À travers les exemples de rage taxatoire qui frappe les carburants et les spiritueux, on découvre toute l’absurdité du système fiscal français et de l’État-providence.
Par Jean-Baptiste Noé.
Les taxes représentent environ 65 % du prix d’un litre d’essence, quand le prix du baril de brut en représente environ 27 %. Ce sont donc les taxes qui sont principalement responsables du coût de l’essence. Le gouvernement promet une baisse de l’ordre de 2 à 4 centimes par litre. Si la baisse est de 3 centimes, sur une voiture dont le réservoir est de 50 litres, cela représente une économie de 1,5 euro par plein. Mettons que notre automobiliste réalise deux pleins par mois, son économie sera de 3 euros par mois, et de 36 euros par an. On ne peut pas dire que le pouvoir d’achat des Français va augmenter avec cette baisse.
Mais il y a plus grave.
Selon l’association 40 millions d’automobilistes, une réduction de un centime des taxes coûterait à l’État 500 millions d’euros par an. Si la baisse de 3 centimes est partagée par les pétroliers et l’État, cette mesure causera au pays un manque à gagner de 750 millions d’euros. Il faudra bien les trouver ailleurs, puisque le déficit français est déjà abyssal. Nul doute que cette fausse baisse pour le consommateur, mais vrai manque à gagner pour l’État, sera compensée par une augmentation de la fiscalité dans d’autres domaines. Le temps n’est plus aux saupoudrages et aux fausses mesures, mais aux vraies réformes fiscales, qui ne peuvent être couplées qu’avec une réduction des dépenses publiques dans les domaines où l’État dépense beaucoup.
Avec l’essence, il est un autre liquide fortement taxé, il s’agit des spiritueux. En janvier 2012, les taxes représentent 83,8 % du prix de vente au consommateur des whisky, pastis, cognac, liqueurs et eau-de-vie (chiffres fournis par la Fédération Française des Spiritueux).
Le prix d’un litre de spiritueux vendu 13 euros se décompose comme suit :
- Prix de vente, hors droit et hors TVA : 2,10 euros
- Taxes : Droits de consommation : 6,64 euros
- Cotisation Sécurité sociale : 2,13 euros
- TVA : 2,13 euros.
Soit 83,85 % de taxes.
Le gouvernement n’évoque pas encore la baisse de 3 centimes du litre de spiritueux. Peut-être que cela encouragerait les Français à boire, ce qui ne serait pas une bonne chose car, la France étant la principale consommatrice de psychotropes et d’antidépresseurs, et sachant que les médicaments se marient mal avec l’alcool, cela pourrait engendrer des accidents routiers, et donc causer une diminution de la vente d’essence.
À travers l’essence et les spiritueux on découvre surtout l’absurdité du système français. Tant de choses dépendent de l’État : école, santé, sport, culture, logement, écologie… qu’il est nécessaire d’avoir des prélèvements fiscaux lourds pour financer toutes ces dépenses publiques. Jusqu’au moment où les Français se soulèvent contre les taxes et demandent une diminution des impôts, mais sans vouloir un désengagement de l’État dans les domaines qui ne sont pas les siens. La seule façon de diminuer les taxes, et de donner ainsi davantage de pouvoir d’achat aux Français, c’est d’abord de réduire les dépenses publiques.
Mais cette question ne semble pas à l’ordre du jour. Ne reste alors que la consolation de déguster un bon cognac, et de savoir que plus de 80 % de la saveur de son verre est un impôt qui abreuve l’État-providence.
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Sur le web.
Il faut arrêter de jouer leur jeu et de dire qu’une baisse de recettes est un coût pour l’Etat. Si on accepte ces prémisses, on a perdu, point à la ligne.
Notre salut (et celui de l’état) la baisse des dépenses.
100 jours de flanby, et tjs pas de dégraissage du mammouth et autres.
« Le prix d’un litre de spiritueux vendu 13€ se décompose comme suit :
Prix de vente, hors droit et hors TVA : 2,10€ Taxes : Droits de consommation : 6,64€, Cotisation Sécurité Sociale : 2,13€, TVA : 2.13€. Soit 83,85% de taxes. »
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Le taux d’une taxe, c’est (montant taxe)/(prix initial) : on divise par le prix initial et non par le prix de vente ! (à noter que pour calculer une marge, on divise les bénefs par le prix de vente, pour ne pas avoir des valeurs dépassant 100%, par pure convention).
Ainsi, pour un produit à 119,6€ TTC, montant taxe = 19,6€, prix initial = 100€, taux de taxe = 19,6%
Donc dans le cas du litre de spiritueux à 13€, le taux de taxe, c’est 520% (cinq cent vingt %) et non 83,85%. De même pour le litre de carburant, certes, les taxes représentent environ 65% du prix d’un litre d’essence mais le taux de taxe, ce n’est pas 65% mais 144% !
C’est pas la « part de l’ange », c’est la part de l’ogre.
+1
Je voulais poster la même chose, mais j’ai eu la flemme. À noter que la page Wikipedia sur l’essence a un chapitre sur les taxes, où l’on apprend qu’en 1999 la taxe sur l’essence est montée à 500% (!): http://fr.wikipedia.org/wiki/Essence_(hydrocarbure)