Présidentielle US : pourquoi voter Mitt Romney ?

Que devraient faire les libertariens : dédaigner les deux principaux partis et voter Gary Johnson ? Ou plutôt opter pour Mitt Romney qui, je pense, serait sûrement moins mauvais Président qu’Obama ?

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Présidentielle US : pourquoi voter Mitt Romney ?

Publié le 6 novembre 2012
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Que devraient faire les libertariens : dédaigner les deux principaux partis et voter Gary Johnson ? Ou plutôt opter pour Mitt Romney qui, je pense, serait sûrement moins mauvais Président qu’Obama ?

Par Robert Poole, depuis les États-Unis.

Article paru initialement en anglais sur Reason.com. Rien de ce qui suit ne doit être interprété comme un soutien à un candidat. Cependant nous espérons que vous le jugerez intéressant, de même que son pendant sur Gary Johnson (libertarien) et Barack Obama (démocrate).

Que devraient faire les libertariens : dédaigner les deux principaux partis et voter pour le candidat du Libertarien Party, Gary Johnson  ? Ou plutôt opter pour Mitt Romney qui, je pense, serait sûrement moins mauvais Président que son adversaire démocrate, l’actuel titulaire du poste ?

Depuis que j’ai l’âge de voter, ce choix s’est souvent présenté à moi en ces termes durant les élections présidentielles. J’ai pu voter Libertarien ou Républicain, selon les circonstances. Cette année, en tant que résident en Floride, je voterai sans discuter pour Romney et Ryan. Mais si j’habitais dans un autre État, mon choix serait peut-être différent.

La première considération qui pèse sur le calcul de mon vote cette année est le futur de la notion de liberté. Je me suis découvert libertarien lors de mes années d’études, alors que j’étais ami avec Dave Nolan, un collègue du MIT qui deviendra le fondateur du Libertarian Party (LP) en 1971. Si je n’ai pas participé à la première convention du Parti, je m’y suis activement impliqué lors de ses quinze premières années en tant que délégué lors des conventions locales et nationales, et ai même pris part une fois ou deux à l’élaboration des programmes de campagne. Dans le même temps, la majeure partie de ma carrière fut dévouée à la cause de la liberté, en fondant un magazine et un think-tank nationaux acquis à cette cause.

Avec Gary Johnson, le LP a là le plus crédible et le plus qualifié candidat qu’il n’eut jamais eu. Après avoir été un entrepreneur à succès, il fut élu gouverneur du Nouveau-Mexique, en tant que républicain dans un État profondément démocrate. Il y réduisit le poids des taxes et a opposé son veto à nombre de législations suspectes d’attenter à la liberté privée ou économique de ces citoyens, et fut réélu sur ce bilan. En bref, il a démontré que l’on peut, et avec succès, appliquer les principes libertariens au plus haut niveau exécutif d’un État, tout en se faisant réélire, quand bien même l’État fait peu souvent le choix des Républicains.

Malheureusement, Gary Johnson ne sera pas élu président en Novembre. Si encore le choix entre les candidats des deux principaux partis revenait à un choix entre la peste et le choléra, le type de choix que les libertariens méprisent avec raison, je voterais fièrement pour le candidat du LP à nouveau. Ceci tout en espérant qu’assez feraient de même afin d’envoyer un puissant message exprimant la fatigue des électeurs devant l’habituel jeu politicien.

Mais cependant, et bien que Romney soit très loin d’être un libertarien, les différences entre un gouvernement Romney et quatre autres années de Barack Obama ont de grandes implications pour la cause de la liberté. Les deux candidats reflètent réellement deux conceptions différentes du rôle du gouvernement fédéral : le premier soutient en majeure partie un gouvernement qui soit en dehors de la vie des entrepreneurs et des investisseurs ; le second estime que le gouvernement a comme tâche la gestion de l’économie. Ou pour être plus précis, le gouvernement sous Romney pourrait ne pas agir de manière fidèle avec les principes du marché libre que Romney soutient dans ses discours, mais je ne peux l’imaginer suivre moins ces principes que l’État sous Obama.

Le point le plus important dans cette élection est comment résoudre le problème de l’insolvabilité imminente du gouvernement fédéral. Obama raisonnerait plus en termes d’une dépense nécessaire qu’on ne peut que laisser augmenter, tandis que l’on atteindrait éventuellement l’équilibre budgétaire après avoir augmenté les taxes jusqu’au pourcentage de PIB requis. L’autre façon de traiter le problème est en estimant qu’il faut tout simplement réduire le rôle du gouvernement, cantonnant ses ressources et son action au niveau traditionnel en termes de pourcentage de PIB. Le plan mis en avant par le co-candidat Républican, le représentant du Wisconsin Paul Ryan, est le premier pas sur cette route. Ses opposants semblent plutôt dans l’optique de faire des États-Unis une sorte d’État-Providence à l’européenne. Ceci, en lui-même, pourrait suffire à décider mon vote.

Une autre considération cruciale porte sur la Cour Suprême. Il est assez probable que le prochain Président aura des remplaçants à nommer à la Cour si les juges Kennedy ou Scalia décidaient de quitter leur office durant les quatre prochaines années. Et malgré les déjà trop nombreuses défaites sur le plan de la liberté, beaucoup plus de décisions liberticides auraient encore été prises récemment s’il n’avait manqué un autre juge penchant à gauche pour renverser le verdict. Or une Cour Suprême encore moins dédiée à la liberté individuelle, aux droits de propriété ou à la liberté économique aura d’importantes conséquences, notamment sur le long terme.

Un dernier aspect se présente à l’esprit quand il s’agit de déterminer le vote, c’est le pouvoir de nomination aux nombreuses organisations et agences gouvernementales. Dans mes travaux sur les problèmes des politiques publiques durant les trente dernières années, j’ai travaillé avec des gens nommés par les deux partis ; certains d’entre eux compétents, d’autres non. Je pense qu’un gouvernement Romney/Ryan nommerait des individus plus ou moins libéraux en termes économiques à la tête d’organisations clefs, comme le Department of Transportation, l’Environmental Protection Agency, le Justice Department, la Federal Trade Commission, et d’autres encore. Les décisions prises par ces individus ont généralement d’énormes conséquences sur l’économie du pays. C’est à ce niveau que les détails des politiques mises en place sont arrêtés, et bien souvent l’application d’une politique est bien plus importante que la politique en elle-même.

J’ai cependant gardé pour la fin la principale raison pour laquelle je voterai pour Romney. Je vis en Floride, qui est un swing state. En fonction des analystes, il y a entre sept (Colorado, Floride, Caroline du Nord, New Hampshire, Nevada, Ohio et Virginia) et onze (ajoutez l’Iowa, le Nouveau-Mexique, la Pennsylvanie, et le Wisconsin) swing states. C’est dans ces États que se fera l’élection. Si j’habitais encore en Californie, où Obama gagnera sans risque, mon vote pour Gary Johnson permettrait d’envoyer un message sans avoir une quelconque incidence sur le résultat final. Mais j’habite en Floride. Donc je voterai pour Romney.

Et j’espère que mes amis libertariens dans les autres swing States feront de même.

Traduction YB pour Contrepoints – Lire aussi notre dossier présidentielles américaines

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