Le Livret A est aussi utile à l’État qu’aux épargnants : certes défiscalisé, le Livret A permet à l’État un véritable emprunt perpétuel et à taux variable.
Dans la culture française, il est considéré comme une valeur sûre. Le Livret A a la faveur des Français quand il s’agit d’épargne. Si bien que plus de 90% des Français en possèdent un. Depuis le 1er octobre, le plafond maximum a d’ailleurs été relevé à 19 125 €, au lieu de 15 300 €. Le Livret A, un placement sûr pour les Français ? Pas forcément. En cinq points, on vous explique pourquoi.
1. Un produit historiquement cher aux Français… et à l’État
Le Livret A est le compte d’épargne défiscalisé le plus utilisé par les Français. Cela tient sans doute, entre autres raisons, à l’âge du dispositif : il a été créé en mai 1818 par Louis XVIII. L’objectif du livret d’épargne était alors de pouvoir solder la crise financière laissée par les guerres napoléoniennes, lors desquelles l’État avait dilapidé l’épargne de ses citoyens. Près de deux siècles plus tard, le Livret A est toujours aussi utile à l’État qu’aux épargnants : certes défiscalisé, le Livret A permet à l’État un véritable emprunt perpétuel et à taux variable. Cela passe par un prélèvement de l’État sur les Livrets A, gérés par la Caisse des dépôts (CDC), qui s’est chiffré en plusieurs centaines de millions d’euros en 2011.
2. Le Livret A : quel avenir en cas de faillite des banques ?
La grande confiance que les Français accordent au Livret A tient beaucoup au support de l’État. La fiabilité du dispositif repose sur le Fonds de garantie des dépôts, géré par l’État, et chargé de rembourser les clients en cas de défaut de leur banque. Pourtant, si l’économie française venait à s’écrouler, en cas de faillite des banques, le Fonds de garantie des dépôts ne pourrait assurer aux Français qu’un dédommagement symbolique.
3. Une gestion qui profite aussi à d’autres
Laisser son argent travailler pour les autres est certes louable, mais dans une certaine mesure. Géré par la Caisse des dépôts, le total des encours des Livrets A permet un prêt (à des taux supérieurs à 2,25%) aux acteurs du logement social. Mais pour permettre à la Caisse des dépôts de garder un « coussin » en cas de demande de remboursement des épargnants, seule la moitié de cet encours sert à financer le logement social. Le reste est loin de dormir tranquille, mais travaille dans des placements financiers réputés comme sûrs. Au final, la gestion des fonds générés par le Livret A représente aussi un risque de pertes financières, même si ce n’est pas directement répercuté sur l’épargnant. La preuve avec les résultats de 2011 : une perte d’exploitation de 600 millions d’euros. Et en 2008, la perte d’exploitation avait même été de 1,65 milliard d’euros, selon un article de Challenges paru le 9 octobre. La fiabilité est donc clairement remise en question, même si le placement est réputé comme sûr.
4. Un taux d’épargne peu intéressant
Depuis janvier 2009, toutes les banques peuvent distribuer le Livret A. La Banque Postale, la Caisse d’Épargne et le Crédit mutuel ont donc perdu au passage leur exclusivité. De là à permettre aux banques de se lancer dans une course à l’armement, il n’y avait qu’un pas, rapidement franchi. Pourtant, le taux d’épargne du Livret A n’est pas si intéressant, rapporté à l’inflation des dernières années. En clair, les 2,25% ne compensent qu’à peine l’inflation. Un Livret A rapporte beaucoup moins, par exemple, qu’un capital constitué d’or qui serait revendu avec une plus-value.
5. L’augmentation du plafond : une solution qui ne rapporte pas plus
Avec un taux d’épargne à 2,25%, le Livret A ne rapporte pas autant pour l’épargnant qu’il le devrait, dans un autre contexte d’épargne. Depuis le 1er octobre, le plafond maximum est donc passé à 19 125 €, contre 15 300 €. Il sera encore augmenté de 25% en décembre. Mais avec un taux d’épargne qui ne change pas, c’est surtout à la Caisse des dépôts que l’augmentation de l’encours peut servir. Même sans présenter aucun risque – en théorie – pour son propriétaire, le Livret A ne rapportera pas plus avec un plafond plus haut, sinon la différence rapportée à la somme.
Un bas de laine, donc. Depuis deux siècles, même s’il garde la même place au cœur des Français, le Livret A a toujours cet aspect de bas de laine dématérialisé. Mieux encore, au lieu de dormir sous le matelas de l’épargnant, l’argent sert aussi à financer le logement social et à promettre des centaines de millions d’euros à l’État chaque année. Pour une véritable épargne sûre et solide, et une épargne qui permet une plus-value sur le long terme, c’est plutôt vers l’or qu’il faut se tourner. D’autant plus que la fiscalité permet une exonération d’impôts sur la revente d’or au bout de 12 ans, à condition d’opter pour l’imposition des plus-values. Un argument à prendre en compte.
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Sur le web.
Sur le point 2, il est à noter que les encours « Livret A » et LDD sont garantis directement par l’Etat et n’entrent pas en compte dans les 100 k€ du fonds de garantie.
L’or c’est dingue… x5 depuis 2000. Celui qui avait mis 10.000€ en Louis d’or peut revendre à 50.000 aujourd’hui et apparemment ça va encore doubler. Je me mords les doigts de ne pas avoir d’économies, et encore plus de ne pas en avoir eu en 2000.
Oui, sauf que pendant longtemps on a considéré l’or comme une « valeur sure » = bas de laine. Or on voit bien maintenant que l’or sert de valeur spéculative dans lequel tout le monde investit car plus personne n’a confiance ni dans l’économie, ni dans la bourse. Gare au retour de bâton des petits épargnants qui auront écouté des sites comme celui ci et qui perdront 50% de leur épargne lorsque la bulle aurifère aura dégonflé !
Et il y a pas un problème entre l’Or papier et l’or physique ?
L’or papier est effectivement un outil de spéculateurs, mais l’or et l’argent physiques sont des assurances contre les incertitudes monétaires liées à l’inflation.
Rien à voir, ni avec l’économie, ni avec la bourse.
Le 2.25 % du livret ne couvre absolument plus l’inflation au quel il se devait d’être indexé.
L’argent papier ne vaut que s’il circule de lui-même. Ce n’est plus le cas, il ne tient que par les actions des BC. L’or et l’argent physiques redeviennent donc une monnaie à part entière restant une contrepartie universelle devant des actifs adossés aux dettes.
Le jour ou la solvabilité des banques et des États seront clairement établis, la confiance pourra revenir, alors or et argent perdront leurs pouvoirs attractifs. Vous la voyez ou la croissance ?
Vu les actions des BC, nous sommes très mal barrés et cette guerre monétaire n’a certainement pas fini de faire des ravages.
Repousser les échéances, c’est accentuer le brouillard, et augmenter les incertitudes. Voilà où nous en sommes et ce, depuis plus de 5 ans !