La culture selon Filippetti

La ministre de la culture, Aurélie Filipetti, considère que la culture n’est pas compatible avec le marché. Vraiment ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La culture selon Filippetti

Publié le 7 novembre 2012
- A +

La ministre de la culture, Aurélie Filipetti, considère que la culture n’est pas compatible avec le marché. Vraiment ?

Par Jean-Louis Caccomo.

Quand j’avais 12 ans, il y avait chez mes parents un petit tourne-disque et 5 disques en vinyle : Charles Aznavour, Enrico Macias, Claude François et Yves Montand. Aujourd’hui, mon fils de 12 ans collectionne dans son Ipad plus de 1000 titres (jazz, pop, rock, techno). Pourtant, la ministre de la culture, Aurélie Filipetti, considère tranquillement que la culture n’est pas compatible avec le marché. Certes, les socialistes ne sont pas à une bêtise prés. Mais, le problème, c’est qu’ils détiennent tous les pouvoirs en France.

Pour ma part, je considère que la culture n’est pas compatible avec le pouvoir qui implique contrainte, soumission et monopole. Un artiste, pour être accepté par le marché, doit trouver son public. Alors les socialistes me rétorquent que le public n’est pas éduqué. Mais n’est-ce pas pourtant l’État qui a la mission et le monopole de l’éducation des masses ?

Pardonnez-moi, madame la ministre, mais les Beatles, Elvis Presley, Pink Floyd ou Michaël Jackson sont nés dans les pays capitalistes où les gens sont libres et non pas dans les régimes socialistes où les gens sont « éduqués »… ou internés. À aucun moment, ces artistes n’ont quémandé de subventions (auprès de qui d’ailleurs ?) et ils sont simplement partis à la rencontre du public, salles après salles, concerts après concerts, qu’ils ont conquis pour l’éternité.

Dans les années 70, les intellectuels suédois ont fustigé le groupe Abba parce que ce groupe gagnait de l’argent en faisant du disco. Quelle horreur ! Il est vrai que le succès planétaire du groupe était tel que les ventes de disques ont contribué à redresser la balance commerciale de la Suède. Mais, pour les socialistes, Abba gagnait de l’argent, ce qui n’était pas compatible avec la culture. Aujourd’hui, quarante ans plus tard, on joue tous les soirs à Londres à guichet fermé la comédie musicale Mamamia qui met en scène les chansons d’Abba, et personne ne remet plus en cause l’apport musical de ce groupe. Même le chanteur du groupe U2 leur a rendu un vibrant hommage. Mais les socialistes ont toujours été, en ce domaine, très ambivalents. Ils portent toujours aux nues le peuple, croyant parler en son nom, mais ils sont les premiers à dénigrer ses choix et ses goûts culturels. Il est vrai que les gens préfèrent écouter du disco que Pierre Boulez.

En fait, si se nourrir est un besoin physiologique, la façon de répondre à ce besoin vital est aussi un acte culturel, car manger est un art de vivre. Or, il y a un marché pour McDo, et il y a un marché pour la gastronomie française ou italienne. Grâce à la mondialisation, à Londres, Paris ou Perpignan, on peut goûter la cuisine chinoise, thaï, libanaise ou corse. Jamais, nous n’avons eu autant de diversité. Pourtant, il y a toujours de beaux esprits pour affirmer que la mondialisation détruit la diversité culturelle. Mais les esprits étriqués croient que le monde est étriqué alors que c’est leur vision du monde qui est réductrice.

On nous parle toujours de l’impérialisme linguistique pour masquer notre inaptitude structurelle aux langues vivantes. Sous l’empire romain, les artistes parlaient le latin. À la cour de Louis XIV ou du Tsar, les artistes et les penseurs s’exprimaient en français. Aujourd’hui, il est suicidaire de s’exclure de l’anglais. John Lennon a affirmé un jour que, sous l’empire romain, le centre culturel était à Rome mais qu’aujourd’hui, il était à New-York. Alors nos chanteurs officiels, mondialement méconnus, se réfugient derrière l’exception culturelle, à l’abri des quotas de diffusion et des subventions, en invoquant la barrière linguistique et la beauté de la langue française (qu’ils massacrent allègrement au passage).

Mais Maurice Chevallier, Charles Trenet, Charles Aznavour ou Yves Montand ont eu une carrière mondiale, ponctuée par de nombreuses tournées américaines où ils ont fait rayonner la langue française. Les américains adorent comme ils ont récemment adoré Jean Dujardin dans The Artist. Elton John lui-même avait beaucoup d’admiration pour Michel Berger.

En fait, les marchés sont pluriels tandis que l’État se conjugue au singulier. Il y a des marchés pour le « pinard » et il y a des marchés pour les grands Bordeaux. Et ces marchés ne sont pas cloisonnés car la même personne peut, selon ses envies et les circonstances, goûter et apprécier tous ces produits. Il en est de même dans la musique ou le cinéma où se côtoient les majors et les labels plus confidentiels.

On n’invoque alors la puissance hégémonique américaine. Mais Hollywood est une toute petite ville et l’annuaire des professionnels du cinéma américain n’est pas plus gros que l’annuaire des Pyrénées-Orientales. D’ailleurs, au moment où les frères Lumières en France inventaient l’appareil cinématographique, des immigrés italiens ont fondé à Hollywood les premiers studios cinématographiques tandis qu’un inconnu nommé Walt Disney, dans son atelier, photographiait des dessins pour produire Blanche-Neige, le premier dessin animé long-métrage. Depuis, l’empire Disney a inventé les premiers parcs d’attraction touristique et a basculé au numérique avec l’achat des studios Pixar.

On me dit alors que la culture n’est pas une marchandise. C’est exact et c’est même un truisme ! Mais l’accès à la culture serait le seul fait d’une élite privilégiée sans la généralisation de ses supports matériels que sont les DVD, les livres ou le numérique. Or, la production et la distribution de ces supports (les produits culturels) obéissent à une logique marchande, pour notre plus grand bénéfice à tous. Pareillement, grâce aux entreprises japonaises, les guitares électriques sont désormais accessibles à tous, et notamment aux enfants, tandis que seuls les guitaristes professionnels peuvent s’offrir le rêve de jouer sur une Gibson ou une Fender. À ce propos, je vous mets au défi de me trouver une entreprise française qui fabrique des guitares électriques (ou tout autre instrument ou matériel de musique d’ailleurs). C’est pourtant une inépuisable source d’emplois (mais veut-on vraiment travailler en France alors que l’on s’échine à asphyxier un à un tous les gisements d’emplois).

Cependant, comme toujours, l’État est très contradictoire à ce sujet. Quand le prix d’une place de concert est exorbitant, il va dénoncer le marché et la dictature de l’argent qui exclut les plus pauvres (il prend donc la défense du consommateur). Mais quand on peut désormais télécharger gratuitement des films ou de la musique, il va dénoncer cette gratuité qui menace le revenu des artistes (et prend donc la défense du producteur). Les artistes sont des travailleurs comme les autres et doivent donc vivre de leur travail vivant (les concerts, le spectacle vivant) que l’on ne pourra jamais télécharger tandis que la diffusion la plus large possible des œuvres permet de faire connaitre les artistes.

Dois-je enfin rappeler à notre ministre de la culture que la première œuvre littéraire majeure, l’Iliade et l’Odyssée, qui met en scène la guerre, l’amour, des cyclopes et des sirènes, a été écrite pour distraire les gens (les faire rêver, les effrayer, les faire pleurer) et non pour flatter les puissants.

Les socialistes sont si aveuglés par l’idéologie qu’ils refusent de voir la réalité du monde tel qu’il est, préférant nous imposer leur monde tel qu’ils le rêvent. Mais le rêve des uns tourne souvent au cauchemar pour les autres. Dans le régime national-socialiste, l’art officiel avait pour fonction de flatter le Reich et le Führer tandis que les livres hérétiques étaient brûlés. Dans le régime socialiste soviétique (encore du socialisme), l’art officiel avait pour fonction de célébrer la révolution prolétarienne et l’ardeur au travail au service des objectifs du plan (stakhanovisme). Dois-je rappeler enfin que la révolution « culturelle » initiée par Mao a consisté à exécuter les intellectuels chinois tandis que, dans les salons parisiens, les intellectuels faisaient l’apologie du maoïsme ? En fait, le bilan du socialisme culturel est aussi affligeant qu’effrayant. Pourtant, les manuels d’histoire officiels ne l’enseignent guère, préférant fantasmer sur « l’horreur libérale ».

L’art officiel n’a laissé rien de beau (tout y était même laid) tout comme la science officielle ou l’information officielle débouche sur la propagande, le contraire de la connaissance. Au fil des siècles, seules la foi, la passion et la  liberté furent les plus puissantes sources d’inspiration et de créativité artistiques et elles ne seront jamais compatibles avec l’idéologie, le pouvoir et le monopole. Vous l’aurez compris, quand les socialistes parlent d’économie, ils font bondir l’économiste que je suis ; mais quand ils parlent de culture, ils font hurler le musicien que je reste.

Il est désormais bien loin le temps où le Général de Gaulle savait s’entourer du plus brillant économiste français, Jacques Rueff, et du plus grand ministre de la culture, André Malraux, que la France a connu.

—-
Sur le web.

Voir les commentaires (50)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (50)
  • Les socialistes ont au moins le mérite de la cohérence.

    Ils prétendent que la culture n’est pas compatible avec le marché parce qu’ils ne veulent pas du marché « économique » qui entre en concurrence frontale avec le marché « politique », leur marché de prédilection.

    Les socialistes veulent que la culture soit un instrument de renforcement de leur pouvoir. Leur mépris affiché à l’égard des goûts et des choix des peuples libres qu’il faudrait « éduquer » n’a pas d’autre explication.

    Toutefois, cette affirmation est fausse : « je vous mets au défi de me trouver une entreprise française qui fabrique des guitares électriques (ou tout autre instrument ou matériel de musique d’ailleurs). »

    Guitares électriques françaises : http://www.vigier.fr/contact-61-0.php
    Instruments musicaux électroniques français : http://www.arturia.com/evolution/en/company/about.html

  • Filippetti a pourtant raison. Parce que la culture dont elle parle c’est celle du pouvoir : celle qui n’est que signe d’appartenance à un groupe, de soumission à ce groupe, et d’exclusion de ceux qui refusent d’en être. Cette culture est rapport de domination, donc hors marché, même quand il faut payer (cher).

  • « À ce propos, je vous mets au défi de me trouver une entreprise française qui fabrique des guitares électriques (ou tout autre instrument ou matériel de musique d’ailleurs) »

    Il aurait fallu se renseigner avant de lancer le défi: il y a l’entreprise Lâg qui a une réputation mondiale, c’est une entreprise française qui continue de produire ses guitares haut de gamme en France.

    http://france.lagguitars.com/

    Sans compter le nombre de luthiers en France qui conçoivent des instruments de toutes sortes, les instruments à cordes frottés étant encore majoritairement des instruments artisanaux et pas de l’industrie lourde…

    Cela dit, il est clair que le libéralisme favorise l’art bien plus que le socialisme…

  • Oups double post… désolé…

    J’ajoute encore que Fender et Gibson ont aussi une offre bas de gamme, on peut avoir une Fender acoustique neuve pour € 98.-

    D’ailleurs même dans le haut de gamme de Fender et Gibson, cela reste dans l’ordre de grandeur du prix d’un mac… Pas besoin d’être un grand guitariste pour se les offrir…

    • Tout à fait! Même si je reste un inconditionnel d’Ibanez (japonais), les Gibson ou Fender sont tout à fait abordables. Environs 1000 euros pour un modèle correct.

      Pour avoir vu « l’art » communiste, eh bien je dirais que… parfois c’est impressionnant, pas beau mais impressionnant. Par contre leur barres d’immeubles numérotées et toutes identiques sont d’une laideur difficile à concevoir.

      Le socialisme a cela de pervers c’est que sous couvert d’une beauté et grandeur des idées, il n’aboutie qu’à la pauvreté de la création car même un artiste a besoin de considération. Ceux qui se battent durant des années pour être reconnus veulent obtenir la gloire! La socialisme au-delà de son nivellement par le bas ne glorifie que ceux qui vont dans son sens sans pour autant créer des oeuvres inoubliables. La gloire ne vient plus du succès mais de l’adhésion à une idée.

  • À ce propos, je vous mets au défi de me trouver une entreprise française qui fabrique des guitares électriques
    WSL : http://www.wslguitars.com/?home=index

    Article bien confus qui enfonce des portes ouvertes

    •  » … qui enfonce des portes ouvertes … »

      Ce qui veut dire que vous êtes d’accord avec les constats faits par l’auteur de l’article, puisqu’il n’y a pour vous que des évidences !

  • La culture se porte d’autant mieux que ceux qui en financent la création sont eux-même cultivés. Sans surprise, une foule de gens ordinaire possède, distribuée entre ses membres, bien plus de culture qu’une ministre (surtout socialiste).

  • « L’art officiel n’a laissé rien de beau (tout y était même laid) »?
    Euh, les décors de Delacroix pour le Sénat et l’Assemblée Nationale sont laids? Et je pourrais vous citer ne nombreux autres exemples.
    Là, vous y allez fort et votre affirmation dégrade le reste de votre article.

  • Comme toujours des raccourcis historiques saisissants : les grands studios fondés par des immigrés italiens (des Italiens d’Europe centrale et orientale comme Lasky, Laemmle, Goldwyn, Mayer ?) et Disney inconnu au moment de Blanche-Neige et contemporain des frères Lumière (indices : 1895 et 1937). Mazette, on en apprend tous les jours.

  • « À ce propos, je vous mets au défi de me trouver une entreprise française qui fabrique des guitares électriques (ou tout autre instrument ou matériel de musique d’ailleurs). »

    Des marques de guitares furent déjà citées. J’ajoute en équipement les micros de guitare et basse de la marque Crel: http://www.crelpickups.com/index.html

    « D’ailleurs, au moment où les frères Lumières en France inventaient l’appareil cinématographique, des immigrés italiens ont fondé à Hollywood les premiers studios cinématographiques tandis qu’un inconnu nommé Walt Disney, dans son atelier, photographiait des dessins pour produire Blanche-Neige, le premier dessin animé long-métrage. »

    Euh… Non.
    Les Frères Lumière ont simplement fait la première séance commerciale, le 28 décembre 1895. L' »appareil cinématographique » (qui signifie ? la caméra ou le projecteur ? Le Cinématographe ? Le Kinetoscope ? Le Vitascope ?) fut inventé plus tôt par Étienne-Jules Marey, en 1882. Le fusil photographique servait à l’étude scientifique du mouvement grâce à la chronophotographie.
    il faudra attendre ensuite la fin de la Première Guerre mondiale pour voir s’installer les Majors – créées par des immigrés juifs de Hongrie (Paramount; 20th Century Fox), de Pologne (Warner Bros.), de Biélorussie (MGM) ou d’Allemagne (Universal) – à Hollywood (en fuyant, généralement, le marché saturé et coûteux de la côte Est.)
    Tandis que Walt Disney, fort de ses succès avec les courts métrages de Mickey Mouse et les Silly Symphonies à partir de 1928, décide de s’attaquer à un projet de long métrage d’animation à partir de 1934 – début de l’écriture du scénario de Blanche-Neige et les sept nains, quatrième long métrage d’animation au monde (après deux longs métrages argentins et un italien); mais premier long métrage d’animation en couleurs et sonore.
    Donc si un instant t dans l’échelle temporelle est une période de 50 ans, effectivement, tout s’est déroulé à peu près au même moment…

    • Petit complément à ce sujet : si ce sont bien les frères Lumière qui ont organisé la première projection commerciale, ils n’avaient cependant pas perçu toute la portée de leur invention en tant que distraction pour le grand public.
      Et c’est Max Linder (ancien illusionniste de Music Hall) qui développe cet aspect ainsi que les premiers trucages. Son oeuvre la plus connue De la terre à la Lune était révolutionnaire de par son sens du récit et par sa durée. Il commence d’ailleurs à développer de beaux studios dans l’Est parisien.
      Mais la première Guerre mondiale va le ruiner.
      Et Hollywood en profitera pour son développement.
      De même qu’Hollywood profitera de la montée des dictatures (exil des cinéastes juifs par exemple) et de la 2° GM. Ceci pour dire au passage que les Européens sont largement responsables, par leurs erreurs tragiques, de la puissance des Etats-Unis.

      • oups j’ai écrit bcp trop vite.
        j’ai confondu Linder avec Méliès. Méliès l’auteur/réalisateur de « De la terre à la lune ».
        Désolé

  • Encore la preuve que la culture socialo est un nivellement par le bas. Il est bien plus facile de « laver le cerveau des gens » avec leur idéologie de merde que de leur faire connaître les beautés nationales ou internationales. Des minus, tous des minus et FIlipetti n’est pas mieux que Lang.

  • Merci pour les infos sur les fabricants français !!

  • La vache, l’auteur est maître de conf à l’université ! Des raccourcis saisissants, des comparaisons douteuses, aucun sens de la nuance ni de la complexité, la fac se porte mal si elle abrite une telle faiblesse intellectuelle!

  • Le capitalisme donne Venise, visitée par des millions de touristes. Le socialisme donne Sarcelles, visitée par personne.

  • Si pour vous le sens de la nuance et de la complexité (la dialectique sans doute), c’est la langue de bois, très peu pour moi. Rassurez-vous je suis aussi soumis à une production académique aussi intense qu’exigeante… Mais l’insulte remplace souvent l’argument, j’ai l’habitude.

  • « L’art officiel n’a laissé rien de beau (tout y était même laid) »

    L’auteur connait visiblement très bien l’histoire de la musique et n’a pas oublié de mentionner que bon nombre des plus grands interprètes de musique classique au XXème siècle étaient soviétiques.

    L’auteur a aussi, et bien entendu, pour illustrer son propos, mentionné le rayonnement international de la musique afro-cubaine, donc de Cuba, un petit pays exsangue de 11 millions d’habitants seulement…

    Dans ces 2 cas, il semble bien que la culture et sa transmission, considérés comme outils primordiaux de propagande, ont permis à certains d’artistes et interprètes de pouvoir accéder au stade ultime de la maitrise artistique, au génie. (Richter/Rostropovich pour les uns, Chucho Valdes pour les autres)

    L’auteur pourra rétorquer que des traditions de maestria existaient déjà avant que ces régimes n’apparaissent, mais ces derniers ne les ont-ils pas d’un certaine manière « protégé » et entretenu à ses propres fins ?

    L’auteur n’aime pas les subventions.

    Louis II de Bavière a eu tord de s’enticher de la musique de Wagner, réglant ses dettes et subvenant à ses besoin pour que ce dernier laisse aller, sans tracas, libre cours à sa créativité et composer tant d’opéra sous son patronnage ?…Et que dire du mécénat, alors, si ce n’est une subvention privée ?…

    L »artiste » est un individu qui s’accroche à sa passion et à son métier, parfois envers et contre tous.
    Shostakovich, compositeur « officiel » soviétique, écrivait ses plus belles partitions la peur au ventre d’être convoqué par la police politique puis envoyé dans un camps de rééducation, Staline apprécierai-t-il sa prochaine symphonie ? Le maitre de l’URSS était aussi son public…Il n’en reste pas moins que ses compositions, parmi les plus belles à avoir été composées au XXème siècle, resteront à jamais gravées dans l’histoire de la musique (de marché ou pas), il me semble que les oeuvres d’ABBA n’y figureront que quelques temps.

    • «L’auteur connait visiblement très bien l’histoire de la musique et n’a pas oublié de mentionner que bon nombre des plus grands interprètes de musique classique au XXème siècle étaient soviétiques.

      L’auteur a aussi, et bien entendu, pour illustrer son propos, mentionné le rayonnement international de la musique afro-cubaine, donc de Cuba, un petit pays exsangue de 11 millions d’habitants seulement…»

      Ouais, bon, s’il faut 100M de morts pour avoir une culture correcte…

      «Louis II de Bavière a eu tord de s’enticher de la musique de Wagner, réglant ses dettes et subvenant à ses besoin pour que ce dernier laisse aller, sans tracas, libre cours à sa créativité et composer tant d’opéra sous son patronnage ?…Et que dire du mécénat, alors, si ce n’est une subvention privée ?…»

      Le mécénat n’est pas la subvention de la culture. Le but n’est pas le même.

    • @ Joe

      Par rapport aux compositeurs russes du XIXème, je trouve que la Russie a beaucoup perdu pendant le XXème, pas étonnant s’ils risquaient de finir en camp de rééducation…

      D’ailleurs les gens doués du bloc soviétique essayaient de fuir le régime, ce fut le cas de Rostropovich qui a émigré aux USA et perdu la nationalité russe, pas sûr que son succès aurait été le même sans cela…

      Pendant ce temps, en occident naissait le cinéma, la sonorisation, l’enregistrement studio, des nouveaux styles musicaux, des nouveaux instruments, des musiciens et compositeurs qui ont marqué l’Histoire de la musique.

      La différence fondamentale entre une subvention privée et publique, c’est que celui qui paie la subvention privée l’a décidé de son plein gréé, pendant que la subvention publique est prise de force à des gens qui ne l’auraient jamais dépensée de leur plein gréé dans ce genre d’art…

      • C’est dommage, par manque de « réalisme » sans doute, Joe a oublié de citer Jdanov, ce génie incompris qui a contribué comme personne à la vitalité de l’art soviétique.

        • Les socialistes, et leurs alliés, sont dangereux.

          Même concernant la culture, ils montrent leur incompétence…

          Après à peine 6 mois de gouvernance, ils n’ont rien fait de probant !

          C’est pour quand « le changement » ????
          Lamentable…

        • En effet, j’aurai pu citer Jdanov…la création se fait parfois dans la tragédie et la douleur. L’artiste trace sa voie comme il le peut, et même les situations les plus défavorables n’empêchent pas les plus belles Å“uvres d’aboutir.

          • Alors là, on quitte définitivement toute humanité, pour entrer dans l’univers absurde du nihilisme et du relativisme les plus absolus, alors que Joe arrive à se féliciter des crimes de Jdanov au prétexte que ces crimes auraient favorisé la créativité des artistes russes. Décidément, les marxistes sont de parfaits jumeaux des nazis. Beurk !

      • oui, il y a une différence pour vous, certes, mais pas pour l’artiste.

        Acquiescez que si l’argent ne vient pas du ministère de la culture mais de la fondation Bernard Arnault, ou d’un quelconque particulier qui investit et défiscalise sa consommation d’art, cela ne change rien pour le créateur d’Å“uvres, puisque d’une manière ou d’une autre, il est rétribué pour le travail qu’il a fait (vente) ou à fournir (commande).

        l’article fait croire que « quémander » ne rends pas les artistes respectables…Bon nombre de projets culturels ambitieux sont maintenant paritairement financé par des subventions publiques et privées tel l’Orchestre de Paris » qui n’existerait évidemment plus si les 2 sphères ne s’étaient unies pour le défendre et Il en va de même pour les meilleurs orchestre de la planète, tel le London Symphony Orchestra ou le Cleveland Orchestra par exemple.

        • @ Joe

          Ce qui n’est pas respectable, c’est que l’État se mêle de ce domaine.

          Par contre, le mécénat privé est une très bonne chose qu’il faudrait encourager. Car là au moins, l’artiste sait que s’il gagne quelque chose, c’est parce que son travail plaît. C’est bien plus motivant.

          Et avec les leçons particulières et les prestations scéniques, ce devrait être les seules sources de financement de l’art. Les droits sur la copie n’étant qu’une nouvelle foutaise étatique de plus.

        • Bonjour joe
          Non je n’acquiesce pas.
          Dans le cas de la subvention publique ou de la défiscalisation, c’est de l’argent gratuit qui vient de ma poche.
          Si un ‘artiste’ veut vivre de son ‘art’, il doit trouver des clients qui payent avec leur argent.
          Les projets ambitieux, on les connait, plus l’égo du politique est gros plus le projet est gros (Vous vous souvenez, les heures sombres du mitterrandisme)

          • @ Joe, Gillib

            Evidemment le mécenat vaut à priori bien mieux que n’importe quelle subvention publique.

            Dans le cadre d’un don au « Cercle de l’orchestre de Paris », toute contribution faite par une entreprise ou un particulier est déductible à 60% ou 66% de l’impôt sur le revenu ou l’impôt sur les sociétés (avec certaines limites) et permet à chaque contributeur le bénéfice d’usages exclusifs.
            Expliquez moi comment inciter au mécénat si on supprime ces avantages ?
            Quant aux subventions à l’orchestre (qui doivent être d’environ 8 Millions €/an), comment les remplacer ?
            Il me semble qu’on ne pourra pas, pas plus que d’augmenter le prix du ticket, ou artificiellement gonfler l’audience, on réduira l’offre puisque tout les orchestres devront fermer…Un nouvel orchestre se formera, à la place d’une multitude, mais les coût de fonctionnement (musiciens, régie, administration, etc) seront tels que l’orchestre ne pourra être rentable qu’à Bercy, en salle comble, ou dans des stades en accompagnant les mégastars sus-nommées dans l’article (voire André Rieux, waow).
            C’en sera donc finit des programmes romantique du XIXème, de l’expressionnisme français du début du XXème ou du modernisme russe neo-classique.
            Fini Mahler, Bartok, Debussy, Ravel ou Stravinsky et tout les autres, fini l’initiation et la pratique de la musique d’ensemble.
            Et fini la quintessence de l’art qu’on aura pas su « un minimum » protéger. Quelle tristesse, non ?

          • La destruction créatrice s’applique à tout, y compris à l’art, y compris à la musique. La formation symphonique, l’opéra, et les Å“uvres associées correspondent à des conditions socio-économique précises ; l’évolution sociale conduit nécessairement à leur adaptation ou à leur disparition. Et si disparition il doit y avoir, disparition il y aura, c’est comme ça, il faut l’accepter comme on a accepté la disparition de tant de technique moins médiatiques mais pas moins nobles, et pour lesquels on a pas imaginer de mobiliser du financement public.

          • Les orchestres ne fermeront pas, ils réduiront simplement leurs salaires, et pour ceux qui ne tourneraient plus, il leur suffirait de compléter avec un autre job à temps partiel.

            Dans l’hypothèse où l’État cesserait de prélever la moitié de nos salaires, un simple 50% permettrait d’avoir un bon niveau de vie tout en ayant 4.5 jours par semaine pour se consacrer à sa passion…

  • Bravo le mécénat privé et les fondations… en effet, la passion reste le plus beau moteur de la créativité artistique !!

  • Je me permets une remarque qui a du sens dans le contexte de l’article : Le commissariat de la culture a été inventé par… Lénine, alors !

  • Malraux, le mec qui volait des statues à Angkor ?
    Bel exemple de ministre de la culture, en effet…

  • Au-delà des multiples erreurs historiques, de l’assimilation des régimes soviétiques et du gouvernement hollande – la peur rouge en 2012, sérieusement ? -, cet article est honteux.
    L’art officiel n’a rien produit de beau ? C’est tellement pathétique. Que faire des grands travaux des souverains ? Dois-je vous rappeler la politique culturelle de Charles V, l’humaniste de François Ier, le mécénat de Louis XIV ? Dois-je parler d’Eisentein et des compositeurs soviétiques ?

    Mais c’est surtout le pire demeure la confusion entre culture et succès commercial. Alors, oui, traitez-moi d’élitisme, traitez-moi de bourgeois – sous réserve que vous ayez lu Bourdieu -, mais je préfère mille fois un Boulez à un Guetta.
    Vous m’avez l’air fier de votre fils et de ses 1000 titres, mais les connaît-il vraiment ? Ou ne fait-il que les posséder ? « oué g 60Go de musik, c tr0 b1 ». Votre idéologie réduit l’art à un produit soumis à l’approbation du peuple et de la société de consommation.

    • Le mécénat des différents rois de France s’apparente à un mécénat privé, il ne correspond d’aucune manière à une « politique culturelle ».

      Si vous aviez lu les commentaires avant vous, vous sauriez que l’on ne réfute pas l’existence des compositeurs soviétiques mais qu’il y a un déclin de production avec l’installation du communisme.

      Oui même en 2012 les libéraux ont peur du communisme, en même temps 100M de morts ça y incite pas mal. Encore aujourd’hui beaucoup de gens croient en la valeur travail etc… c’est donc malheureusement justifié.

      La thèse de l’art c’est plutôt que l’art libre est plus beau+productif que l’art d’Etat.

      Le succès commercial, c’est la culture populaire, celle du plus grand nombre. Vous êtes libre de choisir ce que vous préférez mais comment justifiez vous de faire payer des gens qui n’aiment pas?

      J’ai personnellement 80Go de musique et je connais mes titres, et les écoute tous, à des fréquence différentes certes.

      Le libéralisme rend la liberté aux préférences personnelles, permettant de développer l’art de manière à mieux répondre à toutes les attentes.

      • Et le goût du plus grand nombre est évidemment le meilleur ? Il n’existe pas de telle chose que la doxa, voyons : nous savons tous que Platon est le premier des totalitaires.

        Je prône un art qui n’a pas besoin d’être rentable. Et que c’est donc à l’Etat de compenser cette absence de rentabilité. Mais à dire vrai, les précédents commentaires sont édifiants : abandonnons l’opéra puisqu’il n’intéresse plus la majorité ? Merveilleux.

        Quant à la politique culturelle des rois de France, je vous assure qu’elle existe ; et qu’il ne s’agit pas à l’instar des commandes des doges de Venise d’un simple mécénat privé. Lorsque les capétiens confient la rédaction des Grandes Chroniques à St-Denis, lorsque Charles V demande à Nicole Oresme qui avait pourtant les Etats généraux contre le dauphin-régent en 1358, des traductions des oeuvres d’Aristote, lorsque ce même souverain entame une promotion de la langue française – dans les ouvrages comme dans les textes législatifs -, lorsque François proclamme l’ordonnance de Villers-Cotterêts, lorsque les rois de France exaltent leurs ancêtres au moyen de l’art, qu’est-ce donc, sinon une politique culturelle ?

        Mais le débat est faussé, non ? Je ne saisis pas pourquoi l’Etat n’encouragerait que l’art qu’il accepte. Mais je dois être naïf.

        • et donc l’opéra doit être subventionné par le contribuable? L’opéra ne cesserait pas d’exister s’il n’était pas subventionné, il serait simplement plus cher: il s’agit d’un spectacle extrèmement couteux à produire, qui requiert de nombreuses personnes de talent sur scéne, et un orchestre! Est-ce donc normal qu’un travailleur pauvre qui n’aime pas ce genre de divertissement doivent payer par ses impôt pour subventionner le ticket de personnes souvent plus riches que lui? En quoi l’Etat se doit-il d’essayer d’influencer les goûts de la population? Ces goûts sont-ils inférieurs à ce que nos bons socialistes désireraient?

          • Très bien. Sacrifions sur l’autel de démocratie musées, opéras et livres se distinguant un tant soi peu du roman de gare. Ah non, suis-je bête ? Tout se vaut. Et le seul critère distinctif, c’est la rentabilité. Portons aux nues Bieber et consorts, célébrons le génie de Lévy, conchions cette culture bourgeoise et élitiste.

            Vous savez très bien que l’opéra disparaîtrait sans subventions. Vous savez comme moi que l’Etat finance à hauteur de 80% ces spectacles. Personne n’accepterait de payer des places dix à quinze fois plus chères que ce qu’elles ne sont déjà. Par ailleurs, votre opposition entre pauvres et riches est merveilleuse de mépris : comment ? il existerait un cens pour accéder à l’opéra ? Je n’en étais pas avisé.

          • @ Précisions: vous ne devez pas aller souvent à l’opéra: il est évident qu’à 50 euros la place (le prix actuel pour des places de base dans la plupart des opéras), les spectateurs sont souvent aisés… et ceux qui n’on pas les moyens regardent des opéras à la télé!

            Ne pouvez vous pas concevoir que quelque chose puisse exister en dehors de l’Etat? Personne ne parle de sacrifier quoi que ce soit.

            Je ne vous demande pas d’être d’accord avec les gout des autres, juste de ne pas chercher à leurs imposer les votres.

          • « Personne n’accepterait de payer des places dix à quinze fois plus chères que ce qu’elles ne sont déjà. »

            Vous trouvez donc normal que les « pauvres » qui n’aiment pas ou qui n’ont pas les moyens paient pour que les gens aisés aillent à l’opéra à moindre coût : c’est le socialisme pour les riches.

  • Precisions :

    A aucun moment, je n’ai dis que le gd nombre générait le meilleur. Vous m’avez mal lu. Il y a un marché pour tout (masse, segment, qualité) et tous ces marchés coexistent dans la liberté.

    • Je réagissais seulement à cette remarque qui certes n’émanait pas de vous : « Le succès commercial, c’est la culture populaire, celle du plus grand nombre ». Eh bien, je l’affirme haut et fort : contre le plus grand nombre, contre une culture rentable, l’Etat se doit d’intervenir.

      • Je n’ai pas affirmé que seul le top 5 des ventes était de la culture.
        J’ai réagit a votre affirmation « Mais c’est surtout le pire demeure la confusion entre culture et succès commercial. » ou vous semblez opposer culture et succès commercial, ce qui n’a aucun sens.
        Il est tout a fait possible d’accéder à la culture dans un cadre non commercial et d’accéder à de la culture par le biais d’un commerce.

        Ce qui est reproché ce n’est pas que la culture bénéficie de soutiens financiers, mais que ce soutient soit assumé par l’ensemble des contribuables, qui plus est, ces derniers ont en général peu d’intérêt pour la culture soutenue et s’abreuvent à d’autres sources.

        Vous affirmez ce que vous voulez, mais sans mon argent s’il vous plait.

  • Heureusement, vous êtes libres de préférer Boulez à Guetta. Personnellement, je préfère Stavinsky et Debussy. Mais n’imposez pas Boulez à ceux qui aiment Guetta. Et ce n’est pas exclusif. Je vénère Coltrane et Miles Davis, mais j’aime aussi Santana ou Clapton… soyez ouvert Diantre !!

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Rainer Zitelmann, historien, sociologue et contributeur régulier pour Contrepoints propose une série de 8 articles autour de son livre In Defense of Capitalism qui vise à désarmer certains préjugés des pourfendeurs du capitalisme.

Depuis que les anticapitalistes existent, ils anticipent la grande crise qui provoquerait l'effondrement final et irréversible du capitalisme. Karl Marx croyait avoir découvert un certain nombre de « lois » économiques qui conduiraient inévitablement à la chute du capitalisme, comme la « baisse tendancielle d... Poursuivre la lecture

Par Sylvain Fontan.

[caption id="attachment_127195" align="alignleft" width="235"] Milton Friedman (Crédits : The Friedman Foundation for Educational Choice, licence Creative Commons)[/caption]

L'interview qui suit est donnée par Milton Friedman, économiste libéral, prix Nobel d'économie 1976 et chef de file de l'École monétariste. L'entretien date de 2003, il est dirigé par l'économiste français Henri Lepage.

Depuis cette interview, Milton Friedman est décédé. Âgé alors de plus de 90 ans, lors de cet échange il dresse so... Poursuivre la lecture

Un article de Philbert Carbon.

Le Rapport sur l’état des services publics, publié par « Nos services publics », un collectif de fonctionnaires « ouvert à toutes et à tous, engagé·e·s (sic) pour retrouver le sens qui fonde le service public et ses missions au quotidien » propose que l’État assouvisse tous les besoins humains !

Ce Rapport sur l’état des services publics part d’un constat, celui d’une dégradation des services publics. L’IREF a dénoncé cette dégradation à de multiples reprises au cours des dernières années : de la j... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles