La Suède relance par la baisse des impôts

La Suède offre un exemple de ce que pourrait être une politique économique saine, à l’opposé des choix français.

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La Suède relance par la baisse des impôts

Publié le 9 octobre 2012
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La Suède offre un exemple de ce que pourrait être une politique économique saine, à l’opposé des choix français.

Par Jean-Yves Naudet.

Article publié en collaboration avec l’Aleps.

L’heure est à la rigueur en Europe. Quelle rigueur ?

Rigueur à la française ? C’est celle de la hausse des impôts (24 milliards d’impôts en plus pour 2013) plutôt que celle de la baisse des dépenses (10 milliards à peine). Aux yeux des libéraux c’est une mauvaise rigueur, puisque la hausse des impôts aggravera la récession, donc le déficit. Tant mieux, disent au contraire les keynésiens qui, à l’image de madame Lagarde et des gens du FMI, persistent à recommander des déficits.

Rigueur à la suédoise ? C’est celle qui impose la rigueur non pas aux contribuables, mais à l’Etat : réduire les impôts. Mais n’est-ce pas renoncer, tout comme les keynésiens, à l’équilibre budgétaire et accepter les déficits ? Il n’en est rien.

 

Trente ans de crises de la social-démocratie 

La Suède est un vieux pays de tradition social-démocrate, refusant certes le marxisme primaire, mais poussant très loin l’État providence : jadis le taux marginal d’impôt sur le revenu a atteint jusqu’à 85 % et les dépenses publiques ont dépassé 50 % du PIB.

Cependant, après avoir poussé jusqu’au bout la logique de l’État providence, la Suède a été confrontée à une crise majeure dès les années 1980, ce qui l’a amenée à des réformes radicales. En outre, tout en étant membre de l’Union européenne à 27, la Suède a refusé d’adhérer à la zone euro, donc elle mène la politique de son choix et non celle imposée par les gestionnaires de la monnaie unique.

Tout comme l’Allemagne, qui craint l’inflation car elle en a connu les conséquences dramatiques pendant la République de Weimar, la Suède craint l’étatisme car elle en a connu les excès et les ravages. Elle a compris que les vraies solutions passent par des réformes structurelles et non par les politiques conjoncturelles. Nous avons déjà eu l’occasion de parler des réformes des services publics intervenues dans ce pays. Les Suédois ont compris que le service passait avant le public et que rendre service n’impliquait pas de confier un monopole à une administration publique, ni de faire distribuer le courrier par des fonctionnaires. Aujourd’hui les points poste (commerces, stations service) se sont multipliés pour le plus grand bien de la population.

 

Moins de dépenses publiques, moins d’impôts 

Dans les années 1990, beaucoup d’entreprises publiques ont été privatisées : électricité, télécommunications, transports en communs, postes, vente d’alcool…. Mais la libéralisation a concerné également les marchés du crédit et des capitaux et la concurrence a été introduite dans l’éducation et dans la santé.

Ainsi les dépenses publiques ont-elles fortement diminué, ce qui a permis de réduire de 38 % le nombre de fonctionnaires. Quant aux fonctionnaires restants, leur rémunération dépend désormais plus de leur performance que de leur ancienneté.

Pourtant, le changement le plus impressionnant porte sur les budgets publics, les impôts et la dette. Du côté des dépenses publiques, la Suède, en champion de la social-démocratie, a été longtemps en tête des pays européens ; les privatisations et la diminution du nombre de fonctionnaires ont permis de réduire drastiquement les dépenses publiques et c’est la France qui désormais dispute la première place aux Danois, avec un taux de 48,2 % du PIB pour 2013 (le taux était de 44 % il y a quatre ans).

Non seulement la charge globale des impôts a été réduite, mais leur progressivité a été diminuée. Le taux marginal d’impôt sur le revenu des ménages, dont on a vu qu’il avait culminé à plus de 85 % dans les années 1980, a été réduit aux environs de 55 %, taux certes considérable, mais en recul sensible. Le taux d’imposition sur le bénéfice des entreprises est passé de 53 % à 30 % ; voilà de quoi inciter à entreprendre, investir, épargner, travailler plus…

 

Des budgets en excédent et une faible dette publique 

Les résultats suivent-ils ? La Suède est dans les premiers pays du monde pour le PIB par habitant. Certes, ces derniers temps, elle a été touchée, comme les autres, par la crise. Mais il s’est passé la même chose que dans tous les pays qui ont allégé leurs systèmes publics : la chute du PIB y a été plus forte en 2009 (-5 %), alors qu’en France le poids du secteur public a amorti la chute et limité la dégradation statistique, mais dès l’année suivante, la Suède a redémarré en trombe (+6,1 % de croissance) alors que les pays alourdis par le secteur public peinaient à dépasser la croissance zéro. Puis la crise a frappé à nouveau (3,9 % de croissance du PIB en 2011 et à peine 0,3 % en 2012), mais les prévisions pour 2013 sont plus optimistes (2,1 % de croissance, contre bien moins de 1 % en France).

Moins de dépenses publiques, des taux d’imposition plus faibles, plus de croissance, il n’en fallait pas plus pour assainir les finances publiques. Le déficit public, qui était de 2,5 % du PIB en 2009, a été réduit à 1,1 % en 2010, puis à 0 % en 2011 et à peine 0,3 % en 2012 : on annonce même un excédent de 0,4 % en 2014 ; une observation de la règle d’or respectée sans qu’il ait été besoin de la voter. Quant à la dette publique, elle a de quoi faire rêver les plus orthodoxes : 42,6 % du PIB en 2009, puis 39,4 % (2010), 38,4 % (2011) 35,6 % (2012) et on prévoit 34,2 % pour 2013. Il est ainsi prouvé que l’on réduit mieux les déficits en diminuant dépenses et impôts qu’en augmentant les impôts.

 

Relance ou libération ? 

C’est là que se situe le dernier épisode : la dette publique va encore diminuer en 2013, alors que le gouvernement libéral suédois propose une nouvelle baisse d’impôts. En France, alors que les impôts vont massivement augmenter, la dette va aussi augmenter. Chez nous, la hausse des impôts va concerner les entreprises et les ménages (théoriquement pour 24 milliards) ; en Suède la baisse va concerner les entreprises (le taux d’impôt sur les sociétés, qui avait déjà massivement reculé, va passer de 26,3 % à 22 %, bien au-dessous de la moyenne européenne), mais aussi les ménages, en particulier les revenus des retraités. Quant aux dépenses publiques, elles seront par priorité orientées vers les infrastructures et la recherche.

Pourtant beaucoup de nos confrères s’obstinent à opposer la relance suédoise et la rigueur française. Amalgame trompeur : la relance suédoise n’est qu’une libération, elle n’a pas pour effet d’accroître les dépenses publiques « à la keynésienne », loin de là. Et en France il n’y a pas de rigueur, mais un étouffement de l’économie par l’impôt.

Mais nos commentateurs ne cessent d’associer rigueur et libéralisme, pour mieux vanter les mérites des dépenses et de l’étatisme. Pourquoi cet obstination, alors que la Suède libérale a réduit et les dépenses et les impôts ?

En fait, ils n’ont pas compris qu’il existe un choix décisif en matière de politique : une politique conjoncturelle consistant à stimuler la dépense par tous moyens, ou une politique structurelle consistant à libérer l’offre par tous moyens. Le choix n’est pas entre rigueur et relance, mais entre rigueur apparente (hausse des impôts) et libération réelle (baisse des impôts). La liberté fait toujours des miracles.

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  • On dirait vraiment le pays rêvé! Malheureusement c’est loin d’être aussi simple.

    Pour ce qui est d’un pays craignant l’étatisme, les Suédois doivent vraiment être schizophrènes, vu que 30% de la population active travaillent dans les administrations et les collectivités, et avec deux niveaux de moins que la France (ils ne connaissent ni les départements, ni les communautés de communes). Par ailleurs, si on regarde la composition actuelle du Riksdag (Parlement), la majorité est plutôt pro-État (la gauche et l’extrême-droite). Et même au sein de la majorité relative de Fredrik Reinfeldt, tous ne sont pas des libéraux dans l’âme.

    La mise en concurrence de la Sécurité Sociale n’est pas pour demain, puisque son financement est alimenté par l’impôt prélevé par la commune; et celà, ni Reinfeldt ni Borg n’oseront s’y attaquer. Les syndicats (surtout LO, en cheville avec les sociaux-démocrates), ont une puissance démesurée (l’ex-entreprise lettone Laval en sait quelque chose), et l’arrivée de la droite aux affaires en 2006 n’y a rien changé.

    Enfin, c’est se leurrer que d’évaluer le bien-être d’une société sur ses seules finances publiques. La Suède est une société sclérosée, minée par un égoisme profond. Il y a pénurie de certaines catégories essentielles de personnel (infirmières, ingénieurs,..) mais personne ne veut y faire quoique ce soit, bien que ses effets commencent à se faire sentir, surtout dans le système hospitalier. C’est un pays ou je vis depuis 15 ans et aujourd’hui, je prépare mes valises (j’envisageais même de revenir en France, c’est dire..) Donc c’est loin d’être le pays idyllique dont votre article donne l’impression.

    • Les pénuries d’infirmiers et de médecins est symptomatique des pays ou l’état prend tous les soins en charge, il n’y a pas de possibilité d’avancement ou simplement de choix, vous prenez ce que l’état vous donne et basta.
      Au Québec aussi il y a pénurie de personnel médical, mêmes méthodes mêmes symptômes.

    • Sauf que l’article ne cherche pas a donner l’impression que c’est un pays idyllique, il cherche a démontrer comment l’assainissement des finances publiques est mené dans un pays qui a réussi a se sortir de sa propre crise budgétaire.
      Nulle part dans l’article est abordé la notion de bien être de la population, ça ne parle que de finances publiques.

    • Dernièrement, un excellent article sur CP disait que contrairement au socialisme qui croit dur comme fer qu’il peut résoudre tous les problèmes de la société, le libéralisme n’a pas cette prétention.

      Et puis vous savez ce que l’on dit toujours: l’herbe est toujours plus verte chez le voisin. Revenir en France en ce moment, il faut vraiment que vous soyez désespéré 🙂

    • Dès qu’on fait la moindre comparaison avec la France, il s’en trouve un pour rétorquer « ce n’est pas le paradis » …

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