François et les trois enveloppes

C’est l’histoire d’un dessert fromager nappé de caramel…

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François et les trois enveloppes

Publié le 10 septembre 2012
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C’est l’histoire d’un type… Non, d’un dessert fromager enduit de caramel et de bons sentiments qui arrive, grâce à de gros malentendus, un ou deux coups du sort et une certaine rouerie, au poste envié de Président de la République du Bisounoursland. La place était déjà prise, mais le prédécesseur, pas plus grand, pas plus malin et pas mieux outillé, n’en reste pas moins conscient de l’opportunité et laisse intelligemment le fauteuil au nouveau venu. Avant de quitter ses fonctions, il reçoit discrètement la spécialité laitière caramélisée…

« Tu vois François (le dessert lacté s’appelle François), lorsque je suis arrivé ici, le Grand Pommier, mon prédécesseur, m’avait remis des enveloppes, numérotées. Je m’en suis bien servi, l’une après l’autre, pendant mon quinquennat, au fur et à mesure de mes déboires et je t’encourage à faire de même pendant le tien, qui promet, à n’en pas douter, d’être agité si j’en crois la conjoncture sociale et économique actuelle.
— Euh… Oui… Euh… Merci… Euh… »

hollande humideÀ la suite de quoi, François sort sur le perron et décide de prendre, tout habillé, une douche spectaculaire qui lui fait oublier ce court dialogue. François est un président obstinément normal, et intronisé dans l’euphorie du retour au pouvoir d’un camp politique tenu un peu à l’écart pendant quelques années, il se laisse doucement porter par les événements de son début de mandat sans plus se soucier de rien. Il prend un peu le train, fait des ronds dans l’eau avec sa copine, reprend du poids, bronze.

Au bout d’une centaine de jours, cependant, l’euphorie est nettement retombée. Le dessert semble un peu fadasse au peuple qui attendait des lendemains qui chantent et ne voit que des journées qui ne fredonnent que des airs tristounets aux relents d’Armée Rouge et aux odeurs de formica tiède.

Il faut agir.

Et s’il y a bien une chose que François n’aime pas, c’est l’action : elle contient certes une faible probabilité intrinsèque de réussite, mais son passé personnel lui rappelle régulièrement qu’elle renferme aussi les germes puissants d’échecs futurs. De ce point de vue, la procrastination permet de s’affranchir douillettement de ce risque. Redoutant cependant que la situation lui échappe, François se voit contraint à prendre des décisions.

Le Président Des BisousEt là, dans la chaleur relative de l’été parisien, il se rappelle des enveloppes numérotées. La tergiversation, marque de fabrique normale du président, s’empare de lui pendant les quinze ou vingt minutes qui suivent. Dans le parc, les oiseaux pépient. Une brise légère joue dans les branchages des arbres, faisant danser les ombres projetées par le soleil. François fait une moue. Il s’ennuie. Il finit par se lever et va saisir la première enveloppe dans le coffre où sont rangés les codes de frappe nucléaire, un abonnement Eurodisney et sa carte fidélité Pizza Hut.

Décachetée, l’enveloppe livre un petit post-it sur lequel François peut lire : « Blâmez un héritage catastrophique ». Interloqué les trente premières secondes, temps qu’il faut à l’information pour mûrir un peu dans le yaourt cervical, François finit par sourire. Il sait déjà ce qu’il pourra faire passer comme message à son gouvernement.

Les jours qui passent confirment que le conseil donné dans l’enveloppe est le bon. Le gouvernement explique que son dérapage pas très artistique des dernières semaines était essentiellement dû au rattrapage d’une trajectoire folle laissée par le prédécesseur (abominable, comme chacun sait).

Malheureusement, au bout de quelques jours supplémentaires, l’excuse de l’héritage ne fonctionne plus. La situation, qui s’est encore dégradée, oblige la spécialité fromagère à innover. Ce n’est vraiment pas son fort, et le fait de savoir qu’une autre enveloppe, pleine de conseils judicieux, l’attend dans son coffre, le titille tant que François décide de s’en saisir.

La seconde enveloppe ouverte, le conseil apparaît, limpide, évident : « Blâmez la conjoncture ».

Encore une fois, le voile d’indécision qui nimbe les yeux du président persiste quelques secondes mais, ce laps de temps écoulé, François saisit son téléphone portable, fouille de ses gros doigts gourds le répertoire kilométrique de l’appareil, lui fait composer le numéro du premier ministre, et, quelques aboiements plus tard, repose le mobile. Pour les jours qui viennent, au moins, on pourra expliquer aux Français pourquoi le paradis promis tarde à venir : la situation est devenu simplement trop complexe, et les petits pas guillerets vers l’horizon ensoleillé sont simplement remis à plus tard, une fois le chemin désencombré de ces petits imprévus conjoncturels. Rien de grave. 10 milliards d’impôts par-ci, une tranche à 75% par là, et tout ira mieux.

Comme prévu, quelques jours s’épuisent à nouveau pendant lesquels le Premier, de plus en plus brouillon et débordé par ses autres ministres qui n’entendent pas se faire oublier à son profit, explique que la conjoncture est très très mauvaise et que ce n’est donc pas de leur faute. Manifestement, l’excuse fonctionne, mais s’émousse rapidement.

De son côté, le Président n’a pas attendu cette constatation. La troisième enveloppe est déjà dans son portefeuille. Le dimanche soir, après être allé voir sa copine Claire sur une grosse chaîne de télévision sur laquelle il aura réussi à endormir plusieurs millions de proies fiscales, il l’ouvre et y lit : « Blâmez vos collaborateurs ».

Et finalement, ce sera parfait. Il commençait justement à trouver son Premier Ministre embarrassant de médiocrité et d’improvisation. D’ailleurs, il l’a clairement fait comprendre ce soir-là en déversant une montagne de compliments sucrés sur son factotum transparent : l’impétrant peut numéroter ses abattis s’il ne trouve pas rapidement une colonne vertébrale dans les prochaines semaines.

Et dans le pire des cas, il suffira de proposer une question mal fichue à l’Assemblée pour le faire chuter … Ou mieux, tiens ! Un référendum idiot sur une question sociétale totalement périphérique aux problèmes du peuple, aussi clivante qu’accessoire. Cela aura le double avantage d’occuper l’esprit de la foule pendant quelques jours, et bien formulée, la question peut provoquer un peu d’émoi et une solide raison pour démettre l’encombrant Premier. D’ailleurs, se prend à penser François, si on pouvait arriver à donner une courte majorité à ces imbéciles de l’autre camp, on pourrait ensuite se reposer et il y aurait un boulevard pour une réélection triomphale en 2017 !

Allons. Redescendons sur Terre : tout ceci est fort improbable : le peuple français ne se laissera pas mener ainsi par le bout du nez.

Encore que…
—-
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