Le boycott de l’huile de palme : une mauvaise idée !

L’huile de palme est accusée de tous les maux par ses détracteurs environnementalistes. Elle a pourtant de nombreux avantages qui en font une huile adaptée aussi bien pour la santé que pour l’environnement.

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Le boycott de l’huile de palme : une mauvaise idée !

Publié le 7 octobre 2012
- A +

L’huile de palme est accusée de tous les maux par ses détracteurs environnementalistes. Elle a pourtant de nombreux avantages qui en font une huile adaptée aussi bien pour la santé que pour l’environnement.

Par Cécile Philippe et Hiroko Shimizu (*).
Publié en collaboration avec l’Institut économique Molinari.

Encore récemment, l’huile de palme faisait l’objet d’une nouvelle étude publiée par les ONG Greenpeace et l’institut Oakland.

Elles s’insèrent dans un long mouvement lancé contre l’huile de palme, accusée de tous les maux par ses détracteurs. Elle serait mauvaise pour la santé et pour l’environnement et mieux vaudrait, pour certains, s’en passer plutôt que de continuer à s’empoisonner et nuire à notre environnement.

Sauf qu’encore une fois, les choses ne sont pas si simples et l’huile de palme a de nombreux avantages qui en font in fine une huile adéquate aussi bien pour la santé que pour l’environnement. Sans compter qu’elle peut aider les pays en développement à sortir de leur pauvreté sans en créer dans nos pays.

Cette affirmation peut paraître provocante dans un contexte où les campagnes les plus sensationnelles ont été menées par des groupes environnementalistes destinés à la décrédibiliser afin de la faire disparaître.

Ainsi, en 2010, Greenpeace remportait un succès phénoménal avec sa campagne Kit Kat où la fameuse barre chocolatée était remplacée par le doigt d’un orang-outan au point d’infléchir la politique du groupe Nestlé en la matière. Il faut dire que la vidéo avait été vue par près de deux millions de personnes et avait suscité environ 200 000 e-mails de protestation.

Reste que de telles campagnes sont nocives car elles font croire qu’un problème complexe peut se résoudre par une solution simpliste, à savoir boycotter l’huile de palme. Or ce faisant, on se prive d’une huile aux qualités nutritives qui permet d’épargner des terres, et se révèle très accessible sur le plan financier.

Ainsi, on reproche à l’huile de palme de contenir des acides gras saturés, mais on oublie aussi de préciser qu’elle ne contient aucun acides gras trans que de nombreuses recherches ont lié à des maladies cardiaques, à la hausse du taux de mauvais cholestérol. Or, c’est la transformation de l’huile liquide en huile solide par hydrogénation qui provoque la création de ces acides gras trans. L’huile de palme – qui se solidifie à température ambiante – a donc cet avantage naturel de ne pas contenir d’acide trans.

Elle contient certes des acides saturés, mais cela offre aussi une meilleure stabilité à l’oxydation, un plus grand moelleux et une température de fusion élevée, nécessaires dans la fabrication de confiserie, par exemple. En pratique, cela signifie qu’il faut soupeser les avantages et les inconvénients des diverses huiles, car la pauvreté en graisses saturées entraîne une perte de maniabilité, de saveur, de texture et de stabilité, problèmes que connaissent bien les fabricants de fromage.

Ensuite, l’huile de palme a cette particularité de bénéficier d’une productivité très élevée par rapport à ses substituts, ce qui la rend paradoxalement un « économisateur » de terre. En effet, le rendement par hectare de l’huile de palme est d’environ 3,72 tonnes, alors que celle du soja est de 0,40 et celle du colza de 0,72 tonne. Autrement dit, le palmier à huile produit près de dix fois plus de matière grasse que le soja, et plus de cinq fois plus que le colza.

Or, si les tendances se poursuivent en matière de consommation d’huile végétale et que la population atteint 9,2 milliards d’individus en 2050, ce sont au moins 25 kg d’huile par personne qui seront consommés. Pour satisfaire une telle demande, il faudrait produire 240 millions de tonnes, soit 40 % environ de plus qu’actuellement. Pour satisfaire ce surcroît de demande, il faudrait que 12 à 19 millions d’hectares soient consacrés à la production d’huile de palme ou 95 millions d’hectares à la production de soja. On voit bien comment les rendements élevés de cette plante la rendent particulièrement écologique.

C’est d’ailleurs aussi la raison pour laquelle, en Malaisie, la superficie consacrée en 2011 à la production d’huile de palme a été multipliée par cinq depuis 1975 mais pas par 16, le nombre de fois par lequel la production a été multipliée depuis cette date. L’amélioration des rendements dus à la forte productivité du palmier mais aussi à divers progrès technologiques aurait ainsi permis d’épargner pas loin de 15 millions d’hectares, et des espèces qui s’y développent.

Enfin, l’huile de palme est aussi la plus accessible. Ceci est notamment dû au fait qu’elle est produite là où elle a le plus de chance de se développer facilement, les pays du sud-est asiatique et d’Amérique du Sud, qui sont aussi les pays qui connaissent les coûts de production les plus faibles pour les cultures oléagineuses comestibles. Cela en fait une denrée accessible pour un apport calorique important dans les pays en développement, tout en permettant aux citoyens des pays développés d’obtenir eux aussi des biens de consommation abordables à un moment où leur pouvoir d’achat est en berne.

Ainsi, les campagnes massives de dénigrement de l’huile de palme sont loin d’être justes. Reste que la production d’huile de palme peut être problématique dans certains pays quand elle se fait par expropriation et déni des droits de propriété des agriculteurs.

C’est ce qu’on peut comprendre dans le cas de la société Herakles qui aurait obtenu du gouvernement camerounais un bail de 99 ans pour l’exploitation de 73 000 hectares de terres à destination de l’huile de palme. La vidéo réalisée par l’institut Oakland révèle que cet accord se fait en dépit des droits de propriétés des petits producteurs sur place dont certains sont expropriés de leur terre. Or, il ne peut pas y avoir pire management que celui qui consiste à confisquer des terres à ceux qui ont le plus intérêt à en prendre soin.

Ainsi, plutôt que de vouloir bannir l’utilisation de l’huile de palme, il faut plutôt que la production s’organise sur des bases durables, à savoir dans un cadre légal qui définisse et respecte strictement les droits de propriété des uns et des autres.

—-
Sur le web.

(*) Hiroko Shimuzu est chercheur associé à l’Institut économique Molinari.

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  • Contrairement à un mythe persistant, les acides gras saturés ne « bouchent » pas les artères, et le cholestérol ne cause pas plus de maladies cardiaques que pisser ne cause le diabète.

    Et curieusement, on n’entend pas Greenpeace attaquer la culture du soja… qui est pourtant la première cause de déforestation en Amérique du Sud, le coeur de la biodiversité de la Terre ! On ne les entend pas non plus dénoncer les effets délétères sur la santé du soja: dérèglements hormonaux et thyroïdaux dûs aux simili-estrogènes (isoflavones) qu’il contient en très très grande quantité, dérèglements immunitaires à cause de ses lectines, déficiences en acides aminés dûs à ses inhibiteurs d’enzymes (comme celles qui empêchent de métaboliser la trypsine), etc.

    Pourquoi taper à tort sur l’huile de palme, et s’en abstenir sur le soja ? Parce qu’au départ, la démonisation des acides gras saturés et l’engouement pour le soja étaient des façons indirectes de promouvoir le végétarianisme, pour des raisons idéologiques. Tous ceux qui ont approché les groupes écolos savent comme moi que végétaliens et écolos sont des populations qui se recoupent… malgré l’incohérence dans laquelle cela les place !

  • Pour dénigrer l’huile de palma on utilise aussi l’argument de la déforestation massive. Outre le fait que l’article explique bien que la déforestation aurait été plus intense avec la culture d’autres plantes, il faut aussi rappeler que des pays comme la France se reforestisent.

    Quand les pays d’Amérique du Sud et d’Asie du Sud-Est auront, eux aussi, opéré leur passage à une économie développée avec les prises de conscience qui vont avec, gageons qu’ils se mettrons à replanter des arbres.

    • « Quand les pays d’Amérique du Sud et d’Asie du Sud-Est auront, eux aussi, opéré leur passage à une économie développée avec les prises de conscience qui vont avec, gageons qu’ils se mettrons à replanter des arbres. »
      ——————————–
      Sauf que ces pays là ont deux fois plus de forêts que nous en pourcentage (Indonésie : 60% du territoire couvert de forêt, France : 30%).
      Avant de replanter un seul arbre, ils pourront laaaaargement attendre que les pays donneurs de leçons aient atteint le même taux de forêt. Eh oui, encore une vérité que les éco-tartuffes s’empresseront de balayer sous le tapis.

    • Par contre elle n’explique pas que l’on pourrait ne pas déforester pour faire de l’huile de palme car il existe déjà des terres défrichées pouvant accueillir les plantations. Mais il est plus facile de faire de raccourcis simplistes. Personne ne pense que c’est le palmier le problème mais la manière dont on le plante. Mais en attendant d’arriver à avoir une huile d epalme durable (pour de vrai) il ne vaut mieux pas encourager sa culture tout azimute

  • un article de propagande ! SCANDALEUX !

    • Commentaire idiot ! Scandaleux !

    • Quels sont vos arguments ? Faites les connaitre.

    • Ah! et vos arguments vous les avez oubliez à la cave ?

    • sos-planete (quel prétention) préfère recouvrir la terre de culture de soja.

      « le rendement par hectare de l’huile de palme est d’environ 3,72 tonnes alors que celle du soja est de 0,40 et celle du colza de 0,72 tonnes.  »

      Évidemment le soja ça fait in dans les soirées écolo-bobo.

    • Avec des louf’dingues de votre espèce, le monde développé est partout en régression avancée, tandis que ceux qui doivent enfin bénéficier de quelques avancées se trouvent confinés à la rétro-action !
      Propos de cinglés sans argumentation autre que dogmatique !
      Allez donc vous laver le cerveau des préjugés qui l’encombrent ?
      Ciao

  • @jesrad : lorsque vous dites « On ne les entend pas non plus dénoncer les effets délétères sur la santé du soja: dérèglements hormonaux et thyroïdaux dûs aux simili-estrogènes (isoflavones) qu’il contient en très très grande quantité, dérèglements immunitaires à cause de ses lectines, déficiences en acides aminés dûs à ses inhibiteurs d’enzymes (comme celles qui empêchent de métaboliser la trypsine), etc. »

    il s’avère que cela a été démonté depuis quelques temps, c’est un argumentaire qui a été mis en avant par le lobby de la viande pour tenter de casser les mouvements végéta*iens.

    Et plutot que de critiquer une certaines partie de la population j’aimerais savoir ce que VOUS vous proposez car pour allumer de la sorte c’est que forcément derrière vous avez LA solution.

    • M@nu : « il s’avère que cela a été démonté depuis quelques temps, c’est un argumentaire qui a été mis en avant par le lobby de la viande pour tenter de casser les mouvements végéta*iens. »
      ——————————————————–
      Il y a des centaines d’études scientifiques qui démontrent les effets délétères du soja, sur la thyroide, sur le foie, sur le système immunitaire, le cerveau, les os… (cherchez avec Google Scholar « soja health effects »).

      Dans les pays occidentaux, les réglementations obligent les fabricants de tofus de chauffer suffisamment longtemps le lait de soja pour détruire certains constituants toxiques.
      Même les Chinois et Japonais, grands mangeurs de sojas, évitent de manger régulièrement sous forme de tofu. Ils le consomment fermenté (miso, natto, tempeh…) ou en graines germées (haricots mungos). Parce que même empiriquement, ils savent d’après des siècles d’observation que c’est néfaste pour la santé.

      Vous insinuez que les conclusions scientifiques sur les dangers du soja ainsi que les réglementations et les pratiques qui visent à réduire ces dangers ont toutes été démontés, c’est une affirmation extraordinaire qui demande des preuves extraordinaires.
      Sinon, ça relève d’une simple déclaration idéologique irresponsable !

    • Ah, le fameux (fumeux !) lobby-de-la-viande qui fait rien qu’à martyriser les gentils végétarés… La réalité est toute autre: ce sont les végés qui font du prosélytisme depuis des décennies auprès des institutions gouvernementales, au détriment de la santé de tous.

      Par exemple, c’est le lobby végé qui était derrière la Commission Sénatoriale McGovern aux USA, celle qui a dès les années 70 fait pression pour le sans-cholestérol, la baisse de la consommation de viande et d’oeufs… et les a obtenus: voyez les graphiques fournis par NuSI vous y verrez comment la population a suivi ces recommendations… et quadruplé son diabète, explosé en taux d’obésité, subi plus de maladies cardiaques etc.

      C’est encore le lobby végé, via le CSPI (soit-disant organisme de défense des consommateurs) qui a fait pression sur les restaurateurs américains pour leur faire abandonner les graisses animales au profit des graisses végétales dans les années 80. Et quand il s’est avéré que ces graisses végétales (hydrogénées, bourrées d’acides gras « trans ») n’étaient pas si bonnes que ça pour nous, ils ont changé leur fusil d’épaule et refusé d’admettre leurs torts…

      C’est encore le lobby végé qui est derrière les propositions de certains gouvernements locaux de créer des « journées sans viande » obligatoires.

      J’ai été malade pendant des années parce que j’ai cru aux fadaises végéta*iennes, et je ne suis pas le seul.

      « j’aimerais savoir ce que VOUS vous proposez »

      Ah, enfin de la discussion constructive 🙂

      Je propose la fin de toutes les subventions agricoles, pour commencer, et passer au goudron et aux plumes les brigades d’assaut de l’USDA qui saccagent les stands de ferme et les crèmeries qui vendent des produits à base de lait cru, et l’arrêt de tous les programmes étatiques de propagande nutritionnelle (cibles favorites de tous les lobbies, ce qui leur donne un poids politique monstrueux et toxique).

  • Mouais.
    En même temps, qui cuisine à l’huile de palme le repas de ses enfants, dans ce forum ?
    Levez la main ?

    • *lève la main*

      J’utilise parfois de la graisse de palme brute (non-hydrogénée, donc) et bio, dans mes plats (principalement des curries) et dans ceux de mon fils de 6 mois. Mais j’utilise beaucoup plus souvent de la graisse de coco ou du beurre.

    • qui cuisine à l’huile de palme le repas de ses enfants, dans ce forum ?
      Levez la main ?

      Pas moi, puisque l’on ne trouve nulle par en vente contrairement au tournesol ou le soja.

  • L’ancien premier ministre Mahatir avait accusé le lobby des producteurs d huile de tournesol US de fomenter ces attaques sur l’huile de palme..c’était au milieu des années 90, les coups de boutoir sur l huile de palme ne date pas d’hier.
    Il faut dire aussi que la Malaisie et l indonesie avec leur le » je m en foutisme habituel » n’ont pas su du tout contrer les attaques de Greenpeace avec sa campagne de pub..ils se sont contenté d’accuser les australiens'(d ou la campagne était partie) d’être jaloux et leurs ont conseillé de s’occuper de leur kangourous.. enfin ils pensent que si les occidentaux ne veulent plus d huile de palme et bien les chinois et les indiens eux, en achèteront
    Ainsi l’an passé ces pays n ont envoyé aucune délégation en Australie quand c’est tenu une réunion international sur la culture et les dangers de l’huile de palme…bref comme le disent certains intellectuels malaisiens on aurait mieux fait de venir défendre nos positions au lieu de hurler à l habituel complot anti malaisien(ou indonésien du reste) car cette fois ci on a décidé à notre place!

  • Ca c’est ce qu’on appelle édulcorer !

    Et la déforestation ? Problème posé à la base, et pas seulement par GreenPeace … notamment par les habitants eux-mêmes.

    Pour la déforestation : http://www.independent.co.uk/environment/the-guilty-secrets-of-palm-oil-are-you-unwittingly-contributing-to-the-devastation-of-the-rain-forests-1676218.html

    Pour les mobilisations citoyennes : L’exemple de Batu Puteh http://www.campsinternational.com/gap-year-additional/batu-puteh/index.html

    Et oui, l’initiative privée peut amener à s’en foutre modérément dans les fouilles en respectant l’environnement alentour. Voilà ce qu’est le libéralisme.

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