La Catalogne qui réclame un renflouement de 5 milliards à Madrid « ne dira pas merci » au gouvernement espagnol. Un test majeur de crédibilité pour Mariano Rajoy.
Dans le City AM d’hier nous nous penchions sur la décision de la Catalogne de réclamer un renflouement du gouvernement espagnol et ce qu’elle signifie pour l’Espagne, son Premier Ministre Mariano Rajoy, et l’eurozone.
La décision de la Catalogne de demander un renflouement auprès du gouvernement espagnol était juste une question de temps. Avec plus de 5,7 milliards d’euros de dette arrivant à échéance avant la fin de l’année, la région la plus riche – mais aussi la plus lourdement endettée – d’Espagne a peu de chance de pouvoir payer ses traites sans assistance extérieure. Cette requête sera un test majeur pour évaluer la trempe du Premier Ministre Mariano Rajoy.
Et bien qu’il ait demandé un prêt de plus de 5 milliards d’euros – ce qui représente à peu près le tiers de l’argent que le gouvernement espagnol a mis sur la table pour aider ses 17 Communautés Autonomes – le gouvernement catalan a jusqu’ici montré peu de gratitude à l’égard du gouvernement central.
En fait, un porte-parole du gouvernement catalan a confié à la presse de façon provocante que la Catalogne n’a même pas l’intention de dire « merci » au gouvernement espagnol pour son aide. La logique invoquée étant que l’argent ainsi emprunté n’est que le retour des taxes des contribuables catalans, argent autrefois transféré de la riche Catalogne au reste de l’Espagne. Plus important, la Catalogne a dit vouloir rejeter toute « condition politique » au prêt et n’a aucune intention de couper plus dans les dépenses pour atteindre l’objectif de déficit fixé par le gouvernement central cette année.
Les négociations à venir sur les détails du renflouement vont par conséquent se révéler un test majeur de crédibilité pour Rajoy, et ce sur deux domaines.
Au plan domestique, son gouvernement ne peut simplement pas se permettre de montrer la moindre faiblesse lors des pourparlers avec les leaders catalans. Si Rajoy renfloue sans condition la Catalogne, toutes les autres régions seront encouragées à réclamer leur part de l’argent du gouvernement central sans restrictions. Cela soulèvera la question de savoir si les 18 milliards du fonds de renflouement déployés par le gouvernement espagnol afin d’aider les régions en faillite seront suffisants. À cette heure, la moitié de l’argent a déjà été engagée, et ce pour seulement 3 des 17 régions espagnoles.
Au plan européen, le gouvernement a désespérément besoin de prouver qu’il est capable de gérer les dépenses des régions. Comme l’a rappelé le président du Conseil Européen Herman Van Rompuy durant sa visite à Madrid plus tôt cette semaine, les problèmes internes dus à l’organisation de l’État espagnol ne sont pas ceux de Bruxelles, mais ceux de Madrid. En d’autres termes, la politique intérieure intra-régionale de l’Espagne ne sera pas considérée comme une justification valide si l’Espagne échouait encore une fois à atteindre ses objectifs de déficit.
Alors que les marchés attendent impatiemment que l’Espagne s’adresse au fonds de renflouement temporaire de l’eurozone, le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF), afin que celui-ci rachète des bons du trésor espagnol dans un effort pour réduire ses coûts d’emprunt insoutenables, le gouvernement espagnol a besoin de s’assurer qu’il ressort des négociations avec la Catalogne dans une position de force.
Si, d’un autre côté, Rajoy se révèle incapable d’exercer le contrôle dans sa propre arrière-cour, sa position de négociateur à Bruxelles sera sûrement affaiblie – et ses collègues de l’eurozone seront de plus en plus réticents à prendre au sérieux ses promesses de réformes et de consolidation fiscale.
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Sur le web.
Traduction : YB pour Contrepoints.
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