Dans un monde idéal, être député serait en soi un « deuxième boulot ». Nous serions représentés par des citoyens législateurs se rassemblant peu fréquemment, et dont on attendrait qu’ils gagnent leur vie ailleurs.
De Daniel Hannan, en Angleterre.
Presque toutes les réformes depuis les révélations sur les notes de frais des députés au Royaume-Uni ont fait empirer les choses. Une agence para-publique a été élevée plus haut que nos élus. Une culture de la conformité a remplacé une culture de la conscience. Les députés ont été encore plus coupés des communautés qu’ils représentent. Des personnes de qualité ont été dissuadées de se présenter aux élections.
Tout ceci était prévisible à partir du moment où les députés ont été assez sots pour voter la mise en place de l’IPSA (autorité indépendante des normes parlementaires). Alors qu’on savait déjà les mauvais résultats qu’elle allait produire. Mais la dernière proposition en date de cet organisme, au sujet de la réglementation des revenus des députés hors de leur fonction, est la plus idiote à ce jour.
Nous avons un intérêt à savoir combien les députés sont payés par les contribuables. Ce qu’ils gagnent en privé est entre eux et leurs employeurs. Ah, me direz-vous, oui, mais, et s’ils truandent ? Et s’ils travaillent pour eux-mêmes pendant qu’ils devraient être en train de travailler pour leurs administrés? Eh bien, au risque d’enfoncer des portes ouvertes, c’est le problème de leurs électeurs. Si les députés ne font rien, c’est aux gens, localement, de les mettre à la porte. Ça s’appelle la démocratie représentative.
Faites attention, cependant, avant de soutenir l’argument qu’être député devrait être un travail à plein temps. Personne, ni l’agence indépendante des normes parlementaires ni aucun des principaux partis, ne suggère qu’un député ne peut pas aussi être un ministre. Et cependant, d’un ministre, on attend qu’il fasse une semaine à peu près complète dans son ministère, et pour ce faire il reçoit un salaire du contribuable. Et ça, sûrement, est un bien plus grand conflit d’intérêt que de pratiquer, disons, comme avocat. Le rôle d’un député, après tout, est de demander des comptes aux ministres.
Tous les métiers hors du politique ne sont pas inoffensifs. Un ou deux députés ont des postes de directeurs qu’ils ont, on peut le soupçonner, obtenu seulement parce qu’ils sont au Parlement. Encore une fois, cependant, c’est à leurs électeurs qu’il appartient d’agir en régulateurs externes. Si vous êtes représentés pas un type qui a le groin dans l’auge, qui gagne de l’argent avec, je ne sais quelles magouilles dans les éoliennes, virez le pourri en question.
Virer les pourris n’est pas aussi facile que ça pourrait l’être, dans un pays où presque tous les sièges sont sécurisés. Mais la solution est d’introduire des mécanismes d’élections anticipées et des primaires ouvertes. En d’autres termes, donner plus de pouvoir aux électeurs, pas moins.
Dans un monde idéal, être député serait en soi un « deuxième boulot ». Nous serions représentés par des citoyens législateurs se rassemblant peu fréquemment, en étant compensés pour leur temps, et dont on attendrait qu’ils gagnent leur vie ailleurs. C’est à peu près comme ça que les choses se passent en Suisse, un des pays gouvernés avec le plus de succès en Europe.
Il est vrai que renvoyer la chambre des communes à un rôle à temps partiel exigerait qu’elle abandonne des responsabilités. Très bien. Elle s’occupe de plein de choses qui devraient être les prérogatives d’autorités locales. Au lieu qu’on attende d’eux qu’ils fournissent un service pour faire passer en tête de file d’attente des électeurs insistants, les députés devraient se concentrer sur la défense, l’immigration, des éléments d’imposition, et laisser nos comtés et nos villes s’occuper de soins de santé, d’éducation, de retraites, et ainsi de suite.
L’autorité indépendante des normes parlementaires veut nous mener dans la direction opposée. Au lieu que les députés deviennent moins dépendants des contribuables, elle veut les rendre plus dépendants. Au lieu de s’assurer qu’ils sont soumis aux mêmes pressions économiques que leurs électeurs, elle veut les différencier encore plus de la population. Au lieu de faire confiance aux électeurs pour punir les mauvais comportements, elle propose de leur dire qui ils peuvent élire, et selon quels termes.
Petit à petit, les députés se voient transformés en fonctionnaires salariés. Au fur et à mesure qu’ils perdent leur souveraineté, nous aussi.
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RT @Contrepoints: Tout #député devrait avoir un travail en plus http://t.co/3OovLzm2 via @DanHannanMEP
DÉMOCRATIE DIRECTE !!!!
C’est le fondement de la bonne gouvernance de la Suisse, dont le statut bénévole des députés est un des aspects les plus étonnants, mais ce n’en est qu’un symptôme.