Université : l’absence de sélection coûte plus d’un milliard € par an

Le coût, pour le contribuable, de l’absence de sélection à l’Université peut s’évaluer par un calcul simple à plus d’un milliard d’euros.

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Professeur au tableau dans un cours de mathématiques (Crédits : Université de Montréal, licence CC-BY-NC-SA 2.0), via Flickr.

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Université : l’absence de sélection coûte plus d’un milliard € par an

Publié le 29 septembre 2012
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Tentons d’évaluer le coût, pour le contribuable, de l’absence de sélection à l’Université. C’est très compliqué de trouver des statistiques mais on arrive par un calcul simple à estimer que ce problème coûte plus d’un milliard d’euros par an au contribuable, en pure perte.

Par Acrithène.

Je lisais hier un article très intéressant sur le nombre croissant de bacheliers technologiques et professionnels s’inscrivant à l’Université de Cergy Pontoise, et le problème en découlant, le taux de réussite de ces étudiants étant assez proche de 0%. Hélas, je m’aperçois aujourd’hui que ce bon article a disparu du site web du Monde (réapparu depuis, j’en encourage la lecture).

Ayant une forte déformation de l’esprit, je me suis mis en tête d’évaluer le coût, pour le contribuable, de l’absence de sélection à l’Université. Il est très compliqué de trouver des statistiques propres sur le devenir des étudiants en licence et leur nombre. Les données fournies par les universités sont presque toujours tronquées. Mais j’arrive par un calcul simple à estimer que ce problème coûte plus d’un milliard d’euros par an au contribuable, en pure perte.

Voici les sources des données :

  • Le coût moyen annuel d’un étudiant à l’université est de 10 000€. C’est une information publique facilement retrouvable.
  • Le nombre de « primo-entrants » est calculé sur la base des statistiques du baccalauréat général 2011 et le devenir des nouveaux bacheliers.
  • Le devenir des étudiants à la suite de leur « première première année » de licence vient de cette étude.
  • Le taux d’échecs à l’issue de la « seconde première année », dont je n’ai hélas pas le détail par baccalauréat d’origine, vient de cette étude.

Le tableau ci-dessous calcule la perte pour le seul contribuable, mais il ne faut pas négliger que les premiers perdants sont les étudiants, ni oublier l’ensemble des dépenses privées occasionnées. Le résultat est bien entendu grossier, mais donne un bon ordre de grandeur.

Du côté des imprécisions, il est par exemple important de noter que l’’inscription en deuxième année ne signifie pas que la première année a été validée, mais seulement qu’un nombre suffisant d’examens ont été réussis pour commencer la deuxième année. À titre illustratif, le taux de réussite des bacheliers non généraux en première année, d’après l’Université de Cergy, n’est que de 6% (et absolument nulle dans près de la moitié des licences), et non proche de 20% comme le laisserait penser le nombre d’inscriptions en deuxième année.

Bien entendu, on ne peut qualifier ces pertes d’inutiles que s’il existe un moyen de procéder à une sélection efficace. Le fait que, parmi les étudiants passant la première année, près de 80% s’inscrivent en troisième année douze mois plus tard, montre que cette sélection efficace est possible. Elle est d’ailleurs réalisée avec violence par l’Université dès qu’elle en a enfin le droit.

Université coût de l'absence de sélection (Crédits : Acrithène, tous droits réservés)
Université coût de l’absence de sélection (Crédits : Acrithène, tous droits réservés)

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  • Et encore, ceci ne décrit qu’un coût comptable pour les universités … On ne parle pas de la perte pour le pays qu’une grande partie de chaque génération consacre plusieurs années de leur vie à des études qui ne leur procurera pas de diplôme ni de compétences utiles pour la carrière qui suivra … Je ne parle même pas du fait que les universités ne limitent pas les inscriptions dans les filières avec peu ou pas de débouchés. Même pour ceux qui vont au bout, les études de sport, psychologie, histoire de l’art ou littérature médiévale n’ont que très peu de débouchés à hauteur des compétences acquises à grand frais pour les étudiants et la société …

    • Le problème du « coût de l’université » n’est pas si simple.
      Pour commencer il faut différentier le coût moyen d’un étudiant et le coût d’un étudiant en université, qui n’est sensiblement pas le même.
      Ensuite, il est préférable de prendre des chiffres plus globaux,par exemple ceux d’admission post bac.
      Pour continuer, j’aimerais surtout vous proposer une autre piste de réflexion : l’université est-elle vraiment « sans » sélection ? Où est ce parce que les critères de sélection/niveau du bac sont ridicules…
      En effet, le problème est là, on veut donner le bac à tout le monde, alors forcément le plongeon est dure. L’entrée à l’université doit se faire avec le bac, pas plus. Le niveau du bac doit augmenter.
      Le niveau est tellement faible que l’université alourdit sa formation, qui devrait être plus spécialisé, par des enseignements en informatique, anglais parfois grammaire ou mathématique… pour rattraper le niveau que l’EN devrait donner.
      Enfin, investir pour l’université n’est pas une perte d’argent, jamais, ce n’est pas un « placement sur » ou une « mise », mais c’est investir pour l’avenir, pour le pays, pour le progrès, et ca on ne peut s’en passer.

      • 10 000€ c’est le coût moyen d’un étudiant à l’université. Un étudiant en socio doit couter 5 à 6000€ et un étudiant en electrotechnique dans les 15 à 20 000€. Les coûts de formation sont très variables.
        Effectivement le bac est très bas et ne joue pas son rôle de barrière, mais par la suite les différentes étapes (L1 à M2) ne sélectionnent plus non plus.
        L’université d’aujourd’hui ne gère pas un niveau de connaissance/compétence, mais plutôt un flux d’étudiants, un pourcentage fixe doit réussir, le niveau est adapté à la compétence des entrants.
        Dépenser beaucoup d’argent pour obtenir des étudiants toujours aussi incompétents, c’est « une perte d’argent » pure et simple.

  • Il y a un terrible constat d’échec dans le primaire et le secondaire, aux mains des anciens de 68, qui parlent aujourd’hui de supprimer les notes, l’évaluation et les devoirs à la maison dans le primaire. Les étudiants ne maîtrisent plus les bases et les fondamentaux. Même en licence 3 d’économie, on est obligé de faire des rappels de math du lycée. Ils ont tout oublié ou ne l’ont jamais vu. Et ils ont eu le bac.
    Certains n’arrivent pas à prendre des notes à la main et utilisent le téléphone portable pour photographier le tableau. Les mémoires de master deviennent des copier/coller de document sur internet qu’ils ne font pas l’effort de lire. Il suffit de les interroger à l’occasion de la soutenance du mémoire pour s’en rendre compte.
    Mais on nous demande de respecter des taux de réussite imposés par le ministère, alors on allège les programmes et on multiplie les examens et les rattrapages. Mais ils ne se présentent même pas aux rattrapages. Tout cela aux frais du contribuable.
    Et ceux qui réussissent iront faire carrière à l’étranger. On ne récolte même pas les rares fruits positifs de notre investissement public.

  • C’est ce que l’on appelle des « passagers clandestins » sur les bancs de l’université comme le dit JL Caccomo dans certains de ses articles ! Ceux qui crient au cours des manifestations : nous ne sommes pas là pour trouver du travail mais pour nous cultiver ! Pauvre France,
    « La servitude commence toujours par le sommeil » disait Montesquieu.

  • Merci !

    Pour parler d’investissement (privé ou public), il faut avoir une logique d’investisseur : évaluer le coût de l’investissement et évaluer son rendement car on peut pas dépenser sans compter.
    On ne fait même pas ça en France. Sans parler de privatiser les universités, ce que la loi d’autonomie n’a même pas oser envisager, on pourrait faire une liste des compétences et des qualifications qui nous manquent cruellement sur le marché du travail, et orienter les étudiants vers ces filières en prenant en charge leurs études. Comme ils deviendraient de futurs contribuables, on s’y retrouverait. C’est donc un investissement public.
    Et ceux qui veulent être libres de faire les études qu’ils désirent, qu’ils le fassent à leur frais, la liberté ne se fait pas sur le dos des autres.
    Mais là, on ne fait même pas cet effort : pas d’orientation sélective, pas d’évaluation, et on dépense, on dépense en attendant des retours sur investissement bien improbables…

  • Fils d’ouvrier, je viens d’un bac technologique (électronique), obtenu avec mention, et aujourd’hui je suis à l’école d’avocats (inutile de vous préciser le degré de sélectivité du CRFPA) .
    Chose impossible si un petit nabot de bureaucrate avait boudé mon bac lors de mon entrée à la fac de droit, au nom de statistiques et d’aprioris.
    Donc de mon point de vue. La sélection n’a pas lieu d’être en fac (niveau licence), l’ascenseur social étant déjà quasi inexistant dans notre pays. Pourquoi lui porter encore un coup?
    Des économies substantielles sont réalisable ailleurs, et sans risque de priver certains enfants modestes d’une possibilité de réussir, et cela aussi mince que soit cette dernière.

    • Ce que vous dites n’a pas de sens. On ne voit pas pourquoi si vous réussissez vos études vous auriez raté des épreuves de sélection permettant l’accès à ces études…

    • 1,2Mds € pour quelques exceptions est une inepties.

      Si vous êtes capables d’entrer à l’école du barreau, alors vous étiez capable de faire vos preuves avant d’intégrer l’université.

      Regrettez-vous que les gens ayant raté l’examen du barreau ne puisse intégrer votre école ? Je suis certain que parmi eux nombreux pourraient faire d’excellents avocats… non ? Croyez-vous que la qualité de la formation que vous recevez sera égale si un bureaucrate décide demain que tout titulaire d’une maîtrise peut s’inscrire de droit dans votre école ?

  • Juste un bémol sur le calcul : la diminution des étudiants ne diminuerait pas proportionnellement les coûts. Par ex, un prof qui fait cours sera rémunéré de manière identique que ce soit devant 50 étudiants ou 200.
    Je serais d’ailleurs bien curieux de voir la répartition des postes de dépense dans ces établissements…

    • Ah la la l’université. J’ai fait partie des losers. J’ai débuté par l’université ne sachant pas quoi faire, j’ai suivi l’avis (pas très éclairé) de mon père « tu es bon en chimie, pourquoi pas pharmacie? », bilan? 2 ans de perdu. Sans motivation aucune chance de réussir un concours. Ensuite une année de biologie pour obtenir un DEUG de bio, j’ai trouvé l’université minable, j’ai changé de voie.
      Finalement, j’ai opté pour du pratique, BTS de compta (à deux pas de chez moi). J’ai appris que je pouvais passer un concours et finalement j’ai intégré une grande école de commerce.
      J’ai couté bonbon au contribuable mais pour une raison simple: l’orientation. Le problème n’est pas tant l’échec mais aussi la motivation. Combien d’élèves changent de cursus en cours de route, un bon paquet! C’est là qu’il faudrait aussi mettre un gros coup de pouce, l’orientation.
      L’autre gros problème de la France c’est l’apprentissage, par exemple l’ancien big boss (pas le meilleur je vous l’accorde) de l’UBS est issu de l’apprentissage. J’ai travaillé en Suisse où l’apprentissage est très aimé des entreprises. Là encore il faut creuser.
      Enfin à quand les universités privatisées. Les locaux sont presque insalubres, les élèves sur les marches des amphis, c’est tout bonnement scandaleux. L’université a une vocation de recherche, d’excellence « abstraite » si je puis dire.
      Dire que les concours règleront tout est ridicule. Combien de facs pratiquent des concours déguisés (fac de droit de Nice par exemple), il faut pratiquer des concours à l’entrée, comme le font les écoles privées. Les universités ont les locaux et les moyens de le faire, l’économie réalisée serait énorme. Les ajournés seraient répartis pour de l’apprentissage dans toutes les branches: de la banque à la climatisation.

      • La sélection sanctionne autant la capacité que l’effort, et l’effort est intrinsèquement lié à la motivation.

        Il est évident qu’il y a beaucoup d’autres problèmes à l’Université qui ne seront pas résolu par une sélection (qui n’est pas seulement une affaire de concours, tradition très française… pas de concours pour Harvard).

        Le plus grave est la spécialisation beaucoup trop précoce, les premières années d’Université devraient être à la carte, avec une spécialisation à la fin, comme cela est pratiqué par les facs américaines.

  • Et de plus, cette perte
    1) ne rapporte RIEN à l’étudiant
    2) lui coûte un an de sa vie
    on a donc inventé un beau processus perdant-perdant.
    par pure démagogie.
    il faudrait une sélection sur dossier à l’entrée, + concours payant pour ceux qui vraiment ont une motivation importante et pensent avoir la capacité malgré ce que la sélection leur dit, mais concours limité à une seule filière, pour être sûr que c’est bien des étudiants motivés pour un domaine précis, et pas juste des gens qui tente le coup au cas où.
    ah, et puis revaloriser les boulots non universitaires, aussi.
    peut-être justement en arrêtant d’y envoyer uniquement des cas sociaux, où on retrouve des employés du gaz …qui allument leur briquet pour voir plus clair dans un immeuble qui présente une fuite, comme récemment.

    • @Achritene
      « , je m’aperçois aujourd’hui que ce bon article a disparu du site web du Monde (réapparu depuis, j’en encourage la lecture). »

      Pour info, il y en a ici qui ce sont fait lyncher pour avoir avoué qu’ils lisaient ce genre de presse.

  • comparativement o tot d’abandon le tot de poursuite laisse presumer meme simplement qu’il n’y fait pas mal vivre.et en conseqence je n’hesiterai pas a avoir l’envi d’y etre n jour

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