (en achetant des armes, payant des mercenaires…), mais l’ancienneté d’une « civilisation » ne lui permet pas nécessairement de survivre…
        De plus, parler d' »un gros royaume »pour un pays qui peut encore se targuer de dominer environ 1 million de km² vers l’an Mil, c’est un peu fort du bonnet (France ACTUELLE : 641 185 km², je vous laisse imaginer les superficies des royaumes européens alors en place à l’époque…). Il ne faut pas non plus faire de téléologie : considérer comme acquise la chute de Constantinople dès le VIIe siècle, c’est très réducteur, d’autant plus que la victoire musulmane n’est pas non plus acquise (guerres civiles, divisions politiques, divisions entre chiites et sunnites…), surtout qu’ils viennent d’être repoussés devant Constantinople…
        Tout à fait d’accord avec cette phrase, en revanche : »Mais il ne faut pas oublier que la véritable chute de Constantinople, c’est 1204, pas 1453. »

  • Bonjour à tous,

    Ce sujet aurait sans doute mérité un traitement bien plus approfondi, mais pour me conformer au format habituel de Contrepoints j’ai préféré faire synthétique.
    Je ne suis guère surpris de voir des gens choqués par cette analyse, mais elle ne peut pas non plus être rejetée en trois lignes.
    Sur les objections qui ont été faites, voici quelques réponses rapides :
    – l’expansion romaine ne fut pas le problème. Il n’y a jamais vraiment eu d’impérialisme romain, tout comme il n’y a pas vraiment d’impérialisme américain. Je renvoie là-dessus à l’excellent article de Paul Veyne « Y a-t-il eu un impérialisme romain ? ». L’historien philosophe y explique très bien que les romains cherchaient moins à conquérir le monde pour dominer mais à contrôler pour s’assurer de leur éternelle sécurité ; il estime que « l’impérialisme » romain était en fait plutôt… un isolationnisme, le but étant de faire de Rome la seule entité politique du monde, afin que personne ne menace jamais son indépendance. Si vous analysez la politique américaine depuis le XIXe siècle, c’est exactement le même état d’esprit. On ne peut pas dire que les américains ne pratiquent pas une forme d’impérialisme : ils n’ont cessé d’étendre leur influence depuis leur indépendance, et leur expansionnisme est précisément conduit par la crainte viscérale de se retrouver dépendants de quelqu’un. On peut appeler cela un impérialisme défensif.
    – Sur la mobilité sociale qui a duré longtemps dans l’Empire, elle ne signifie pas grand-chose : les régimes socialistes ont un appareil au sein desquels les ambitieux habiles à manoeuvrer au sein du système peuvent facilement se hisser.
    – il y avait évidemment une persécution contre les chrétiens, mais pourquoi étaient-ils jugés séditieux ? Ils refusaient d’appeler l’empereur « Seigneur ». Mais sous la République, aucun dirigeant romain n’aurait osé exiger cela, il aurait été étrillé comme un tyran, et considéré comme bon à enfermer au sens psychiatrique du terme !
    – Carthage était-elle plus libérale ? on ne connaît pas bien son régime politique. Mais comme on le dit souvent, le libéralisme ne se limite pas à l’économie. Les romains sont réellement des « proto-libéraux », en ce sens qu’ils se souciaient d’une garantie de la liberté individuelle. Eriger l’esclavage en contre-exemple est absurde, tant il était alors une norme universelle.

    • Quelques ajouts :
      – Pour l’esclavage, il ne faut pas confondre productivité et rentabilité. Même si l’on juge la productivité des esclaves faibles, leur activité peut être très rentable si le coût de la main-d’oeuvre est très faible. Or le coût des esclaves à Rome lors des grandes conquêtes fut sans doute le plus bas de toute l’Antiquité.
      – Concernant l’expansionnisme qui serait la base du problème, il faut voir les choses en sens inverse : ce sont les prémices de socialisme romain qui ont provoqué la nécessité de remplir les caisses par les conquêtes,durant le IIe siècle avant J.-C. Avant cela, les conquêtes étaient motivées par la pure nécessité, décrite plus haut, de se défendre : contre les voisins, puis contre Carthage. Cette nécessité n’a pas disparu par la suite : les guerres contre les pirates illyriens, la conquête de l’Egypte (pour assurer les approvisionnements en blé) étaient des nécessités stratégiques, non dictées par la soif de domination. L’affaire est plus douteuse pour la conquête du monde grec. Le pillage lors de la Troisième guerre macédonnienne fut tel que l’on mit fin au tributum, l’impôt romain direct pesant sur les citoyens. Par la suite, les provinces devaient payer tribut et étaient pressurées par les gouverneurs soucieux de mener carrière à Rome, ce qui demandait beaucoup d’argent car il fallait, pour être populaire, « arroser » le peuple et financer des politiques socialistes. L’impérialisme romain « pur jus », ne répondant pas à des nécessités stratégiques et à un souci de défense, n’est donc pas la cause, mais l’effet.
      Et on trouve le même mécanisme aux USA ! L’acte le plus impérial de l’histoire des Etats-Unis est sans doute la dénonciation des accords de Bretton Woods et la fin de la convertibilité du dollar en or dans les années 1970 : il s’agissait tout bonnement de faire payer les provinces pour les dépenses des USA. Les beaux esprits incriminent généralement la course à l’espace et la guerre du Vietnâm dans l’inflation de dollars ; c’est oublier l’impact des mesures sociales de la Nouvelle Frontière de Kennedy et de la Great Society de Johnson, à la même époque : c’est autant (sinon plus ? il faudrait étudier les chiffres) pour financer ces mesures sociales internes aux USA que les dépenses de la Guerre Froide que les Etats-Unis ont décidé de profiter pleinement du privilège exorbitant du dollar. Depuis, les américains ont le souci de maintenir cette place hégémonique du dollar, ce qui avait été dénoncé par Ron Paul (le Caton américain !) dans un article il y a quelques années : http://www.instantcube.com/discernement/dollarhegemony-fra.htm

      • Dernier ajout : on me dit : « Vous préférez donc la solution où seuls les riches s’en sortent et les petits propriétaires et artisans sont ruinés ».

        Non, bien sûr.
        Dès le début, l’esclavage est un fléau en soi, mais il faut se demander d’où viennent les esclaves ? Des guerres victorieuses de Rome. Et pourquoi Rome était-elle si efficace ? Parce que son modèle libéral, comprenant à l’origine très peu d’esclaves (où les trouver, avant les conquêtes ?) lui donna une force qui la rendit invincible. C’est l’usage vaste de cette force qui a ensuite provoqué des déséquilibres et perverti la politique isolationniste romaine en authentique impérialisme. Qui était à l’origine de cet impérialisme ? Les ambitieux et les sénateurs que l’on pourrait dire partisans du capitalisme de connivence, profitant largement des conquêtes pour s’enrichir en s’emparant à titre privé des terres conquises, et les peuplant d’esclaves ruinant les petits propriétaires. Un Jules César est un exemple type de ces individus qui ont utilisé la puissance de Rome pour s’enrichir par des conquêtes et servir leurs ambitions : n’oublions pas que, devant le Sénat de Rome, la conquête de la Gaule était… illégale ! Et c’est en refusant de répondre de ses actions que César a pris le pouvoir, renversant le pouvoir légitime du sénat. Brutus est mort, comme Caton et d’autres, en martyr libéral : « Et tout leur argent ne parviendra pas à la ternir cette vertu. Ils ne pourront empêcher la postérité de voir en eux des individus méchants et injustes, qui auront mis à mort des hommes de bien, loyaux et justes, dans le but d’usurper un pouvoir auquel ils n’avaient aucun droit. »

        Sur les chrétiens : toutes les histoires sur la « secte essénienne », etc… c’est typiquement la vieille propagande athéiste antichrétienne.
        Accuser le christianisme d’avoir été une idéologie totalitaire est débile. Les chrétiens sont morts dans les arènes sans assassiner personne.
        Si vous voulez trouver l’équivalent antique des islamistes d’aujourd’hui, regardez, toujours du côté juif, chez les zélotes qui ont tant exaspéré Rome qu’elle a fait subir à la population juive de l’antiquité l’équivalent de la Shoah au cours de la première guerre judéo-romaine puis de la répression de la révolte de Bar-Kokhba.

        • A noter également qu’il faut être tordu pour voir dans saint Paul : »il n’ ya plus ni juifs, ni grecs etc.. » du collectivisme, quand Paul donnait ici dans l’universalisme, et affirmait l’égalité de tous les hommes.

    • Merci pour les précisions.

      Je lirai l’article de Paul Veyne à l’occasion. Mais il me semble que même si leur impérialisme était défensif, il est quand même assez à l’origine du problème, puisque pour finir, le simple coût de la défense des frontières était devenu faramineux.

  • Je suis toujours assez sidéré de constater que les libéraux se revendique toujours plus ou moins d’une religion. Catholique souvent.

    Mais comment ? « comment ces hommes peuvent-ils ignorer que dieu est mort ».

    Oui, le Christianisme a rongé l’empire romain, parce que qu’en on essaie de se persuader que le bonheur est dans le ciel est pas sur la terre, cela devient forcément compliqué au quotidien.

    Et certain écrivent en substance : regarder la décadence romaine, elle s’est converti au christianisme. Ou encore : regarder les romains qui ont persecuté les chrétiens.

    C’est le christianisme qui a gagné sur l’empire romain. Punto final.

    Deux doigts de bon sens permettant de mettre les causes avant les effets..

    La ou je rejoins ce billet c’est que pour moi christianisme = socialisme. Ce qui paraîtra évident pour qui a lu 2 pages de Nietzsche.

    Et oui ! Le Christianisme comme le socialisme sont 2 idéaux qui nient la réalité de la terre et des hommes, et qui se disent : « ça serait mieux si la terre n’existait pas comme elle est ». En ce sens ils sont in refut de la vie, comme tout constructivisme.

    Par contre, le christianisme est attardé par rapport au socialisme. Et oui, Staline a existé, par rapport à la vierge marié je veux dire.

    Quoiqu’il en soit les deux sont de la merde purulante, mais il ne faut pas faire l’erreur de négliger leur puissance..

    À grand coup de fer rouge dans les culs la foi à été inscrite dans les bios, les 100 millions de morts de communisme le rende par endroit plus populaire que la simple liberté.

    « il n’y a du qu’un seul chrétien, et il est mort sur la croix » et il se trouvait qu’il était simple bouddhiste en plus.

    Les théologiens en ont fait par la suite du platonisme pour le peuple.

    Pour reprendre une tournure de Sartre : le libéralisme est un humanisme.

    Vos idéaux, vous vous les prenez, vous vous les rouler, et vous vous les enfilez bien profond dans le cul. Le premier qui m’approche avec son « ciel » se prend ma main dans la figure.

    • « La ou je rejoins ce billet c’est que pour moi christianisme = socialisme. Ce qui paraîtra évident pour qui a lu 2 pages de Nietzsche. »

      1) Ce n’est pas du tout ce que dit mon billet.
      2) Prétendre appréhender le christianisme à travers Nietzsche est aussi sage que de prétendre appréhender le capitalisme à travers Marx.

      Considérer que le christianisme a rongé l’Empire romain est absurde. Il y a moins de différences entre l’Empire avant et après le christianisme qu’entre Rome avant et après la guerre civile.

      « Deux doigts de bon sens » ne servent à rien s’ils ne s’appuient pas sur des faits et des raisonnements solides.

    • @ Bruno Liautaud

      « comment ces hommes peuvent-ils ignorer que dieu est mort ».

      Parce que personne ne leur a ramené son cadavre.

      « il n’y a du qu’un seul chrétien, et il est mort sur la croix » et il se trouvait qu’il était simple bouddhiste en plus.

      Pas bouddhiste, juif.

      « Pour reprendre une tournure de Sartre : le libéralisme est un humanisme. »

      Sartre était un collectiviste, je doute qu’il ait vraiment compris quelque chose au libéralisme.

      « Le premier qui m’approche avec son « ciel » se prend ma main dans la figure. »

      Ce qui montre que vous n’êtes pas plus libéral que Sartre, si vous utilisez la force contre des gens pacifiques sur le seul motif que leurs propos vous déplaisent.

    • Bruno Liautaud : « Pour reprendre une tournure de Sartre : le libéralisme est un humanisme. »
      ——————————–
      Vous devez confondre Sartre (JP) et Salin (Pascal). Comme c’était dit, Sartre est communiste, ou pour reprendre une tournure de Staline un « idiot utile » du collectivisme. Il doit aimer le libéralisme comme on aime se faire arracher une dent.

      S’il avait dit ce que vous lui prêtez, on aimerait bien savoir où, quand et ce qu’il avait fumé à ce moment là.

      • Je pense plutôt que par « reprendre une tournure », Bruno détourne une citation célèbre de Sartre: « l’existentialisme est un humanisme ».

        Pas besoin de sortir le tromblon à tout bout de champ.

  • Pour Rome, c’est loin et l’histoire a été modifiée. L’URSS a été sévèrement attaquée de l’extérieur. Il faudrait comprendre pour quelle raison ? A qui devaient servir les révolutions colorées ?
    Comment peut on faire une analyse sur Rome en étant incapable d’analyser correctement les événements en l’URSS d’il y a moins de 25 ans ?
    Il vous faut ajouter : la disparition de la France, officiellement ce sera dans quelques mois.
    Les esclaves romains sont comparables aux pays sous le joug américain, actuellement. Avec le temps se créent des oppositions. Il faut apporter de quoi satisfaire les récalcitrants, leur donner toujours plus.
    De nombreux pays se sont débarrassés de l’hégémonie USA et contre-attaquent. Les pays occidentaux comme la France vont payer cher leur plan Marshall.

    Quant aux commentaires, on ressasse toujours le formatage judéo atlantiste.
    Il y a aussi un arriéré avec ces millions de morts et un musulman qui attend « le moment » avec sa mosquée et sa charia sous le bras.

    J’ai une question. Quel pays va vous engager quand vous aurez votre doctorat en histoire du droit, des institutions et des idées politiques ? (ce n’est pas une moquerie)

    • Ce n’est pas un pays qui engage un professeur, c’est une université.

      Quant au reste du message, c’est trop abscons pour savoir quoi y répondre.

      • 1. Abscons, quand on n’a pas de réponse. Je plains vos futurs étudiants. Ce qui explique aussi pourquoi il y a actuellement en France 30% d’illettrés en plus d’endoctrinés.
        2. Je ne crois pas me tromper en pensant que vous êtes un cosmopolite sinon vous auriez répondu que vous travaillerez dans une université française ou dans une université d’un autre pays.
        Ne seriez vous pas, en réalité, un atlantiste, faiseur de révolutions colorées ?

    • psst, psst, fait tourner mec, ça à l’air d’être de la bonne

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Pourquoi pas les deux ? Il fut répondu [ par l’auteur de ces lignes] par la négative dans deux articles parus en 2018 à la suite de la lecture de The Rise of the Fourth Political Theory de l’idéologue et politologue russe Alexandre Douguine, lequel, émule de Heidegger et de Carl Schmitt, rejette explicitement ce qu’il appelle la démocratie libérale et le libéral-capitalisme au nom d’une forme de conservatisme basée sur les notions d’identité nationale, de sécurité, d’ordre, d’autorité, d’héritage religieux, de famille, de traditions.

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À l’occasion de la 9ème séance de l’école du libéralisme, l’IREF a eu le plaisir de recevoir Erwan Le Noan pour répondre à la question suivante : la politique de concurrence est-elle libérale ?

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