Réforme migratoire à Cuba : s’en rejouir ou s’en accommoder ?

Même si les coûts administratifs sont réduits et les délais réduits, la nouvelle loi sur les migrations n’est pas celle que les Cubains attendaient. Trop limitée, trop restrictive.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
réforme migratoire cuba

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Réforme migratoire à Cuba : s’en rejouir ou s’en accommoder ?

Publié le 21 octobre 2012
- A +

Même si les coûts administratifs sont réduits et  les délais réduits, la nouvelle loi sur les migrations n’est pas celle que les Cubains attendaient. Trop limitée, trop restrictive.

Par Yoani Sánchez, depuis La Havane, Cuba.

Les Cubains ont appris la mise en place de la nouvelle politique migratoire via l’organe officiel, «Granma». Photo : AFP.

En cinq ans les roulettes de ma valise se sont usées à force d’être trimballée d’un coin à l’autre de la maison. Les sous-vêtements conservés dans le petit nécessaire ont vu leurs élastiques se détendre et leur couleur se défraîchir. Les billets d’avion que je n’ai pas utilisés se sont périmés à force d’en reporter la date,  pour finir à la poubelle. Mes amis m’ont dit au revoir tant de fois, et tant de fois je ne suis pas partie que les adieux sont devenus une routine. Le chat s’est approprié le bagage à main qui n’a jamais réussi à monter dans un avion et la chienne a mordillé les chaussures destinées à un voyage que je n’ai pas encore pu entreprendre. L’image d’une « Vierge du Bon Voyage » que m’a offerte une amie n’a pas non plus résisté à l’épreuve du temps et l’éclat de son regard s’est lui-même éteint.

Après avoir exigé pendant cinq ans mon droit de voyager à l’étranger, je me suis réveillée aujourd’hui avec la nouvelle d’une réforme migratoire. Ma première impression a été de crier « hourrah ! » dès le matin, mais au fil de la journée je me suis aperçue des imperfections de la nouvelle loi. L’infamant permis de sortie et l’outrageante lettre d’invitation dont nous avions besoin pour sortir de notre propre pays ont certes  été enfin éradiqués. Cependant dans les nouvelles règles de confection et de validation du passeport, doit être défini qui pourra franchir les frontières nationales et qui ne le pourra pas. Même si les coûts administratifs sont réduits et j’imagine les délais réduits, cette nouvelle loi sur les migrations n’est pas celle que nous attendions. Trop limitée, trop restrictive. Mais au moins, a été mise noir sur blanc une légalité à partir de laquelle nous pourrons commencer à exiger, protester, dénoncer.

En ce qui me concerne, je veux croire –jusqu’au 14 janvier 2013- que je ne figure sur aucune « liste noire » et qu’il a été mis fin aux filtres idéologiques de sortie. Je vais remplir ma demande pour un nouveau passeport et j’attendrai avec cette dose de naïveté qui me permet de survivre, de ne pas devenir apathique. Je serai là quand ouvriront les bureaux qui vont décider quels sont les Cubains qui pourront prendre l’avion et ceux qui resteront dans « l’enfermement insulaire ». Et ma valise me suivra, avec les sous-vêtements défraîchis, les chaussures jamais portées et une image pâlie de Marie qui ne sait plus si elle part ou si elle revient, s’il ya des raisons de se réjouir ou de se résigner.

—-
Sur le web.
Traduction : Jean-Claude Marouby.

Voir les commentaires (0)

Laisser un commentaire

Créer un compte

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le libéralisme, ça fonctionne et les exemples sont nombreux. Cet été, Contrepoints vous propose un tour du monde des expériences libérales et de leurs résultats. Liberté scolaire et intellectuelle, réformes fiscales, réduction de la pauvreté, sortie de la misère, depuis les années 1950, le monde a connu de nombreuses expériences libérales dont la France peut s'inspirer. 

Il n'y a pas de libéralisme chimiquement pur, et toutes les expériences ne peuvent pas être copiées dans un environnement politique et culturel différent. Mais connaît... Poursuivre la lecture

L’Éducation nationale se trompe d’objectif en favorisant la mixité sociale et la réduction des inégalités plutôt que le niveau de connaissances. En effet, la dégradation du niveau général est nuisible à tout le monde et réduit l’égalité des chances en nivelant par le bas.

Depuis la publication en avril de mon article « L’éducation nationale se trompe d’objectif », sont arrivés les résultats de la dernière enquête PISA, qui confirme la catastrophe, et le plan Attal qui tente d’y pallier.

Ce plan vient tout juste d’être annoncé, on ... Poursuivre la lecture

Oliver Faure, premier secrétaire du Parti socialiste a pris la plume car il a un rêve, qu’il estime révolutionnaire et qu’il souhaitait partager avec l’ensemble de la population : réaliser une plus grande égalité réelle entre les Français. Pour atteindre cet objectif impératif, il a une méthode qu’il présente comme originale : distribuer aux citoyens des aides supplémentaires, en euros sonnants et trébuchants, qu’il fera abondamment financer par une augmentation de la fiscalité pesant sur les plus riches et contrôler par une administration pl... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles