En attribuant le Prix Nobel de la Paix à l’UE au moment même où l’euro ravive les antagonismes nationaux, les membres du comité ont fait preuve d’un magnifique génie comique.
Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume Uni.
Comme pour la plupart des gens, ma réaction à la nouvelle du Prix Nobel de la Paix attribué à l’Union Européenne a été un éclat de rire satisfait. En choisissant ce moment – alors même que l’euro ravive les antagonismes nationaux à un niveau élevé – les membres du comité ont fait preuve d’un magnifique génie comique.
Il y a plus de 40 ans, lorsqu’il apprit que le prix était décerné à Henry Kissinger, Tom Lehrer déclara « la satire est vraiment dépassée ». Même Lehrer dans ses rêves les plus fous n’avait imaginé le comité choisir un autre candidat qu’Irena Sendler, qui avait risqué plusieurs fois sa vie pour sauver des enfants du Ghetto de Varsovie, en faveur d’Al Gore. Il n’y a rien eu de plus étrange que lorsque Barack Obama a reçu ce prix avant même d’avoir entamé sa présidence (même si ce moment s’est avéré être bizarrement approprié : ses premiers jours d’hopey-changey furent son point fort). Mais ça ? Ça dépasse vraiment toute attente.
J’en ai déjà parlé longuement auparavant. En résumé, l’Union Européenne n’est pas la cause, mais le symptôme d’une paix européenne née de la défaite du fascisme, de la diffusion de la démocratie et de la sécurité grâce à l’alliance de l’OTAN. Son dogme dominant – l’idée que le nationalisme est la cause de la guerre – est faux. Les guerres les plus meurtrières dans l’histoire de l’Europe ont été causées en premier lieu par des différends religieux ainsi que par des différends idéologiques. À travers les années, l’État-Nation s’est révélé être le véritable instrument de la justice et de la démocratie. Une Europe des nations, à leur aise dans leurs frontières ethnographiques, sera plus calme qu’un patchwork de frontières mal-alignées, de communautés irrédentistes et de minorités mécontentes. Coincer les personnes dans un État unique contre leur volonté est rarement favorable à la démocratie et à la bonne volonté. Cela n’a pas fonctionné pour les Habsbourg, les Ottomans et les Soviétiques. Ces politiques n’ont survécu que lorsqu’il s’agissait d’État policier. Dès l’instant où les peuples le constituant avaient la liberté de choisir, ils optaient pour l’indépendance.
GK Chesterton faisait remarquer que condamner le patriotisme comme source de conflits reviendrait à condamner l’amour comme source de meurtres. En réalité, le patriotisme est ce qui nous fait reconnaitre que nous avons des obligations envers les personnes qui nous entourent ; c’est ce qui nous fait agir avec désintéressement. Parce que nous partageons un sentiment communautaire avec certains de nos concitoyens, nous obéissons aux lois qui nous semblent insensées, nous acceptons les résultats d’élections lorsque nous avons voté pour le parti perdant, nous payons des impôts pour le bien-être d’étrangers. Une tel sentiment communautaire existe en Allemagne ou en Grèce. Mais au sein de l’UE ? Regardez ce que les Allemands disent des Grecs et vice versa. Regardez les troubles en Espagne. Rappelez-vous la façon dont Bruxelles a renversé des Premiers ministres élus en Italie et en Grèce.
Et enfin écoutez la façon dont les Eurocrates tournent le dos aux critiques – à propos du manque de démocratie, de l’inefficacité financière, de la corruption – en insistant complaisamment sur le fait que la paix en Europe justifie tout. Même si cette affirmation était vraie, cela serait de l’auto-satisfaction. Mais, cette année plus que toute autre, on peut voir que ce n’est pas le cas.
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Sur le web.
Traduction : Hélène Picq pour Contrepoints.
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Votre article est juste sauf pour les Habsbourg, le régime n est pas tombé de lui même ni par la volonté du peuple gouverné mais par le biais de puissances étrangères
La première guerre mondiale est tout de même la conséquence de la montée des nationalismes du 19ème siècle.
Si effectivement ce n’est pas l’UE la cause de la paix en Europe mais plutôt un des symptômes, en revanche l’Etat-nation n’a pas amené durablement la paix.
comme si l’Europe avait été un parangon de Paix avant « la montée des nationalismes du 19ème siècle »…
la guerre est l’état naturelle de l’Homme, la paix l’exception. Avec ou sans état-nation.
Bravo,
Trop de libéraux sont pour une Europe Fédérale et la monnaie unique, c’est ridicule. L’Europe fédérale est non seulement illégitime mais en plus infaisable.
Quant à l’euro unique il est aussi aberrant, Friedman l’avait bien expliqué (et contrepoint avait fait un article là dessus). Une monnaie unique ne peut être appliqué à l’Europe, pour qu’elle le soit il faudrait une mobilité des travailleurs (or on ne change pas de pays comme de région, 27 langues et cultures différentes n’aident pas), il faudrait aussi des transferts de budgets (intenable pour l’Allemagne qui devrait lacher 12% de son PIB minimum). On doit retrouver des monnaies nationales, on doit pouvoir avoir des valeurs différentes, dévaluer un peu quand il le faut, il nous faudrait un franc proche du dollar, un mark plus élevé que l’euro, un drachme beaucoup beaucoup moins cher etc.
L’Europe n’est pas morte, il faut simplement qu’elle redevienne une Europe des Etats-Nations et non plus une Europe supranationale dans une logique de fédéralisation-uniformisation. Que chaque Etats reprennent ses pouvoirs et qu’on fasse une Europe simplement sur des projets industriels, des coopérations à la carte. (4 pays sur un projets, 3 sur un autres, garder un marché commun avec les pays forts etc). il faut en finir avec ses lois et règles communes à 27 qui ne sont pas dans l’intérêt de tout le monde et avec ces institutions supranationales qui se sont accaparés les pouvoirs des Etats ce qui leurs empêchent de faire des lois dans leurs intérêts. C’est comme pour l’individualisme, il vaut mieux que chaque pays puisse faire sa propre politique dans son intérêt afin d’être tiré vers le haut, la combinaison de tout les pays tirés vers le haut amène logiquement l’Europe vers le haut, jusqu’a preuve du contraire l’Europe a été au sommet du monde en ayant des pays indépendants, pas en étant unie. L’uniformisation actuelle et l’accaparation des pouvoirs à Bruxelles enfoncent fatalement tout le monde vers le bas pour des raisons culturelles, économiques, politiques.
L’Europe n’est tout simplement pas fait pour devenir les Etats-Unis. Nous avons une URSS de l’Ouest qui connaîtra le même sort que l’URSS version Est. Nivelée par le bas et centralisée supranationalement de manière illégitime, elle explosera sous la colère des peuples qui se révolteront pour reprendre l’indépendance de leurs pays.
N’oubliez pas que la guerre, c’est la paix.
Et toujours l’excellent Nigel Farage : http://www.dailymotion.com/video/xuhxlm_nigel-farage-le-prix-nobel-de-la-paix-attribue-a-l-union-europeenne-est-un-non-sens_news