Par Marc-Antoine Charguéraud, depuis la Suisse.
Au lendemain de la guerre, comme la plupart des démocraties occidentales, la France était essentiellement administrée à trois niveaux, le gouvernement, les départements et les communes. S’y sont ajoutées depuis, l’Europe, les régions et les communautés de communes : un doublement des instances.
La coûteuse mise en place de ces nouvelles organisations n’a en aucune façon diminué les frais et les effectifs des anciennes. Pire, pour ces dernières, les frais ont continué d’augmenter. La charge totale de l’administration s’est alors accrue dans des proportions insupportables. Les citoyens ont pu s’en rendre compte avec l’envolée et la multiplication des taxes et impôts locaux.
Une mauvaise définition de l’attribution des tâches, chaque entité administrative défendant son « pré carré », a exaspéré les citoyens et les entreprises dans leurs rapports avec l’administration. Recherches de la bonne filière, doublons dans les démarches, délais d’attente de décisions souvent opaques, chacun peut apporter son témoignage.
La création de nouvelles instances administratives adaptées à l’évolution de la société n’a malheureusement pas été suivie d’une réadaptation de ce qui existait. On a l’impression que dans le domaine politique, les « droits acquis » règnent aussi.
La création des régions reflète le doublement de la population en un siècle, les transferts des populations rurales vers les villes, l’amélioration radicale des transports, la concentration des moyens économiques. Les départements auraient dû fusionner avec les régions. Et que dire des 36 700 communes qui, pour leur majorité, reconnaissent ne pas être à même, du fait de leur taille, d’assumer toutes leurs responsabilités. Elles se regroupent en communautés de communes afin de faire face à des tâches essentielles telles que la distribution de l’eau, le ramassage et le traitement des déchets… Leur importance est telle qu’elles ont été élevées au statut d’unités territoriales.
Pour une relation avec les citoyens sur le terrain, les maires de communes de quelques centaines d’habitants sont-ils nécessaires, alors que l’on trouve suffisant une seul maire pour une ville de 50 000 habitants ? Ne peut-on suivre l’exemple de l’Italie qui a eu le courage de regrouper un grand nombre de ses communes.
Un consensus existe parmi les Français pour mettre un terme à cette pléthore administrative. Mais les 600 000 élus ne voteront pas une mesure qui, quels qu’en soient les mérites, en éliminerait un grand nombre de la scène politique. L’intérêt national dont ils se réclament les serviteurs passe après leurs intérêts politiques personnels, convaincus qu’ils sont d’être un rouage essentiel de la République. On se contentera de mieux définir les responsabilités de chaque administration. Le déficit du pays est accablant, tant pis, le citoyen paiera.
Article publié en octobre 2012.
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Article paru initialement sur Le Cercle Les Échos.
Très bon article, et je tiens à donner quelques chiffres pour montrer l’ampleur du problème français :
En Allemagne, pays de plus de 80M d’habitants, il y avait 14 338 communes en 1950. Ce nombre a été réduit à 8 414 en 2007.
Au Danemark, la diminution est encore plus spectaculaire car on est passé de 1 387 communes en 1950 à 277 en 2007.
Tous ches chiffres proviennent du Conseil de l’Europe, Comité de la démocratie locale et régionale, 2007.
Sinon, pour ce qui est de la France, nous avons 21 038 communes qui sont peuplées de 0 à 500 habitants (soit 4 694 522 habitants en tout). Ainsi, 35 748 communes sont peuplées de moins de 10 000 habitants.
Pour finir, je vais également compléter le « mille-feuille » administratif : les métropoles créées par la loi de décembre 2010, les communautés de commune, les communautés d’agglomération et les communautés urbaines. On pourrait également évoquer les collectivités à statut dérogatoire.
Si la Droite était restée aux manettes, on aurait sans doute vu la fin des départements, dans la logique de la loi du 16 décembre 2010. Je doute que la Gauche ait le cran de se mettre les exécutifs locaux (de gauche) à dos et comme l’acte III de la décentralisation ne prévoit aucune avancée dans le domaine de la « libre administration » des collectivités territoriales, comme notre glorieux CC n’a pas jugé bon d’admettre que liberté financière ne signifie pas liberté fiscale, on est parti pour une bonne grosse dose de péréquation pilotée par l’Etat. En bout de course, cette multiplication de nonosses balancés ne sert qu’à camoufler l’énorme centralisation administrative française. La fiscalité locale est réduite à peau de chagrin et le gros du budget des collectivités est composé de dotations d’origine étatique (DGF, FCTVA, DGI etc etc). Non seulement il y a mille-feuille, ce qui est rationnellement absurde, mais pis, chacune des feuille ne dispose que du droit de relayer ce dont l’échelon central continue de disposer, sur le mode socialiste traditionnel.
petite rectification : « notre glorieux CC n’a pas jugé bon d’admettre que liberté financière signifiait liberté fiscale »
En effet, la gauche considère même comme un « danger » pour la démocratie que de vouloir supprimer des échelons administratifs. Normal, son électorat n’est composé quasiment que de fonctionnaires…
Ce n’est pas une histoire de gauche et de droite.
Les grands partis politiques se servent des collectivités pour placer leurs élus, et chaque élu a sa petite cour, ses cabinets, ses services propagandes, à la solde du parti et de sa clientèle.
Ils ponctionnent les services direct à l’usager (déchetteries, crèches, bibliothèques, écoles de musiques et de danse, investissements utiles), pour leur technostructure, et les fonctionnaires qui doivent en faire toujours plus avec avec moins sont pointés du doigt.
Je me souviens lorsque que je travaillais à Clermont ferrand à la fin des années 70, ce que Giscard avait dit, que la France avait trop de niveaux administratifs. A l’époque il n’y en avait que 4….Chercher l’erreur….de notre dette….
les nouvelles Régions rien que unifiés les salaires cela coûte quelques millions d’euros . les dépenses de fonctionnement aussi bref pour les économies il faudra attendre…. sans parler des centralisations des communes et comme par hasard silence complet …avec la complicité de la presse régionale…l’art de dépenser.. là , nous sommes les meilleurs !!!
c’est dans l’ADN français , on crée de nouvelles lois? on les empile sur les autres, on crée de nouvelles aides? on les rajoutes aux autres , , c’est comme çà pour tout, meme pour les personnels
apres forcement , un jour on sera bien obligé de tout raser
l’inutilité d’une myriade de fonctionnaires : une plaie pour la France et ses contribuables ;
ils ont le culot d’appeler çà un amortisseur de crise pour la croissance
Très bon article de Marc-André Charguéraud et non Marc-Antoine…
L’échelon le plus coûteux, le plus inutile depuis que l’Europe de Bruxelles prend de l’embonpoint, et sans doute le plus corrompu, est l’échelon national, plus administratif que politique d’ailleurs bien que le tout soit savamment mélangé aux travers de l’oligarchie au pouvoir.
Voir les détails dans l’excellent ouvrage de Vincent Jauvert sur « les Intouchables d’Etat ». D’ailleurs les deux convergent sur des points alarmants pour la France : Aucun espoir d’amélioration, disparition de la notion d’intérêt général et pillage des richesses de la France par cet «élite» politique et administrative.
Ce n’est pas l’émission « C DANS L’AIR » qui va inviter Vincent Jauvert ni d’autres. Cette émission est devenue une concentration d’esprits socialo-réchauffistes – nostalgiques du marxisme, c’est la France nostalgique d’un communisme qu’elle n’a pas eu
Et oui, en plus tous ces « gens » payés avec nos impôts…………….
Vous parlez des maires mais au moins on sait ce qu’ils font. Maires, régions ne sont que la partie visible de l’iceberg. La partie cachée est abyssale : comités, organismes divers et variés dépendant d’un ministère, de l’Ademe de ceci, de cela dont vous n’avez même pas idée de l’existence. Exemple pour un projet local (je dis bien local) et pas vital du tout. 1) création d’un » organisme ad hoc » (chef, sous chefs, employés, locaux rénovés, budget etc ) qui étudie l’éventuelle faisabilité. Dans le cas auquel je pense cela fait 6 ans déjà qu’ils étudient et à mon avis dans 6 ans nous y serons toujours. Deux fois par an, il y a une réunion d’avancement sur l’éventuelle faisabilité etc . Et là vous voyez déferler une cinquantaine de fonctionnaires représentant les administrations, « organismes » publics concernés. Fonctionnaires (jamais les mêmes d’ailleurs donc ne sont pas au courant) qui doivent faire un rapport qui ????etc… Incroyable.
« Comités, organismes divers et variés dépendant d’un ministère, de l’Ademe de ceci, de cela dont vous n’avez même pas idée de l’existence.  » Sans oublier la couche épaisse des fameuses « assoces », très souvent initiées sur la suggestion discrète des administrations, qui les subventionneront. Du moins tant qu’elles feront ce que les fonctionnaires souhaitent…
L’industrie administrative française est devenue incontestablement la première d’Europe et, peut être, la première du monde.
Cette industrie est le premier employeur de France à garantir des emplois pérennes, des rémunérations progressant systématiquement en fonction de l’ancienneté, des retraites confortables. En temps de disette, cette industrie est devenue l’employeur le plus adulé…
Le seul problème est qu’il s’agit d’une activité industrielle sans concurrence, imposant des couts prohibitifs au restant économique de ce pays outrageusement taxé et imposé dans le but essentiel de faire vivre une constellation de mini rentiers très souvent improductifs mais qui ont eu l’intelligence de garantir leur devenir en investissant et en contrôlant toutes les strates des instances politiques de ce pays!….
« la première du monde » : il faut bien être excellent quelque part…
ce n’ets pas pour rien que les diplômes des grandes écoles se précipitent vers ces postes .. de mon temps le major de promo de l’x avait choisi « directeur des haras nationaux » vu le coût de sa formation , c’est a se taper le cul sur la banquise pour faire des étincelles
Qui ne voudrait pas être maître-étalon ?
c’est ainsi que l’on compte 70 % de jeunes après leurs études, tentés par la fonction publique
Vous avez tout à fait raison. Associations subventionnées qui jouent le rôle d’organismes consultatifs et donnent leur avis …favorable bien sûr. Dans un autre style, vous avez aussi par exemple « la commission du débat public » dont le but avec ses commissions déléguées n’est absolument pas de mener un débat public (avantages, inconvénients etc) mais d »essayer de faire passer, sous couvert de consultations démocratiques, un Projet d’Etat ou régional. La mascarade coûte cher aussi : Commissaires (4à 5 par projet), locaux, hébergement, déplacement, site internet etc, etc..
600.000 élus en France que les contribuables sont obligés d’entretenir ou de dédommager, et qui fort de leur pouvoir de nuisance se sentent obligés de nous emmerder avec des réglementations inutiles!
lorsque vous avez un budget le mot d’ordre est de le dépenser,, c’est absurde mais c’est comme ça…faire des économies de fonctionnement .. ça va pas la tête !!!!
le vrai sujet n’est il pas de mettre en regard qui dépense et qui paie… parce que ce qui va de pair avec cette multiplication des échelons est le recoupement ridicules des compétences.. avec en plus une dilution des responsabilités si ce n’est pas leur dissolution pure et simple.
ça coûte pas cher, j’ai eu 20 % du département le député à apporté un peu de sa réserve parlementaire etc etc…
tout le monde est sur la photo à l’inauguration..(personne au tribunal quand ça foire lamentablement)…
curieuse habitude de faire des fautes…