Si les députés et les sénateurs de Berlusconi retiraient leur soutien, Monti et son gouvernement n’auraient pas d’autre option que de démissionner. Monti devrait donc choisir ses mots plus soigneusement.

Aussi compétent soit-il, le premier ministre Mario Monti a vraiment mis les pieds dans le plat cette semaine. Un jour seulement après que le Spiegel a publié son affirmation un peu malencontreuse selon laquelle “les gouvernements de la zone euro ne devraient pas être entièrement liés par les décisions de leurs parlements”, le Wall Street Journal a publié avant-hier des extraits d’une interview avec Monti datant du mois dernier. Dans celle-ci, Monti a suggéré que si Silvio Berlusconi était encore au pouvoir, le spread de l’Italie serait à 1200 ou quelque chose d’approchant.
Ouille !
Il pourrait bien avoir raison, mais ce n’est pas très malin politiquement. Rappelez-vous que, bien que Monti mène un gouvernement seulement composé de technocrates (et en fait, il est un technocrate non-élu lui-même), il doit aussi se reposer sur le soutien du parlement pour faire passer les réformes structurelles dont l’Italie a si désespérément besoin.
Le parti de Berlusconi détient toujours le plus grand nombre de sièges dans les deux chambres. En conséquence, si les députés et les sénateurs de Berlusconi retiraient leur soutien, Monti et son gouvernement n’auraient pas d’autre option que de démissionner. Monti devrait donc choisir ses mots plus soigneusement.
Le parti de Berlusconi lui a immédiatement rendu la pareille, le résultat étant que le gouvernement a échoué à obtenir la majorité lors de l’un des votes à la chambre basse avant-hier, au sujet d’un nouveau programme d’économies de 26 milliards d’euro. C’était principalement un geste symbolique (ce vote spécifique était sur un acte de procédure) et le programme a, en fin de compte, été approuvé, mais c’était un rappel du rôle important que joue toujours le groupe de Berlusconi.
Le chef du groupe des sénateurs de Berlusconi a déclaré :
Monti devrait faire preuve d’un comportement plus équilibré et plus respectueux, puisque le parlement doit effectuer un vote de confiance après l’autre. Tôt ou tard, quelqu’un pourrait se fatiguer.
Pour la deuxième fois en moins de 24 heures, Monti a été forcé de s’excuser, même si son cabinet préfère le mot clarifier. Il a appelé Berlusconi et lui a dit qu’il était “désolé”, parce que cette phrase spécifique avait été “extrapolée” d’une conversation plus longue et avait été prise hors de son contexte.
Excuses acceptées, semble-t-il. Mais cet épisode est un nouveau rappel de comment, pour l’Italie, le principal risque reste politique.
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Sur le web
RT @Contrepoints: Monti : “Avec Berlusconi, le spread serait à 1200” http://t.co/ZfaWWjyS
Rappelons-nous que le professore Monti fut un des commissaires U.E., à l’époque en charge de la concurrence ! Des manières U.E., il en a garder le réflexe : passer par-dessus la tête des électeurs nationaux pour tenter de faire passer des diktats à transposer au travers des Etats-membres.
Les instances U.E. ne cessant de démontrer leur incapacité à gérer la complexité qu’elles ont contribuer à mettre en place, je leur recommanderais volontiers un peu d’humilité (une “valeur” qu’ils sont incapables de pratiquer ) !
Il est vrai que Monti n’a pas mâché ses mots.
Cependant, il est intéressant de voir qu’il a bien plus de courage pour faire passer des réformes relativement sévères à l’Italie. Sans doute parce qu’il n’est pas élu et n’a donc aucun compte à rendre aux italiens.
A suivre