La liberté plutôt que la violence

Si la provocation fournit des munitions aux extrémistes, l’absence de défenseurs de la liberté leur laisse le choix des armes.

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La liberté plutôt que la violence

Publié le 22 septembre 2012
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Si la provocation fournit des munitions aux extrémistes, l’absence de défenseurs de la liberté leur laisse le choix des armes.

Par Baptiste Créteur.

Le débat grandit sur la liberté d’expression, et les points de vue exprimés sont de plus en plus nauséabonds. Je ne souhaite pas, moi non plus, que quiconque impose son mode de vie à qui que ce soit, et cela suppose que ceux qui veulent jouir de leur liberté aient le loisir de le faire. Pour que les hommes puissent vivre ensemble avec des modes de vie différents, il suffit qu’aucun d’entre eux n’initie le recours à la force physique. Nul besoin pour cela de restreindre la liberté d’expression.

Une caricature ne fait pas progresser la liberté de la presse, mais les débats auxquels elle donne lieu indiquent parfois qu’elle est menacée, et, Monsieur Pierre Beylau, votre article publié dans Le Point en est un bon exemple. La liberté a toujours des limites, fixées par la loi, mais plus encore par quelques principes, dont je regrette qu’ils ne semblent pas partagés par tous. La première d’entre elles est de ne pas initier la violence, mais vous ne semblez pas la condamner aussi vertement que le motif invoqué comme déclencheur.

Si on devait fixer des critères d’intelligence ou de bon goût à la liberté, nul doute que la liberté d’expression s’en trouverait atrophiée ; les exemples foisonnent, aussi bien en politique que dans la presse. Qu’entendez-vous par “blesser inutilement”, et qui doit décider de ce que l’on entend par utile ? Celui qui se sent blessé, celui qui le blesse, un Conseil de Sages, vous ?

Vous mettez le doigt sur une notion cruciale, celle de responsabilité. Dire que Charlie Hebdo doit être considéré comme responsable de ce qui pourrait arriver à des Français quelque part dans le monde revient à dire que je suis responsable si on vole ou dégrade un bien matériel que je laisserais sans surveillance, niant ainsi l’évidente responsabilité de celui qui recourt à la violence.

Sans doute ces caricatures ont-elles offensé, choqué, blessé, mais si on doit, comme vous semblez vouloir le dire, limiter la liberté d’expression à ce qui est inoffensif, j’aimerais relire votre article une fois éliminées les opinions négatives que vous émettez à l’encontre des salafistes et de Charlie Hebdo. Vous parlez également de “gens raisonnables dans le monde arabo-musulman” et de “vaillants reporters”, comme si tous ne l’étaient pas ; je crains que d’aucuns puissent se sentir froissés.

Plutôt que restreindre la liberté, il suffirait de bannir la violence pour permettre à des individus différents de vivre en harmonie, avec le mode de vie qui leur plaira :

Les droits des hommes ne peuvent être violés que par le recours à la force physique. La force physique est pour un homme le seul moyen d’en priver un autre de sa vie, ou de le réduire en esclavage, ou de le voler, ou de l’empêcher de poursuivre ses propres buts, ou de l’obliger à agir contre son propre jugement rationnel.

La condition préalable d’une société civilisée est l’exclusion de la force physique des relations sociales – instaurant ainsi le principe que si les hommes veulent interagir les uns avec les autres, ils ne peuvent le faire que par la raison : par la discussion, la persuasion et un consentement volontaire et non contraint.” (Ayn Rand, “The Virtue of Selfishness”)

Il est regrettable que vous ne sembliez pas disposés à protéger la liberté, car si la provocation fournit des munitions aux extrémistes, l’absence de défenseurs de la liberté leur laisse le choix des armes.

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  • Très bon article.
    Force est de constater que les lâches qui s’indignent lorsqu’un catho maboul’ lance un projectile contre une oeuvre d’art pseudo-blasphématoire sont les grosso modo les mêmes que ceux pour qui le blâme revient à Charlie Hebdo et non aux auteurs de violence physique.
    Face à un certain rapport de forces, on sent bien que la défense de certaines libertés des sociétés occidentales s’effrite de plus en plus contre les revendications de groupes potentiellement violents et de plus larges catégories de la population qui les soutiennent, les comprennent ou les excusent.

    S’il y’a les lâches dont les principes semblent relatifs à la violence d’autrui, il y’a aussi tous ceux qui se font un plaisir d’être là où on les attend, tel Charlie Hebdo.

  • Tout est fait pour justifier sous couvert de lutte contre l’extrémisme la restriction des libertés et l’affaiblissement de l’état de droit.Comme en Russie ou dans les années 30!

  • Cet article reprend le point de vue exprimé par de nombreux libéraux depuis le début de la polémique (voir le communiqué du PLD ou bien le billet d’Acrithène sur ce site hier). Et pourtant j’ai du mal à y adhérer, notamment dans la critique qui est faite de Pierre Beylau. En effet, j’ai l’impression que nous tombons dans le piège tendu par Charlie Hebdo : soutenez-nous malgré notre stupidité et notre cynisme ou devenez complices des ennemis de la liberté. Il me semble que l’on peut soutenir la liberté d’expression en se plaçant dans le domaine juridique tout en condamnant des actions ou des discours d’un point de vue moral. Par exemple je suis contre l’interdiction de tel ou tel parti extrémiste, mais cela ne m’empêche pas de penser le plus grand mal de ses dirigeants et ses militants. C’est pareil pour Charlie Hebdo : il ne s’agit pas d’en interdire la publication, mais de dénoncer la bassesse de leur démarche qui consiste à faire des ventes en jouant sur nos instincts les plus bas, exactement comme le font certains parits politiques. Il suffit pour s’en convaincre de voir le déferlement d’islamophobie qui accompagne les commentaires soutenant ce journal. Par ailleurs, il est tout à fait exact, qu’on le veuille ou non, que cette publication fait le jeu des extrêmistes, complique la tâche des démocrates dans les pays arabes et met potentiellement en danger certains de nos concitoyens. C’est un constat sur une réalité pratique et non pas un problème de responsabilité morale.

    • Alors, qu’est-ce qui doit être condamné?
      Charlie Hebdo? Ou les gens qui s’en prennent effectivement Français de ces pays?
      Il est hors de question que je condamne les caricatures de Charlie Hebdo. Je m’en fout, de Charlie Hebdo. Ce que je trouve pénible, c’est tous les discours liberticides que j’entends depuis quelques jours autour de cette affaire.

      On a pas à se laisser dicter notre conduite par quelques Ayatollahs libertophobes.

      • Quels discours liberticides? Il me semble qu’on peut critiquer un journal sans appeler à la censure! Non? C’est bien ce qu’on fait la plupart des personnalités politiques et médiatiques qui se sont exprimées sur le sujet (et Dieu sait si je n’ai guère de sympathie pour ces gens-là). Vous avez le droit de vous foutre de Charlie Hebdo et moi celui de dénoncer leur bêtise et leur cynisme. Tout cela n’a rien à voir avec la liberté d’expression, ou alors vous avez le même niveau de raisonnement que les pignoufs de la presse (avec une palme pour Libé et Demorand).

  • alors … la seule question qui reste est :
    qui roule pour qui ?
    allez donc faire un tour par ici :
    http://www.evene.fr/tout/citation-amerique
    et vous finirez par saisir la perfidie des gens qui vous manipulent depuis la nuit des temps …
    “Le monde est dangereux non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire”

    Albert Einstein

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