Le libre-échange, un impératif éthique

Le libre-échange est une libération, une découverte, une harmonie et un espoir bien plus qu’un système efficace économiquement.

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Le libre-échange, un impératif éthique

Publié le 7 septembre 2012
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Le libre-échange n’est pas seulement une forme d’organisation mondiale du travail dictée par les coûts comparatifs, ni davantage une source de croissance et de développement économiques. Il a pour dimensions majeures d’être une libération, une découverte, une harmonie et un espoir.

Par Jacques Garello, depuis Aix en Provence.

Article publié en collaboration avec l’Aleps.

Il est traditionnel de terminer l’Université d’Été par une session consacrée à l’éthique du libéralisme. Nous mettons en effet un point d’honneur à défendre la liberté, non seulement (voire non pas tant) pour son efficacité, mais pour ce qu’elle signifie pour la dignité de l’être humain.

Le libre-échange n’est pas seulement une forme d’organisation mondiale du travail dictée par les coûts comparatifs, ni davantage une source de croissance et de développement économiques. Il a pour dimensions majeures d’être une libération, une découverte, une harmonie et un espoir.

 

Le libre-échange : une libération

En absence de libre-échange, les individus sont prisonniers de leurs États, assujettis à leur fiscalité, à leur Sécurité sociale, à leur monnaie, leur droit à l’initiative est limité. Ils sont voués à la « servitude consentie » car leur situation et parfois leur vie dépendent directement ou indirectement de leur État.

Le libre-échange leur offre une possibilité de choix : bénéficier de produits et de services correspondant mieux à leurs goûts et leurs moyens. Aujourd’hui, l’économie n’est plus « géonomique » (François Perroux) les gens ne sont plus attachés à leur territoire, comme du temps où la richesse était liée à l’agriculture ou aux ressources naturelles – 70 % des échanges mondiaux portent sur des services.

Mais en même temps, c’est la capacité créative des individus qui est libérée. Ils peuvent exprimer leur personnalité, former des projets, parce qu’ils sont en liaison avec le monde entier, et que la mondialisation leur donne l’occasion d’exprimer leurs talents. Les assistés d’hier deviennent les créateurs de demain.

Philippe Nemo a montré que seule la liberté peut donner aux hommes leur beauté, voici que la liberté donne aussi aux hommes leur dignité.

 

Le libre-échange : une découverte

Dans un de ses articles sur la mondialisation, Michael Novak a fait remarquer que l’an dernier un habitant de la planète sur sept aura visité un pays qui n’est pas le sien. Les jeunes en particulier évoluent dans un monde sans frontières. Parallèlement, une communication téléphonique entre Europe et Amérique coûte actuellement trente fois moins qu’il y a vingt ans, et le transport d’un pneumatique du Japon en Europe coûte moins d’un euro. Les techniques de transport et télécommunications ont fait un tel progrès que chacun d’entre nous peut être mis en contact avec le reste du monde.

Ainsi les gens vont-ils découvrir de nouvelles façons de vivre, de nouveaux produits, de nouvelles techniques, qu’ils vont adopter ou adapter. Les bienfaits du libre-échange résident non pas tellement dans la division du travail que dans la diffusion du savoir. Découvrir, c’est comprendre, c’est faire l’expérience de la diversité, c’est accepter la mobilité.

Les individus vont également découvrir d’autres peuples, d’autres cultures. Ils vont nouer de nouvelles relations, et oublier de vieilles querelles injustifiées et parfois criminelles.

 

Le libre-échange : une harmonie

Découvrir, c’est encore prendre conscience de l’universalité de la famille humaine, c’est réaliser que nous avons plus de choses en commun que de sujets de division.

Sans doute aucun économiste n’a exprimé mieux que Frédéric Bastiat le sens de l’économie : l’échange est la recherche des besoins des autres, la rencontre d’êtres humains dont chacun ne peut satisfaire ses propres besoins qu’en servant les autres. L’échange fait de chacun d’entre nous le serviteur de l’autre.

C’est une des formes que prend la nature humaine : nous n’existons, et surtout nous ne nous épanouissons qu’au contact des autres. Le marché n’est pas le fruit de l’égocentrisme, il est totale extraversion. Dans les rapports avec l’autre, avec l’étranger, nous ne voyons plus un assassin, quelqu’un qui menace de « manger notre pain » mais qui nous dit : « Je ne suis pas là en ennemi, mais en serviteur ».

Des intérêts apparemment contradictoires finissent par se combiner à travers le libre-échange : à ce propos, Mises a évoqué la catallaxie, ce processus qui change un ennemi en partenaire.

Un monde de compréhension, de solidarité, n’est-il pas préférable à la lutte de tous contre tous ?

 

Le libre-échange : un espoir

Hélas, la lutte des classes, la lutte des races, la lutte des nations est toujours dans les esprits et dans bien des discours quotidiens.

Après la chute du mur de Berlin, l’avenir de l’humanité a été vu de deux façons :

d’un côté Francis Fukuyama a cru à « la fin de l’histoire », à l’harmonie universelle apportée par la mondialisation, une fois éliminés le marxisme et l’idée de la lutte générale ;

de l’autre, Samuel Huntington a annoncé une nouvelle ère de « choc des civilisations », les blocs géopolitiques fondés sur des niveaux et des perspectives de développement diverses et des cultures différentes, et notamment sur des religions différentes étant appelées à s’affronter.

Huntington s’inscrivait dans la grande tradition du nationalisme et de la xénophobie. Une tradition qui nous a valu Hitler et la Deuxième Guerre mondiale, une tradition qui a voulu dresser le Sud pauvre contre le Nord riche, au prétexte de néo-colonialisme, d’impérialisme et d’écologie politique. Sommes-nous réellement promis à ce schéma qui désespère de l’homme et des nations ? Sommes-nous invités à nous armer, à nous mobiliser pour de prochains affrontements ?

À l’inverse, le libre échange nous redonne l’espoir. Il est promesse d’un monde apaisé parce que complémentaire, solidaire. Au cours de l’histoire, les périodes de progrès et de paix ont été celles de la libre circulation, de l’ouverture des esprits : pensons par exemple à l’extraordinaire éclosion de l’Europe médiévale autour du XIIe siècle, ou à la signature au XIXe siècle du traité de commerce franco-anglais, et au développement des échanges mondiaux jusqu’à la Première Guerre mondiale.

Le libre-échange rend les hommes libres, responsables de leurs initiatives personnelles. Mais la responsabilité des hommes libres, notre responsabilité, est de choisir et défendre la liberté.

« Faisons la liberté, la liberté fera le reste », disait Jean-Marc Varaut. Soyons les pionniers et les gardiens du libre échange et de la liberté.

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  • Article intéressant mais j’ai peur que Huntington l’emporte car si seule une des deux parties de l’échange le veut libre alors il n’y en aura pas. Il faut espérer (et ce n’est pas un faux espoir) que le monde musulman s’ouvre au libre échange? Tel n’est pas encore le cas aujourd’hui.

    Sinon petite erreur historique, le premier accord de libre échange entre la France et l’Angleterre date du 26 septembre 1786. Il fut un tel succès qu’en 1789 la France exportait l’équivalent de 10% de son PIB. Nous ne retrouverons un tel niveau qu’en 1840…

  • Le libre échange est une guerre en soi, c’est une guerre commerciale.
    Et cette guerre est équilibrée si tout le monde joue le jeu, mais si une des parties utilise des armes trop puissantes, par exemple, une monnaie très faible, il achètera peu (import très cher) et exportera beaucoup, ce qui créera des dégâts dans les autres pays, mais ce n’est qu’un exemple, on peut aussi nommer le coût du travail …..
    Et comme rien n’est équilibré dans ce monde, le libre échange n’est en rien l’harmonie que vous décrivez.
    En revanche, il peut être créateur de richesse, à condition d’avoir les bonnes armes, qui, chacun le sait, se forgent au détriment des gens d’en bas (monnaie faible, pas de protection sociale, rôle inexistant de l’état puisque pas d’impôts …. )
    Mais alors, comment fait l’Allemagne? Et bien, elle profite d’un Euro qui est sous évalué (-20% pour l’Allemagne, mais sur évalué pour les autres, français +30%) à cause de tous les autres pays qui le composent et qui le font baisser à cause de leurs économies plus faibles, une rigueur budgétaire exemplaire, des décisions pragmatiques et surtout des industries leaders mondiales indétrônables, mais seule l’Allemagne peut faire cela.
    C’est hors de portée pour nous.

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