L’austérité par les hausses d’impôts est un cercle vicieux. Comme le montrent les études économiques, seules les baisses de dépense publique fonctionnent.
Par Emmanuel Martin.
Article publié en collaboration avec Unmondelibre.org
Après un été en pente douce, la rentrée du gouvernement et du Président « normal » s’avère ardue. Les sondages de confiance sont mauvais, les critiques fusent de toutes parts et la situation objective du pays se détériore : croissance en berne, exportations et consommation des ménages en recul et barre symbolique des 3 millions de chômeurs franchie. Où va la France ?
Le « candidat de la croissance » ne peut que constater que celle-ci s’étiole… et cela complique son équation budgétaire. Fondé sur une hypothèse optimiste de 1,2% de croissance pour 2013, le budget permettant de ramener le déficit à  3% du PIB en 2013 nécessitait déjà  15 milliards d’impôts supplémentaires. Sauf que les analystes s’accordent sur une croissance de 0,5%… Si l’on reste dans cette logique, il faudra donc aller chercher encore davantage d’impôts. Le Président français a pu déclarer que « [l]e sérieux budgétaire est la condition pour ne pas être dans la main des marchés »… L’austérité sans le dire, en somme ? La pression est grande du côté des marchés.
Mais le projet fiscal socialiste bute sur les incitations négatives qu’il génère : classiquement, « trop d’impôt tue l’impôt ». L’augmentation de la fiscalité sur les successions « passe mal ». Le « matraquage fiscal », avec notamment la future taxation de 75% sur les revenus au-delà des 1 million d’€ de revenus, voit son impact négatif se matérialiser : de plus en plus d’entrepreneurs pensent à partir, et le disent, comme Marc Simoncini créateur de Meetic ou Jean-Émile Rosenblum, fondateur de Pixmania. Il semblerait que, comme dans le roman de politique-fiction d’Ayn Rand, Atlas Shrugged, les entrepreneurs commencent à fuir le pays pour échapper à la chape de plomb fiscale : une mauvaise nouvelle pour la croissance… qui entraînera alors une baisse des rentrées fiscales devant être compensée par une nouvelle augmentation des impôts pour tenir les engagements européens.
On voit ici le cercle vicieux de « l’austérité par les hausses d’impôts ». Le salut viendra au contraire de la réduction des dépenses (économies par la rationalisation dans l’organisation de l’administration et dans l’octroi de subventions, mais aussi dans certaines dépenses mal justifiées de sécurité sociale). Cela rejoint d’ailleurs le résultat de la dernière étude menée par les économistes Alberto Alesina, Carlo Favero et Francesco Giavazzi[1] : les ajustements budgétaires génèrent une récession longue et profonde lorsqu’ils sont fondés sur des hausses d’impôts, mais une récession modérée et rapide – voire aucune – lorsqu’ils sont basés sur la baisse des dépenses. (Ajoutons que la réduction de l’incertitude juridique – changement incessant des règles du jeu – pour les entrepreneurs constitue aussi un élément fondamental de la reprise.)
Mais le crédo keynésien selon lequel une baisse de la dépense publique va générer une contraction profonde et durable de l’activité a la vie dure. Il est en réalité amplement instrumentalisé pour laisser croire à un électorat sous dépendance qu’il faut maintenir la dépense (tout en tenant les objectifs budgétaires par des hausses d’impôts) car c’est la seule voie de la « croissance ». Mais cet électorat, encore galvanisé, en voudrait plus. Et quand le Président se déplace, les manifestants syndiqués – qui ont visiblement voté pour lui au deuxième tour – lui rappellent bruyamment que « le changement c’est maintenant », son thème de campagne : la pression sur sa gauche est grande, il faut donner des gages de respect de promesses électorales.
C’est dans cet esprit par exemple que les 150 000 emplois aidés sur 2 ans seront créés pour les jeunes de 16 à 25 ans. Cette mesure va coûter 1,5 milliards €/an alors que la France se trouve dans une situation financière difficile : ces emplois « créés » sont en réalité financés par des emplois « détruits » ailleurs (par détournement des ressources). En outre, à l’heure où le pays croule sous le nombre de fonctionnaires (un problème dénoncé régulièrement par la Cour des Comptes), ces emplois, assez curieusement appelés « d’avenir », vont contribuer à gonfler encore les effectifs des collectivités locales et des associations et créer un nouveau groupe de pression de personnels qui réclameront d’être embauchés dans le secteur public, considérant leur emploi désormais comme une sorte de « droit acquis ».
À Rome pour rencontrer Mario Monti le 4 septembre, M. Hollande a pu rappeler que la situation des deux pays n’était pas la même et que la France se contenterait de stabiliser les dépenses en 2013. On le voit, en France, la consolidation budgétaire par la baisse des dépenses, « ce n’est pas encore pour maintenant ».
Baissez les dépenses publiques au lieu d’augmenter les impôts, la page Facebook
- « The output effect of fiscal consolidations » NBER Working Paper No. 18336, Août 2012. ↩
Baisser les dépenses ? Mais vous n’y pensez pas, avec tous les copains du pouvoir qu’il faut caser et tous ceux qu’il faut remercier d’avoir « bien voté ». Quand un pays s’appauvrit, la corruption s’accroît.
Le gouvernement ne peut plus rien faire, seul la BCE changera quelque chose à l’État déplorable de notre pays, quand viendra l’heure du plan de sauvetage. Nous n’aurons plus qu’à attendre l’effondrement de l’Euro pour retrouver notre souveraineté ; pas très longtemps.