Le Centre national du cinéma : une usine à gaz qui en­richit des nababs

L’« exception culturelle » française est spécialement visible dans le domaine du cinéma. Le CNC verse l’argent du contribuable à des riches qui n’en ont pas besoin.

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Le Centre national du cinéma : une usine à gaz qui en­richit des nababs

Publié le 25 septembre 2012
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L’« exception culturelle » française est spécialement visible dans le domaine du cinéma. Le CNC verse l’argent du contribuable à des riches qui n’en ont pas besoin.

Par Alain Mathieu, président de Contribuables Associés.
Notre pays a en effet créé un organisme administratif unique au monde, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), qui contrôle et perçoit directement différents im­pôts : sur les achats de places de cinéma, sur les chaînes de télévision, les ventes de DVD, et même les fournisseurs d’accès à internet et les opérateurs de téléphone.

Ces impôts croissant rapidement, le CNC a du mal à leurs trouver des emplois, en dehors des 42 M€ de ses dépenses de fonctionnement. Sa trésorerie disponible est de 855 M€ en février 2012, selon le sénateur Marini qui a passé au crible le budget du CNC.

Un dirigeant de l’organisme para-public a d’ailleurs confié au journal La Tribune que « le CNC a trop d’argent ».

En dehors de la production de films, la générosité du CNC s’étend aux séries télévisées, aux jeux vi­déos, aux exploitants de salles de cinéma et même à des producteurs de cinéma étrangers, y compris pour des films en langues étrangères. Le cinéaste algérien Merzak Allouache, qui représentait son pays à Cannes avec le film  Le temps de la concorde, a reçu 110 000 € du CNC.

Tous les motifs sont bons pour imaginer des subventions : le soutien à des techniques en plein développement qui n’ont nul besoin de subventions (numérisation des salles de cinéma ; films en 3D ; vidéo à la demande) comme le soutien à des techniques en déclin (production de DVD ; tirage de copies de films non numérisés).

46 commissions

Ces subventions sont décidées par 46 commissions, elles-mêmes subdivisées en d’innombrables collè­ges. Le saupoudrage est tel que, par exemple, pour l’aide à la réécriture de courts métrages, 15 projets ont été financés en 2011, pour un montant moyen de 2 000 € par projet. Le coût des réunions des col­lèges et commissions prenant ces décisions est sans doute supérieur aux subventions versées.

Pour compliquer encore plus l’opacité des subventions et leur contrôle, la répartition d’un grand nom­bre d’entre elles est déléguée à des associations locales, comme par exemple la Maison de l’image Basse-Normandie. Car les collectivités locales ajoutent leur écot aux subventions du CNC. Et les chaînes de télévision doivent, pour des montants considérables, financer les films qu’il agrée.

Subventionner les films qui n’ont pas bénéficié d’aides

Afin que personne n’échappe à son emprise, le CNC a créé un Prix de qualité du court métrage  dont le but est de « distinguer les films qui n’ont pas bénéficié d’aides » ! 40 films ont ainsi reçu ce prix, en moyenne de 10 000 € chacun.

Les critères d’attribution sont souvent courtelinesques. Ainsi, le plafond du crédit d’impôt accordé pour la production de fictions audiovisuelles est-il de 1 150 € par minute produite, alors que ce plafond passe à 1 200 € (50 € de plus !) pour la production d’animations audiovisuelles.

Le CNC fait le maximum pour transformer en obligés la quasi-totalité des professionnels français du cinéma et de l’audiovisuel. Aucun d’eux n’osera s’attaquer aux gabegies engendrées par un tel système. Il a fallu que le CNC crée une subvention qui finançait à 75 % la numérisation des salles de cinéma pour que l’auto­rité de la concurrence française s’en émeuve.

Périodiquement, la Commission de Bruxelles manifeste aussi son opposition. Le Sénat français a demandé une enquête à la Cour des comptes. D’après l’Observatoire européen de l’audiovisuel, la France dépense en aides au secteur du cinéma et de l’audiovisuel deux fois plus que l’Allemagne, quatre fois plus que l’Italie, six fois plus que le Royaume-Uni.

Acteurs et producteurs de cinéma : des nécessiteux ?

Le CNC a réussi un véritable tour de force de communication : faire passer auprès de l’opinion publi­que les producteurs de cinéma et leurs acteurs, considérés dans tous les pays comme des nababs, pour des nécessiteux ne pouvant survivre sans l’argent du contribuable.

175 producteurs et leurs vedettes reçoivent chaque année du contribuable français, sans véritable contrôle, des centaines de millions d’euros de « soutien automatique » (calculé sur les entrées en salles des films précédents du producteur, subvention qui pourrait donc être distribuée par un ordinateur, sans l’intervention d’une administration) et de « soutien sélectif » (c’est-à-dire choisi par des copains).

500 000 euros minimum

Un producteur recevra ainsi du contri­buable 500 000 € au minimum d’honoraires de producteur-réalisateur-auteur par film, même si l’œuvre n’a aucun succès dans les salles de cinéma. D’après le CNC, les résultats justifieraient cette profusion de subventions : le cinéma français serait devenu le premier d’Europe, le seul à résister à la déferlante des studios d’Hollywood.

Rien n’est plus faux. Les films français ont représenté en 2011, année faste, 41 % des entrées dans les salles françaises ; en Italie, dont le gouvernement s’est en grande partie dégagé du finance­ment du cinéma, la part des films italiens est de 37,5 % ; au Royaume-Uni, les films anglais repré­sentent 36% des entrées ; au Japon, 54 %.

Le CNC a oublié la grande règle de Molière, qui est de plaire. Il veut encourager la production du plus grand nombre possible de films, quelle que soit leur qualité. Pour cela il distingue arbitrairement les films d’auteur, considérés comme supérieurs aux films commerciaux. En réalité, il facilite la production de films médiocres.

Thomas Langmann : le CNC, un comité de copinage

Les subventions n’ont jamais créé le succès commercial : en 2011 en Italie, neuf des 20 films les plus vus étaient italiens, en France quatre seulement. Le film The Artist, qui a obtenu cinq oscars à Hollywood, n’a pas été agréé par la commission d’avances sur recettes du CNC, qui lui a préféré cinq films sans éclat. Ce qui a fait dénoncer à son pro­ducteur Thomas Langmann un « comité de copinage qui pense devoir de l’argent à des films qui, sans lui, n’ont aucune chance de se faire. »

Sur les 30 films français sélectionnés par des festivals étrangers en 2010, dix seulement avaient bénéficié de l’avance sur recettes du CNC, et sur les cinq ayant reçu un prix, un seul en était bénéfi­ciaire.

Le système français d’aides au cinéma est donc un échec. Il devrait être remis à plat. Sous de faux prétextes, il verse l’argent du contribuable à des riches qui n’en ont pas besoin. Il encourage la médiocrité et dégrade la qualité du cinéma français.

On pourrait sans inconvénient réduire de moi­tié le budget du CNC. Le seul problème serait la réaction de l’armée des obligés du CNC.

Alors que le gouvernement français recherche désespérément des économies, aura-t-il le courage d’affronter cette réaction ?

—-
Source : Dossiers du Contribuable n°8  « Les folies de la culture bobo », 4,50 €. En vente chez votre marchand de journaux (www.trouverlapresse.com). Et sur la boutique de Contribuables Associés à cette adresse : www.contribuables.org. Pour s’abonner, rendez-vous sur www.lecri.fr/abonnez-vous-au-cri.

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  • Bonjour,

    Article distrayant, certes, mais comment voulez vous niveler par le haut si vous êtes déjà si bas ?
    Effectivement, si l’on s’en tient aux têtes d’affiches du cinéma français, plus de la moitié des « obligés » vous rejoindraient: le cinéma français est encore en dessous du médiocre.
    Mais que le CNC a trop d’argent, on croirait presque à l’écho d’un petit personnage existant une année auparavant.

    Pour info, le matériel coute (très) cher, la restauration et l’aménagement des salles de cinéma (qui ne sont pas modèle d’enrichissement) aussi, ou encore simplement les salaires d’une équipe (composé allez quoi de 130 personnes). Vient ensuite la diffusion etc…

    Les acteurs, certes sont trop (parfois) trop payés, et le CNC ne prend pas assez de risque concernant la production audiovisuelle.

    Mais, serieusement, le CNC, trop d’argent?

    Allez occuper votre temps avec un sujet que vous maitrisez.

    • « Misère, Misèr-REUH…  »
      « faut payer le sel »
      🙂
      On voudrait bien occuper le temps avec des sujet qu’on maitrise, mais il se trouve que via les impôts nous sommes obligé de consacrer notre argent, donc notre temps, à des sujets que non seulement on ne maitrise pas mais dont en plus on a rien à foutre…
      Alors, chère Rotule, si ça vous fais chier de voir ce genre d’article, c’est facile : il suffit de supprimer le recours aux taxes, de remplacer ça par des fondations ou n’importe quoi, et « contribuables associés » vous laissera tranquilles entre copains faire ce que vous voulez du pognon que vous aurez collecté comme bon vous semblera.
      Et tout le monde sera content.

    • L’Ethique c’est que chacun doit vivre de ce que les autres veulent bien échanger avec lui !
      Et au prix que cela vaut !
      Et pas de ce qu’une Elite auto proclamée vends de force à tout un chacun !
      Le 7° Art (déjà là je rigole ! mais admettons !) ,
      comme les autres, ne saurait être un Art* que si il ne dépendait pas de l’Etat !
      Sinon c’est de l’art officiel, autrement dit de la merde idéologique, à but d’endoctriner, ou de la connivence de petits copains sur le dos du citoyen !
      .

      * La Création ne saurait être que libre !

    • « Allez occuper votre temps avec un sujet que vous maitrisez. »
      Prétendre que le CNC manque d’argent par le seul fait qu’un film peut couter cher à produire ne reflète en rien une meilleure maitrise du sujet.

      L’État prélève de force au peuple de quoi financer des œuvres, de là deux cas possible :
      Il privilégie les œuvres à SON gout ; les autres sont victimes de concurrence déloyale.
      Il n’applique pas de tri et finance de la merde par l’appauvrissant des contribuables.
      Dans tous les cas, mieux vaut être bien vu par les princes. Rien de très grave, ce n’est pas comme si la France était endettée ou que la qualité de ses productions subventionnées n’était pas au rendez-vous…

    • La morale de cet article est que le CNC n’a pas à disposer de l’argent qu’il reçoit, quel qu’en soit le montant. Donc, le niveau de maîtrise, on s’en tamponne un peu.

      Qu’il fonctionne comme une fondation, financée par des dons volontaires donnés de son plein gré – je précise bien pour distinguer des impôts, hein – et les contribuables associés lui ficheront une paix royale.

    • @La rotule: Mais pourquoi le CNC a-t-il de l’argent? Il ne devrait RIEN recevoir. Pourquoi ces subventions? Un film est un produit qui rapportera de l’argent s’il a du succès, et n’en rapportera pas s’il n’en a pas, point. Pourquoi ces « artistes » ont-ils besoin de subventions avec NOTRE argent?

    • « le CNC ne prend pas assez de risque concernant la production audiovisuelle »

      C’est facile de ne pas prendre de risque quand on n’a pas gagné son salaire par ses efforts mais en tapant gratuitement (comme des salauds de voleurs) dans les poches des autres.

    • Chaque citoyen a bien le droit de demander des comptes à des organismes qui vivent tels des parasites siphonnant l’argent des contribuables. Que cela vous plaise ou non.

  • Aha c’est quand on voit poindre l’argument d’autorité qu’on sait qu’on a tapé dans le mille.

  • Pour confirmer le plaire de Molière voilà l’extrait de l’introduction aux oeuvres complètes de Molière par Georges Mongredien (Vol IV Garnier-Flammarion ed 1965) : « Sur son art même d’auteur comique, Molière donne une nouvelle preuve de sa soumission au sens commun en déclarant que les fameuses règles formulées par les théoriciens depuis Aristote jusqu’à ses contemporains se réduisent en définitive à des conseils de bon sens et que la grande règle, formulée aussi par Racine et par La Fontaine est tout simplement de plaire aux honnêtes gens sans s’embarrasser de la fausse science de l’école, qu’il a moquée à travers ses philosophes, ses médecins, ses pédants. Contre l’enseignement sclérosé de l’école, il est pour la science des « gens de maintenant » et défendra leurs découvertes telle la circulation du sang, contre l’ignorance et l’obstination de l’enseignement officiel. Sa position intellectuelle apparaît donc comme celle d’un humaniste éclairé, qui n’ignore rien des enseignements du passé, mais qui, opposé de toutes ses forces à l’obscurantisme, garde
    son regard lucide fixé sur l’avenir, sur un avenir dans lequel il a foi et qu’il croit sincèrement devoir être meilleur que par le passé ».

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